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Alexander von Humboldt: „Lettre du baron de Humboldt (de Berlin), à Jerôme Lalande“, in: ders., Sämtliche Schriften digital, herausgegeben von Oliver Lubrich und Thomas Nehrlich, Universität Bern 2021. URL: <https://humboldt.unibe.ch/text/1800-Lettre_du_baron-01> [abgerufen am 26.04.2024].

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Titel Lettre du baron de Humboldt (de Berlin), à Jerôme Lalande
Jahr 1800
Ort Paris
Nachweis
in: Magasin encyclopédique, ou Journal des Sciences, des Lettres et des Arts 5:6 (Germinal an 8 [März/April 1800), S. 376–391.
Postumer Nachdruck
Humboldt. Correspondance inédite scientifique et littéraire, herausgegeben von Jean Bernard Marie Alexandre Dezos de La Roquette, 2 Bände, Paris: E. Ducrocq 1865/1869, Band 1, S. 66–80.

Lettres américaines d’Alexandre de Humboldt (1798–1807), précédées d’une Notice de J.–C. Delamétherie et suivies d’un choix de documents en partie inédits, publiés avec une introduction et des notes par le E.T. Hamy, Paris [1905], S. 47–54 und S. 55–58.

in: Alejandro de Humboldt. Cartas americanas. Compilación, prólogo, notas y cronología Charles Minguet. Traducción Marta Traba, Caracas 1980, S. 29–34 und S. 35–37. [span. Übersetzung].

Alexander von Humboldt, Briefe aus Amerika 1799–1804, herausgegeben von Ulrike Moheit, Berlin: Akademie 1993, S. 67–75 [teilweise nach Handschrift].
Sprache Französisch
Typografischer Befund Antiqua; Auszeichnung: Kursivierung, Kapitälchen; Tabellensatz.
Identifikation
Textnummer Druckausgabe: II.4
Dateiname: 1800-Lettre_du_baron-01
Statistiken
Seitenanzahl: 16
Zeichenanzahl: 21808

Weitere Fassungen
Lettre du baron de Humboldt (de Berlin), à Jerôme Lalande (Paris, 1800, Französisch)
Extrait d’une lettre de M. Humboldt au citoyen Lalande, renfermant des observations astronomiques, nautiques et météorologiques (Paris, 1800, Französisch)
Aus einem Briefe an Lalande (Halle, 1801, Deutsch)
Verschiedene Beobachtungen des Hrn. O. B. Raths von Humboldt (Weimar, 1801, Deutsch)
[Brief an Jérôme Lalande] (London, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (Ipswich, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (Hull, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (Chester, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (New York City, New York, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (Philadelphia, Pennsylvania, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (Boston, Massachusetts, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (Washington, District of Columbia, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (Newburyport, Massachusetts, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (Worcester, Massachusetts, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (Leominster, Massachusetts, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (Portland, Maine, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (Salem, Massachusetts, 1801, Englisch)
[Brief an Jérôme Lalande] (Staunton, Virginia, 1801, Englisch)
Extract of a letter from M. Von Humboldt to Lalande (London, 1802, Englisch)
|376|

Lettre du baron de Humboldt (de Berlin), à Jérôme Lalande.

Peu de semaines après mon arrivée sur le continentde l’Amérique, j’ai envoyé un extrait de mes obser-vations astronomiques au C. Delambre, croyant qu’il |377| y en auroit quelques-unes qui pourroient intéresserle bureau des longitudes. J’ai appris que le brick au-quel je confiai cet extrait s’est perdu dans son pas-sage par la Guadeloupe, lors du grand ouragan quivient de ravager cette zône tropique. Permettez queje m’adresse aujourd’hui à vous, citoyen, pour vousentretenir de mes travaux. Vous avez marqué un grand intérêt pour le voyaged’Afrique, que je comptois entreprendre en ven-démiaire; mais les circonstances m’ont conduit en Amérique. Le gouvernement espagnol m’ayant donnétoutes les facilités imaginables pour bien observer,je compte parcourir successivement la Terre-Ferme,le Mexique, les Philippines. Je viens de finir un voyage infiniment intéressantdans l’intérieur du Paria, dans la Cordillière de Co-colar, Tumeri, Guiri; j’ai eu deux ou trois muleschargées d’instrumens, de plantes sèches, etc. Nousavons pénétré dans les missions des capucins, qui n’a-voient été visitées par aucun naturaliste; nous avonsdécouvert un grand nombre de végétaux, princi-palement de nouveaux genres de palmiers, et noussommes sur le point de partir pour l’Oronoco, pournous enfoncer de là peut-être jusqu’à S. Carlos duRio-Negro, au-delà de l’équateur. Un voyage en-trepris aux dépens d’un particulier qui n’est pas très-riche, et exécuté par deux personnes zélées, maistrès-jeunes, ne doit pas promettre les mêmes fruits |378| que les voyages d’une société de savans du premierordre, qui seroient envoyés aux dépens d’un gouver-nement; mais vous savez que mon but principal est laphysique du monde, la composition du globe, l’a-nalyse de l’air, la physiologie des animaux et desplantes, enfin les rapports généraux qui lient lesêtres organisés à la nature inanimée, ces études meforcent d’embrasser beaucoup d’objets à la fois. Le C. Bonpland, élève du musée national, très-versé dans la botanique, l’anatomie comparée, etautres branches de l’histoire naturelle, me secondepar ses lumières avec un zèle infatigable. Nous avonsséché plus de 1600 plantes, et décrit plus de 500,ramassé des coquilles et des insectes; j’ai fait unecinquantaine de dessins. Je crois qu’en considérantles chaleurs brûlantes de cette zône, vous penserezque nous avons beaucoup travaillé en quatre mois detemps. Les jours ont été consacrés à la physique età l’histoire naturelle, les nuits à l’astronomie. Jevous donne l’esquisse de nos occupations, non pourme glorifier de ce que nous avons fait, mais pour ob-tenir votre indulgence, et celle de notre ami le C. Delambre, pour ce que nous n’avons pas fait. Lesinstrumens astronomiques que je possède sont unquart de cercle de Bird, des sectans de Ramsdem et de Troughton, des lunettes, des micromètres ...Je devrois avoir fait plus: mais vous savez que l’as-tronomie pour laquelle MM. Zach et Kohler m’ont |379| inspiré tant de goût, est un peu éloignée de monbut principal, et qu’à 10° de latitude on ne travaillepas comme à 49. J’ai donc mieux aimé faire peu d’ob-servations, mais avec toute l’exactitude dont je suiscapable, que beaucoup de médiocres. J’ai consignédans mes manuscrits jusqu’aux plus petits détails demes observations; les hauteurs correspondantes, lesrectifications des instrumens, afin que dans le casassez probable où je périrois dans cette expédition,ceux qui les calculeront puissent juger du degré deconfiance que chaque résultat doit comporter. Embarqués le 17 prairial an 7, sur la frégate le Pizarro , nous avons traversé l’océan heureusement,jusqu’au 28 messidor, où nous arrivâmes sur les côtesde Paria. Mon plan primitif étoit de me rendre di-rectement à la Havane, et de là au Mexique; maisje n’ai pu résister au desir de voir les merveilles del’Oronoco et la haute Cordelière qui, du plateau de Quito, s’étend vers les rives du Guarapèche et d’Arco.Tous mes instrumens, jusqu’aux plus délicats, sontheureusement arrivés, et ont été ici et pendant lanavigation continuellement en action. Les officiersespagnols ont tellement favorisé nos desseins, qu’aumilieu de l’océan j’ai pu préparer des gaz, et analyserl’atmosphère sur la frégate comme au milieu d’uneville. Les mêmes facilités m’ont été données sur lecontinent; par-tout les ordres du roi et de son pre-mier secrétaire d’état, M. d’Urquijo, qui protège |380| les arts, sont exécutés avec zèle et promptitude. Jeserois bien ingrat si je ne faisois le plus grand élogede la manière dont je suis traité dans les coloniesespagnoles. Dans les deux mémoires que j’ai envoyés au C. De-lambre, quand j’étois en Espagne, j’ai consigné lespremières observations faites avec le nouvel incli-natoire de Borda, dans l’Europe méridionale; j’yai observé que sur le continent, des localités in-fluent plus encore sur l’inclinaison que sur la décli-naison magnétique. On ne voit point de correspon-dance entre les positions géographiques des lieux etles degrés d’inclinaison. J’ai observé la même chosedans ce nouveau monde, en transportant la boussolede Borda dans l’intérieur de la nouvelle Anda-lousie. Les observations que le C. Nouet vous auraenvoyées d’Ægypte, prouveront probablement lamême chose. Les déclinaisons sont affectées aussi par les loca-lités, mais j’ose dire beaucoup moins; sur mer ellessont plus régulières et uniformes dans la marche. Jene vous donne ici que les observations certaines à15 minutes, avec la suspension que le C. Mégnié m’a faite pour la boussole de Borda; j’ai même euune exactitude plus grande en temps de calme. C’estdans ce temps aussi que l’on peut bien compter lenombre des oscillations. Si en les comptant cinq ousix fois les nombres sont toujours les mêmes, s’ils |381| continuent, quoique l’on change l’instrument deplace, je crois qu’alors on peut avoir de la con-fiance dans les résultats. Quoique les calmes ne soientpas rares sous les tropiques, je n’ai pu faire en qua-rante jours que dix observations bien exactes.
Lieux d’observa-tions, an 8. Latitude. Longitudedepuis Paris, entemps. Inclinaisonmagnétique;nouvelledivision. Force magné-tique, expriméepar le nombred’oscillations,en dix minutesde temps.
Paris ............ 48° 50′ 15″ ... 0h 0′ 0″ .... 77° 15 ...... 245
Nîmes........... 43 50 12 ... 7 55 or. ... 72 65 ...... 240
Montpellier ....... 43 36 29 ... 6 10 or. ... 73 20 ...... 245
Marseille ......... 42 17 49 ... 12 14 .... 72 40 ...... 240
Perpignan ......... 42 41 53 ... 2 14 .... 72 55 ...... 248
Barcelone ........ 41 23 8 ... 0 33 oc. ... 71 80 ...... 245
Madrid .......... 40 25 18 ... 24 8 .... 75 20 ...... 240
Valence .......... 39 28 55 ... 0 10 4 .... 70 70 ...... 235
Medina del Campo ......... .......... ........ 73 50 ...... 240
Guadarama ........... ............ .......... 73 50 ...... 240
Ferrol ........... 43 29 0 ... 42′ 22″ .... 76 15 ...... 237
Océan Atlantique,entre l’Europe,l’Amérique et l’Afrique. en degrés.
38 52 15 .. 16° 20′ ....... 75 18 ...... 242
37 14 10 .. 16° 30′ 15″ .... 74 90 ...... 242
32 15 54 .. 17 7 30 .... 71 50 ...... ...
25 15 0 .. 20 36 0 .... 67 00 ...... 239
21 36 0 .. 25 39 0 .... 64 20 ...... 237
20 8 0 .. 28 33 45 .... 63 00 ...... 236
14 20 0 .. 48 3 0 .... 58 80 ...... 239
en temps.
12 34 0 .. 3h 32′ 57″ .... 50 15 ...... 234
en arc.
10 46 0 .. 61° 23′ 45″ .... 46 40 ...... 229
10 59 30 .. 64 31 30 .... 46 50 ...... 237
Vous vous souvenez que Cavallo donne pour 1776, ancienne division.
Latitude 24° 24′ longit. 18° 11′ inclin. 59° 0′
10 0 22 52 .... 44 12
.. 0 37 38 ..... 30 3
|382| Depuis que les CC. Coulomb et Cassini ne s’oc-cupent plus des déclinaisons, je ne connois pas deuxendroits sur la terre où l’on puisse dire, tel jour lavariation étoit de 10 secondes de plus ou de moins,pas dix endroits où l’on soit sûr d’une minute devariation. Dans quelles incertitudes ne sommes-nouspas sur la déclinaison magnétique de Paris, à enjuger par le journal de Lamétherie ! Je me flatte queles dix points de l’océan que je vous indique pour-ront servir dans la suite des temps, pour voir si lesinclinaisons changent rapidement. Les latitudeset longitudes en ont été déterminées à la mêmeheure avec beaucoup d’exactitude par un sectant de Ramsden, divisé de 15 en 15 secondes, et par legarde-temps du C. Louis Berthoud. Vous verrezavec intérêt que depuis 37° de latitude, les inclinai-sons diminuent avec une rapidité extraordinaire;qu’entre 37° et 48° de latitude, elles augmententmoins vers l’est que vers l’ouest ... Je crois que dansla haute chaîne des montagnes calcaires de cette pro-vince, de petites élévations au dessus du niveau dela mer altèrent près de l’équateur les inclinaisons,beaucoup plus que les hautes montagnes dans les Pyrénées et la vieille Castille. Je prends pourexemple quatre points placés, presque nord et sud,(dans un arc de 24 minutes,) dont les hauteurs sontpeu considérables.
Toises. Inclinaisons. Oscillations.
Cumana ....... 4 ..... 44° 20 ...... 229
Zueteppe ...... 185, 2 ..... 43 30 ...... 229
|383|
Impossibile .... 245 ...... 43 15 ...... 233
Cumanacoa .... 106 ..... 43 20 ...... 228
Cocollar ...... 392 ..... 42 60 ...... 229
Borda croyoit, comme on le voit dans les ques-tions de l’académie à la Pérouse, que l’intensitéde la force magnétique étoit la même sur tout leglobe; il attribuoit le peu de différence qu’il avoitaperçu à Cadix, à Ténériffe et à Brest à l’imper-fection de la boussole. Il m’engagea à fixer mon at-tention sur cet objet. Vous voyez que la force nediminue pas avec le degré d’inclinaison, mais qu’ellevarie depuis 245 oscillations en dix minutes de tempsà Paris, jusqu’à 229 (à Cumana). Il est certain quece changement ne vient d’aucune cause accidentelle.La même boussole faisoit à Paris 245 oscillations,à Gironne 232, à Barcelone 245, et à Valence 235.Elle donna, après un voyage de plusieurs mois, lemême nombre qu’avant de partir. Ce nombre est lemême en plein champ, dans un appartement ou dansune cave. La force magnétique est dans un mêmelieu partout, et pendant longtemps la même; elleparoît constante comme les attractions ou la causede la gravité. J’ai eu le chagrin de n’avoir pu faireen mer des observations de déclinaisons magnéti-ques bien exactes. Malgré tous mes soins je n’ai puacheter un instrument qui me donnât seulement 40′d’exactitude; c'est pour cela que je ne vous parle pasde déclinaisons sur mer. Cependant, il est certain |384| que le point de la variation nulle est déja beaucoupplus avancé vers l’ouest que sur la carte de Lambert,(Ephémérides de Berlin, 1779). Une très-bonneobservation est celle de 1775, du vaisseau anglais de Liverpool, qui la trouva nulle à 66° 40′ de longi-tude occcidentale, et 29° de latitude septentrionale.Il y a deux points sur cette côte où j’ai observé ladéclinaison avec beaucoup de soin par une boussolede Lenoir, par la méthode de Prony et de Zach,en suspendant une aiguille à un fil, en visant pardes mires, et en mesurant avec le sextant l’azimutd’un signal. Cumana, 4° 13′ 45″ à l’est, en vendé-miaire, à midi, et une vingtaine de lieues plus àl’est; à Caripe , (capitale des missions des capucins,habitée par les indiens Chaimas et Carives), 3° 15′à l’est. L’intérêt que vous prenez, citoyen, à tout ce quia rapport à la navigation, me fait croire que les ob-servations suivantes vous seront agréables. J’ai exa-miné avec beaucoup de soin les assertions de Fran-klin et du cap. Jonathan Williams, ( Transact. of the american society, vol. 3, pag. 32), sur l’usage duthermomètre pour découvrir les bas-fonds. J’ai étéétonné de voir comment l’eau se refroidit à mesurequ’elle perd de sa profondeur; comment les bas-fonds, les côtes, s’annoncent d’avance. Le plus mau-vais thermomètre d’esprit de vin, pourvu qu’il soitbien sensible par la forme de la boule, ou plutôt sa |385| proportion au tube, peut devenir au milieu de latempête, la nuit, ou lorsqu’on a de la difficulté desonder, lorsque le bas-fond s’approche insensiblement,un instrument bienfaisant dans la main du plus igno-rant pilote. Je ne puis assez inviter le bureau des lon-gitudes à fixer son attention sur cet objet si impor-tant. Tout l’équipage de notre frégate a été étonnéde voir baisser rapidement le thermomètre à l’ap-proche du grand banc qui va de Tabago à la Gre-nade, et de celui qui est à l’est de la Marguerite.L’observation est d’autant plus facile à faire, que latempérature de l’eau de la mer est (jour et nuit) dansdes espaces de 12000 lieues carrées, la même, telle-ment la même, qu’en quatre et six jours de naviga-tion vous ne voyez pas changer le thermomètre le plussensible de 0°, 3; l’eau se rafraîchit dans le voisinagede bas-fonds, de deux ou trois degrés, et même da-vantage. Cette idée de Franklin, oubliée jusqu’à pré-sent, peut un jour devenir très-utile à la navigation,en faisant multiplier les observations. Vous sentezbien que je ne dis pas que l’on doive se fier au ther-momètre seul, et ne plus sonder; ce seroit une folie;mais je puis assurer, en me fondant sur ma propre ex-périence, que le thermomètre annonce le danger long-temps avant la sonde, (l’eau cherchant un équilibrede température, et se refroidissant dans la proximitéde la basse côte). Je puis assurer que ce nouveaumoyen n’est pas plus incertain qu’un loc emporté par |386| des courans, et d’autres méthodes pour trouver la po-sition des vaisseaux. On ne doit pas croire qu’il n’y apoint de bas-fonds si le thermomètre ne baisse pas;mais on doit être sur ses gardes lorsqu’il baisse toutd’un coup. Un pareil avis est bien précieux, plus pré-cieux que les petites croix dont fourmillent nos cartesmarines, et dont la plupart annoncent des bas-fondsqui n’existent pas, ou sont mal placés, comme leshuit roches à fleur d’eau près de Madère. Voyez lacarte de l’Océan atlantique, 1792. Le moyen demettre un thermomètre dans un seau d’eau, est biensimple. Avec une balance de Dollond, et des thermomètresenfermés dans les sondes munies de soupapes, j’aimesuré la densité et la température de l’eau de mer,à la surface et à une certaine profondeur; si je neme trompe, vous vous êtes déja occupé de ce pro-blême, journal des Savans, avril 1774. Comme mesbalances ont été comparées à celles du C. Hassen-fratz, voyez son nouveau travail hydrostatique dansles Annales de chymie an 7, mes thermometres àceux de l’observatoire national, et que j’ai été plus sûrdes longitudes qu’on ne l’est généralement, la petitecarte que je construirai un jour sur la densité et latempérature de l’eau de mer, sera assez curieuse. A17 et 18° de latitude septentrionale, entre l’Afrique et les Indes occidentales, il y a une bande (sanscourant extraordinaire) où l’eau est plus dense qu’à |387| une plus petite latitude. Voici quelques données surla température de l’eau, dans l’Océan, entre l’Eu-rope, l’Afrique et l’Amérique.
Latitude. Nord. Longitude du méridiende Paris. A la surfacede la mer. A l’air libre.
43° .. 29′ .. .... 10° .. 31′ .. .... 12° .. .. 18
39 .. 10 .. .... 16 .. 18 .. 30 .... 12 .. .. 13
36 .. 3 .. .... 17 .. 3 .. 0 .... 12 .. .. 14
35 .. 8 .. .... 17 .. 45 .. 0 .... 13 .. .. 16 ... 5
32 .. 15 .. .... 17 .. 7 .. 30 .... 14 .. 2 .. 13 ... 5
30 .. 35 .. .... 16 .. 54 .. 0 .... 15 .. .. 16
28 .. 55 .. .... 17 .. 22 .. 30 .... 15 .. .. 17
26 .. 51 .. .... 19 .. 13 .. .... 16 .. .. 15
20 .. 8 .. .... 28 .. 33 .. .... 17 .. .. 16
18 .. 53 .. 20 .... 30 ... 5 .. .... 17 .. 4 .. 17
18 .. 8 .. .... 33 .. 2 .. .... 17 .. 9 .. 19
17 .. 26 .. .... 35 .. 26 .. .... 18 .. .. 16
15 .. 22 .. .... 22 .. 49 .. 15 .... 18 .. 5 .. 20
14 .. 57 .. .... 44 .. 40 .. .... 19 .. .. 17
13 .. 51 .. .... 50 .. 2 .. 30 .... 19 .. 8 .. 18 ... 9
10 .. 46 .. .... 61 .. 23 .. 45 .... 20 .. 7 .. 20 ... 3
10 .. 28 .. .... 66 .. 31 .. 0 .... 21 .. .. de 17 à 27
10 .. 29 .. .... 66 .. 35 .. .... 17 .. 8 .. 23
Sur les bas fonds ....
Cette lettre étoit commencée à Cumana; j’ai ététrompé dans l’espérance que j’avois de la faire partird’une manière très-sûre par la voie des Etats-Unis.Je l’ai traînée avec moi dans cette grande capitalede Caraccas, qui, située à 400 toises de hauteur, dansune vallée fertile en cacao, coton et café, offre leclimat d’Europe. Le thermomètre descend la nuit jusqu’à 11°, et nemonte le jour que jusqu’à 17 ou 18°. La voie par la-quelle cette lettre doit partir étant très-peu sûre, |388| je ne puis me résoudre à continuer les extraits queje comptois faire de mes cahiers. Je joins simple-ment les résultats de quelques travaux dont je mesuis occupé avec beaucoup de soin. Je crois avoir eu une très-bonne observation dela fin de l’éclipse de soleil du 6 brumaire an 8. A Cumana, j’ai vérifié le temps pendant huit jours,opération souvent pénible dans ces contrées, à causedes orages qui arrivent après le passage du soleil, etqui font manquer les hauteurs correspondantes dusoir. J’ai eu des hauteurs de soleil d’accord à la se-conde, le jour de l’éclipse: la fin a été eu tempsmoyen de Cumana, à 2h 14′ 22″. J’ai observé la distance des cornes par le passageaux fils dans le quart de cercle de Dollond, grossissant108 fois. Je pourrai vous envoyer les observationsdepuis la Havane. Le 16 brumaire, j’ai eu une bonneimmersion du second satellite de Jupiter à Cumana,en temps vrai, à 11h 41′ 18″; j’espère que cette im-mersion aura été observée à Paris. Les orages qui ontsuivi le tremblement de terre que nous avons essuyéà Cumana, m’ont fait perdre les immersions des 11et 18 brumaire. Voici des longitudes déterminées par mon chrono-mètre de Louis Berthoud, et par le calcul des angleshoraires. J’ai aussi dans mes manuscrits beaucoupde distances de la lune au soleil, et aux astres; maiscomment calculer quand on a tant de choses à faire? Cumana, château St.-Antoine, longitude depuisle méridien de Paris, en suposant Madrid à 24′ 8″,4h 26′ 4″ latitude 10° 27′ 37″. |389| Puerto Espana, dans l’île de la Trinité , longitude4h 15′ 18″. Tabago, cap à l’est, longitude 4h 11′ 10″. Macanao, partie occidentale de l’île de la Mar-guerite, longitude 4h 26′ 22″. Punta Araya, dans la nouvelle Andalousie, 4h 26′ 22″. Coche, île, cap à l’est, longitude 4h 24′ 48″. Bocca de Drago, longitude 4h 17′ 32″. Moins sûr. Cabo de tres Puntas, longitude 4h 19′ 38″. Caraccas, à la Trinité, latitude 10° 31′ 4″. Bonnes. Je me flatte que ces positions intéresseront le bu-reau des longitudes, parce que les cartes sont très-mauvaises en cette partie. Les observations de Borda et Chabert, à Teneriffe et à la pointe de sable de Tabago, me font croire que mon chronomètre estexcellent. Je n’ai différé de ces navigateurs que de2 à 5 secondes. Pendant le tremblement de terre que nous avonsessuyé le 4 novembre 1799, à Cumana, l’inclinaisonet non la déclinaison magnétique a changé; avant letremblement, l’inclinaison étoit 44° 20′, nouvellesdivisions; après les secousses, elle s’est conservée43° 35′. Le nombre des oscillations est resté tel qu’ilétoit, 229 en 10 minutes; et d’autres expériencesparoissent prouver que c’est cette petite partie duglobe, et non l’aiguille, qui a changé. Car, dans lesendroits éloignés où le tremblement de terre ne seressent jamais, dans la chaîne primitive de granitfeuilleté, l’inclinaison est restée aussi forte. |390| Cette lettre n’est déja que trop longue pour êtreperdue. J’ose vous supplier de me rappeler à la mé-moire des membres de l’Institut national qui m’onthonoré de tant d’indulgence pendant mon dernier sé-jour à Paris. J’aime que ce corps respectable sacheque je ne suis pas devenu inactif si près de l’équa-teur. Dans un mois je serai aux cataractes de Rio-Negro,où je verrai une nature aussi grande que sauvage,parmi des Indiens qui se nourrissent d’une terre ar-gilleuse mélée avec la graisse des crocodiles. J’y mènetrois mules chargées d’instrumens. C’est du fond decette solitude que je ferai des vœux! La beauté des nuits du tropique m’a engagéà commencer un travail sur la lumière des étoilesdu sud. Je vois que plusieurs, (dans la Grue, l’Autel,le Toucan, les pieds du Centaure), paroissent avoirchangé depuis Lacaille. Je vous entretiendrai uneautre fois de cet objet. Je me sers de la méthode in-diquée par Herschel, et des diaphragmes commepour les satellites. J’ai trouvé que si Procyon est à Sirius comme 88 est à 100, on doit mettre la va-leur de la lumière |391|
De Canopus ........ 98
α Centaure ......... 96
Achernar ......... 94
α Indien ........... 50
β 47
α Phœnix .......... 65
Du Paon ......... 78
α De la Grue ...... 81
β 75
γ 58
α Toucan ......... 70
Les observations ne deviennent utiles que par lacommunication; je vous prie donc de communiquerà notre digne ami Lamétherie celles des inclinai-sons magnétiques, et de mettre les autres dans quel-ques papiers publics, pour donner avis de mon exis-tence: il m’est impossible d’écrire à tous mes amis. J’ai lu dans les Transactions de la société du Ben-gale, que le baromètre y monte et descend réguliè-rement en 24h. Ici, dans l’Amérique méridionale,cette marche est des plus étonnantes: j’ai des cen-taines d’observations là-dessus. Il y a quatre maréesatmosphériques en 24 heures, qui ne dépendent quedu soleil. Le mercure descend depuis neuf heures dumatin jusqu’à quatre heures du soir; il monte de-puis quatre heures jusqu’à onze heures; il descenddepuis onze heures jusqu’à 4h 30′ du matin; il re-monte depuis 4h 30′ jusqu’à 9 heures. Les vents, l’o-rage, les tremblemens de terre, n’ont aucune in-fluence sur cette marche. Le C. Richard dit qu’à Surinam il y a une variation pareille de 2 lignes.