Digitale Ausgabe

Download
TEI-XML (Ansicht)
Text (Ansicht)
Text normalisiert (Ansicht)
Ansicht
Textgröße
Originalzeilenfall ein/aus
Zeichen original/normiert
Zitierempfehlung

Alexander von Humboldt: „Extrait d’un mémoire de M. le baron de Humboldt ayant pour titre: Essai d’une détermination de la hauteur moyenne des Continents“, in: ders., Sämtliche Schriften digital, herausgegeben von Oliver Lubrich und Thomas Nehrlich, Universität Bern 2021. URL: <https://humboldt.unibe.ch/text/1842-Versuch_die_mittlere-06-neu> [abgerufen am 13.10.2024].

URL und Versionierung
Permalink:
https://humboldt.unibe.ch/text/1842-Versuch_die_mittlere-06-neu
Die Versionsgeschichte zu diesem Text finden Sie auf github.
Titel Extrait d’un mémoire de M. le baron de Humboldt ayant pour titre: Essai d’une détermination de la hauteur moyenne des Continents
Jahr 1842
Ort Paris
Nachweis
in: Annales des sciences géologiques ou archives de géologie, de minéralogie, de paléontologie, et de toutes les parties de géographie, d’astronomie, de météorologie, de physique générale, etc., qui se rattachent directement a la géologie pure et appliquée 1 (1842), S. 1026–1037.
Sprache Französisch
Typografischer Befund Antiqua; Auszeichnung: Kursivierung; Tabellensatz.
Identifikation
Textnummer Druckausgabe: VI.24
Dateiname: 1842-Versuch_die_mittlere-06-neu
Statistiken
Seitenanzahl: 12
Zeichenanzahl: 20980

Weitere Fassungen
Versuch die mittlere Höhe der Continente zu bestimmen (Berlin, 1842, Deutsch)
Versuch einer Bestimmung der mittleren Höhe der Continente (Berlin, 1842, Deutsch)
Versuch, die mittlere Höhe der Kontinente zu bestimmen (Berlin, 1842, Deutsch)
A. v. Humboldts Versuch die mittlere Höhe der Continente zu bestimmen (Augsburg, 1842, Deutsch)
Versuch die mittlere Höhe der Continente zu bestimmen (Leipzig, 1842, Deutsch)
Extrait d’un mémoire de M. le baron de Humboldt ayant pour titre: Essai d’une détermination de la hauteur moyenne des Continents (Paris, 1842, Französisch)
Physique du globe (Paris, 1843, Französisch)
An Attempt to determine the mean height of Continents (Edinburgh, 1843, Englisch)
Saggio di una determinazione dell’ altezza media de’ continenti. Memoria letta all’ Accademia delle Scienze di Berlino (Neapel, 1843, Italienisch)
Ueber die mittlere Höhe der Kontinente (Hildburghausen; New York City, New York, 1855, Deutsch)
|1026|

Extrait d’un mémoire de M. le baron de Humboldtayant pour titre: Essai d’une détermination de lahauteur moyenne des Continents.(Traduit du Bericht Berlin Acad., dans l’Institut, n° 471.)

Parmi les éléments numériques dont paraissent dépen-dre plus spécialement les progrès de la géographie phy-sique, dit M. de Humboldt, il en est un dont la détermi-nation n’a pas même été essayée jusqu’à présent. Lepréjugé, qu’il y avait impossibilité d’arriver à une sem-blable détermination, a peut-être été la cause principalepour laquelle on a négligé ce sujet. Cependant l’extensionde nos connaissances orographiques, ainsi que le perfec-tionnement des cartes qui représentent de grandes éten-dues de terrain, m’ont déterminé à entreprendre depuisquelques années un travail laborieux et en apparencestérile, dont le but est la connaissance approchée de lahauteur moyenne des continents et la détermination de lahauteur du centre de gravité de leur volume. Dans cettecirconstance, comme dans beaucoup d’autres, telles queles dimensions du globe, la distance probable des étoilesfixes, la température moyenne des pôles de la terre,l’épaisseur de la couche atmosphérique au-dessus duniveau des mers, l’évaluation de la population généraledu globe, on arrive à des nombres limites entre lesquelsles résultats doivent tomber. De même c’est par la con-naissance parfaite de la surface géométrique et hypso-métrique d’un pays, de la France, par exemple, qu’ona pu ainsi être conduit à étendre par analogie des con-clusions à une grande partie de l’Europe et de l’Amé-rique, et qu’il nous a été permis d’établir des donnéesnumériques qui, dans ces derniers temps, ont été com- |1027| plétées d’une manière bien satisfaisante pour l’Asie cen-trale et occidentale. Il fallait aussi recueillir, continue l’illustre savant,avec le plus grand soin les déterminations astronomiquesde la hauteur des lieux pour établir, jusqu’à 300 ou 400mètres de hauteur absolue, les limites entre les versantsdes montagnes et les bords des vallées. J’ai démontré de-puis longtemps la possibilité d’une semblable détermina-tion des limites, et de la comparaison qui en dépend, j’aidéduit l’étendue en surface des plaines et des portionshorizontales des montagnes, dans mes recherches géogno-stiques sur l’Amérique du Sud, partie de la terre pourlaquelle la longueur de l’immense muraille qui forme laCordillière des Andes et les masses soulevées de la Pa-rime et du Brésil était si incorrectement limitée et cir-conscrite sur toutes les cartes. En effet, une tendancegénérale des représentations graphiques consiste à don-ner aux montagnes plus de largeur qu’elles n’en ont enréalité, et même dans les portions planes à mêler lesplateaux des divers ordres les uns avec les autres. M. de Humboldt a publié en 1825 deux mémoires in-sérés dans les Mémoires de l’Académie des sciences deParis, qui ont pour objet la hauteur moyenne des con-tinents, l’évaluation du volume des arêtes de soulève-ments des montagnes, comparés à l’étendue de la surfacedes basses régions. Une assertion de Laplace dans la Mécanique céleste (tome V, livre XI, chap. I, page 3)avait donné lieu à ces recherches. Ce grand géomètreavait établi en principe que l’accord qu’on remarqueentre les résultats des expériences faites avec le penduleet l’aplatissement de la terre, qu’on déduisait tant de lamesure trigonométrique des degrés du méridien que del’inégalité de la lune, fournissait une preuve «que la |1028| »surface du sphéroïde terrestre serait à peu près celle»de l’équilibre, si cette surface devenait fluide. De là,»et de ce que la mer laisse à découvert de vastes con-»tinents, on conclut qu’elle doit être peu profonde,»et que sa profondeur moyenne est du même ordre que»la hauteur moyenne des continents et des îles au des-»sus de son niveau, hauteur qui ne surpasse pas 1000»mètres» (ou 3073 pieds de Paris, c’est-à-dire 463 piedsde moins seulement que le Brocken-Gipfel, suivantM. Gauss, ou un peu plus que les montagnes les plusélevées de la Thuringe). Plus loin Laplace ajoute: «Cette hauteur est donc»une petite fraction de l’excès du rayon de l’équateur»sur celui du pôle, excès qui surpasse 20,000 mètres.»De même que les hautes montagnes recouvrent quel-»ques parties des continents, de même il peut y avoir»de grandes cavités dans le bassin des mers; mais il est»naturel de penser que leur profondeur est plus petite»que l’élévation des hautes montagnes, les dépôts des»fleuves et les dépouilles des animaux marins devant»remplir à la longue ces grandes cavités.» D’après les connaissances profondes et étendues quepossédait au plus haut degré l’auteur de la Mécaniquecéleste, une assertion de cette nature était d’autant plusfrappante qu’il ne pouvait ignorer que le plateau le plusélevé de la France, celui sur lequel ont surgi les volcanséteints de l’Auvergne, ne s’élève pas, d’après Ramond,à plus de 1044 pieds, et que le grand plateau ibériquen’est pas, d’après mes mesures, à plus de 2100 piedsau-dessus du niveau de la mer. Laplace n’a donc établila limite supérieure à 1000 mètres que parce qu’il aconsidéré l’étendue et la masse des soulèvements demontagnes comme beaucoup plus considérables qu’elles |1029| ne le sont, qu’il a confondu la hauteur des pics isolés oupoints culminants avec la hauteur moyenne des arêtesde montagnes, qu’il a admis pour la profondeur moyennedes mers un chiffre trop faible, qu’il n’a pas de sontemps trouvé de donnée à ce sujet, et qu’il en a conclule rapport d’étendue de surface (en milles carrés) pourtous les continents avec l’étendue de la projection dessurfaces couvertes par les montagnes. Un calcul très-exact a fait voir que la masse de lachaîne des Andes, dans l’Amérique du Sud, à partir detoute la partie des plaines orientales des pampas et desforêts, parties dont la surface est de un tiers plus grandeque celle de l’Europe, n’est élevée que de 486 pieds.M. de Humboldt en concluait «que la hauteur moyennedes terres continentales dépend bien moins de ces chaî-nons ou arêtes longitudinales de peu de largeur qui tra-versent les continents, de ces points culminants ou dô-mes qui attirent la curiosité du vulgaire, que de laconfiguration générale des plateaux de différents ordreset de leur série ascendante, de ces plaines doucementondulées et à pentes alternantes qui influent par leurmasse et leur étendue sur la position d’une surfacemoyenne, c’est-à-dire sur la hauteur d’un plan placéde manière que la somme des ordonnées positives soitégale à la somme des ordonnées négatives.» Lorsqu’on cherche à déterminer la hauteur moyennede l’élévation des continents au-dessus du niveau ac-tuel des mers, cela signifie qu’il s’agit de trouver lecentre de gravité du volume des continents au-dessusde ce niveau, recherche fort différente de celle qui con-siste à déterminer le centre de gravité du volume de lamasse continentale ou le centre de gravité des masses,attendu que la portion qui s’élève au-dessus des mers, |1030| dans la croûte du globe, n’est nullement de la mêmedensité, ainsi que la géognosie et les expériences dupendule l’ont démontré. La marche du calcul simpleest celle-ci. On considère chaque chaîne de montagnescomme un prisme triangulaire posé horizontalement.La hauteur moyenne des cols ou passes qui détermi-nent la hauteur moyenne de la crête des montagnes estla hauteur de l’arête du prisme, verticalement au-des-sus de la surface qui constitue la base de la chaîne.Les plateaux sont calculés comme des prismes droitspour établir leur solidité. Pour donner un exemple pris en Europe de ce genrede calcul, M. de Humboldt rappelle que la surface dela France est de 10,087 milles géographiques carrés.D’après M. Charpentier, les Pyrénées couvrent 430 deces milles carrés, et, quoique la hauteur moyenne descrêtes des Pyrénées s’élève à 7,500 pieds, M. de Hum-boldt y opère une réduction, à cause des érosions quise sont opérées sur le prisme supposé couché, et quiont agi surtout pour diminuer le volume des valléesprofondes transverses. L’effet des Pyrénées sur toute laFrance n’est que de 35 mètres ou de 108 pieds; c’est-à-dire que c’est de cette quantité que serait augmentéela surface normale du plan de toute la France, qui, parla comparaison d’un grand nombre de mesures très-exactes sur des lieux placés vers le centre (tels queBourges, Chartres, Nevers, Tours, etc.), est élevé de480 pieds. Ce calcul, que M. de Humboldt a fait encommun avec M. Élie de Beaumont, fournit ensuite lerésultat général que voici, en mesures telles que lesdonne l’auteur: |1031|
Toises.
1. Effet des Pyrénées...................... 18
2. Les Alpes françaises, le Jura et les Vosges, quelques toisesde plus que les Pyrénées; effet commun......... 20
3. Restent les plateaux du Limousin, de l’Auvergne, des Cé-vennes, de l’Aveyron, du Forez, du Morvan, de la Côte-d’Or; effet commun, égal à peu près à celui des Pyrénées. 18
Or, comme la hauteur normale du plan de la France est dansson maximum de..................... 80
Il s’ensuit que la hauteur moyenne de la France ne dépasse pas 136
ou 816 pieds.
Les plaines baltiques, sarmates et russes ne sont séparées de celles du nord de l’Asie que par la chaîne mé-ridienne de l’Oural. C’est à cause de cela qu’Hérodote,qui connaissait la liaison de l’extrémité méridionale del’Oural dans le pays des Issidons, appelait Europe toutel’Asie au nord de l’Altaï. Dans la portion limitrophe desplaines baltiques, il y a, près du littoral de la mer Bal-tique, des masses partielles de soulèvement qui méritentune attention particulière. A l’occident de Dantzig, en-tre cette ville et Butow, dans le point où le rivage de lamer s’avance beaucoup vers le nord, il y a beaucoup devillages placés à une hauteur de 400 pieds; de plus leThurmberg, dont la mesure a donné lieu à beaucoupde controverses hypsométriques, s’élève, suivant lesopérations trigonométriques du major Baeyer, à 1,024pieds, ce qui est peut-être la plus grande élévation qu’ily ait entre le Harz et l’Oural. Il est étonnant que d’a-près les mesures faites par M. Struve du point culmi-nant de la Livonie, le Munaggi, cette montagne ne s’é-lève que de 4 toises au-dessus du Thurmberg de laPoméranie, tandis que, d’un autre côté, d’après lacarte du capitaine Albrecht, la plus grande profon-deur de la mer Baltique entre Gothland et Windau |1032| n’est que de 167 toises, hauteur presque identiqueavec celle du Thurmberg. Le pays plat exclusivement européen, dont la hauteurnormale ne saurait s’évaluer à plus de 60 toises, a,d’après des mesures exactes, neuf fois la surface de laFrance. L’étendue extraordinaire de cette région basseest la cause pour laquelle la hauteur continentalemoyenne de toute l’Europe sur les 17,000 milles géo-graphiques carrés, est de 30 toises au-dessous du résul-tat que nous avons trouvé pour la France. Au reste,pour ne pas s’arrêter plus longtemps à des nombres,M. de Humboldt ajoute qu’une considération impor-tante dans l’étude des phénomènes généraux de la géo-logie, c’est que les masses soulevées, sur des pays éten-dus, sous forme de plateaux, produisent un tout au-tre effet sur l’élévation du centre de gravité du volumeque les chaînes de montagnes, lorsqu’ils ont la mêmeimportance en longueur et en hauteur. Tandis que lesPyrénées produisent à peine sur toute l’Europe un effetd’une toise; le système des Alpes, qui couvrent une sur-face presque quadruple de celle des Pyrénées, produit uneffet de 3 ½ toises; la péninsule Ibérique, avec sa masse-plateau compacte de 300 toises, produit un effet de 12toises. Le plateau ibérique agit donc sur l’Europe en-tière quatre fois autant que le système des Alpes. Ce ré-sultat des calculs est d’autant plus satisfaisant qu’il pa-raît se déduire en dehors de toute hypothèse préa-lable. Nous avons dans ces derniers temps acquis beaucoupde notions sur la configuration de l’Asie. L’effet desmasses colossales de soulèvements de la partie méridio-nale se trouve affaibli, parce que ⅓ de tout le continentde l’Asie, une portion de la Sibérie, qui, seule, dépasse |1033| d’un tiers la surface totale de l’Europe, n’a pas unehauteur normale de 40 toises. C’est aussi la hauteurd’Orenbourg, sur le bord septentrional de la Caspienne.Tobolsk n’a pas même la moitié de cette hauteur, etKasan, qui est cinq fois plus éloigné du littoral de lamer Glaciale que Berlin ne l’est de la Baltique, a à peinela moitié de la hauteur de cette dernière ville. Dansl’Irtysch supérieur, entre Buktormensy et le lac Saysan,dans un point où l’on est plus voisin de la mer des In-des que de la mer Glaciale, M. de Humboldt a trouvéque les plaines n’avaient pas 800 pieds de hauteur;c’est cependant là ce qu’on a nommé le plateau de l’Asiecentrale, et qui n’a pas la moitié de la hauteur des ruesde la ville de Munich au-dessus du niveau de la mer. Leplateau si célèbre entre le lac Baikal et la muraille dela Chine (le désert de pierres de Gobi ou Cha-mo), queles académiciens russes, MM. Bunge et Fuss, ont mesuréavec le baromètre, n’a qu’une hauteur moyenne de 660toises, qui est à peu près celle des Müggelsberge ausommet du Brocken; de plus, ce plateau a dans son mi-lieu, au point où est placé Ergi (lat. 45° 31′) une dé-pression en fond de chaudière dont le fond descend jus-qu’à 400 toises, c’est-à-dire la hauteur de Madrid.«Cette dépression, dit M. Bunge dans un mémoire quin’a pas encore été publié, est couverte d’Halophytes etd’espèces du genre Arundo, et, d’après la tradition desMongols qui nous accompagnaient, elle a formé au-trefois une grande mer intérieure.» Les deux extrémitésde cette ancienne mer intérieure sont bornées par desfalaises rocheuses, tout comme une mer ordinaire, dansles environs d’Olonbaischan et de Zukeldakan. La surface du Gobi, dans ses masses de soulèvementuniforme, et du S.-O. au N.-O., est deux fois aussi |1034| grande que celle de toute l’Allemagne, et élèveraitle centre de gravité de l’Asie de 20 toises, tandis quel’Himalaya et le Kouen-Lun, qui prolonge l’Hindon-Kho, avec les plateaux thibétains qui relient l’Himalayaau Kouen-Lun, ne produiraient qu’un effet de 56 toises.Dans l’examen du relief considérable entre les plainesde l’Inde et le plateau déprimé de Tarim, qui, à partirde Kaschgar, est incliné à l’orient vers le lac Lop,il faut examiner avec plus de soin le point voisin duméridien de Kaylasa et les deux lacs sacrés de Manasaet Ravana-Brada, à partir duquel l’Hymalaya ne courtplus de l’E. vers l’O. parallèlement au Kouen-Lun,mais se dirige du S.-E. au N.-O. et se réunit aux con-treforts de Tsung-Ling. Les hauteurs des nombreusespasses de Bamian jusqu’au méridien de Tschamalari(24,400 pieds), par lesquelles Turner a atteint le pla-teau thibétain de H’Lassa, sont aussi connues sur unelongueur de 21 degrés de longitude. La plupart d’entreelles ont très-uniformément 14,000 pieds anglais ou2,200 toises, hauteur qui n’est pas rare dans les passesde la chaîne des Andes. La grande route que M. deHumboldt a suivie de Quito, en allant à Cuença, a parexemple à Assuay (Ladera de Cadlud) et sans neige unehauteur de 2428 toises, c’est-à-dire 1400 pieds de plusque cette passe de l’Himalaya. Les passes, comme il aété dit, donnent les hauteurs moyennes des monta-gnes. Dans un mémoire sur le rapport entre les cimes éle-vées ou points culminants et la hauteur des chaînes demontagnes, M. de Humboldt a démontré que la chaînedes Pyrénées, calculée par vingt-trois passes et hour-ques, était de 50 toises plus élevée que la chaîne moyennedes Alpes, quoique les points de culmination des Py- |1035| rénées et des Alpes fussent dans le rapport de 1 à 1 \( \frac{4}{10} \).Comme les passes isolées de l’Himalaya, par exemplele Niti-Gate, par lequel on pénètre dans la plainedes chèvres de Cachemire, sont élevées de 2,629 toises,M. de Humboldt n’a pas admis pour hauteur de la chaînede l’Himalaya le chiffre de 14,000 pieds anglais, maisil propose de la fixer, quoique l’élévation soit peut-êtreencore trop forte, à 15,500 pieds ou 2,432 toises. Le pla-teau des trois Thibets de Iscardo, Ladak et H’Lassa,est une intumescence entre deux chaînes qui se relient(l’Himalaya et le Kouen-Lun). Le voyage de M. Vignedans le Baltistan et le petit Thibet, qui vient de paraître,le journal des frères Gérard, publié par Lloyd, ainsique les travaux récents faits dans l’Inde sur la hauteurrelative des neiges perpétuelles sur les versants indienset thibétains de l’Himalaya, ont démontré que la hau-teur moyenne des plateaux thibétains avait été jusqu’àprésent beaucoup exagérée. Dans son ouvrage intitulé: Asie centrale, M. de Humboldt croit avoir démontré,par le rapprochement d’une foule de faits, que l’intumes-cence entre l’Himalaya et le Kouen-Lun (chaînes quisont les limites méridionale et septentrionale du Thibet)ne s’élève pas en hauteur moyenne à plus de 1,800 toises,et est, par conséquent, de 200 toises plus basse que leplateau du lac de Titicaca. La configuration hypsométrique du continent asiati-que est peut-être encore plus remarquable par ses plaineset ses dépressions que par ses hauteurs colossales. Cecontinent se distingue par deux traits caractéristiquesprincipaux. Le premier est la longue série de chaînesméridiennes, qui, avec des axes parallèles, mais alter-nant entre elles (peut-être projetées comme des filons),s’étendent depuis le lac Comorin, en face de Ceylan, jus- |1036| qu’à la côte de la mer Glaciale, en direction uniformedu S.-S.-E. au N.-N.-O., sous le nom de Ghates, dechaîne Soliman, de Paralasa, de Bolor et d’Oural. Cettesituation alternante des chaînes méridiennes aurifèresnous révèle cette loi qu’aucune des chaînes méridiennesqui viennent d’être nommées, entre 64° et 75° de longi-tude, ne s’étend sur ses voisines, soit vers l’est, soitvers l’ouest, et que chacune de ces élévations longitu-dinales ne commence à se montrer en latitude qu’aupoint où la précédente a complétement disparu. Unautre trait caractéristique, et qu’on n’a pas assez re-marqué dans la configuration de l’Asie, est la conti-nuité d’une élévation considérable, E. et O., entre35° et 36° 1/2 de latitude, de Takhialoudag, dans l’an-cienne Lycie, jusqu’à la province chinoise de Houpih,élévation recoupée trois fois par les chaînes méridiennes,de l’O. à l’E. de cette chaîne, depuis le parallèle deDicéarque qui est en même temps celui de Rhodes, duTaurus, de l’Elbrouz, de l’Hindou-Kho et du Kouen-Lun, ou A-Neoutha. D’après le résultat final du travail de M. de Humboldt,le maximum donné par Laplace pour la hauteur moyennedes continents serait des 2/3 trop considérable. Ce sa-vant trouve, pour les trois parties du monde qui ont faitl’objet de ses calculs (l’Afrique ne présentant pas encoreà cet égard assez de documents), les éléments numéri-ques suivants:
Europe....... 205 mètres. Amérique du Sud. 345 mètres.
Amérique du Nord. 228 — . Asie........ 351 —.
Pour la totalité du nouveau continent on a 285m, etpour la hauteur du centre de gravité du volume detoutes les masses continentales (l’Afrique exceptée)au-dessus du niveau des mers actuelles, 307m. |1037| M. de Hoff, qui, sur une étendue de 224 millesgéographiques carrés, a mesuré avec une extrême exac-titude 1076 points, la plupart dans la portion mon-tueuse de la Thuringe, estime qu’il y a environ cinqhauteurs par chaque mille carré, mais que ces hauteurss’y trouvent inégalement réparties. Sur la demande deM. de Humboldt il a calculé la hauteur moyenne desmesures hypsométriques qu’il a faites. Or, ce savant atrouvé 166 toises, c’est-à-dire 8 toises de plus que lerésultat de M. de Humboldt. On doit donc en conclureque, puisqu’on a mesuré un pays très-montueux de laThuringe, le chiffre de 157 toises, ou 942 pieds est unnombre limite plutôt trop fort que trop petit. D’après la certitude où l’on est aujourd’hui d’un sou-lèvement progressif et partiel de la Suède, on peut croireque le centre de gravité ne restera pas toujours lemême; toutefois, d’après la petitesse des masses quisont soulevées et la faiblesse des forces souterraines quiagissent, il est présumable qu’en ayant égard aux va-riations, qui doivent se compenser en grande partie, cecentre de gravité ne changera pas beaucoup de positionau-dessus de l’Océan; mais une chose neuve, qui pa-raît résulter des calculs numériques de ce travail hyp-sométrique, c’est que les moindres hauteurs dans notrehémisphère appartiennent aux masses continentales duNord. Ainsi l’Europe a fourni 105 toises, l’Amériquedu Nord, 117 toises. L’intumescence de l’Asie entreles 28° et 40° de latitude compense l’effet soustractif desparties basses de la Sibérie. L’Asie et l’Amérique du Suddonnent 180 à 177 toises. On voit, au moyen de ces nom-bres dans quelles portions de la surface de notre globe laréaction de l’intérieur à l’extérieur s’est fait sentiravec le plus d’intensité dans les anciens soulèvements.