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Alexander von Humboldt: „Lettre d’Alexandre Humboldt à J.-C. Delamétherie“, in: ders., Sämtliche Schriften digital, herausgegeben von Oliver Lubrich und Thomas Nehrlich, Universität Bern 2021. URL: <https://humboldt.unibe.ch/text/1799-Lettre_d_Alexandre-1> [abgerufen am 26.04.2024].

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https://humboldt.unibe.ch/text/1799-Lettre_d_Alexandre-1
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Titel Lettre d’Alexandre Humboldt à J.-C. Delamétherie
Jahr 1799
Ort Paris
Nachweis
in: Journal de physique, de chimie, d’histoire naturelle et des arts 6:6 [= 49:6] (Frimaire an 8 [November/Dezember 1799]), S. 433–436.
Postumer Nachdruck
Humboldt. Correspondance inédite scientifique et littéraire, herausgegeben von Jean Bernard Marie Alexandre Dezos de La Roquette, 2 Bände, Paris: E. Ducrocq 1865/1869, Band 1, S. 60–65.

Lettres américaines d’Alexandre de Humboldt (1798–1807), précédées d’une Notice de J.–C. Delamétherie et suivies d’un choix de documents en partie inédits, publiés avec une introduction et des notes par le E.T. Hamy, Paris [1905], S. 31–35.

Alejandro de Humboldt. Cartas americanas. Compilación, prólogo, notas y cronología Charles Minguet. Traducción Marta Traba, Caracas 1980, S. 18–20 [span. Übersetzung].

Alexander von Humboldt, Briefe aus Amerika 1799–1804, herausgegeben von Ulrike Moheit, Berlin: Akademie 1993, S. 43–46 [ab S. 332 „Zusatz des Herausgebers“, i.e. Christian A. S. Hoffmann].
Sprache Französisch
Typografischer Befund Antiqua; Auszeichnung: Kursivierung; Fußnoten mit Ziffern; Tabellensatz; Schmuck: Initialen.
Identifikation
Textnummer Druckausgabe: I.89
Dateiname: 1799-Lettre_d_Alexandre-1
Statistiken
Seitenanzahl: 4
Zeichenanzahl: 8014

Weitere Fassungen
Lettre d’Alexandre Humboldt à J.-C. Delamétherie (Paris, 1799, Französisch)
Alexander von Humboldt’s physikalische Beobachtungen auf seiner Reise nach dem spanischen Amerika (Halle, 1800, Deutsch)
Ueber den Pico de Teyde auf Teneriffa (Freiberg, 1802, Deutsch)
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LETTRE D’ALEXANDRE HUMBOLDTA J.-C. DELAMÉTHERIE.

I l n’y a que 3 jours, mon bon et digne ami, que je suis arrivésur cette côte de l’Amérique méridionale, et déjà il se présenteune occasion favorable pour vous donner un signe de vie, pourvous dire en hâte (car le bâtiment est prêt de mettre à la voile)que mes instrumens d’astronomie, de physique et de chimie nese sont point dérangés; que j’ai beaucoup travaillé pendant lanavigation sur la composition chimique de l’air, sa transparence,son humidité, sur la température de l’eau de mer, sa densité...sur l’inclinaison de l’aiguille aimantée, l’intensité de la forcemagnétique... Mes sextants de Ramsden et de Throughton, et lechronomètre de Louis Berthoud (cet excellent instrument medonna la longitude de Ste Croix de Teneriffe, à 1h 14′ 25,5″, et Borda l’a trouvé 1h 14′ 24″), m’ont donné la faculté de détermineravec une grande exactitude les endroits où chaque observationa été faite; avantage très-grand pour les observations magné-tiques. Mais comment vous dire en cette hâte ce que j’ai vû?quelle jouissance m’a donné le séjour aux Canaries? Presquetous les naturalistes qui (comme moi) sont passés aux Indes,n’ont eu le loisir que d’aller au pied de ce colosse volcanique,et d’admirer les jardins délicieux du port de l’Orotava. J’ai eu lebonheur que notre frégate, la Pizarro, s’arrêta pendant six jours.J’ai examiné en détail les couches dont le pic de Teyde est cons-truit. Le citoyen le Gros, vice-consul de la République, a bienvoulu nous accompagner à la cime; c’est lui, et M. BernardCologan, qui ont observé avec beaucoup de sagacité la dernièreet terrible éruption du 9 juin 1798. Le citoyen le Gros nous faitespérer une description de ce grand phénomène, accompagnéd’un beau dessin, que j’ai vu ébauché au jardin botanique duroi à Orotava. Vous sentez combien sa société nous a été utile.Nous dormîmes au clair de lune à 1200 toises de hauteur; lanuit à 2 heures, nous nous mîmes en marche vers la cime, oùmalgré le vent violent, la chaleur du sol qui brûloit (consumoit)nos bottes, et malgré le froid perçant, nous arrivâmes à 8 heures. |434| Je ne vous dirai rien de ce spectacle majestueux, des îles vol-caniques de Lancerotte, Canarie, Gomere, que l’on voit à cespieds; de ce désert de 20 lieues quarrées couvert de pierres ponceset de laves, sans insectes, sans oiseaux (habité seulement par la viola decumbens); désert qui nous sépare de ces bois touffusde lauriers et de bruyères, de ces vignobles ornés de palmiers,de bananiers et d’arbres de dragon, dont les racines sont baignéespar les flots... Nous sommes entrés jusque dans le cratère même,qui n’a que 40-60 pieds de profondeur. La cime est à 1904 toisesau-dessus du niveau de la mer, tel que Borda l’a trouvé par uneopération géométrique, très-exacte: j’y ai ramassé des bou-teilles d’air atmosphérique, et cet air analysé avec beaucoupde soin par un gaz nitreux (dont par le sulfate de fer, je connoisla pureté) ne contient que 0,19 d’oxigène. Cependant le venttrès-violent mêla sans doute l’air pur de la plaine (à 0,278 d’o-xigène), à celle de la cime. J’y trouvai le thermomètre de Réaumur (non centigrade) à 2°; à Orotava, il étoit entre 18° et19°. En comptant 16° de différence, on auroit 119 toises pardegré; ce qui s’accorde bien avec les observations de Saussure,qui, je crois, donne 107 toises par degré. Le pic de Teyde est uneimmense montagne basaltique, qui paroît reposer sur de la pierrecalcaire dense et secondaire. C’est la même, qu’avec beaucoup depierre à fusil, on trouve au Cap Noir en Afrique; la même à Cadix, à la Manche, en Provence; la même sur laquellereposent les basaltes de St. Loup près d’Agde, et ceux du Portugal.Voyez avec quelle uniformité le globe est construit! Les Açores,les Canaries, les îles du Cap Vert ne paroissent être que lacontinuation des formations basaltiques de Lisbonne! Les flotsamènent aussi et jettent de la côte d’Afrique, sur les bords de Ténériffe des granits, des syenites et le schiste micacé grani-tique, que nous avons au St. Gothard, dans le Salzbourg... Ilest à supposer que c’est de ces roches que consiste la haute crètede l’atlas, qui se prolonge à l’Ouest vers les côtes de Maroc.Le cratère du pic, c’est à-dire celui de la cime ne jette (depuisdes siècles) plus de laves (celles-ci ne sortent que des flancs).Mais le cratère produit une énorme quantité de soufre et desulfate de fer. Le soufre se compose-t-il, ou ne vient-il pas decette roche calcaire au-dessous des basaltes, qui identique aveccelle d’Andalousie (et de Kreczezowiz en Pologne) pourroitbien le fournir? Vous savez que la pierre calcaire et gypseused’Andalousie (c’est la même formation, le gypse fait des bancsdans la roche calcaire) pourroit fournir du soufre à toute l’Europe.Mais le basalte dont le pic de Teyde est construit, n’est pas |435| seulement du basalte contenant de la cornéenne et de l’olivinfeuilleté et cristallisé (la chrysolide basaltique) non sur-tout versla cime, il y a des couches du porphyrschiefer de Werner et d’unautre porphyre à base d’obsidienne. Le porphyrschiefer est feuil-leté, sonore, à demi transparent sur les bords, formé d’unebase verte très-dure, ayant de l’affinité au jade et enchâssant descristaux de feld-spath vitreux. Les pierres ponces du pic ne sontque de l’obsidienne décomposée par le feu. On ne peut pas attri-buer leur origine au feld-spath. J’ai ramassé et déjà vu dans lescabinets de Madrid, beaucoup de morceaux à demi obsidienned’un noir olivâtre, et à demi pierre ponce fibreuse blanche. — J’aifait un grand nombre d’observations sur l’inclinaison, avec lenouvel instrument inventé par Borda, et auquel le citoyen Megnié à Madrid à fait quelques simplifications. Vous aurez vules observations qu’avec un mémoire astronomique, j’ai envoyéau citoyen Delambre.
Nouv. Division. Force magnét. oscillation (1).
Paris....... 77°,15........ 24,5
Nîmes....... 72°,65........ 24
Barcelone..... 71°,80........ 24,5
Valence...... 70,70........ 23,5
Madrid...... 75,20......... 24
Ferrol....... 76,15......... 23,7
Mer. Longit. Latit. Inclinaison.
32°,16′.... 17°,7′.... 71°,50.... 24
26,51..... 19°,3′.... 67°,00.... 23
14°,15′.... 48°,3′.... 55°,80.... 23,9
13°,51′.... 50°,2′.... 50°,15.... 23,4
10°,59′.... 64°,31′... 46°,50.... 23,7
Vous voyez que la force n’est pas en raison de l’inclinaison;le phénomène est très-compliqué. Je vous en dirai une autre foisdavantage. J’ai pesé l’eau de la mer avec une balance de Dollond; elle devient moins dense en s’approchant de l’équateur;mais il n’y a pas de doute que le minimum est au nord de laligne; depuis latitude 18° 8′ la densité de l’eau augmentoit denouveau. — Je suis parvenu à faire l’analyse de l’air à bord avec la mêmefacilité que dans mon laboratoire. J’ai commencé un mémoire,que j’enverrai à l’Institut, à ce sujet: vous y verrez que les bellesnuits au clair de lune à 10° 30′ de latitude, l’air de la mer conte-noit au-delà de 0, 30 d’oxigène. — J’ai examiné avec soin la
(1) En une minute, en temps de calme, on peut parfaitement compter lesoscillations sur mer.
|436| température de l’eau; je l’ai vu augmenter de 12° à 20°, 5; Co-rogne, mer à la surface 12° latit. 35° 8′ 13° lat. 29° 15° lat.20° 8′ 17° lat. 14° 57 19° lat. 13° 30′ 20° 5. Vous savezque la température de l’air n’influe aucunement sur la tempé-rature de l’eau: dans une latitude, elle est la même à toute saison.Mais par-tout où il y a des bas-fonds, l’eau est froide. Je l’ai vudescendre de 20° 5 à 18°. L’idée de Jonathon Williams ( Trans-actions de la Societé d’Amérique, vol. III. pag. 82.) de sonderavec le thermomètre; idée que le grand Franklin lui suggéra, esttrès-heureuse. Je donnerai un jour la suite de la carte de Williams.
Bonpland, mon compagnon de voyage, fait une belle collec-tion de plantes. Notre maison est construite en bois de quinquina. Nous ferons des expériences sur le gimnotas electricus.