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Alexander von Humboldt: „Nachrichten aus Sud-Amerika, aus zwey Schreiben des König. Preuss. Oberberg-Raths Alexander von Humboldt“, in: ders., Sämtliche Schriften digital, herausgegeben von Oliver Lubrich und Thomas Nehrlich, Universität Bern 2021. URL: <https://humboldt.unibe.ch/text/1800-Nachrichten_aus_Sued-3-neu> [abgerufen am 08.05.2024].

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Titel Nachrichten aus Sud-Amerika, aus zwey Schreiben des König. Preuss. Oberberg-Raths Alexander von Humboldt
Jahr 1800
Ort Paris
Nachweis
in: Bibliothéque germanique et bibliographie universelle 1 (An 9, 1800), S. 442–451.
Sprache Französisch
Typografischer Befund Antiqua; Auszeichnung: Kursivierung, Kapitälchen; Fußnoten mit Ziffern; Schmuck: Initialen.
Identifikation
Textnummer Druckausgabe: II.5
Dateiname: 1800-Nachrichten_aus_Sued-3-neu
Statistiken
Seitenanzahl: 10
Zeichenanzahl: 9642

Weitere Fassungen
Nachrichten aus Süd-Amerika (Gotha, 1800, Deutsch)
Alexander von Humboldt’s neuere physikalische Beobachtungen im spanischen Amerika (Halle, 1800, Deutsch)
Nachrichten aus Sud-Amerika, aus zwey Schreiben des König. Preuss. Oberberg-Raths Alexander von Humboldt (Paris, 1800, Französisch)
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Nachrichten aus Sud ‒ Amerika, auszwey Schreiben des König. Preuss. Ober-berg-Raths Alexander von Humboldt.

Nouvelles de l’Amérique méridionale,extraites de deux lettres de M. Alexan-dre de Humboldt, directeur des minesdes principautés prussiennes d’Anspachet de Bareuth. (Ces lettres ont été in-sérées dans la Correspondance de M. deZach, ouvrage périodique.)

Le nom de Humboldt est du très-petitnombre de ceux qui dispensent d’éloges.Il n’est point d’homme instruit qui ne con-naisse la juste réputation du savant physi-cien minéralogiste dont nous allons extrairedeux lettres dignes de ses autres ouvrages.
«Un brigantin de Cadix, arrivé ici cematin, me procure l’occasion de vousdonner quelques signes de vie et quelquesnouvelles de mes travaux. Il faut que jeme presse d’autant plus, que je suis à la |443| veille d’entreprendre un voyage dans l’in-térieur du pays sur les montagnes de Ca-ripe et de Larupano, où se firent sentiril y a quatre jours, onze très-fortes se-cousses de tremblement de terre. De-là jeme rendrai dans l’intérieur de Paria à l’é-tablissement de la mission des Capucins,où les plantes, les montagnes, les rochers,et surtout les hommes, Indiens paisibles etCaraïbes, sont les objets les plus intéres-sans qui puissent s’offrir au naturaliste. «Je suis ici depuis deux mois dans uneautre partie du monde, sur la terre fermede l’Amérique méridionale. Mon compa-gnon de voyage, Bonpland, naturalisteinfatigable, jouit comme moi de la meil-leure santé; j’ai trouvé ici l’accueil le plusfavorable, grace à L. M. Catholiques quim’ont comblé de bontés. Les bons officesde leur ministre à Paris, Don MarianoUrquijo, m’ont assuré une protection quime comble d’agrémens et qui contribueaux progrès de mon travail. La plupart demes instrumens sont arrivés en bon étatet ne cessent d’être en activité. Nous avonsdéjà recueilli une grande quantité de |444| plantes, d’insectes, de coquillages. J’aibeaucoup dessiné, et me suis principale-ment occupé de la décomposition de l’air.Sa pureté, sur la mer, du 12e. au 13e.degré de latitude septentrionale, va jus-qu’à 0,301 oxygène, particulièrement du-rant les nuits. »J’ai presque été dans le cratère, ausommet du Pic de Ténériffe. Nous avonspassé là une nuit à une hauteur de 1700toises. L’atmosphère ne contenait plusque 0,194 oxygène. Le lever du soleil nousoffrit à cette hauteur, un singulier phé-nomène de réfraction, qui nous fit croired’abord que le volcan de Lancerote vo-missait du feu. Nous vîmes des étincellesqui non-seulement montaient et descen-daient, mais qui volaient horizontalementça et là à la distance de deux et jusqu’àtrois degrés; c’étaient vraisemblablementles rayons de quelques étoiles qui, brisésdans les vapeurs échauffées par le soleil,produisaient ce mouvement rapide et sin-gulier de la lumière. Le mouvement ho-rizontal discontinuait de tems en tems. »Je m’occupe beaucoup actuellement à |445| résoudre ce problême: pourquoi la réfrac-tion est-elle moindre sous la ligne équino-xiale que chez nous? La chaleur ne sauraiten être la seule cause. L’hygrométrie jouelà un grand rôle; et je crois que l’humiditéde la zône diminue la réfraction. Les va-peurs influent sur la direction de la lu-mière, et, à son tour, la lumière sanschaleur influe sur les parties intégranteset sur la composition de l’eau. M. de La-caille a trouvé au cap de Bonne-Espéranceles réfractions assez considérables. L’aird’Afrique serait-il plus sec? Peut-êtreirai-je moi-même examiner la chose,puisque mon intention est de retourner enEurope par les Philippines, Canton et leCap. En attendant, je rassemble nombred’observations de réfractions de toute es-pèce, célestes, terrestres, horizontales. J’enai beaucoup observé sur mer, entre les Ca-naries et les îles de Ste.-Claire, Allegranza,Rocca del Este.» M. de Humboldt adresse ici à son corres-pondant des détails que les astronomes etsavans de profession retrouveront dans le Journal de physique du cit. Delamettrie. |446| «Dites à mon ami Blumenbach que lagéologie de ce pays est fort intéressante.Il y a des montagnes de schiste micacé,de basalte, de gyps, de sel gemme, beau-coup de soufre, de pétrole qui bouillonneavec violence par de très-petites ouver-tures et qui fait jaillir de l’air de dessousl’eau. Toute la ville de Cumana est sousdes décombres. Le grand tremblement deterre de Cumana fut le signal de celui deQuito en 1797, où périrent 16000 person-nes, et où le volcan jeta plus de terre pâ-teuse que de lave. Ainsi voilà un volcanpar lequel la nature veut réconcilier lesNeptunistes avec les Volcanistes. »Nous sommes entourés ici de tigres etde crocodiles aussi avides de la chair desblancs, que de celle des noirs, et qui nele cèdent point en grandeur aux animauxde proie africains. Et dans le règne végé-tal, quels colosses organisés! Un ciba (1) dont on fait quatre canots.
(1) Bomban-Ciba, plante qui tient le milieuentre le géranium et le câprier. Il est moins grosque le baoban, qui est peut-être la plante la plus
|447| »Dites, je vous prie, au conseiller Blu-menbach que, dans la nouvelle Andalou-sie, il existe un homme qui a tant de laitque, depuis cinq mois, il allaite son en-fant, sa femme n’ayant pu s’acquitter decette fonction. Ce lait a les mêmes qualitésque celui des femmes...»
«..., Je reviens d’un voyage bien pé-nible, mais très-intéressant que j’ai fait àParia, dans l’intérieur du pays. »Nous avons été sur les Andes ou Cor-dillières de Fumiquiri, de Cocollar et deGuanaguana, habitées par des Indiens,Chaïmas et Guaraunos, et nous avons faitun séjour fort agréable dans le couvent desCapucins, nommé Caripe, et situé au centredes missions. Rien ne peut se comparer à
grosse du monde, qui a souvent 25 pieds de dia-mètre, et n’excède pas 60 à 70 pieds de hauteur. Leciba est peut-être la plus haute plante du monde. Adanson dit (Familles des plantes, Paris, 1763,seconde partie, page 390) avoir vu des ciba quiavaient plus de cent vingt pieds de haut. — Notede M. de Zach.
|448| l’entrée majestueuse de la fameuse cavernede Quacharo, ombragée de palmiers, depothos (sorte de jasmin), d’hypomeen.Cette grotte ou caverne, que nous avonsvue, est peuplée de millions d’oiseaux denuit, nouvelle espèce de caprimulgus, (detrésaie ou chouette qui tette les chèvres.)Pendant notre séjour dans cette province,nous avons séché plus de seize cents plan-tes, et en avons décrit environ six cents.La plus grande partie étaient inconnues.J’ai plus de soixante dessins faits sur l’ana-tomie comparée de coquilles marines...»
Les lecteurs nous pardonneront de passerici sous silence beaucoup d’observations as-tronomiques, dont les amis de la sciencetrouveront les détails dans les écrits pério-diques spécialement destinés à l’astrono-mie; l’objet de notre Bibliothèque étant deréduire l’étude au nécessaire et à l’agréablepour l’homme du monde. «Malgré la chaleur accablante et pres-qu’insupportable de ce mois, j’ai, néan-moins, continue M. de Humboldt, observél’éclipse de soleil du 28 octobre (1799).Mais je me suis tellement brûlé le visage, |449| que cela m’a forcé à garder deux jours lelit et à faire appeler un médecin. Je souffreexcessivement des yeux; la blancheur duterrein calcaire me les a abîmés. »Si vous avez jeté un regard sur mondernier ouvrage de la minéralogie souter-raine, vous aurez remarqué que la tempé-rature de l’intérieur de notre terre est undes plus intéressans problêmes. Ici, sous ledixième degré de latitude, cette tempéra-ture, à une profondeur de 390 toises, est de15′ 2″, d’après le thermomètre de Réau-mur; car mes instrumens ont été réduits àla mesure de ceux de l’Observatoire natio-nal de Paris. Ce thermomètre ne montepas à l’ombre, et dans la saison la pluschaude, au dessus de 26′. Il est presquetoujours de 19′ à 22′; aussi avons-nous tousles jours, deux heures après la culminationdu soleil, lorsque la chaleur a atteint sonplus haut point, un orage, et pendant neufheures de longs éclairs, un climat vérita-blement volcanique. »Nous avons eu le 4 novembre un très-fort tremblement de terre; heureusementil n’eut aucune mauvaise suite. Je remar- |450| quai avec surprise que, pendant cet évène-ment, la déclinaison de l’aiguille aimantéediminua de 1′ 1″. Quelques commotionssuivirent le tremblement de terre, et, le12 novembre, nous eûmes un vrai feu d’ar-tifice. Des globes de feu croisèrent l’atmos-phère sans discontinuer. Ils jetaient des ger-bes de feu de deux degrés de diamètre. Lapetite partie orientale de la Nouvelle-An-dalousie est remplie de petits volcans quijettent de l’eau, du soufre, de l’hydrogènesulfureux et du pétrole. Les Indiens de Guai-gueries racontent, d’après une tradition,que le grand golphe de Cariaco, peu d’an-nées avant la découverte de cette côte par lesEspagnols, dut son origine à un effroyabletremblement de terre. Dans une partie dece golphe, l’eau de mer a une chaleur de40′ de Réaumur Les lettres écrites par M. de Humboldt au Bureau des longitudes, à Paris, s’étantperdues, il prie son correspondant de luicommuniquer celles-ci. Il invite aussi leBureau à en faire autant à l’égard deM. de Zach, de Gotha, son correspon-dant. M. de Humboldt a continué son |451| voyage par mer jusqu’à Guayra; il a dûrester jusqu’en janvier à St. Jago-de-Léon,riche ville de commerce dans le gouverne-ment de la Nouvelle-Grenade; de là il sesera rendu dans l’intérieur du pays à Rio-Apure, Rio-Negro, Laciquiare; puis, des-cendant l’Orénoque par Augostura, et re-venant à Cumana, il s’embarquera pour laHavanne.
DP.