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Alexander von Humboldt: „Lettre de M. A. de Humboldt à D. J. A. Cavanilles“, in: ders., Sämtliche Schriften digital, herausgegeben von Oliver Lubrich und Thomas Nehrlich, Universität Bern 2021. URL: <https://humboldt.unibe.ch/text/1803-Extracto_de_la-2> [abgerufen am 02.05.2024].

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https://humboldt.unibe.ch/text/1803-Extracto_de_la-2
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Titel Lettre de M. A. de Humboldt à D. J. A. Cavanilles
Jahr 1804
Ort Paris
Nachweis
in: Annales du muséum national d’histoire naturelle 4 (An 12, 1804 [1803/1804]), S. 475–478.
Postumer Nachdruck
Alexander von Humboldt, Briefe aus Amerika 1799–1804, herausgegeben von Ulrike Moheit, Berlin: Akademie 1993, S. 225–228.
Sprache Französisch
Typografischer Befund Antiqua; Auszeichnung: Kursivierung; Fußnoten mit Ziffern.
Identifikation
Textnummer Druckausgabe: II.18
Dateiname: 1803-Extracto_de_la-2
Statistiken
Seitenanzahl: 4
Zeichenanzahl: 9928

Weitere Fassungen
Extracto de la carta que el Baron de Humboldt escribió desde México en 22 de Abril de 1803 á D. Antonio Josef Cavanilles (Madrid, 1803, Spanisch)
Lettre de M. A. de Humboldt à D. J. A. Cavanilles (Paris, 1804, Französisch)
Letter from Mr. Humboldt to Prof. Cavanilles (London, 1806, Englisch)
|475| Nota. En attendant que M. de Humboldt qui vient d’arriver à Paris, veuillebien nous donner quelques détails plus étendus sur son voyage, nous pensonsqu’on lira avec plaisir la traduction d’une lettre qu’il avoit écrite en espagnol àM. Cavanilles, et que celui-ci a publiée dans le 18.° n.° de l’ouvrage intitulé: Anales de ciencias naturales.

Lettre de M. A. de Humboldt à D. J. A. Cavanilles.

M.

Nous ne faisons que d’arriver dans cette grande et magnifique ville de Mexico,je m’empresse de vous écrire, espérant que cette lettre aura une meilleure des-tinée que mes précédentes. Mon ami Bompland et moi nous avons toujours con-servé une santé robuste, malgré le défaut d’abri et la faim que nous avonséprouvée dans les déserts, et quoique nous ayons beaucoup souffert par le chan-gement de température et par la fatigue dans nos voyages, sur-tout dans ledernier de Loxa à Jaen-de Bracamoros; dans celui sur les bords du fleuve desAmazones, dont les environs sont couverts de bougainvillea d’andira et de go-doya, et dans le district que nous avons traversé pour arriver à Lima. Plusieurs européens ont exagéré l’influence de ces climats sur l’esprit; ils ontsoutenu qu’on ne pouvoit s’y livrer à des travaux scientifiques; nous pouvonsassurer le contraire. Nous n’avons jamais été doués de plus de force de tête qu’encontemplant dans ces pays la magnificence de la nature. La vue de ses pro-ductions innombrables et nouvelles pour nous, nous électrisoit; elle nous trans-portoit de joie, et nous rendoit pour ainsi dire invulnérables. C’est ainsi quenous travaillions exposés trois heures de suite au soleil brûlant d’Acapulco et deGuayaquil, sans en être sensiblemet incommodés; c’est ainsi que nous foulionsles neiges glacées des Andes, que nous traversions des déserts, que nous par-courions des bois épais ou des marais bourbeux, sans que notre courage enfût affoibli, sans même que notre gaité en fut altérée. Nous sortîmes de Lima le 25 décembre 1802; nous nous arrêtâmes un |476| mois à Guayaquil où nous eûmes la satifaction d’herboriser avec deux bota-nistes distingués, MM. Tafalla et Manzanilla, et nous arrivâmes à Acapulco,le 22 mars, après avoir éprouvé une horrible tempête, vis-à-vis du golfede Nicoya. Le volcan de Cotopaxi sur lequel j’avois marché tranquillement l’annéeprécédente, fit, le 5 janvier, une explosion si terrible, que naviguant à soixantelieues de distance, nous en entendîmes le fracas. Il a vomi des torrens de flammeset des nuées de cendres, et la neige s’est entièrement détachée de son sommet.Il ne paroît pas qu’il ait jusqu’à présent causé le moindre dommage, maiscomme il n’est point éteint, l’alarme est continuelle dans la province de Quito. Vous connoissez l’ardeur et l’enthousiasme de mon ami et compagnon Bom-pland, et vous pouvez juger combien nous avons recueilli de richesses en par-courant des pays qui n’ont été visités par aucun botaniste, et où la nature s’estplue à multiplier des végétaux dont la forme et la fructification est toute diffé-rente de celle des végétaux connus. Notre collection excède 4200 plantes, parmilesquelles sont beaucoup de genres nouveaux et un grand nombre de gramenset de palmiers. Nous avons dans notre herbier plus de cent mélastomes, quoi-que nous n’ayons pas toutes celles de Linné. Nous avons fait la descriptiondes 4200 plantes, et nous en avons dessiné un très-grand nombre d’après lesoriginaux vivans. Nous ne pouvons fixer aujourd’hui le nombre de celles quisont nouvelles; il faut pour cela que nous soyons de retour en Europe, et quenous les comparions avec celles qui ont été publiées: mais nous espérons avoirrecueilli assez de matériaux pour former un ouvrage digne de l’attention desnaturalistes. L’anatomie comparée a été, ainsi que la botanique, une partie ac-cessoire à l’objet principal de notre voyage; nous nous en sommes occupés, etnous rapportons beaucoup de pièces préparées par mon compagnon Bompland.J’ai dessiné plusjeurs profils ou cartes géographiques, avec des échelles hygro-matiques, eudiométriques, etc. pour déterminer les qualités physiques qui onttant d’influence dans la physiologie végétale, de manière que je puis indiqueren toises à quelle élévation au-dessus du niveau de la mer se trouve chaqueespèce d’arbre sous les tropiques. J’ai vu avec peine ce qu’on a écrit sur les quinquinas, parce que les sciencesne gagnent rien lorsqu’on mêle des personnalités aux discussions; et j’ai étévraiment affligé de la manière dont on a traité le vénérable Mutis. On a ré-pandu en Europe les idées les plus fausses sur le caractère de cet homme célèbre.Il nous traita à Santa-Fé avec cette franchise qui paroissoit le caractère parli-culier de Banks. Il nous communiqua sans réserve toutes ses richesses en bota- |477| nique, en zoologie et en physique; il compara ses plantes aux nôtres, et ilnous permit de prendre toutes les notes que nous désirions sur les genres nou-veaux de la flora de Santa-Fé. Il est déjà vieux, et cependant on est étonnédes travaux qu’il a faits et de ceux qu’il prépare pour la postérité; on admirequ’un seul homme ait été capable de concevoir et d’exécuter un si vaste plan. M. Lopez me communiqua son Mémoire sur le quinquina avant de l’impri-mer, et je lui dis que ce Mémoire même prouvoit évidemment que M. Mutis avoit découvert le quinquina dans les montagnes de Tena en 1772, et que lui Lopez l’avoit vu près de Honda, en 1774. Quant à l’arbre qui donne le quinquina fin de Loxa, nous l’avons examinédans son pays natal, et nous croyons qu’il n’est pas même décrit. Nous l’avonscomparé avec le cinchona que nous avons vu dans les provinces de Santa-Fé,de Popayan, du Pérou et de Jaen. Par ses feuilles, il se rapproche du cinchonaglandulifera de la flora du Pérou, mais il en diffère par ses fleurs. Nous avons envoyé en France une collection de quinquinas de la Nouvelle-Grenade, qui consistoit en écorces choisies, en beaux échantillons en fleurs eten fruits, et en magnifiques dessins enluminés dont le généreux Mutis nous avoitfait présent: nous y avons ajouté quelques os fossiles d’éléphans trouvés sur laCordillière des Andes, à 1400 toises de hauteur. (1) Je vous fais mes remercîmens des éloges peu mérités dont on m’a comblé dansle n.° 15 de vos Annales. Je leur ai cette obligation que dans un des numérossuivans on avertit que dans la carte gravée à Madrid, les hauteurs ont toujours40 à 70 toises de plus qu’elles ne devroient. Une telle différence, dans des obser-vations de cette nature doit sans doute être rectifiée. Ma facilité à communiquerà tout le monde en Amérique mes cartes fondées sur des observations astrono-miques, ainsi que mes remarques sur la géographie des plantes et les mesuresgéodésiques, a sans doute été cause qu’il en est parvenu des copies en Europeoù elles se sont multipliées par le zèle de ceux qui prenoient intérêt à cette partiede la géologie: mais ces copies faites à la hâte et sur des Mémoires auxquels jen’avois pas mis la dernière main, sont très-différentes de celle que j’ai et queje publierai dans mon ouvrage sur la construction du globe. Si la franchise avec laquelle j’ai communiqué mes plantes, mes animaux,mes cartes géographiques et mes observations, en consentant que chacun copiâtce qu’il désiroit, a donné lieu aux équivoques qu’on a remarquées, elle m’a
(1) Ces objets sont actuellement déposés au Muséum.
|478| fourni l’occasion de rectifier la localité de plusieurs points importans, d’apresles renseignemens qui m’ont été donnés par des hommes habiles. Je voudroisqu’on n’imprimât que ce que j’écris moi-même dans mes lettres ou Mémoires:les premières idées ne sont qu’un esquisse qu’il faut terminer, et les calculs et lesmesures exigent un examen ultérieur qui ne pent se faire qu’avec du tempset de la tranquillité. Les savans Lacondamine et Bouguer, nous ont donnéune preuve de cette vérité; regardant leurs opérations comme exactes et ter-minées, ils firent graver sur une pierre du collége des Jésuites, en sortant deQuito, la longitude de cette ville, et cette longitude diffère d’un dégré decelle qu’ils ont depuis adoptée en Europe.
J’ai lu avec beaucoup de plaisir vos observations sur les fougères: vos principesme paroissent vraiment physiologiques et indispensables pour établir des genresavec solidité. Vous vous souvenez sans doute de cette substance siliceuse, ressemblante àl’opale que M. Macie analysa en Angleterre. Nous l’avons découverte à l’ouestdu volcan de Pichincha, dans les bambous ou gros roseaux appelés guaduas dans le royaume de Santa-Fé. J’ai fait des expériences chimiques sur le suc decette graminée colossale, avant que la substance siliceuse se fût déposée, et j’yai remarqué des phénomènes très-curieux; il est susceptible d’une putréfactionanimale, et paroît annoncer une certaine combinaison d’une terre simple avecl’azote. Nous avons vu aussi que cette plante doit former un genre nouveau très-dif-férent de l’Arundo de Linnæus et du Bambusa de Schreber. Nous avons eubien de la peine à trouver ses fleurs, parce qu’elle fleurit si rarement que quoi-que plusieurs botanistes ayent observé la plante pendant trente ans, dans lesvastes pays où elle est abondante, ils n’ont jamais pu les rencontrer, et que lesIndiens nient leur existence. Nous avons été plus heureux, et nous les avons vuesdans le coin du monde le plus reculé. C’est sur la rivière de Casiquiare quiforme la communication de l’Orénoque avec le Maragnon, et ensuite dans lavallée de Cauca, située dans la province de Popayan où je la dessinai. Nous enavons des échantillons pour vous. Je vous prie de publier notre reconnoissance pour l’accueil que nous ont fait,et les services que nous ont rendus les Espagnols dans toutes les parties de l’Amé-rique que nous avons visitées. Nous ne pouvons donner assez d’éloges à la géné-rosité de votre nation et de votre gouvernement.

J’ai l’honneur d’être, etc.