„Depuis l’époque à laquelle j’ai publié et les résultatsdes observations astronomiques faites pendant le coursde mon Expédition Sibérienne et la Carte de l’Asiecentrale (1843) la géographie d’une vaste partie ducontinent entre la Mer Caspienne, le Lac Aral et lapente septentrionale du Thian-chan a obtenu, grâce à lanoble impulsion du Gouvernement, de la Société géo-graphique Impériale et d’un grand nombre d’observa-teurs aussi zélés qu’instruits, des fondements plus so-lides. J’avais déjà pu profiter de quelques communi-cations précieuses que je devais à Mr. Jacques deKhanikoff, conseiller d’état au ministère de l’Intérieur,dont le long séjour à Orenbourg à été si utile pour laconnaissance plus intime de l’extrémité méridionalede l’Oural et des steppes qui s’étendent à l’est et ausud-est vers le Lac Aral. Deux cartes (celles de l’Ou-ral et des steppes Kirghizes d’Orenbourg) publiées en
1845 par John Arrowsmith à Londres offrent unepartie de ces renseignements. La Carte des steppes estaccompagnée d’une „note explicative” due à Mr. Ni-colas de Khanikoff, frère de l’auteur. C’est à ce dernierqu’appartient aussi l’observation importante pour lagéologie sur la nonexistence d’une chaîne de mon-tagnes intermédiaire, qui réunisse l’extrémité méridio-nale des Monts Moughodjares de l’Oural à l’extrémiténord-est de l’Oustiourte. Les crêtes des montagnes seterminent au nord des sources de la rivière de Tche-hane et les escarpements du Tchinke ne commencentque beaucoup plus au sud. Par la bienveillance dontm’honore le général de Bolotoff, attaché à l’état-majoret à l’Académie militaire de St.-Pétersbourg, j’ai puchanger sur la nouvelle épreuve de ma Carte de l’Asiecentrale le tracé des environs de l’Aral, du Balkhachet de l’Issikoul au pié de la chaîne volcanique etneigeuse du Thian-chan. Le croquis qui présente ceschangements importants est la réduction d’une carte àtrès grande échelle construite et rédigée par Mr. deBolotoff. Auteur d’un excellent Traité de Géodésie
en langue russe, il a appliqué avec sagacité la projec-tion de Gauss à la Pinacographie asiatique. La Cartede la côte orientale de la Mer Caspienne depuis le Mert-voi Koultouk, à l’entrée duquel était encore placée, ily a peu d’années, le fortin de Novo-Alexandrowsk,jusqu’au Golfe Balkhache (ancienne embouchure del’Amou-deria ou Oxus) et jusqu’à Astrabad, extrémitésud-est du bassin, a aussi été entièrement tracée parle général de Bolotoff qui a profité des données lesplus nouvelles et les plus précises. Le nouveau tracé de
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la côte offre les différences essentielles avec la Carte deKolodkine de 1826 que j’ai du suivre pendant l’expé-dition que j’ai faite sous les auspices de S. M. l’Empé-reur de Russie. Les rélevements de Mrs. Bassarguine,Boutovski et du Colonel Blaramberg qui avait accom-pagné le savant Kareline dans son voyage de 1836
ont amelioré la géographie de ces contrées. Celle de laMer d’Aral dans son état actuel de perfectionnementinattendue est due aux belles et nombreuses observa-tions astronomiques de mon respectable ami, le lieute-nant-colonel de Lemm (1846) comme aux grands etpénibles travaux de Mrs. Boutakoff et Pospéloff (de
1848 à 1850) officiers de la Marine Impériale. On afait la levée trigonométrique de toutes les côtes et desîles de l’Aral habitées par les troupeaux d’AntilopesSayga. Ces matériaux et bien d’autres encore ont étéles fondements de la Carte de la Mer d’Aral, duKhanat de Khiva et d’une partie du Khora-san, redigée sur une échelle de 50 verstes (kilomêtres)par pouce anglais par Mr. Jacques de Khanikoff.Dans la partie la plus orientale du croquis du généralde Bolotoff, refondu dans ma nouvelle Carte de l’Asiecentrale, le tracé des lacs Thengiz et Issikoul (Is-syck-koul) repose sur les observations astronomiquesde Mr. Féderoff dont il a déjà été souvent questiondans la première édition de mon ouvrage et sur lesexplorations du topographe Mr. Nisantieff, noblementencouragées par le Prince Gortschakoff, gouverneur-général de la Sibérie occidentale. La ville de Khivadont la latitude ne repose pas sur des observationsfaites sur les lieux, est placée par Mr. de Bolotoff par
41° 13′; le même géographe donne à Kokand une lon-gitude plus occidentale d’un dégré qu’on lui a assignéjusqu’ici. Je me suis convaincu dit-il, d’après les dif-férents matériaux que je possède, que les pères Jésui-tes d’Arrocha et Hallerstein se sont trompés en déter-minant la longitude de cette ville et que la distanceentre Kokand et Khodjend, ainsi qu’entre Khodjendet Samarkand est bien moindre qu’on ne l’a supposé.Pour terminer cet aperçu des mémorables travaux,qui ont caractérisé depuis une quinzaine d’années lesprogrès de la géographie asiatique occidentale je de-vrais encore faire mention: 1° du voyage astronomiquede Mr. Lemm (1838) en Perse par Astrakhan, laCaspienne et le Khorasan à Tauris et Tehran, voyagepublié par Mr. Otto Struve en 1851; 2° des deux grosvolumes de matériaux astronomiques et géodosiquesréunis dans les précieux Mémoires du Depôt to-
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pographique de l’Etat major Impérial parle général de Vrontchenko et 3° de la grande Cartede l’Asie Mineure par Mr. de Bolotoff (1851) qui ac-compagnera l’important Voyage physique et géologi-que de Mr. Pierre de Tchikatcheff.”