LE DRAGONIER D’OROTAVA, Par M. Alexandre de Humboldt. Le Dragonier colossal (Draæna draco), se trouve au milieu du jardin de M. Franqui, dans la petite ville d’Orotava, l’ancien Taoro, l’un des lieux les plus agréables qui soient au monde. Lorsque nous gravîmes, en juin 1799, le pic de Ténériffe, nous trouvâmes que le périmètre de ce Dragonier, mesuré à quelques pieds au-dessus de la racine, était de 45 pieds. Plus près du sol, Ledru dit avoir trouvé 74 pieds de circonférence. D’après George Staunton, à 10 pieds de hauteur, le tronc a encore 12 pieds de diamètre. Le hauteur de l’arbre n’est guère que de 65 pieds. La tradition rapporte que ce Dragonier était chez les Gouanches un objet de vénération, comme l’olivier d’Athènes, le platane de Lydie, que Xerxès changea d’ornements, et le bananier de Ceylan. On raconte aussi que lors de la première expédition des Béthencourt, dans l’année 1402, le Dragonier d’Orotava était déjà aussi gros et aussi creux qu’aujourd’hui. On peut conjecturer d’après cela à quelle époque il remonte, si l’on songe surtout que le Dracæna croît très-lentement. Bethelot dir, dans sa description de Ténériffe: «En comparant les jeunes Dragoniers voisins de l’arbre gigantesque, les calculs qu’on fait sur l’âge de ce dernier, effrayent l’imagination.» (Nova acta acad. Leop. Carol. Naturæ Curiosorum, t. xiii, 1827, page 781.) Le Dragonier est cultivé depuis les temps les plus reculés dans les îles Canaries, à Madère, à Porto-Santo, et un observateur très-exact, Léopold de Buch, l’a vu à l’état sauvage près d’Igueste, dans l’île de Ténériffe. Il n’est donc pas originaire, comme on l’a cru pendant longtemps, des Indes orientales, et son existence chet les Gouanches ne renverse pas l’opinion de ceux qui considèrent ce peuple comme une race atlantique, entièrement isolée et sans aucun rapport avec les nations de l’Afrique et de l’Asie. La forme des Dracæna se retrouve au cap de Bonne- Espérance, à l’île Bourbon, en Chine et à la Nouvelle-Zélande. On rencontre dans ces contrées lointaines différentes variétés appartenant au même genre; mais il n’en existe aucune dans le nouveau monde, où elles sont remplacées par le yucca. Le Dracæna borealis d’Aiton n’est autre chose qu’un véritable Convallaria, dont il a en effet tous les caractères (Humboldt, Relation historique, t. i, page 118 et 639). Dans la dernière planche de l’atlas pittoresque joint à mon voyage en Amérique, j’ai fait graver le Dragonier d’Orotava d’après un dessin fait par F. d’Ozonne, en 1776. (Vues des Cordillières et monuments des peuples indigènes de l’Amérique, pl. lxix.) Je trouvai ce dessin parmi les papiers du célèbre Borda, dans son journal de voyage, resté jusqu’à ce jour inédit, qui me fut confié par le dépôt de la marine, et auquel j’ai emprunté des observations importantes concernant la géographie astronomique, ainsi que des mesures barométriques et trigonométriques. (Relation historique, t. i, page 282.) Borda mesura le Dragonier de la villa Dranqui, lors de son premier voyage avec Pingré, en 1771, et non dans la seconde expédetion qu’il fit en 1776 avec Varela. On prétend qu’au xve siècle, très-peu de temps après les conquêtes normande et espagnole, on célébrait la messe à un petit autel élevé au Dragonier d’Orotava une partie de sa couronne. Il existe une grande et belle gravure anglaise qui représente l’état actuel de l’arbre dans toute sa vérité.(V.ci-contre pl. 12 la réduction de cette gravure.) Le caractère monumental de ces végétaux gigantesques, l’impression de respect qu’ils produisent sur tous les peuples, on fait naître chez les savants de nos jours, l’idée de déterminer leur âge et de mesurer plus exactement leur grosseur. D’après les résultats de ces recherches, De Candolle, l’auteur de l’important traité sur la longévité des arbres, Endlicher, Unger et d’autres botanistes distingués, ne sonst pas éloignés d’admettre que l’origine de plusierus arbres existant encore aujourd’hui, remonte à l’époque des plus anciennes traditions historiques sinon de la vallée du Nil, du moins de la Grèce et de l’Italie. On lit dans la Bibliothèque universelle de Genève (t. xlvii, 1831, page 50.) «Plusieurs exemples semblent confirmer l’idée qu’il existe encore sur le globe des arbres d’une antiquité prodigieuse et peut-être témoins de ses dernières révolutions physiques. Lorsqu’on regarde un arbre comme un agrégat d’autant d’individus soudés ensemble qu’il s’est développé de bourgeons à sa surface, on ne peut pas s’étonner si, de nouveaux bourgeons s’ajoutant aux anciens, l’agrégat qui en résulte, n’a point de terme nécessaire à son existence: Agardh s’exprime dans le même sens: «Comme chaque nouvelle année solaire ajoute aux arbres des rejetons nouveaus, et que les parties anciennes et durcies sont remplacées par de jeunes pousses où la sève circule librement, les arbres nous offrent l’exemple d’une croissance qui ne peut être bornée que par des causes extérieures.» Agardh attribue la brièveté de la vie dans les plantes herbacées à la disproportion qui existe entre la production des fleurs ou des fruits, d’une part, et la formation des feuilles de l’autre. La stérilité est pour les plantes une cause de longévité. Endlicher cite l’ecample d’un Medicago sativa, var. B. versicolor, qui vécut quatre-vingts ans parce qu’il ne produisit point de fruits. (Grundzüge der Botanik, 1845, § 1003.) A côté des Dragoniers qui malgré le développement gigantesque de leurs faisceaux vasculaires définis, doivent d’après leurs parties florales, être rangés dans la même famille naturelle que l’asperge et les oignons des jardins, se place l’Adansonia ou arbre à Pain des Singes, autrement appelé Baobab, qui appartient sans contredit aux plus grands et aux plus anciens habitants de notre planète. Dès les premières ecpéditions des Catalans et des Portugais, les navigateurs avaient l’habitude de graver leurs noms sur ces deux espèces d’arbres. Ils ne le faisaient pas toujours par une vaine recherche de glorie, souvent aussi cette inscription était pour eux un marco, c’est-à-dire une sorte de prise de possession, un moyen d’assurer à leur partie le droit de premier occupant. Les navigateurs portugais choisirent souvent à cet effet la belle devise française de l’infant don Henrique duc de Viseo: Talent de bien faire. Voici les paroles même de Faria y Sousa, dans son Asia portuguesa (t. i, c. 11, page 14 et 18.) « Era uso de los primeros navegantes de dexar inscrito el motto del Infante : Talent de bien faire, en la corteza de los arboles : » (Voy. aussi Barros, Asia dec. J, I, J. I, t. Lisboa, 1778, page 148.) Il est remarquable que cette devise gravée sur deux arbres en 1435, c’est-à-dire vingt-huit ans avant la mort de l’infant don Henrique, par des navigateurs portugais, se rattache dans l’histoire des découvertes, aux controverses qu’a soulevées la comparaison du quatrième voyage de Vespucci avec celui de Gonzalo Coelho (1503). D’après le récit de Vespucci, le vaisseau amiral de Coelho échoua contre une île que l’on a prise tantôt pour San-Fernando Noronha, tantôt pour le penèdo de San-Pedro, tantôt pour l’île problématique de Saint-Mathieu, que Garcia Jofre de Loaya découvrit le 15 octobre 1525, par 0 20 30′ de latitude australe, sous le méridien du cap Palmas, presque dans le Golfe de Guinée. Coelho resta à l’ancre près de dix-huit jours; il trouva dans l’île des Croix, des orangers devenus sauvages et deux troncs d’arbres avec des inscriptions qui remontaient à quatre-vingts-dix ans (Navarrete, t. v, page 8, 247 à 401). J’ai éclairci ailleurs ce problème, en cherchant à déterminer le degré de confiance que mérite Amerigo Vespucci (Examen critique, etc. t. v, page 129—152). La plus ancienne description du Baobab (Adansonia digitata) est celle du Vénitien Louis Cadamosto, dont le véritable nom était Alvise da Cada Mosto, est datée de l’année 1454. Il trouva à l’embouchure du Sénégal, où il se joignit à Antoniotto Usodimare, des troncs dont il évalua le circuit à 17 toises, c’est-à-dire environ 102 pieds. (Ramusio, t. i, page 109.) Il put les comparer avec les Dragoniers qu’il avait vus auparavant. Perrottet, dans sa Flore de Sénégambie (page 76, dit avoir trouvé des Baobabs qui avaient 50 pieds de diamètre sur 70 à 80 pieds seulement de hauteur. Adanson avait indiqué les mêmes dimensions dans la relation de son voyage, en 1748. Les plus gros troncs de Baobab qu’il vit de ses propres yeus, en 1749, les uns dans une des petites îles Madeleines, près du cap Vert, les autres à l’embouchure du Sénégal, avaient de 25 à 27 pieds de diamètre sur 70 pieds de hauteur, avec une couronne large de 170 pieds. Mais Adanson ajoute que d’autres voyageurs ont trouvé des troncs qui avaient jusqu’à 30 pieds de diamètre. Des navigateurs hollandais et français avaient taillé leur nom dans l’écorce en lettres longues de 6 pouces. Une de ces inscriptions était du xve siècle, et non du xive, comme il est dit par erreut dans la Famille des plantes d’Adanson, publiée en 1763 (1re partie), page xxcv—ccxvii), les autres ne remontaient pas au-delà du xvie siècle. Adanson a calculé l’âge des arbres, d’après la profondeur des entailles qui ont été recouvertes par de nouvelles couches de bois, et en comparant leur épaisseur à celle des troncs d’arbres, de même espèce dont l’âge est connu. Il a trouvé, pour un diamètre de 30 pieds, une durée de 5150 ans (Voyage au Sénégal, 1557, page 66, Adrien de Jussieu, Cours de botanique, page 62). Il a d’ailleurs la prudence d’ajouter ces mots, dont je reproduis exactement l’orthographe: «Le calcul de l’aje de chake couche n’a pas d’exactitude géométrike.» Dans le village de Grand- Galarques, situé aussi en Sénégambie, les nègres ont orné l’ouverture d’un Baobab creux avec des sculptures qui ont été taillées dans le bois encore vert. L’espace intérieur sert aus assemblées générales dans lesquelles ils débattent leurs intérêts. Cette salle rappelle la caverne (specus), formée dans le tronc d’un platane de Lycie, où un personnage consulaire, Licinius Mercianus fit servir à dîner à dix-neuf convives. Pline (1, xii, c. v) accorde trop généreusement peut-être à une cavité du même genre une largeur de 80 pieds romains. Le Baobab a été vu par Réné Caillié, à Jenne, dans la vallée du Nil, par Cailliaut en Nubie, par Guillaume Peters sur toute la côte orientale de l’Afrique, où cet arbre s’étend jusqu’à Lourenzo Marques, c’est-à-dire justque près du 26e degré de latitude australe. Les habitants de ces contrées l’apellent Mulapa (proprement multi-nlapa), c’est-à-dire l’arbre Nlapa. Les plus vieux et les plus épais de tous le arbres que vit Peters, avaient de 60 à 70 pieds de circonférence. Bien que Cadamosto ait dit au xve siècle: «eminentia non quadrat magnitudini; » bien que Golberry (Fragments d’un voyage en Afrique, t. ii, page 92) ait trouvé dans la vallée des deux Gagnacks, des troncs d’arbres qui avaient à la racine 34 pieds de diamètre, sans avoir plus de 60 pieds de haut, il ne faut pas admettre néanmoins comme une règle générale cette disproportion entre l’épaisseur et la hauteur. De trèsvieux arbres, dit le savant voyageur Peters, perdent de leur hauteur par le dépérissement successif de leur couronne, et continuent à croître en grosseur. Assez souvent on voit sur les côtes orientales de l’Afrique, des troncs de 10 pieds d’épaisseur, atteindre à une hauteur de 65 pieds. Si d’après ce qui précède, les évaluations hardies d’Adanson et de Perrottet, attribuent aux Adansonia qu’ils ont mesurés, un âge de 5150 à 6000 ans, ce qui les ferait contemporains des constructeurs des pyramides où même de Menès, c’est-à-dire les ferait remonter à une époque où la Croix du Sud était encore visible dans le nord de l’Allemagne (Cosmos, t. ii, page 477 et 578); d’autre part, des calculs plus sûrs, fondés sur les couches concentriques annuelles et sur la proportion contatée entre l’âge et l’épaisseur des couches nous donnent pour la durée des arbres appartenant à la partie septentrionale de la zone tempérée, des périodes moins considérables. De Candolle pense que les Ifs sont, de tous les arbres européens, ceux qui atteignent l’âge le plus avancé. On attribue au Taxus baccata de Braburn, dans le comté de Kent, trente siècles d’existence; l’if de Fotheringall, en Écosse, a de vingt-cinq à vingt-six siècles; celui de Brow-Hurst, dans le comté de Surrey, ne paraît pas en avoir plus de quatorze et demi; celui de Rippon, dans le comté d’York, pas plus de douze (De Candolle, de la Longévité des arbres, page 65). Endlicher attribue 1400 ans à un if du cimetière de Grasford, dans le nord du pays de Galles, qui a 49 pieds de tour à la naissance des branches; il donne 2096 ans à un if du comté de Derby. On a abattu en Lithuanie, des tilleuls de 32 pieds de circonférence, sur lesquels on a pu compter 815 cercles annuels (Endlicher, Grundzüge der Botanik, page 399). Sous la zone tempérée de l’hémisphère austral, les Encalyptus acquièrent un périmètre extraordinaire et comme ils s’élèvent à plus de 230 pieds, ils offrent un singulier contraste avec les Ids d’Europe (Taxus baccata), qui n’ont de colossal que leur épaisseur. M. Backhouse a trouvé dans la baie d’Èmu, sur la côte de la terre de Diemen, des troncs d’Eucalyptus qui avaient à la base 66 pieds de circuit et 47 à 5 pieds su sol (Gould, Birds of Australia, t. i, introd., page xv). Ce n’est pas Malpighi, comme on le prétend généralement, mais bien Michel Montaigne, qui a le mérite d’avoir le premier remarqué dans son voyage en Italie, en 1581, le rapport des cercles annuels avec l’âge des arbres (A. De Jussieu, Cours élémentaire de Botanique, 1840, page 61). Un ouvrier habile, qui travaillait à des instruments de mathématiques, avait appelé l’attention de Montaigne, sur la signification de ces anneaux, affirmant qu’ils étaient plus pressés du côté où l’arbre était tourné vers le nord. Jean-Jacques Rousseau avait la même opinion; et son Émilie, lorsqu’il s’égarera dans une forêt, devra s’orienter d’après la disposition des couches du bois. Mais de nouvelles recherches sur l’anatomie de la croissance et l’irrégularité dans la production des couches annuelles formées par le tissu cellulaire du cambium, dépendent d’influences tout autres que l’exposition de l’arbre aux différents points du ciel (Kunth, Lehrbuch der Botanik, 1re partie, 1847, pages 146 et 164; Lindley, Introduction to Botany, 2e édition, page 75). Dans les groupes naturels les plus différents, on trouve des arbres dont quelques individus atteignent und diamètre de 20 pieds et une durée de plusieurs siècles. Nous nommerons ici le Baobab, le Dragonier, diverses espèces d’Eucalypus, le Tacodium distichum de Richard, le Pinus Lambertiana de Douglas, l’Hymenœa Courbaril, les Cæsalpinia, le Bombax, le Swietenia Mahagoni, l’arbre des Banyans, (Ficus religiosa), le Liriodendrop tulipifera, le Platanus orientalis, nos Tilleuls, nos Chênes et nos Ifs. Le célèbre Taxodium distichon ou Ahuahuete des Mexicains (Cupressus disticha Linn., Schubertia disticha Mirbel) qui existe à Santo Maria del Tule, dans l’État d’Oaxaca, n’a pas 57 pieds de diamètre comme le prétend De Candolle, mais seulement 38 (Mühlenpfordt, Versuch einer getruen Schilderung der Republik Mexico, t. i, page 153). Les deux beaux Ahuahuete de Chapoltepec, que j’ai vus souvent, et qui sans doute sont un reste d’un ancien jardin de Montezuma, n’ont, d’après l’intéressant voyage de Burkart (t. i, page 268) que 34 ou 36 pieds de circonférence, et non pas de diamètre, comme on l’a prétendu par erreur. Les Bouddhistes de Ceylan révèrent le tronc gigantesque du Figuier sacré d’Anourahdepoura. Le Ficus religiosa, qui reprend racine par ses branches, atteint souvent un diamètre de 28 pieds et forme, comme l’a si bien dit Onésicrite, un toit de feuillage semblable à une tente soutenue par plusieurs colonnes (Lassen, Indische Alterthumskunde, t. i, page 260). On peut lire au sujet du Bombax Ceiba, les détails donnés, dès le temps de Christophe Colomb, par Bembo, dans ses Historiæ venetæ (1551, folio 83). De tous les chênes européens qui ont été mesurés exactement, le plus puissant est le chêne de Saintes, dans le département de la Charente- Inférieure, sur la route de Cozes. Cet arbre élevé de 60 pieds, a, près du sol, 27 pieds 8 pouces et demi, il est de 6 pieds à la naissance des branches principales. Dans la partie morte du tronc, on a construit une petite salle large de 10 à 12 pieds et haut de 9, avec un banc en forme d’hémicycle, taillé dans le bois encore vert. Une fenêtre éclaire l’intérieur de la chambre, qui est fermée par une porte, et grâce au jour qui y pénètre, les parois sont couvertes de fougères et de lichens. A en juger par la dimension d’un petit morceau de bois qu’on avait coupé au-dessus de la porte, et dans lequel on comptait 200 anneaux concentriques, on a cru devoir évaluer l’âge du chêne de Saintes, entre 1800 et 2000 ans (Annales de la Société d’Agriculture de la Rochelle, 1843, page 380). En ce qui concerne le Rosa canina, qui existe dans la chapelle sépulcrale de la cathédrale d’Hildesheim, et que l’on dit être âgé de mille ans, je me suis assuré, d’après des renseignements positifs, dus à l’obligeance de M. Römer, assesseur du tribunal civil, que la tige est moins ancienne que la souche qui n’a pas elle-même plus 800 ans. Il existe une légende qui rattache ce rosier à un vœu fait par le premier fondateur de l’église, Louis Débonnaire, et un document du xie siècle rapporte que lorsque l’évêque Hezilo rabàtit la cathédrale, consumée par un incendie, il entoura les racines du rosier d’une voûte qui existe encore, qu’il éleva sur cette voûte le mur de la chapelle cryptique, dont la consécration eut lieu en 1061, et qu’il étendit au-dessus les branches de l’arbuste. La tige aujourd’hui vivante, qui n’a que deux pouces d’épaisseur à 25 pieds de haut, et couvre de ses branches un espace d’environ 30 pieds sur le mur extérieur de la chapelle, du côté de l’est. Cet arbuste qui est certainement d’un âge très-avancé, est digne de la vieille réputation dont il jouit dans toute l’Allemagne. Si un développement si extraordinaire peut être considéré en général comme une preuve de longévité, le Fucus giganteus ou Macrocystis pyrifera d’Agardh, mérite parmi les végétaux sous-marins, une attention particulière. Cette plante atteint, selon Cook et Georges Forster, une longueur de 338 pieds, et dépasse par conséquent l’élévation des plus hauts Conifères, même celle du Sequoia gigantea d’Endlicher, le Taxodium sempervirens de Hooker et d’Arnott, qui croît en Californie (Darwin, Journal of researches into Nat. Hist., 1845, page 239). Le eapitaine Fitz Roy a confirmé ces indications dans la relation intitulée : Narrative of the voyages of the Adventure and Beagle (t. ii, page 363). Le Macrocystis pyrifera végète entre le 64e degré de latitude australe et le 45e degré de latitude boréale, jusqu’à la baie de San Francisco, sur la côte nord-ouest du nouveau continent. Joseph Hooker croit même que cette espèce de Fucus s’étend jusqu’au Kamschatka. On la voit souvent nager dans les eauc du Pôle Antarctique, au milieu des blocs de glace errants ou pack-ice (Joseph Hooker, Botany of the Antarctic Voyage under the command of sir James Ross, 1844, page vii, 1 et 178; Camille Montaigne, Botanique cryptogame du Voyage de la Bonite, 1846, p. 36.) Les expansions cellulaires, rubanées et filiformes du Macrocystis, qui se cramponnent au fond de la mer, à l’aide d’organes semblables à des griffes, paraissent ne pouvoir être arrêtées dans leur développement que par une destruction accidentelle. Abbildungen