Lettre de M. le baron Alexandre De Humboldt à M. Benzenberg. (Trad. de l’Allemand.) Berlin, 19 mai 1837. Les observations que vous avez faites sur les étoiles filantes, matière dans laquelle vous avez fait faire à la science les progrès les plus louables, ont été pour moi d’un haut intérêt. C’est précisément la vitesse prodigieuse de leur mouvement qui m’a toujours déterminé à considérer les aérolithes comme des corps se mouvant circulairement dans des zones rapprochées. C’est ainsi que presque toutes les petites planètes se trouvent aussi à peu près dans une même orbite. La grandeur différentielle de Cerès à Saturne, est peut-être égale à celle du plus grand aérolithe non encore décomposé en fragmens. Les aérolithes qui se meuvent autour du soleil, peuvent être distribués dans des zones déterminées dans lesquelles ils se suivent, espacés entre eux, comme les billes d’un billard: de manière que les nœuds des orbites n’amènent point nécessairement toutes les années, à l’époque du 13 novembre par exemple, des chutes d’étoiles filantes. Quelques-unes de ces orbites peuvent traverser l’orbite de notre globe à d’autres époques: M. Quetelet dit au mois d’août. Où se trouvait dans l’origine la matière dont les aérolithes sont formés? Cette question est absolument la même que celle: où gisait autrefois la matière qui a formé Mars, Uranus ou les planètes? Sans doute la lune et les autres satellites peuvent donner de la matière par jets, mais la question agitée est beaucoup plus générale et n’est pas plus soluble que ne le sont toutes celles qui se rapportent à l’origine des choses. Les aérolithes peuvent tout aussi bien que les autres planètes s’être conglobés séparément et comme noyaux, après de nombreuses modifications dans des atmosphères mues circulairement, comme celle qui occasionne la lumière zodiacale, par exemple. Pourquoi cette matière qui, dans l’espace, se conglobe diversement en planètes, comètes et aérolithes, aurait-elle été autrefois précisément dans la lune? Votre mémoire nous donnera, je l’espère, quelques éclaircissemens à ce sujet. Pardonnez à ce qu’il y a d’aphoristique dans ma lettre, les distractions qui se rattachent à ma position en partie très-peu littéraire, rendent ma correspondance très-difficile. M. Quetelet m’a écrit au sujet des étoiles filantes les mêmes choses qu’à vous. Je suis, etc.