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Alexander von Humboldt: „Ueber die Mittel den Erdmagnetismus durch permanente Anstalten und correspondirende Beobachtungen zu erforschen“, in: ders., Sämtliche Schriften digital, herausgegeben von Oliver Lubrich und Thomas Nehrlich, Universität Bern 2021. URL: <https://humboldt.unibe.ch/text/1836-Ueber_die_Mittel-1> [abgerufen am 19.04.2024].
Permalink: https://humboldt.unibe.ch/text/1836-Ueber_die_Mittel-1 |
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Titel | Ueber die Mittel den Erdmagnetismus durch permanente Anstalten und correspondirende Beobachtungen zu erforschen | ||||||
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Jahr | 1836 | ||||||
Ort | Hamburg | ||||||
Nachweis in: Astronomische Nachrichten 13:306 (1836), Sp. 281–292.
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Postumer Nachdruck Correspondance scientifique et littéraire, herausgegeben von Jean Bernard Marie Alexandre Dezos de La Roquette, Paris: Ducrocq 1865, S. 338–357, satzidentisch erneut in Correspondance inédite scientifique et littéraire, herausgegeben von Jean Bernard Marie Alexandre Dezos de La Roquette, 2 Bände, Paris: Guérin 1869, hier Band 1, S. 338–357.
[Brief in französischer Sprache], in: Ernst Schering, „Carl Friedrich Gauss und die Erforschung des Erdmagnetismus“, in: Abhandlungen der Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen 34 (1887), S. 1–22, Humboldts Brief S. 9–21. [Transkription des Londoner Briefmanuskripts und deutsche Übersetzung], in: Karin Reich, Eberhard Knobloch, Elena Roussanova (Hrsg.), Alexander von Humboldts Geniestreich. Hintergründe und Folgen seines Briefes an den Herzog von Sussex für die Erforschung des Erdmagnetismus, Berlin, Heidelberg: Springer Spektrum 2016, S. 121–141. |
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Sprache | Französisch | ||||||
Typografischer Befund | Antiqua (mit lang-s); Spaltensatz; Auszeichnung: Kursivierung, Schriftgradvergrößerung; Schmuck: Initialen. | ||||||
Identifikation |
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Statistiken
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Ueber die Mittel den Erdmagnetismus durch permanente Anstalten und correspondirende Beobachtungenzu erforschen.Von Alexander von Humboldt.
Monseigneur,Votre Altesse Royale,
noblement interessée aux progrèsdes connoissances humaines, daignera agréer, je m’en flatte,la prière que j’énonce avec une respectueuse confiance. J’osefixer Son attention sur des travaux propres à approfondir,par des moyens précis et d’un emploi presque continu, lesvariations du Magnétisme terrestre. C’est en sollicitant lacoopération d’un grand nombre d’observateurs zélés et munisd’instrumens de construction semblable, que nous avonsréussi, depuis huit ans, Mr. Arago, Mr. Kupffer et moi, àétendre ces travaux sur une partie très-considérable de l’hémi-sphère boréal. Des stations magnétiques permanentes étantétablies aujourd’hui depuis Paris jusqu’en Chine, en suivantvers l’est les parallèles de 40° à 60°, je me crois en droit,Monseigneur, de solliciter par Votre organe le concourspuissant de la Société Royale de Londres pour favoriser cetteentreprise et pour l’agrandir en fondant de nouvelles sta-tions, tant dans le voisinage de l’équateur magnétique quedans la partie tempérée de l’hémisphère austral. Un objet aussi important pour la Physique du Globe etpour le perfectionnement de l’art nautique est doublementdigne de l’intérêt d’une Société qui, dès son origine, avec unsuccès toujours croissant, a fécondé le vaste champ des sciencesexactes. Ce seroit avoir peu suivi l’histoire du développe- |282| ment progressif de nos connoissances sur le Magnétisme ter-restre que de ne pas se rappeler le grand nombre d’obser-vations précieuses qui ont été faites à différentes époques etqui se font encore dans les Iles Britanniques et dans quelquesparties de la zone équinoxiale soumises au même Empire.Il ne s’agit ici que du désir de rendre ces observations plusutiles, c’est-à-dire plus propres à manifester de grandes loisphysiques, en les coordonnant d’après un plan uniforme eten les liant aux observations qui se font sur le continent del’Europe et de l’Asie boréale. Ayant été vivement occupé dans le cours de mon voyageaux Régions équinoxiales de l’Amérique, pendant les années1799—1804, des phénomènes de l’intensité des forces magné-tiques, de l’inclinaison et de la déclinaison de l’aiguilleaimantée, je conçus, au retour dans ma patrie, le projetd’examiner la marche des variations horaires de la décli-naison et les perturbations qu’éprouve cette marche, en em-ployant une méthode que je croyois n’avoir point encoreété suivie sur une grande échelle. Je mesurai à Berlindans un vaste jardin, surtout à l’époque des solstices et deséquinoxes, pendant les années 1806 et 1807, d’heure en heure(souvent de demi-heure en demi-heure) sans discontinuerpendant quatre, cinq ou six jours et autant de nuits, leschangemens angulaires du méridien magnétique. Mr. Olt-manns, avantageusement connu des astronomes par ses nom-breux calculs de positions géographiques, voulut bien par-tager avec moi les fatigues de ce travail. L’instrument dontnous nous servions, étoit une lunette aimantée de Prony,susceptible de retournement sur son axe, suspendue d’aprèsla méthode de Coulomb, placée dans une cage de verre etdirigée sur une mire très-éloignée dont les divisions, éclairéespendant la nuit, indiquoient jusqu’à six ou sept secondes devariation horaire. Je fus frappé en constatant la régularitéhabituelle d’une période nocturne, de la fréquence desperturbations, surtout de ces oscillations dont l’amplitudedépassoit toutes les divisions de l’échelle, qui se répétoientsouvent aux mêmes heures avant le lever du soleil et dont |Seitenumbruch| |283| les mouvemens violents et accélérés ne pouvaient être attri-bués à aucune cause mécanique accidentelle. Ces affol-lemens de l’aiguille dont une certaine périodicité a été con-firmée récemment par Mr. Kupffer d’après le récit de son Voyage au Caucase, me paroissoient l’effet d’une réactionde l’intérieur du Globe vers sa surface, j’oserois dire des orages magnétiques, qui indiquent un changement rapide detension. Je désirois dès lors d’établir à l’est et à l’ouest duméridien de Berlin, des appareils semblables aux mienspour obtenir des observations correspondantes faites à degrandes distances et aux mêmes heures; mais la tourmentepolitique de l’Allemagne et un prompt départ pour la France,où je fus envoyé par mon Gouvernement, entravoient pourlongtems l’éxécution de ce projet. Heureusement mon illustreami, Mr. Arago, entreprit, je crois vers l’an 1818, après sonretour des côtes d’Afrique et des prisons d’Espagne, unesérie d’observations de déclinaisons magnétiques à l’Observa-toire de Paris, qui, faites journellement à des intervalles uni-formément fixés, et continuées, d’après un même plan, jus-qu’à ce jour, l’emportent par leur nombre et leur liaisonmutuelle, sur tout ce qui a été tenté dans ce genre d’in-vestigations physiques. L’appareil de Gambey dont on sesert, est d’une exécution parfaite. Muni de micromètres àmicroscopes, il est d’un emploi plus commode et plus sûr quela lunette de Prony, attachée à un fort barreau aimanté de20\( \frac{1}{4} \) pouces de longueur. C’est dans le cours de ce travail que Mr. Arago a décou-vert et constaté par de nombreux exemples un phénomènequi diffère essentiellement de l’observation faite par OlofHiorter à Upsal en 1741: il a reconnu non seulement queles aurores boréales troublent la marche régulière des décli-naisons horaires là où elles ne sont pas visibles, mais aussique dès le matin, souvent dix ou douze heures avant que lephénomène lumineux se développe dans un lieu très-éloigné,ce phénomène s’annonce par la forme particulière que pré-sente la courbe des variations diurnes, c. a. d. par la valeurdes maxima d’élongation du matin et du soir. Un autrefait nouveau se manifesta dans les perturbations. Mr. Kupffer, ayant établi à Kasan, presque aux limites orientales del’Europe, une boussole de Gambey, entièrement semblableà celle dont se sert Mr. Arago à Paris, les deux observa-teurs purent se convaincre par un certain nombre de me-sures correspondantes de déclinaison horaire, que, malgré unedifférence de longitude de plus de 47°, les perturbations étoientisochrones. C’étoient comme des signaux qui de l’intérieurdu Globe arrivoient simultanément à sa surface, vers lesbords de la Seine et du Wolga. Lorsque en 1827 je me fixai de nouveau à Berlin, monpremier soin étoit de reprendre le cours des observations |284| faites à de petits intervalles pendant plusieurs jours et plu-sieurs nuits, dans les deux années de 1806 et 1807. Je tâchaien même tems de généraliser les moyens d’observations simul-tanées dont l’emploi accidentel venoit de donner des résul-tats si importans. Une boussole de Gambey fut placée dansle pavillon magnétique, entièrement dépourvu de fer queje fis construire au milieu d’un Jardin. Le travail régulierne put commencer que dans l’automne de 1828. Appelé,au printemps de l’année 1829, par S. M. l’Empereur deRussie pour faire un voyage minéralogique dans le nord del’Asie et à la Mer Caspienne, j’eus occasion d’étendre rapide-ment la ligne des stations vers l’est. A ma prière l’AcadémieImpériale et le Curateur de l’université de Kasan firent con-struire des maisons magnétiques à St. Petersbourg et à Ka-san. Au sein de l’Académie Impériale, dans une commis-sion que j’ai eu l’honneur de présider, on discutoit les avan-tages immenses que pouvoit offrir à la connaissance des loisdu magnétisme terrestre, la vaste étendue de pays limitéed’un côté par la courbe sans déclinaison de Doskino (entreMoscou et Kasan ou plus exactement, d’après Mr. AdolpheErman, entre Osablikowo et Doskino, par lat. 56° 0′ etlong. 40° 36′ à l’est de Paris) et de l’autre par la courbesans déclinaison d’Arsentchewa près du Lac Baikal que l’oncroit identique avec celle de Doskino par une différence deméridiens de 63° 21′. Le département Impérial des Minesayant généreusement concouru au même but, des stationsmagnétiques ont été établies successivement à Moscou, à Bar-naoul dont j’ai trouvé la position astronomique au pié del’Altai par lat. 53° 19′ 21″; long. 5h 27′ 20″ (à l’est de Paris)et à Nertschinsk. L’Académie de St. Petersbourg a fait plusencore: elle à envoyé un astronome courageux et habile,Mr. George Fuß, frère de son secrétaire perpétuel, à Pekinget y a faite construire, dans le jardin du convent des moines derite grec, un pavillon magnétique. On ne peut faire men-tion de cette entreprise sans se rappeler que (selon le Penth-saoyani, histoire naturelle médicale, composée sous la dynastiedes Soung, presque 400 ans avant Christophe Colomb etavant que les Européens eussent la moindre notion de ladéclinaison magnétique), les Chinois suspendoient leurs ai-guilles au moyen d’un fil pour leur donner le mouvement leplus libre et qu’ils savoient que ainsi suspendues à la Cou-lomb (comme dans l’appareil du Jésuite Lana au 17me siècle)les aiguilles déclinoient au sud-est et ne s’arrêtoient jamais auvéritable point sud. Depuis le retour de Mr. Fuß un jeuneofficier des mines, Mr. Kowanko que j’ai eu le plaisir derencontrer dans l’Oural, continue en Chine les observationsde déclinaison horaires correspondantes à celles d’Allemagne,de St. Petersbourg, de Kasan et de Nicolajeff en Krimmée,où l’Amiral Greigh à fait établir une boussole de Gambey, |Seitenumbruch| |285| confiée au directeur de l’Observatoire, Mr. Knorre. J’aiobtenu aussi que dans les mines de Freiberg en Saxe, dansune galerie d’écoulement, à 35 toises de profondeur un ap-pareil magnétique ait été placé. Mr. Reich auquel on doitun excellent travail sur la température moyenne de la terreà différentes profondeurs, y observe assidument et à desépoques convenues. De l’Amérique du Sud Mr. Boussin-gault qui n’a rien négligé de ce qui peut avancer les progrèsde la Physique du Globe, nous a envoyé des observationsde déclinaison horaires faites à Marmato dans la provinced’Antioquia, par les 5° 27′ de latitude boréale, dans un lieuoù la déclinaison est orientale comme à Kasan et à Barnaoulen Asie, tandisque sur les cotes nord-ouest du Nouveau Con-tinent, à Sitka dans l’Amérique Russe, le Baron de Wrangel, également muni d’une boussole de Gambey, a pris part auxobservations simultanées faites à l’époque des solstices et deséquinoxes. Un Amiral espagnol, Mr. de Laborde, ayant euconnoissance d’une prière que j’avois adressée à la Sociétépatriotique de la Havane, eut la bonté de me charger, de sonpropre mouvement, de lui envoyer des instrumens qui serviroientà déterminer avec précision l’inclinaison, la déclinaison ab-solue, les variations horaires de déclinaison et l’intensité desforces magnétiques. Ces précieux instrumens entièrementsemblables à ceux que possède l’Observatoire de Paris, sontheureusement arrivés à l’Ile de Cuba, mais le changement ducommandement maritime à la Havane et d’autres circon-stances locales n’ont point encore permis d’établir la stationmagnétique sous le tropique du Cancer et de faire usage desinstrumens. Il en a été de même jusqu’ici de la boussole de Gambey que Mr. Arago a fait construire à ses frais pourobtenir des observations de l’intérieur du Méxique où le sols’éléve à plus de 6000 piés au dessus du niveau de la mer.Enfin, pendant mon dernier séjour à Paris, j’ai eu l’honneurde proposer à Mr. l’Amiral Duperré, Ministre de la Marine,de fonder une station magnétique en Islande. Cette demandea été accueillie avec l’empressement le plus bienveillant, etl’instrument, déjà commandé, sera deposé cet été même auport de Reikiawig, lorsque l’expédition qui avait été dirigéevers le nord à la recherche de Mr. de Blosseville et de sescompagnons d’infortune, retournera en Islande pour y continuerses travaux scientifiques. On peut être sûr que le gouver-nement Danois qui protège avec une si noble ardeur l’astro-nomie et les progrès de l’art nautique, daignera favoriserl’établissement d’une station magnétique dans une de sespossessions voisine du cercle polaire. Au Chili Mr. Gay a faitaussi un grand nombre d’observations horaires correspondantes,d’après les instructions de Mr. Arago. Je suis entré dans ce long et minutieux détail histo-rique pour faire voir jusqu’où j’ai réussi, conjointement avec |286| mes amis, à étendre le concours d’observations simultanées.Après mon rétour de Sibérie, nous avons publié, Mr. Dove et moi, en 1830 le tracé graphique des courbes de décli-naisons horaires de Berlin, Freiberg, Petersbourg et Nico-lajeff en Krimmée, pour faire voir le parallélisme qu’affectentces lignes, malgré le grand éloignement des stations et sousl’influence de perturbations extraordinaires. Dans la com-paraison des observations de St. Petersbourg et de Nicolaïeffon a pu faire usage d’observations faites dans des intervallestrès-rapprochés de 20 en 20 minutes. Il ne faut pas se per-suader cependant que ce parallélisme d’inflexions existe tou-jours dans les courbes horaires. Nous avons éprouvé quemême dans des lieux très-voisins, par exemple à Berlin etdans les mines de Freiberg, les réactions magnétiques del’intérieur de la terre vers la surface ne sont pas constam-ment simultanées, que l’une des aiguilles présente des per-turbations considérables, tandis que l’autre continue cettemarche régulière qui, sous chaque méridien, est fonction dutems vrai du lieu. J’ai proposé aussi dans le mémoirepublié en 1830, pour le concours d’observations simultanéesles époques suivantes:Agréez, Monseigneur, l’hommage du plus profond respect,avec lequel j’ai l’honneur d’être |Spaltenumbruch| Berlin, en Avril 1836. |Spaltenumbruch| De V. A. R.etc. etc. Alexandre de Humboldt.