ETAT PRESENT DE LA REPUBLIQUE DE CENTRO-AMERICA OU GUATEMALA. d'apres des documens manuscrits; par m. le baron a. de humboldt. Sept republiques confederees, savoir: le Mexique, le Guatemala, la Colombia, le Perou inferieur, le Chili, le Haut-Perou et la Plata se sont formees dans l'ancienne Amerique espagnole, entre 37° 48' de latitude nord et 41° 43' de latitude sud: le Guatemala est situe a peu pres au milieu. Les habitans de cette contree montagneuse ont commence, au mois de septembre 1821, a combattre pour leur independance et leur liberte. Cedant a des considerations etrangeres, ils furent obliges de se reunir au Mexique; mais, le 21 janvier 1823, cette dependance cessa; et le Guatemala, proclamant solennellement son independance, se declara etat federal particulier. Republica de Bolivar ou Haut-Perou, comprenant les anciennes provinces de la Sierra, savoir: Charcas, Potosi, la Paz, Cochabamba, Moxos et Chiquitos, separees de la Plata ou Buenos-Ayres. Le nom de ce pays a ete change plusieurs fois. Dans l'edit que le conseil executif publia, le 25 janvier 1824, sur l'etablissement des etrangers, les provinces federees etoient nommees Provincias unidas del Centro de America . Mais dans la constitution qui fut acceptee par le peuple, le 22 novembre, la denomination actuelle de Republica federal de Centro-America fut decretee. Ce nom fut choisi pour eviter la jalousie des etats partiels, ceux de San Salvador, Honduras et Nicaragua, contre l'etat de Guatemala. Ce mot n'est pas forme avec l'exactitude que la grammaire auroit exigee. Conformement au genie de la langue espagnole, il auroit fallu dire Central America; mais on vouloit avoir un nom dont on paut faire un adjectif pour designer les habitans du pays; ils se nomment Centro Americanos. On s'est egalement accoutume a nommer, en opposition avec la grammaire, les citoyens des Etats-Unis de l'Amerique septentrionale los Nort- Americanos. De toutes les possessions de l'Espagne en Amerique, le Guatemala est celle sur laquelle nous avons, jusqu'a present, obtenu le moins de renseignemens. L'ouvrage statistique de Domingo Juarros, intitule Compendio de la Historia de la Ciudad de Guatemala, est le seul qui ait paru sur ce pays; il est en deux volumes, qui ont ete publies de 1809 a 1818, et a ete abrege dans la traduction angloise imprimee, en 1823, a Londres. Par malheur, l'auteur s'est principalement occupe de ce qui s'est passe dans l'administration ecclesiastique du pays; cependant il donne, sur la position des montagnes, sur le cours des rivieres, sur les moeurs des habitans et sur les vestiges de leur ancienne civilisation, beaucoup de renseignemens dont les geographes et les historiens n'ont pas tire parti. Ce livre n'est pas accompagne de cartes geographiques, et celle qui a ete ajoutee a la traduction angloise est tres inferieure a celle de M. Brue, annexee a la copie de ma carte de la Nouvelle-Espagne. Pour connoeitre exactement les cotes maritimes, deux cartes marines publiees, en 1803 et 1822, par le Deposito hydrografico de Madrid, sont absolument necessaires . Carta esferica del mar de las Antillas y de las Costas de Tierra-Firme, desde la isla de Trinidad hasta el golfo de Honduras, 1805. -- Carta esferica desde el golfo dulce en la Costa Rica hasta en la Nueva Galicia, 1822. J'avois ecrit a Guatemala pour m'informer s'il ne se trouvoit point dans les archives publiques ou ailleurs une carte ou un releve geographique du pays; on m'a repondu qu'il n'y en avoit pas; je n'ai recu qu'un petit plan fort rare grave sur cuivre, dans le pays, en 1800, du plateau situe entre Nueva-Guatemala et le lac d'Atitan. Je ferai plus tard usage de cette carte , dressee par ordre d'un alcade mayor de la province de Suchiltepeque, pour representer la nouvelle route qu'il avoit ouverte entre la capitale et le pont du Rio de Nagualate, ainsi que du plan du canal projete de Nicaragua, qui a ete dessine par Antonio de la Cerda en 1822, et que je me suis procure depuis peu. Dans un temps ou l'esprit public se ranime a Guatemala, on peut esperer que le congres prendra bientot des mesures d'eclaircir la geographie de l'interieur par des observations astronomiques, qui sont le moyen le plus court. Bosquejo hodometrico del espacio que media entre los estremos de la provincia de Suchiltepeque y la capital de Guatemala, 1800. Cette petite carte est importante, a cause de la position des volcans d'eau et de feu. Le manque total de renseignemens statistiques fait que l'on ne doit pas s'etonner de ce que les memoires succincts avec lesquels on a recemment essaye de satisfaire la curiosite du public en Angleterre et en France, offrent si peu de precision et d'interet. Le journal de la route du docteur Lavagnino d'Omoa a Zacapa est le seul qui ne merite pas de graves reproches, quoiqu'il ne contienne pas de tableau general de la nouvelle republique. Je me flatte donc de l'espoir de faire une chose agreable aux lecteurs des Nouvelles Annales des Voyages en leur offrant des notices concises que j'ai extraites tant de ma correspondance avec M. Jose della Valle, qui a longtemps exerce un emploi important dans le comite du pouvoir executif, que de plusieurs journaux publies depuis quelques annees a Guatemala . Je n'ai parcouru aucune partie de la republique de Centro-America; mais j'ai eu occasion, par mes relations non interrompues avec des personnes qui sont a la tete du gouvernement mexicain, et par mes conversations avec plusieurs indigenes qui ont visite l'Angleterre et la France, de rectifier les renseignemens que j'avois recueillis. New Monthly Magazine, n° 8. El Redactor general de Guatemala, fait d'apres le modele du Moniteur de Paris et du Sol de Mexico. El Indicador de Guatemala, in-4°. L'ancienne Capitania general de Guatemala a, suivant mon estimation, une surface de 6,740 lieues de 20 au degre . Jusqu'a l'epoque de la premiere insurrection, le 15 septembre 1821, on regardoit comme appartenant a ce pays les provinces de Chiapa, Guatemala , Verapaz ou Tezulutlan, Honduras, Nicaragua et Costa Rica. Les cotes maritimes de cette Capitania general s'etendoient sur le Grand-Ocean de la Barra de Tonala (16° 7' lat. nord), a l'ouest de Tehuantepec, jusqu'au cap Burica ou Boruca (8° 5'), a l'ouest du golfe Dulce de Costa Rica; de ce point, la ligne de limites court d'abord au N. le long de la province colombienne de Veragua, vers le cap Careta (9°35' lat.), un peu a l'est du beau port de Bocca del Toro; elle file ensuite au N. N. O., en suivant la cote jusqu'a la riviere de Blewfield ou Nueva Segovia (11° 54' lat.), dans le pays des Indiens Mosquitos, puis au N. O., sur une longueur de 40 lieues le long de la riviere de Nueva Segovia, et enfin au N. jusqu'au cap Camaron (16° 3' lat.), entre le cap Gracias a Dios et le port de Truxillo. Du cap Camaron au Rio Sibun (17° 12' lat.), la cote de Honduras forme la limite, d'abord a l'O., et ensuite au N. Dans l'interieur du pays, elle suit le cours du Rio Sibun a l'est, coupe le Rio Sumasinta, qui a son embouchure dans la laguna de Terminos, file vers le Rio de Tabasco ou Grijalva jusqu'a la montagne sur laquelle la ville de Chiapa est batie, puis tourne au S. O. pour atteindre de nouveau le Grand-Ocean a la Barra de Tonala. Dans cette etendue, la Capitania general de Guatemala etoit un peu plus grande que l'Espagne et un peu plus petite que la France. Par suite des dissentions politiques qu'Iturbide, empereur ephemere du Mexique, et ses partisans, occasionnerent dans le Guatemala, la province de Chiapa, nommee Teo Chiapa du temps des Azteques, a cause du grand nombre de ses villes saintes et de ses lieux de pelerinage, fut reunie a la nouvelle republique du Mexique, de sorte qu'aujourd'hui l'etat federal de Centro-America n'a plus qu'une surface de 15,400 lieues carrees . Ce nombre passe pour le plus exact, meme a Guatemala. (Redactor, 1825, p. 1.) Suivant quelques etymologistes, le nom de Guatemala est une corruption du mot guautemali, arbre pourri ou creux, parce que les allies mexicains d'Alvarado trouverent un tronc d'arbre dans cet etat pres de la residence du roi de Nachiquelas; selon d'autres etymologistes, ce nom vient du mot tzendalique uhatezmalha, montagne qui vomit de l'eau (volcan de agua). 8,624 lieues geographiques carrees, et non 15,498, comme on le trouve dans Hassel's Statistische Umriss, p. 78. Beaucoup de Guatemaliens se flattent de l'espoir que la province de Chiapa, entraeinee par d'anciennes habitudes et de vieux souvenirs, se rapprochera de nouveau de l'Amerique centrale, et, se separant du Mexique, reportera les limites du pays jusqu'a l'etat d'Oaxaca. De son cote, la republique du Mexique, suivant les dernieres lettres que j'ai recues, eleve des pretentions sur la province de Soconusco, celebre par son excellent cacao. Ces altercations, relativement aux limites, ont bien moins d'importance politique qu'on ne se l'imagine en Europe, dans les etats confederes, que le congres de Panama unit par les liens de l'amitie la plus intime. Jusque dans la derniere moitie du dix-huitieme siecle, Soconusco a fait partie de l'intendance de Chiapa, dont la capitale est, non pas ainsi que le marquent plusieurs cartes, le village de Chiapa de los Indios, mais la ville de Ciudad Real, jadis nommee Villa Real, Villa Viciosa, ou Villa de San Christoval de los Llanos. Le chef-lieu de la province de Soconusco se nomme Santo Domingo Escuintla, et ne doit pas etre confondu avec la Concepcion de Escuintla, chef-lieu du departement de Escuintla. Lorsque la revolution de Guatemala eclata, Soconusco formoit un gouvernement particulier; les pretentions des Mexicains se fondent sur ce que Soconusco, de 1524 a 1553, relevoit de l'audience de Mexico; dans la derniere de ces annees, il en fut distrait et annexe a Guatemala. Quand Chiapa, apres la chute d'Iturbidel, resta uni a la republique du Mexique, Soconusco s'en separa et se prononca pour la republique de Centro-America. On peut conclure des registres electoraux du mois de septembre 1825, que cette province fertile est actuellement incorporee a l'estado de Guatemala . El Indicador, n° 47, p. 189; n° 52, p. 210. Il regne encore une grande obscurite sur la population de la republique de Guatemala; ce que l'excellent journal patriotique intitule El Redactor general contient sur ce sujet (juillet 1825) n'a diminue en rien les incertitudes. Dans ce pays, comme dans toute l'Amerique espagnole, on ne peut obtenir de bons denombremens, on plutot de bonnes evaluations de population, que par le concours du clerge. En 1778, don Matias de Galvez, capitaine general de Guatemala, trouva, par les travaux des autorites seculieres, 797,214 ames. Ce resultat m'a ete communique par ecrit par M. Del Barrio, ancien depute de Guatemala aux cortes d'Espagne; mais si on compare avec ce compte les listes partielles du clerge dans les quatre eveches de Guatemala, de Leon de Nicaragua, de Chiapa ou Ciudad Real, et de Comayagua ou de Honduras, on reconnoeit, avec M. Juarros, que l'evaluation de 1778 est trop foible d'un tiers. Dans l'eveche de Comayagua, le clerge trouva 93,501 ames, au lieu de 88,145; dans l'eveche de Chiapa, 99,000, au lieu de 62,200. Une autre copie de ce nombre que Juarros a suivie (Compendio, t. I, p. 91), donne 805,339 habitans, dont, en 1778, l'archeveche de Guatemala en comptoit 540,503; l'eveche de Honduras, 93,501 en 1791; l'eveche de Chiapa, 99,000 en 1796. (T. I, p. 96-104.) Durant mon sejour a Mexico, on estimoit la population de la Capitania general de Guatemala, dans laquelle le nombre des indigenes cuivres est considerable, a 1,200,000 ames. Presentement, selon des lettres du mois de septembre 1825, on croit que la nouvelle republique renferme, independamment de Chiapa, 2 ou 2 millions et demi d'habitans. Conformement a mon desir de m'en tenir toujours, dans les recherches statistiques, aux nombres limites les plus foibles, je n'ai adopte, dans mon tableau general de la population de l'Amerique, qui se trouve dans le tome III de la relation de mon voyage, que 1,600,000 ames. Quand meme on ne prendroit qu'un cinquieme pour les omissions dans le denombrement de 1778, l'accroissement de la population, qui surtout dans les villages indiens est tres-grand, feroit conclure, avec beaucoup de vraisemblance, qu'actuellement, en 1826, la population, de la Centro-America est entre 1,800,000 et 2,000,000 ames. Les indigenes cuivres forment au moins les trois cinquiemes de cette quantite; et l'estimation de M. Poinselt , qui ne porte la population de la republique de Guatemala, en 1823, qu'a 1,291,000 ames, est certainement trop foible. Si, a cause de l'ancienne reunion des deux pays et de la ressemblance d'origine des indigenes des deux etats confederes, on considere le Mexique et l'Amerique centrale comme une seule masse; on trouve dans les neuf millions d'habitans qu'ils ont presentement, et par consequent des les premiers momens de leur liberte et de leur independance politiques, un nombre deux fois aussi considerable que celui que comptoient les Etats-Unis de l'Amerique septentrionale, quatorze ans apres la premiere explosion de la guerre de leur revolution. Notes on Mexico. Philadelphie, 1824, in-8°, p. 245. Je crois qu'aujourd'hui la population est composee de trois cinquiemes d'Indiens, un cinquieme de metis et un cinquieme de blancs. L'Amerique centrale, ou le Guatemala, peut, comme le Mexique, etre appelee un pays montagneux; cependant des plaines chaudes, d'une etendue considerable, se prolongent vers l'ocean Atlantique, dans les provinces de Vera-Paz, Honduras et Poyais. La chaeine des Andes, apres s'etre abaissee entre l'embouchure de l'Atrato, les sources de la petite riviere Napipi et le golfe de Cupica, en collines, qui n'ont que quelques centaines de pieds de hauteur, se releve a 600 pieds dans l'isthme de Panama, et s'elargit graduellement dans les Cordilleres de Veragua et de Salamanca. S'il est vrai que les montagnes nommees Silla de Veragua et Castillo del Choco, et situees sur les frontieres nord - ouest de la republique de Colombia, a peu pres sous le meridien de Boca del Toro, et de la Laguna de Chiriqui, sont visibles a une distance de 36 lieues marines , l'elevation de leurs cimes doit, d'apres les lois de la refraction des rayons solaires, etre evaluee a 1400 toises au-dessus du niveau de la mer. Purdy, Columbian navigator, p. 154. La chaeine des Andes, depuis son entree dans l'Amerique centrale, se tient constamment rapprochee de la cote du Grand-Ocean; et, depuis le golfe de Nicova jusque vers Soconusco, entre 9° 30' et 16° de latitude, s'etend la longue suite de volcans qui sont generalement isoles, mais dont quelques-uns sont unis aux promontoires des Alpes. Voici l'apercu que je me suis procure de la geognosie de ce pays: La ligne des volcans de l'Amerique centrale, entre 11° et 16° de latitude, s'est elevee entre les montagnes primitives de Veragua et d'Oaxaca. Par les gneiss de mica schiste de Veragua, elle se rattache a la chaeine occidentale de la Nouvelle- Grenade, et, par le gneiss granitique d'Oaxaca, aux montagnes du Mexique; liaison formee non par la ligne des volcans, isoles pour la plupart, mais par les hautes montagnes qui les entourent. Dans ma traversee du Callao a Acapulco, j'ai tire, des cartes manuscrites de Juan Morabda, des renseignemens instructifs sur la situation des montagnes ignivomes du Guatemala. La plupart ont ete portes par Banza, avec l'exactitude qui le caracterise, sur sa Carta esferica del mar de las Antillas (1805), et sur sa Carta esferica desde el golfo dulce hasta San Blas (1822). Cependant M. Leopold de Buch, dans son ouvrage classique sur les eiles Canaries, publie en 1825 , remarque (p. 406-409) que Guillaume Funnel, premier pilote de Dampier, a fait connoeitre une grande partie de ce que nous savons sur ces volcans. Physicalische Beschreibung der Canarischen Inseln. Berlin, 1825, in-4°, avec un atlas. Je suis la ligne de ces volcans du sud-est au nord-ouest, comme l'a fait M. Arago, dans la liste qu'il en a donnee dans l'Annuaire des longitudes de 1824, d'apres les materiaux que je lui avois communiques. Toutes les fois que mes renseignemens sont en contradiction avec les cartes, ou que celles-ci le sont entre elles, je fais mention de ces differences, afin que les voyageurs futurs puissent resoudre ces doutes. Beaucoup de volcans portent en meme temps plusieurs noms, dont ceux qui sont particuliers aux montagnes different suivant les divers idiomes des Indiens, et sont derives du nom des lieux voisins. C'est ainsi que, dans le Mexique, le Popocatepetl et le Iztacci Hunte sont appeles tantot volcanos de Puebla et volcanos de Mexical, et deux montagnes peuvent, par un malentendu, etre prises pour six montagnes differentes. Une autre source d'erreur vient de ce qu'en Amerique le nom de volcan s'applique, non seulement aux montagnes dont les eruptions remontent au-dela des temps historiques, mais aussi aux masses de trachyte, qui certainement n'ont jamais rien jete, et qui ne communiquent point par des ouvertures permanentes avec l'interieur de la terre. Le volcan le plus meridional est celui de Barua (8° 50' de lat.), dans l'interieur du pays, a 7 lieues marines au nord-est du Golfo Dulce. Sur les cartes angloises, il porte le nom de volcan de Varu, et est place, je crois a tort, plus a l'est (sous 84° 52' de longitude a l'ouest de Paris, et 8° 25' de latitude) dans la province de Veragua. Ce volcan de Barua est suivi du volcan de Papagayo (10° 10' de lat.), situe non sur le cap de Santa Catalina, mais a 5 lieues marines plus au nord, a peu pres a 4000 toises de la cote. A l'est du volcan de Papagayo, on trouve trois anciennes montagnes ignivomes, pres de la rive meridionale du lac de Nicaragua; ce sont, le volcan de Orosi, entre le Rio Zabalos et le Rio Terluga, le volcan de Tenorio et le volcan de Rincon de la Vieja. Ce dernier, sous 10° 57' de latitude, est seulement a 1° 35' a l'ouest de l'embouchure du Rio San Juan, dans la mer des Antilles. L'existence du grand lac de Nicaragua, situe dans un cratere, me paroeit liee comme effet a cette position orientale, reellement singuliere du volcan de la Vieja. Au nord de la ville de Nicaragua, sur la langue de terre, entre la mer et la cote, et entre 11° 30' et 12° 30' de latitude, la synonymie des volcans offre encore quelques incertitudes. Juaros, historiographe de Guatemala, et Antonio de la Cerda, alcade de la Ciudad de Granada, dont je possede les cartes, citent seulement, 1° le volcan Mombacho sur un promontoire, a quelques lieues marines au sud-est de la ville de Granada; 2° le volcan de Sapaloca dans le lac de Nicaragua , vis-a-vis le volcan de Mombacho; 3° le volcan de Masaya, entre Ciudad de Granada et Ciudad de Leon, pres du petit lac de Masaya, a l'ouest du Rio Tepetapa, qui unit la Laguna de Leon ou de Managua a la Laguna de Nicaragua; 4° le volcan de Momotombo, a l'extremite septentrionale de la Laguna de Leon, un peu a l'est de la Ciudad de Leon. On n'apercoit pas dans cette nomenclature le volcan de Granada de toutes les cartes marines espagnoles, et dont Funnel et Dampier disent qu'il a la forme d'une ruche. Un passage de l'Historia de las Indias de Gomara (pag. 112) peut faire conclure que le volcan de Masaya et le volcan de Granada sont les memes. Selon la carte de l'alcade de Granada, le volcan de la isla de Sopaloca est au nord de l'eile d'Ometope. Juarros, au contraire, dit expressement (t. I, p. 51) que le volcan du lac s'eleve comme un cone sur une eile habitee que les Indiens nomment Ometop. La carte du Deposito geografico cite, 1° le volcan de Bombacho, probablement le Mombacho de l'alcade de Granada; 2° le volcan de Granada, a l'ouest de la Ciudad de Granada; 3° le volcan de Leon, qui, d'apres sa position, est probablement le fameux volcan de Masaya, a 20' au sud de la Ciudad de Leon. Je repete que, suivant mes suppositions, le cone nomme volcan de Granada par les cartes espagnoles, est soit le volcan de Bombacho ou le volcan de Masaya, puisque tous deux sont dans le voisinage, au sud et a l'est de la Ciudad de Granada. Le volcan de Masaya est situe plus pres du village de Nindirique que du village de Masaya, ou, dans les premiers temps de la conquete, etoit le volcan le plus actif du pays. "Les Espagnols, dit Juarros , le nommerent l'enfer (elle infierno) de Masaya. Son cratere n'avoit que 20 a 30 pas de diametre; mais on voyoit dans cette ouverture la lave fondue bouillir comme de l'eau, et se soulever en vagues hautes comme des tours. La lueur qu'il repandoit et le fracas qu'il faisoit entendre s'etendoient a une grande distance. Le feu du Masaya s'apercevoit d'une grande distance." T. I, p. 53. Dans le seizieme siecle, ce volcan offrit un singulier exemple de la soif des moines pour l'or. Gomara raconte que le dominicain Blas de Innena, arme d'une cuiller, se fit attacher a une chaeine longue de 140 brazas, et descendre dans le volcan. Il vouloit, avec la cuiller, puiser l'or fondu (la lave liquide). La cuiller fondit, et le moine eut beaucoup de peine a se sauver. Les circonstances accessoires de cette histoire sont sans doute inventees a plaisir; mais il est plus que vraisemblable que Blas de Innena se hasarda a descendre dans le cratere, et que la mauvaise reussite de son entreprise engagea le doyen du chapitre de Leon a se faire delivrer par le roi la permission d'ouvrir le volcan de Masaya, et de recueillir l'or que l'interieur de cette montagne renfermoit. Pres du volcan de Masaya, Juarros nomme aussi celui de Nindiri ou Nidiri, qui, en 1775, eut une eruption considerable; un torrent de lave (vio de furgo) coula dans la Laguna de Leon ou de Managua, et y tua beaucoup de poissons. Si l'on en juge d'apres la situation du village de Nindiri, ce phenomene ne fut produit que par une eruption laterale du Masaya. De meme a Teneriffe, j'ai souvent entendu parler du volcan de Chahorra comme d'une montagne differente du pic. Frequemment, dans les contrees volcaniques, on confond les volcans avec les eruptions laterales. Quand on va du volcan de Masaya le long de la Laguna de Tiscapa, par Nagarote a la Ciudad de Leon, on voit s'elever, a l'est de cette ville, a l'extremite septentrionale de la Laguna de Leon ou de Managua, le haut volcan de Momotombo; plus loin, entre 12° 20' et 13° 15' de latitude, ou entre la Ciudad de Leon et le golfe de Ampala ou Fonseca, on rencontre successivement les quatre volcans de Telica, del Viejo , de Giltepe et de Guanacaure. Le volcan de Telica est encore actif comme ceux de Mombacho et de Momotombo; et des personnes qui, en 1825, ont visite le port de Rialejo, ont vu le volcan del Viejo jeter beaucoup de fumee. Le volcan de Giltepe porte aussi, sur les cartes espagnoles manuscrites, le nom de volcan de Cosiguina, qui, suivant la conjecture exacte de M. de Buch, lui a ete donne, a cause de la Punta de Cosiguina, situee dans son voisinage. Dampier, t. I, p. 119 de l'original anglois, s'exprime ainsi: "Cette montagne peut etre apercue a une distance de 20 lieues;" ce qui, en deduisant l'effet de la refraction, donne une elevation de 498 toises; mais, si l'on compte 6 lieues de plus pour la distance a laquelle le volcan se trouve dans l'interieur, sa hauteur excede 840 toises. Le general Laravia, dans sa statistique de Nicaragua, nomme encore le volcan d'Asososca entre ceux de Telica et de Momotombo. A l'ouest du golfe d'Amapala s'elevent comme du meme enfoncement, qui, a l'est 80° ouest, s'etend entre 13° 15' et 13° 50' de latitude nord, les volcans de San Miguel Bosotlan (Usulutan?) Tecapa, San Vicente ou Sacatecoluca, San Salvador, Isalco, Apaneca ou Zonzonate, Pacaya, volcan de Agua, les deux volcans de Fuego ou de Guatemala, Acatenango, Toliman, Atitan, Tajumulco, Sundil , Suchiltepeques, Sopotitlan, Las Hamilpas, qui sont proprement deux volcans de ce nom, voisins l'un de l'autre, et Soconusco . Parmi ces vingt montagnes ignivomes, celles de San Miguel, San Vicente, Isalco, San Salvador, Pacaya, volcan de Fuego de Guatemala, Atitan et Sopotitlan, ont ete les plus actives. Le volcan de Isalco eut des eruptions considerables en avril 1798, et de 1805 a 1807, ou l'on en vit souvent sortir des flammes. Il produit beaucoup d'ammoniaque. Le volcan de Sundil, au sud de Quesaltenango, est a 25 lieues marines du volcan de Pacaya. Je ne puis decider si l'Acatenango, le Toliman et le Sundil ont eu des eruptions, ou s'ils sont seulement nommes volcans dans le pays, a cause de leur forme conique, comme beaucoup de montagnes trachytiques et campaniformes de l'Amerique meridionale. Je connois la position de cette montagne par la carte topographique des environs de Guatemala, que don Jose Rossi y Rubi, alcade mayor, fit graver en 1802. D'un autre cote, nulle carte ne montroit la position du volcan de Tajumulco, pres de Texutla, dans le departement de Quesaltenango, qui fait souvent eruption, et dont l'armee d'Alvarado tira sa provision de soufre pour faire de la poudre a canon. On ne trouve point, parmi tous ces volcans, celui que les cartes espagnoles manuscrites nomment Volcan de Sacatepeques. Le volcan de Pacaya est situe a trois lieues du village d'Amatitan, par consequent a l'est du volcan de Agua; il est moins isole que celui-ci, et se prolonge en formant un dos enorme surmonte de trois cimes visibles de loin. Les torrens de lave que les habitans de ce pays, de meme que ceux du Mexique, nomment malpays (pays ravage), les pierres ponces, les scories et le sable ont devaste les cantons voisins. A la fin du seizieme siecle, suivant le chroniqueur Fuentes (t. 1, liv. 9, chap. 9), le Pacaya jeta nuit et jour, non seulement de la fumee, mais aussi des flammes. Les eruptions les plus considerables et les plus fameuses de ce volcan ont ete celles de 1565, 1651, 1664, 1668, 1671, 1677, et du 11 juin 1775. La derniere eut lieu, non par la cime, mais par trois sommets situes beaucoup au-dessous. Le volcan de Fuego, ou, comme on l'appelle aussi, volcan de Guatemala, est a 5 lieues a l'ouest du volcan de Agua, et a 2 lieues au sud-ouest de la ville d'Antigua-Guatemala. Il vomit encore quelquefois des flammes et de la fumee; ses plus grandes eruptions, depuis l'arrivee des Espagnols, sont celles de 1581, 1586, 1623, 1705, 1710, 1717, 1732, 1737; c'est un cone de belle forme, mais un peu gate vers le sommet, par plusieurs collines de scorries, restes d'eruptions laterales. La ligne que suivent les volcans eteints, au sud de la Laguna de Atitan, entre Nueva-Guatemala et Zapotitlan, me paroeit remarquable sous le rapport geognostique; ils sont comme ecartes de leur direction premiere et disposes le long de deux fentes de l'est a l'ouest; de sorte que la ligne occidentale est a quatre lieues plus au nord que l'orientale. Sur celle-ci s'elevent le volcan de Pacaya, le volcan de Agua, les deux volcans de Fuego et le volcan d'Acatenango; sur l'enfoncement occidental, pres du lac d'Atitan, sont situes les volcans de Tolima, Atitan et Sundil, ainsi que plusieurs montagnes isolees dont j'ignore les noms. Ce phenomene d'une chaeine qui devie se voit aussi dans les Pyrenees, entre Tentenade et Port d'Espot. (Charpentier, Constitution geognostique des Pyrenees, p. 10.) Le volcan de Agua est un des plus eleves et des plus fameux parmi les vingt-un, les uns eteints, les autres encore braulans de l'Amerique centrale. Il est a dix lieues marines a l'est de la grande Laguna de Atitan, entre Antigua-Guatemala, les villages de Mirco-Amatitan et San Christoval, qui sont tres-peuples. Aucune des Andes de Guatemala n'ayant ete mesuree, je ne puis conclure quelque chose sur la hauteur de cette montagne que de la circonstance que, durant plusieurs mois, elle reste couverte de givre, de glace, et peut-etre de neige. Par une latitude si meridionale, cette hauteur ne doit pas etre au-dessous de 1,750 toises ni au-dessus de 2,400. Les montagnes dont l'elevation depasse ce dernier nombre sont de veritables nevados, c'est-a-dire couvertes de neiges perpetuelles. Le capitaine Basile Hall, d'apres une mesure un peu incertaine, prise a 40 lieues marines de distance, estime la hauteur des deux volcans de Guatemala a 2,293 et a 2,330 toises. Le pere Remusal, qui, selon l'usage des anciens ecrivains, joue avec les nombres, pretend, dans son Historia de la provincia de San Vicente, liv. 4, chap. 5, qu'en 1615 le volcan de Agua avoit encore une hauteur de trois lieues (leguas), quoique, dans l'eruption du 1 septembre, ou il vomit de l'eau et detruisit Almolonga ou Ciudad Vieja, il eaut perdu sa cime (coronilla), qui etoit haute d'une lieue. Les details geognostiques de cette eruption aquatique sont entierement inconnus. Juarros dit que l'on n'observe actuellement sur la pente de la montagne ni pierres braulees ni traces d'eruptions volcaniques; peut-etre les cendres et la lave sontelles recouvertes par la vegetation; peut-etre n'etoient-ce pas seulement des cavernes souterraines qui s'etoient remplies, durant des siecles, par le suintement des eaux de pluie; peut-etre existoit-il un lac dans le cratere. Dans la province de Quito, on m'a raconte que le volcan d'Imbaburu, pres de la Villa de Ibarra, vomit de temps en temps, probablement apres les secousses de tremblement de terre, de l'eau, de la boue et des poissons. Ce qui est certain, c'est que le volcan de Agua, qui est situe entre le volcan de Pacaya et le volcan de Fuego, a la forme d'un cone tronque. Les flancs de cette grande montagne, a laquelle on attribue 18 leguas de circonference, sont cultives comme un jardin, jusqu'aux deux tiers de leur hauteur; plus haut, croissent de belles forets, et sur le sommet on trouve encore aujourd'hui un enfoncement elliptique, dont le plus grand diametre, dirige du nord au sud, est de 400 pieds, mesure de Paris. C'est sans doute un cratere (caldera), et Juarros, quoique dispose a nier toute trace d'action du feu sur le volcan de Agua, decrit cependant ce cratere de la meme maniere que plusieurs Guatemaltiens instruits me l'ont depeint. T. II, p. 351. Au nord du groupe des volcans qui, entre ceux de Pacaya et de Sundil, sont rapproches les uns des autres a l'extremite occidentale du lac d'Atitan, l'enfoncement ignivome de l'Amerique centrale paroeit se terminer graduellement. Le volcan de Soconusco, dont Juarros ne fait pas mention, et qui sur la carte de Bauza est situe sous 15° 59' de latitude, et 95° 41' de longitude a l'ouest de Paris, borne la suite des explosions volcaniques sur le flanc occidental des montagnes de gneiss granitique d'Oaxaca. Sur la cote du Grand-Ocean, aucune montagne ignivome ne se montre dans une etendue de 220 lieues marines, jusqu'au volcan de Colima. Apres avoir donne les noms de 35 montagnes coniques qui, entre les paralleles de 8° 50' et de 16° N., s'etendent dans la direction du sud-est au nord-ouest, que dans ce pays on prend pour des volcans, et dont quinze ont incontestablement jete de la fumee ou des flammes durant le siecle dernier, je puis repeter l'assertion que, dans nulle partie du globe, sans meme en excepter le Chili, le grand Archipel d'Asie et les eiles Aleoutiennes, on ne trouve une communication si constante par des ouvertures entre l'interieur de la terre et l'atmosphere. Les voyageurs futurs examineront quels sont, parmi les 35 volcans de l'Amerique centrale, ceux qui sont des cones de trachyte sans cratere et ceux qui ont des montagnes ignivomes ouvertes. La nouvelle republique de l'Amerique centrale comprend cinq republiques (Estados), gouvernees chacune par deux chambres. Les actes de l'assemblee constituante de 1824 font voir combien il a ete difficile de determiner quelque chose sur le nombre respectif des representans, d'apres des denombremens dont la plupart remontoient a 1776 et 1778, quelques-uns a 1775, tandis que d'autres etoient de 1813. Apres bien des debats, il fut statue que chaque etat auroit une voix par 15,000 ames, et qu'en consequence Guatemala et Soconusco auroient 36 voix, San Salvador 18, Honduras 11, Nicaragua 13, Costa- Rica 4, dans l'election des autorites federales supremes. Cette repartition suppose la population suivante: Le president de la confederation est actuellement Manuel Jose de Arca, et, le vice-president, Mariano Beltranena. Estado de Guatemala ....... _ _ 540,000 ames. -------- San Salvador ..... _ _ 270,000 -------- Honduras ........ _ _ 165,000 -------- Nicaragua ....... _ _ 195,000 -------- Costa-Rica ....... _ _ 60,000 _ _ 1,230,000 La population absolue de la confederation etoit certainement d'un tiers plus forte a cette epoque. La puissance legislative n'avoit pour but que de chercher la population relative. Les etats sont subdivises de la maniere suivante: I. Estado de Guatemala . -- 13 partidos ou departemens. Depuis le mois de septembre 1825, Soconusco fait aussi partie de cet etat. 1. Sacatepeques, avec le chef-lieu de l'etat, Antigua-Guatemala; Chinauta, Palencia, Amatitan, Ciudad-Vieja, Mixco. Nueva-Guatemala est la capitale de toute la confederation; sa population, independamment du village de Cocotenango, qui en est voisin, est de 40,000 ames. La ville de Leon, dans l'etat de Nicaragua, compte 32,000 ames; San Salvador, 25,000; San Jose de Costa- Rica, 20,000; Comayagua, dans l'etat de Honduras, 18,000. 2. Chimaltenango, avec le chef-lieu (pueblo cabecera) du partido, Chimaltenango; Comalapan, Acatenango, Tepan, etc. 3. Solola (pueblo cabecera). Solola, San Pedro de la Laguna, Chichicastenango, Potulul, Quiche, Atitan, etc. 4. Totonicapan (p. cab.). Totonicapan, Momostenango, Santa Maria Chiquimula, etc. 5. Gueguetenango (p. cab.). Gueguetenango, San Pedro Soloma, Chiantla, Cuilco, Nevare, etc. 6. Quesaltenango (p. cab.). Quesaltenango, Ostuncalco, San Marcos, Texutla, Yxtaguacan, Sundil, etc. 7. Suchiltepeques (p. cab.). Mazaltenango, Cuintenango, Retalulcu, Samayaque, etc. 8. Escuintla (p. cab.). Escuintla, Chipilapa, Chiquimullila, Cosulmaguapan, Mazagua, Sucualpa, etc. 9. Chiquimula (p. cab.). Chiquimula, Quesaltepeque, Esquipulas, Jutiapa, Xilotepeque, etc. 10. San Agustin (p. cab.). San Agustin, Zacapa, Gualan, Acasaguastlan, Jalapa, Mataquescuintla. 11. Verapaz (p. cab.). Ciudad de Coban, San Pedro, Cajaven, Tauguin, etc. 12. Salama (p. cab.). Chicoi, Rabinal, Cubulco, Chol, Tucuru, etc. 13. Peten (p. cab.). Remedios, San Andres, San Jose, Santo Toribio, etc. II. Estado del Salvador.--4 partidos 1. San Salvador, avec la capitale de l'etat, San Salvador; Olocuilta, Chalatenango, Metapam, Teotepeque, etc. 2. Zonzonate (p. cab.). Zonzonate, Villa de Santa Anna, Villa de Aguachapan, Dolores-Isalco, Asuncion-Isalco, Ataco, Texistetepeque, etc. 3. San Miguel (p. cab.). San Miguel, Gotera, San Alexo, Usulutan, Tecapa, Chinameca, Ereguaiquin, Sesore, Anamoros, etc. 4. San Vicente (p. cab.). San Vicente, Apastepeque, Sensuntepeque, Nunualco, Titiguapa, Ostuma, etc. III. Estado de Honduras.--12 partidos. 1. Comayagua, avec la capitale de l'etat: Ciudad de Comayagua, Lejamani, Cururu, Chinacla, etc. 2. Tegucigalpa (p. cab.). Tegucigalpa, Ojojona, Alubaren, etc. 3. Choluteca (p. cab.). Choluteca, Texiguat, San Marcos, etc. 4. Nacaome (p. cab.). Nacaome, Pespire, Aguanterique, etc. 5. Cantarranas (p. cab.). Cantarranas, Guascoran, Cedros, Orica, etc. 6. Juticalpa (p. cab.). Juticalpa, Catacamas, etc. 7. Gracias (p. cab.). Ciudad de Gracias, Intibucat, Gualcha, etc. 8. Los Llanos (p. cab.). Ciudad de los Llanos, Quesailica, Ocotepeque, Guarita, etc. 9. Santa Barbara (p. cab.). Santa Barbara, San Pedro Quimistan, Omoa, etc. 10. Truxillo (p. cab.). Truxillo, Olanchito, etc. 11. Yoro (p. cab.). Yoro, Sulato, etc. 12. Segovia (p. cab.). Somoto, Ocotal, Mozonte, Ticaro, Palacaguina, Pueblo-Novo, Esteli, etc. IV. Estado de Nicaragua.--8 partidos. 1. Leon, avec la capitale de l'etat Leon: Nagarote, Sama, Somotillo, etc. 2. Granada (p. cab.). Ciudad de Granada, Teustepet, Lobiguisca, Camoapa, Boaco, etc. 3. Managua (p. cab.). Managua, Tipitapa, Mathiare, San Pedro, Metapa, etc. 4. Realejo (p. cab.). Villa de Realejo, Chinandega, Chichigalpa, etc. 5. Subtiaba (p. cab.). Subtiaba, Telica, Quezalguaque, etc. 6. Mazaya (p. cab.). Mazaya, Guinotepet, Diria, Niniquinohomo, Nandaime, Nindiri, etc. 7. Nicaragua (p. cab.). Villa de Nicaragua, Potosi, Nicoya, Guanacaste, etc. 8. Matagalpa (p. cab.). Matagalpa, Sebaco, Muimui, Guinotepe, etc. V. Estado de Costa-Rica .--8 partidos. Redactor general de Guatemala, 12 juin 1825, n° 1, p. 4. 1. San Jose, avec la capitale de l'etat, Ciudad de San Jose: Curridaba, Aserri, etc. 2. Cartago (p. cab.). Ciudad de Cartago , Quirico, Tobosicot, etc. Le climat de Cartago est plus froid que celui de Nueva-Guatemala: ainsi, cette ville est probablement plus elevee au-dessus du niveau de la mer. 3. Ujaras (p. cab.). Ujaras, Orosi, Tucurrique, etc. 4. Iscan (p. cab.). Iscan, Pacaca. 5. Alajuela (p. cab.). Alajuela. 6. Eredia (p. cab.). Eredia, Barba, etc. 7. Bagasu (p. cab.). Bagasu, Esparsa, Cannas, etc. 8. Boruca (p. cab.). Boruca, Terraba, etc. Nueva-Guatemala, capitale des etats federes, jouit d'un climat doux et generalement agreable, que l'on peut comparer a celui de Caracas et de Popayan. Malheureusement on ne connoeit pas encore la hauteur moyenne du barometre dans cette belle ville; mais, si l'on en juge d'apres sa temperature, son elevation au-dessus du niveau de la mer doit etre de plus de 600 toises . M. Jose della Valle, ex-president du comite de gouvernement, m'ecrit: "Ma patrie est encore plus favorisee de la nature que le Mexique; au lieu de souffrir de la secheresse comme ce pays, presque partout situe sur un plateau, notre Amerique centrale est arrosee par plusieurs belles rivieres que l'on peut aisement rendre navigables. Les plantes qui ornent le terrain me semblent d'une vegetation plus riche que dans le Mexique. Si vous aviez visite ma patrie, ou s'il vous etoit un jour possible d'y faire un voyage, vous seriez surpris de l'etendue qu'y occupe la zone temperee, ce que nous appelons tierras templadas; mais ces plaines, d'une elevation moyenne, sont rarement contigues; souvent elles sont coupees par des vallees. Nous avons des ports sur les deux mers; et, si un jour ces mers etoient reunies par un canal a Nicaragua, sur lequel vous possedez vraisemblablement des documens, notre republique, situee au milieu de l'Amerique, lieroit le commerce des Antilles au commerce de la Chine et de l'Archipel asiatique, et parviendroit ainsi a occuper une place importante dans l'echelle des nations. Par malheur, nous sommes restes jusqu'a present dans la partie obscure de notre planete; et, quand je jette un regard sur les cartes qui nous arrivent d'Europe, j'ai de la peine a trouver, dans la representation defiguree de notre pays, les chaeines de montagnes, les rivieres et les noms de nos villes bien peuplees. Lorsqu'en 1823 je quittai la ville de Mexico, j'esperois, par mes travaux, remplir le voeu que vous aviez forme depuis si long temps de voir les montagnes d'Oaxaca et de Guatemala mesurees. Je m'etois pourvu d'un bon barometre et de thermometres. Malheureusement le barometre fut brise des Venta Salata, et il ne me restoit plus qu'a determiner d'une maniere approximative les hauteurs par la determination du point meridional, d'apres la methode que votre savant ami Caldas a souvent employee avec vous dans l'Amerique meridionale. J'espere vous envoyer bientot ces observations de temperature." Le bananier a fruits comestibles ne croeit point dans les environs de Nueva-Guatemala, dont l'elevation est a peu pres moyenne entre celles de Xalapa et de Pueba au Mexique. Une partie des terres de l'Amerique centrale, notamment la province de Quesaltenango, qui forme aujourd'hui un departement de l'etat de Guatemala, donne les plus riches recoltes de l'Amerique en froment et en cereales. Dans le departement de Solola et dans une partie de l'etat de Chiapa, aujourd'hui reuni au Mexique, les plaines des montagnes sont si elevees, que quelquefois on les voit couvertes de givre (escaresca) pendant des heures entieres. La capitale de l'Amerique centrale ayant change non pas deux fois, comme on le croit communement, mais quatre fois de place, et une population assez forte etant restee dans les anciennes demeures, ces changemens ont, a cause de la ressemblance des noms, occasionne beaucoup d'erreurs en geographie. Pedro de Alvarado etant reste maeitre du pays apres une grande bataille livree le 14 mai 1524, choisit le lieu que les indigenes nommoient Tyacuaba, et que les Mexicains appeloient, en langue azteque, Almolonga (courant d'eau), pour y fonder, pres du volcan d'eau ou de Agua, la capitale qui recut alors le nom de Santiago de los Caballeros de Guatemala, et qui porte aujourd'hui celui de Ciudad Vieja. L'eau qui, le 11 septembre 1541, se precipita du volcan, entraeinant avec elle les arbres et les rochers, causa de si grands degats a la capitale, qu'elle fut transportee a une lieue plus au nord-est. Une partie des habitans resta dans l'ancien emplacement jusqu'en 1776, ou leur nombre diminua beaucoup, parce que, pres de Nueva-Guatemala, une petite ville se forma egalement sous le nom de Ciudad Vieja. Aujourd'hui, il reste encore a Almolonga 2,500 Indiens qui se vantent de descendre des Mexicains et des Tlaxcalteques, troupes auxiliaires des vainqueurs espagnols. Ils sont, comme les indigenes de Cholula et de Tlaxcala, tres-vains de leurs ancetres. La ville la plus ancienne de l'Amerique centrale est Cartago, dans l'etat de Costa-Rica. On conserve dans les archives de cette ville des documens qui remontent a 1520. Cette seconde capitale, dans l'ordre chronologique, est aujourd'hui appelee Antigua-Guatemala; elle est la capitale, non de la confederation, mais de l'etat de Guatemala; elle est situee dans la vallee de Panchoy, belle plaine habitee presque partout. Malheureusement, cette plaine est sujette a d'affreux tremblemens de terre; on en compte dix terribles de 1565 a 1773. Le dernier detruisit une grande partie de la ville; alors la plupart des habitans, soit par une resolution spontanee, soit pour obeir a une cedule royale tres-rigoureuse, du 21 juillet 1775, fonderent, a 9 lieues plus au N. O., par consequent a une plus grande distance du volcan de Agua, la troisieme ville de la confederation ou la capitale actuelle, sous le nom de la Nueva-Guatemala de la Asuncion de Nuestra Senhora. A peu pres 8,000 habitans resterent dans Antigua-Guatemala, qui, en 1799, fut declaree villa. La fondation de Nueva- Guatemala, dans une partie de la vallee de Mixco, qui porte le nom de Llano de la Virgen, commenca en 1776. Les ossemens du celebre conquistador Pedro de Alvarado resterent dans Antigua-Guatemala. Les productions de l'agriculture de Guatemala, les plus importantes pour le commerce, sont l'indigo, la cochenille, le cacao et le tabac. L'indigo de l'etat de San Salvador passe pour le plus beau du monde; il est presque entierement cultive par des mains libres; car le nombre des negres esclaves a fort heureusement ete jusqu'a present tres-foible. Depuis la declaration de l'independance, tous les esclaves ont ete mis en liberte. L'etat promit aux proprietaires de leur rembourser le prix d'achat; mais les citoyens riches ont eu assez de noblesse et de desinteressement pour ne pas accepter cette indemnite. La table suivante, qui parut dans le numero du 13 juillet 1825, de la gazette de Guatemala, intitulee Redactor general, donne l'etat de l'exportation de l'indigo, dans un espace de neuf ans, de 1794 a 1802. 1794 ... _ _ 592,266 livres valant _ _ 641,393 piastres. 1795 ... _ _ 1,108,789 _ _ 1,006,786 1796 ... _ _ 1,184,201 _ _ 1,369,881 1797 ... _ _ 159,665 _ _ 211,650 1798 ... _ _ 151,317 _ _ 141,859 1799 ... _ _ 533,637 _ _ 469,592 1800 ... _ _ 450,606 _ _ 398,096 1801 ... _ _ 331,897 _ _ 332,063 1802 ... _ _ 1,479,641 _ _ 1,921,356 La variation des quantites ne provient pas uniquement de la difference de culture, elle est en partie le resultat du bouleversement des relations commerciales. L'importation constamment croissante de l'indigo de l'Inde a long-temps fait du tort a l'exportation de celui de San Salvador; celle-ci, de 1815 a 1820, ne s'est pas elevee a 3,000 tiercons, ou 4,500 quintaux. Mais actuellement que le prix de l'indigo est de nouveau hausse, M. Garcia de Granados, negociant de Guatemala, tres-instruit et tres-experimente, m'ecrit que la culture de l'indigo est tres-florissante dans sa patrie. On evalue l'exportation annuelle a 1,800,000 liv., poids d'Espagne; car on exporte au-dela de 12,000 tiercons, pesant chacun 150 liv., ou 6 arrobes; et le prix moyen de la livre d'indigo est aujourd'hui de 9 reales de Plata, ou une piastre et un huitieme. Dans un memoire recemment publie, que l'on attribue a M. Jose del Valle, l'exportation de l'indigo est estimee, en comprenant le commerce interlope, a 3 millions de piastres . Ocios de los Espanneles Emigrados, 1826, p. 2. La culture de la cochenille est entierement nouvelle dans la republique de Guatemala. Ce n'est qu'en 1812 qu'on a commence a etablir des nopaleries dans la belle vallee temperee qui entoure Antigua-Guatemala, et a apporter de la province d'Oaxaca au Mexique les petits insectes qui vivent sur le nopal. Le climat de ce canton eleve a ete en general favorable a cette nouvelle branche d'industrie. Depuis 1822, les plantations de nopal (cactus cochenilifer) se sont multipliees avec une telle rapidite, qu'en 1824 on recolta cinquante tiercons, pesant chacun 150 livres, et, en 1825, 600 tiercons. On espere obtenir bientot 3,000 quintaux. Une livre se vend trois piastres; ainsi la cochenille de Guatemala qui, en 1812, etoit entierement inconnue, rapporte deja 400,000 piastres. On fait deux recoltes par an, et dans ce pays on n'a pas besoin d'entreprendre, durant la saison des pluies, avec les jeunes insectes, les voyages penibles dont j'ai parle dans mon ouvrage sur la Nouvelle-Espagne . Dans ces dernieres annees, la province d'Oaxaca a recolte 4,000 surons, ou 8,000 quintaux d'indigo. T. III, p. 260. Le cacao de Soconusco, de Suchiltepeques et de Gualan pres d'Omoa, a la preference sur ceux de tous les autres pays, meme sur celui d'Esmeraldas, dans la province de Quito, et sur celui d'Uritucu et de Capiriqual dans le Venezuela; mais l'excellent cacao de Soconusco se consomme presque entierement dans le pays; ce n'est pas, a proprement parler, un objet de commerce; il n'en etoit expedie, de meme que du quinquina de Loxa, que de petites quantites a la cour de Madrid. Le tabac de Guatemala ne le cede pour la qualite ni a l'indigo, ni a la cochenille, ni au cacao. Les meilleures especes sont celles que l'on cultive pres d'lztepeque, dans l'etat de San Salvador, et pres de Copan dans l'etat d'Honduras, a peu de distance d'Omoa. Les bois rouges de teinture, nommes palo bresil et bresilette, sont egalement des objets importans de commerce pour l'etat de Nicaragua. Des forets de pins ornent les montagnes de Guatemala, comme celles du Mexique; vers l'est, elles descendent meme dans le golfe d'Izaval, jusque dans la plaine: phenomene singulier dans la vegetation des regions equinoxiales, et que l'on retrouve dans la partie meridionale de Cuba, ainsi que sur les collines basses de l'eile de Pinos. Au sud de cette grande eile, ces pins, qui sont vraisemblablement le pinus occidentalis, donnent, dans la republique de Guatemala, beaucoup de goudron et de brai; produits qui sont expedies par le port de Zonzonate, sur le Grand-Ocean, a Guayaquil, ou on les emploie dans la construction des navires. La republique de Guatemala, par sa position entre deux mers, le peu de largeur du pays, le grand nombre de ses rivieres qui pourroient aisement etre rendues navigables, et de beaux ports, est dans une situation excellente pour le commerce. Le siege principal de la culture, et cette circonstance peu remarquee, et surtout importante sous le rapport politique, se trouve plus rapprochee du Grand-Ocean que de la mer des Antilles; par consequent, le pays est porte, comme Quito, le Perou et le Chili, a former des liaisons plutot avec l'Asie orientale qu'avec l'ancien continent. Cette position occidentale de la grande culture rend un peu incommode l'exportation des productions indigenes, et l'importation des marchandises d'Europe, parce que le pays est coupe obliquement du sud-est au nord-ouest par de hautes montagnes, qui unissent les Andes colombiennes de Veragua aux Andes mexicaines de Chiapa et d'Oaxaca. Mais heureusement des golfes et des fleuves penetrent profondement vers la pente orientale; et la chaeine etant divisee frequemment par des vallees transversales, il sera facile au nouveau gouvernement d'etablir, en construisant des routes, la communication entre les provinces de l'est et celles de l'ouest. Les rivieres qui, un jour, pourront devenir importantes pour le commerce, sont le Motagua et le Polachie, dans l'etat de Guatemala; l'Ulua, le Lean et le Chamelecon, dans l'etat de Honduras; le Lampa et le Rio de la Paz, dans l'etat de San Salvador. Les ports les plus celebres sont sur la cote orientale: Omoa, Truxillo. San Juan del Norte, et Matina ou Moin; sur la cote occidentale, Michatoya, ou Pedro de Alvarado construisit ses batimens, Iztapa, Zonzonate, Realejo, Nicoya, Puerto de la Culebra et Conchagua. Par malheur Iztapa et Michatoya, les deux ports les plus voisins de la capitale, sont considerablement ensables et obstrues par des barres. Les petits ports de l'etat de Nicaragua sont: El- Conejo, San Juan del Sur, Brito, Tamarindo et Estero Real. Le commerce de Guatemala, ou plutot l'importation des marchandises d'Europe par la cote orientale, se fait par deux voies; tantot les marchandises sont conduites d'Omoa a San Felipe, ou le Rio Isaval se jette dans la Laguna; on les embarque sur la Laguna pour Gualan, et de la elles sont transportees par terre a Acasaguastlan et a Nueva-Guatemala; c'est l'ancienne route que l'on nomme aussi route des Lagunes ou du Golfo Dulce. Tantot on prend la nouvelle route, qui va du port d'Omoa a l'embouchure du Rio Motagua ou Gualan, ensuite on remonte ce fleuve, selon que sa profondeur le permet, jusqu'au village de Gualan; ou jusqu'a Acasaguastlan. Jusqu'a present, on a fait usage des deux routes, tant pour l'importation que pour l'exportation des marchandises. On a le dessein d'etablir des bateaux a vapeur sur le Rio Motagua; mais des hommes qui connoissent bien cette riviere, regardent l'execution de ce projet comme tresdifficile, a cause des frequentes secheresses; peutetre faudroit-il etablir un petit canal artificiel le long du lit de la riviere, qui est tres-sinueux, trop large, et par consequent souvent a sec. Les hommes qui sont a la tete de la republique de Guatemala, connoissent les avantages et l'importance politique d'une jonction des deux mers dans leur pays. L'isthme de Nicaragua est situe entre ceux de Panama et de Guasacualco. On croit aujourd'hui assez generalement que l'on ne peut etablir une communication entre le Grand- Ocean et le Chagres a Cruces que par un chemin de fer. Les difficultes que l'on rencontre entre le Rio Guasacualco et le Rio Chimalapa ont ete trouvees, par les mesures barometriques du colonel Obregoso, plus grandes qu'on ne les supposoit a Mexico; c'est ce que m'apprennent les dernieres lettres que j'ai recues de M. Lucas Alaman, ministre d'etat. Les yeux de tout le monde commercant sont donc tournes, avec raison, sur le Rio San Juan, qu'il s'agit de rendre navigable, sur le lac de Nicaragua, qui a 88 pieds espagnols de profondeur, et sur l'isthme entre la ville de Nicaragua et le port de San Juan del Sur. Le fond du lac de Nicaragua est eleve de 46 pieds au-dessus de la surface du Grand-Ocean, comme l'a prouve un nivellement execute, en 1781, par l'ingenieur Galisteo, et dont le grand geographe, don Felipe Bauza, m'a donne recemment communicacation. Nulle chaeine de hautes montagnes ne s'oppose a la construction d'un canal oceanique, entre les plantations de cacao de Nicaragua. Dans l'etat actuel de culture mediocre de l'Amerique centrale, on estime la valeur totale des importations d'Europe a 1,800,000 piastres. Sur cette somme, 700,000 piastres arrivent par les ports de la cote occidentale que baigne le Grand- Ocean. Les richesses minerales de la nouvelle republique de l'Amerique centrale sont encore peu connues. Dans l'etat d'Oaxaca, qui en est limitrophe, et qui appartient a la confederation mexicaine, on trouve de l'or natif et du fahl-erz (cuivre gris), riche en argent, dans des filons que renferment les montagnes de gneiss et de granite. Sans doute ces montagnes se prolongent au sud dans les etats de Chiapa et de Guatemala; peut-etre les cones volcaniques de trachyte ontils ete separes des montagnes de granite qui s'etendent a l'ouest; peut-etre aussi, et des renseignemens qui m'ont ete adresses dernierement dans des lettres m'ont suggere cette opinion, les metaux precieux sont-ils dans ce pays comme dans une partie du Mexique, par exemple a Real del Monte et a Villalpando, contenus dans le grunstein et le porphyre syenitique. C'est ce qu'eclairciront bientot les voyageurs qui parcourent actuellement cette contree, afin de conclure, pour compte de negocians anglois, des contrats avec les possesseurs d'anciennes mines. Jusqu'en 1787, la monnoie de Guatemala, qui etoit presque toujours oisive, frappoit a peine 200,000 piastres par an; actuellement, le produit de l'or et de l'argent est de 600,000 piastres, et il augmente. La quantite d'argent natif obtenue, soit par lavage, soit dans des filons, s'est surtout considerablement accrue dans l'etat de Costa-Rica depuis 1822. On assure que, dans un grand tremblement de terre, auquel le volcan de Cartago a pu contribuer, l'eboulement de couches entieres de rochers a fait decouvrir plusieurs veines de minerai tres-riches. Dans l'etat de Honduras, les anciennes mines d'or et d'argent de Corpus, dans le district de Choluteca, et celles de Tegucicalpa et de Mecualizo, dans le district de Comayagua, sont encore tres-productives. La mine de Tabancos, pres du beau golfe de Conchagua, a recemment recu d'Angleterre une machine a vapeur, qui merite d'autant plus l'attention, qu'elle est arrivee a la cote du Grand-Ocean, par le Rio San Juan et le lac de Nicaragua. Elle a ete debarquee sur la rive occidentale du lac pres du volcan de Mombacho, et conduite a la mine a travers la ville de Granada. Nous avons obtenu dernierement des notices statistiques interessantes sur l'etat de Nicaragua, par le general Miguel Gonzalez Saravia qui en est gouverneur. Un denombrement de 1813, mais fort imparfait, donna pour resultat 149,750 habitans. Il paroeit qu'en 1824 leur nombre s'elevoit a 174,200. La plus grande partie est resserree dans une zone, qui s'etend de Viejo a Nicaragua. Voici la population des villes: Bosquejo politico y estadistico de Nicaragua formado, por el general de Brigada Don Miguel Gonzalez de Saravia. En El- Anno 1823, Impresso en Guatemala en 1824. Leon ........................... _ _ 32,000 ames. Granada ........................ _ _ 10,200 Nicaragua, ou Villa de la Purissima Concepcion de Rivas ................ _ _ 13,000 Et, en y comprenant le village de San Jorge qui en est proche, et d'autres faubourgs ......................... _ _ 22,000 Masaya, ville tres-commercante .... _ _ 10,000 Managua ....................... _ _ 9,500 Subtiaba ........................ _ _ 5,200 La plupart Indiens. Chinandega, pres du beau port de Realejo ........................... _ _ 5,400 Ce port de Realejo est forme par le confluent de plusieurs petits ruisseaux, et, du cote du Grand-Ocean, les eiles de Carton et de Castannon le et mettent a l'abri des gros temps et de la lame. On compte 15 leguas de Realejo a Leon; la route est parfaitement unie et praticable pour les voitures. Du haut du Cerillo de San Pedro, petite colline pres de Leon, on apercoit la mer, qui en est a peine eloignee de deux leguas, de sorte qu'on entend quelquefois le bruit des vagues. Dans ces cantons, le climat est tres-chaud, et de septenibre en novembre generalement fievreux, surtout a Leon, a Realejo, et sur les bords du Rio de San Juan entierement inhabites. On ne trouve une temperature plus fraeiche que dans les districts de Nueva-Segovia et de Matagalpa. Le village de Xinotega est meme appele froid, a cause de sa grande elevation, et le district de Masaya appartient a la tierra templada. Sous l'ancienne domination espagnole, a la fin du dix-huitieme siecle, la valeur des exportations de la province de Nicaguara etoit estimee a 570,000 piastres, reparties ainsi: Cacao, 220,000 piastres; indigo, 160,000; bois de teinture (brasilete), 3,000; brai et goudron, 10,000; perles, 5,000. Deux grands lacs, dont l'un forme une mer Mediterranee et des routes unies qui sont partout praticables pour les voitures, donnent a l'etat de Nicaragua une grande facilite pour le commerce interieur . Il n'y a pas encore de route de Carthagene ou du Choco a Panama; mais les courriers vont par terre de Nicaragua, par Cartago et les missions de Talamanca, a Panama. La route de terre, partant de Nueva-Guatemala, passe par la Gineta, ou, pour eviter cette haute montagne, par El-Chilillo. La direction que suivent principalement les exportations et les importations est actuellement de Granada, par le lac de Nicaragua, a la petite forteresse de San Carlos; ce trajet prend six jours; de la on descend le Rio San Juan jusqu'a la mer des Antilles en quatre jours; en remontant, on emploie douze jours. Les revenus publics des provinces de Nicaragua et de Costa Rica etoient, annee commune, de 1815 a 1819, de 146,000 piastres nettes, deduction faite de 30,000 piastres pour les frais de recouvrement; mais cette somme ne suffisoit pas pour l'entretien de la force armee, des fortifications et d'autres depenses publiques. Sous le rapport de l'agriculture en general, et la culture des denrees coloniales en particulier, l'etat de Honduras a, depuis quelques annees, fixe principalement l'attention des etrangers. Les rives du Rio de Ulua y invitent a cultiver la canne a sucre et le cafe. Les voyageurs qui connoissent les belles plaines de l'eile de Cuba et cette partie de l'etat de Honduras, sont d'opinion que cette derniere, grace a ses champs bien arroses et a sa richesse en gros betail, pourra fournir a meilleur marche que les Antilles plusleurs productions des colonies. Deux rivieres considerables, le Rio Comayagua et le Rio Chamelecon, forment l'Ulua par leur reunion pres du village de San Tiago, a 32 leguas au nord de la ville de Valladolid ou Comayagua. L'Ulua parcourt une plaine fertile de 42 lieues d'etendue; ses eaux sont si abondantes que des navires de 70 a 100 tonneaux, construits expres pour cette navigation, peuvent le remonter jusqu'au village de San Tiago. Parmi les restes de l'art et de l'ancienne culture des peuples primitifs de l'Amerique, ceux que l'on voit dans le pays de Guatemala et dans l'etat de Merida, qui en est limitrophe et appartient a la republique mexicaine, sont les plus remarquables. Ces ruines ont un caractere particulier qui les distingue essentiellement par le style et par la proportion exacte des parties du corps humain de tous les monumens de sculpture azteque que j'ai fait connoeitre. Ce n'est pas ici le lieu de soumettre a un examen critique ces ruines ni le mythe du Vodan guatemalien, que l'on a essaye de confondre avec l'Odin asiatique. Je me bornerai donc a nommer: 1° Les ruines de l'ancienne cite de Palenque ou Culhuacan dans l'etat de Chiapa, sur les rives du Micol, au nord-ouest du village indien de Santo Domingo de Palenque, dans la ci-devant province de Tzendales. En 1786, sous le regne de Charles III, M. Antonio del Rio recut de Madrid l'ordre d'examiner et de dessiner ces ruines, qui ont une circonference de plusieurs milles. Heureusement une partie de son travail, portee en Angleterre, y a paru sous ce titre: Description of the ruins of an ancient city discovered near Palenque, in the Kingdom of Guatemala, by captain Ant. del Rio, with notes by doctor Paul Feliz Cabrera (London, 1822, in-4°). Un bas-relief representant un enfant consacre a une croix, les tetes singulieres a grands nez et a fronts rejetes en arriere, les bottines ou caligulae a la romaine servant de chaussure: la ressemblance frappante des figures avec les divinites indiennes assises, les jambes croisees, et ces figures un peu roides, mais dessinees dans des proportions exactes , doivent inspirer un vif interet a quiconque s'occupe de l'histoire primitive du genre humain. J'ai represente un fragment tres-remarquable de ce genre, sous le nom de Relief trouve a Oxaca, dans mes Vues des Cordilleres et monumens des peuples indigenes de l'Amerique (T. II, p. 151 (pl. xi, ed. in-folio). A la fin de l'ouvrage, j'observe que ce fragment appartient aux antiquites de Guatemala. Tres-recemment, M. La Tour Allard, de la Nouvelle-Orleans, a apporte de Mexico a Paris une nouvelle collection de dessins de ruines de Palenque. Ces dessins sont le fruit du voyage du capitaine Dupe, antiquaire mexicain, avec lequel j'ai fait plusieurs excursions interessantes. Je possede un dessin de l'adoration d'une sainte Croix qui venoit de Palenque; elle differe entierement de celles que l'on voit representees dans l'ouvrage anglois. 2° Les ruines d'un temple de Copan, orne de statues, et la grotte de Tibulco, ornee de colonnes, dans l'etat de Honduras. On dit que les figures sont vetues d'une maniere ressemblant au costume europeen; cependant il n'est nullement vraisemblable qu'elles aient ete sculptees en pierres apres l'arrivee des Espagnols. 3° Les ruines de l'eile Peten, au milieu de la Laguna d'Itza, sur la limite entre Verapaz, Chiapa et Yucatan. Cette eile a ete fortifiee par les Espagnols; elle etoit une ancienne habitation des Itzaix, nation tres-policee. 4° Les ruines de la ville d'Utatlan, aujourd'hui Santa Cruz del Quiche. Elles montrent la grandeur prodigieuse des edifices guatemaliens que l'on ne peut comparer qu'a ceux de Mexico et de Cuzco. Un des palais des rois de Quiche a 728 pas geometriques de longueur et 376 de largeur. 5° Les ruines des anciens forts de Tepanguatemala, Mixco, Pararquin, Socoleo, Uspantan, Chalchitan, etc. Tels sont les renseignemens que j'ai pu recueillir sur la republique de l'Amerique centrale. Ce pays, qui donne des productions les plus belles de la nature, est encore presque ferme au commerce europeen. Ses habitans indigenes, ou les Indiens cuivres, sont plus laborieux et plus civilises que ceux d'aucune autre partie de l'Amerique espagnole, sans meme en excepter Cuzco et Mechoacan. La liberte politique y a ete obtenue sans nulle secousse interieure, parce qu'il n'y avoit que quelques centaines d'hommes de troupes regulieres. Les petites discussions de limites avec le Mexique pour Chiapa, et avec la Colombia pour la cote des Mosquites; les rivalites nationales et les tristes souvenirs des maux que le parti d'Iturbide a faits a Guatemala, rendent le congres general plus enclin pour ses voisins de la Colombia que pour ceux du Mexique. Le principal interet de l'etat est d'etablir une communication plus intime entre la partie occidentale du pays si bien cultivee et l'orientale, en rendant la navigation des rivieres et des canaux plus facile. Paris, juin 1826.