256. Geographie des Plantes, redigee d'apres la comparaison des phenomenes que presente la vegetation dans les deux continens, par A. de Humboldt et Ch. Kunth. 1 vol. in-fol., pap. jes. vel. sat., av. pl., la plupart coloriees. Ouvrage precede d'un Tableau physique des regions equinoxiales, par A. de Humboldt et Aime Bonpland. (Prospectus ). Cet ouvrage fait partie du voyage de MM. Humboldt et Bonpland. Nous ne pouvons nous refuser a reproduire ici la presque totalite de ce prospectus, qui lui-meme est un memoire plein d'interet, dans lequel l'auteur presente, comme on va le voir, l'histoire de la science dont ce nouvel ouvrage est destine a nous faire connaeitre la theorie et l'application A cote de la botanique proprement dite, qui examine les caracteres, l'organisation et les rapports des vegetaux, se place une autre science, dont l'origine ne date pas d'un demi-siecle. Designee sous le nom un peu vague de geographie des plantes, elle lie la botanique descriptive a la climatologie; elle indique le nombre, l'aspect et la distribution des vegetaux sous les differentes zones, depuis l'equateur jusqu'au cercle polaire, depuis les profondeurs de l'Ocean et des mines qui renferment les germes des plantes cryptogames, jusqu'a la limite des neiges perpetuelles, qui varie selon la latitude des lieux et la nature des pays circonvoisins. Incomplete comme la geologie, mais plus neuve que cette partie de nos connaissances physiques, elle a ete, des son origine, moins exposee a ces illusions de l'esprit, a ces reveries systematiques par lesquelles l'imagination de l'homme se plaeit a suppleer au defaut des faits positifs. La marche des sciences suit toujours l'esprit du siecle qui preside a leur developpement, et la geographie des plantes a ete cultivee avec le plus d'ardeur a l'epoque ou le goaut de l'observation est devenu dominant, ou toutes les branches de la philosophie naturelle ont adopte des methodes plus severes. Les voyageurs qui parcouraient un grand espace de terrain, qui abordaient a des cotes lointaines, ou gravissaient des chaeines de montagnes dont les pentes offrent une diversite de climats superposes comme par etages, etaient frappes a chaque instant des phenomenes curieux de la distribution geographique des vegetaux: on peut dire qu'ils recueillaient des materiaux pour une science dont le nom avait a peine ete prononce. Ces memes zones de vegetaux, dont le cardinal Bembo, des le seizieme siecle, avait decrit, avec tout le charme de l'eloquence latine, l'etendue et la succession sur les flancs de l'Etna, l'infatigable et judicieux Tournefort les retrouva en s'elevant sur le sommet de l'Ararat. Il compara les flores des montagnes avec les flores des plaines sous differentes latitudes: il reconnut le premier que l'elevation au-dessus du niveau de la mer agit sur la distribution des vegetaux, comme la distance au pole ou le changement en latitude. Le genie de Linnee feconda les germes d'une science naissante; mais embrassant, dans son impatiente ardeur, le present et le passe, la geographie des plantes et leur histoire, il se livra, dans son memoire De telluris habitabilis incremento et dans les Coloniae plantarum, a des hypotheses hardies. Il voulut remonter a l'origine des especes multipliees par la deviation accidentelle d'un type primitif, suivre les changemens des varietes devenues constantes, depeindre l'ancien etat de nudite de la croaute pierreuse de notre planete recevant peu a peu les vegetaux d'un centre commun et apres de longues migrations. Haller, Gmelin, Pallas, et surtout Reinhold et Georges Forster etudierent avec une attention suivie la distribution geographique de quelques especes; mais, negligeant l'examen rigoureux des plantes qu'ils avaient recueillies, ils confondirent souvent les productions alpines de l'Europe temperee avec celles des plaines de la Laponie. On admettait prematurement l'identite de ces dernieres avec des especes propres aux terres magellaniques et a d'autres parties de l'hemisphere austral. Deja Adanson avait entrevu l'extreme rarete des ombelliferes sous la zone torride, et prelude par-la a la connaissance d'une serie de phenomenes generalement reconnus de nos jours. La description des vegetaux, d'apres les divisions d'un systeme artificiel, a ralenti long-temps l'etude de leurs rapports avec les climats. Des que les especes ont ete arrangees par familles naturelles, on a pu demeler les formes dont le nombre augmente ou diminue de l'equateur vers le cercle polaire. Menzel, auteur d'une flore inedite du Japon, avait prononce le mot: geographie des plantes. Il est des sciences dont le nom a existe, pour ainsi dire, avant la science meme. Telles ont ete, il y a un demi-siecle, la meteorologie, l'etude physionomique et la pathologie des vegetaux, on peut presque ajouter la geologie meme. Le nom, prononce par Menzel, fut employe, vers l'annee 1783, presque a la fois par Giraud Soulavie et par le celebre auteur des Etudes de la nature, ouvrage qui renferme, a cote de graves erreurs sur la physique du globe, les vues les plus ingenieuses sur les formes, les rapports geographiques et les habitudes des plantes. Ces deux auteurs, d'un talent et d'un merite si inegal, s'abandonnerent trop souvent aux libres inspirations de la pensee. Le manque de connaissances positives les empecha d'avancer dans une carriere dont ils ne savaient mesurer l'etendue. Giraud Soulavie voulut appliquer les principes exposes dans sa Geographie de la nature, a la Geographie physique des vegetaux de la France meridionale; mais le contenu de son livre ne repondit guere a un titre si presomptueux. On cherche en vain, dans cette pretendue geographie des plantes, les noms d'especes qui croissent spontanement, ou des mesures indiquant la hauteur des stations. L'auteur se borne a quelques observations sur les plantes cultivees; observations que plus tard Arthur-Young a developpees avec plus de sagacite et de savoir. Il distingue dans une coupe verticale du Mont-Mezin, auquel est jointe, non une echelle en toises, mais une echelle de la hauteur du mercure dans le barometre, les trois zones superposees des oliviers, des vignes et des chataigniers. C'est vers le fin du dernier siecle que la determination plus precise de la temperature moyenne et les methodes perfectionnees des mesures barometriques, ont fourni des moyens de reconnaeitre plus rigoureusement l'influence des hauteurs sur la distribution des vegetaux dans les Alpes et dans les Pyrenees. Ce que Saussure ne put qu'indiquer dans des observations eparses, Ramond le developpa avec la superiorite du talent qui caracterise ses ouvrages. Botaniste, physicien et geologue a la fois, il fournit dans les Observations faites dans les Pyrenees, dans son Voyage a la cime du Mont-Perdu, et dans son Memoire sur la vegetation alpine, des donnees precieuses sur la geographie des plantes de l'Europe entre les paralleles de 42° 1/2 et 45° de latitude. Ces donnees ont ete multipliees par Lavy. Kielmann, et surtout par M. Decandolle, dans son introduction a la troisieme edition de la Flore francaise. De savans et intrepides voyageurs, Labillardiere, Desfontaines et du Petit- Thouars interrogerent la nature, presque a la meme epoque, dans la mer du Sud, sur le dos de l'Atlas et dans les eiles d'Afrique. Des questions generales de geographie botanique furent traitees par deux savans distingues d'Allemagne. Dans une dissertation academique (Historiae vegetabibilium geographicae specimen), M. Stromeyer essaya de tracer le plan de la science en enumerant d'une maniere concise les objets qu'elle lui parut embrasser; tandis que M. Treviranus, dans ses Recherches biologiques, developpait d'une maniere tres-spirituelle quelques conjectures sur la distribution climaterique, non des especes, mais des genres et des familles. Tel etait l'ensemble des materiaux que l'on trouvait disperses dans les relations des voyageurs et les memoires de quelques naturalistes francais, allemands et anglais, lorsque M. de Humboldt, s'aidant des travaux importans de M. Bonpland, publia d'abord, apres son retour en Europe, l'Essai sur la Geographie des plantes, fondee sur des mesures qui ont ete executees depuis les 10° de latitude boreale jusqu'aux 10° de latitude australe. C'etait le premier ouvrage specialement consacre a considerer la vegetation dans ses rapports divers avec la temperature moyenne des lieux, avec la pression, l'humidite, la transparence et la tension electrique de l'atmosphere ambiante; a fixer ses rapports d'apres des mesures directes, et a tracer le Tableau des plantes equinoxiales depuis le niveau de l'Oceau jusqu'a 5000 metres de hauteur. Pour faire ressortir davantage les traits caracteristiques de ce Tableau, l'auteur s'etait astreint a comparer les phenomenes de la vegetation des regions tropicales avec ceux que l'on observe dans les regions froides et temperees. Un travail de ce genre ne pouvait etre que tres-incomplet; cependant, malgre son imperfection, peut-etre par la grandeur imposante des objets et par l'enchaeinement des phenomenes qu'il presente a l'imagination, le livre de M. de Humboldt a obtenu d'honorables suffrages, et contribue a repandre le goaut et l'etude de la geographie des plantes. Dans ces dernieres quinze annees, Robert Brown, Leopold de Buch, Chretien Smith, Decandolle, Wahlenberg, Ramond, Willdenow, Schouw, Hornemann, Delile, Kasthofer, Link, Lichtenstein, Schrader, Giesecke, Chamisso, Winch, Bossi, Lambert, Walich, Govan, Walker, Arnott, Hornschuh, Hooker, Lamouroux, Leschenault, Bory de Saint-Vincent, Pollini, Caldas, Llave, Bustamante, Auguste de Saint-Hilaire, Martius, Mirbel, Nees von Esenbeck, Moreau de Jonnes, Bartling, Boue, Steven, Bieberstein, Parrot, James, Sabine, Edwards, Fisher, Gaudichaud, d'Urville, Lesson, Richardson, Reinwardt, Horsfield, Burchell, Nuttal, Schübler, Ringier et Viviani, ont ou traite des questions relatives a cette science, ou fourni des materiaux propres a en reculer les limites. Robert Brown, dont le nom brille du plus vif eclat dans les fastes de la botanique, y a contribue plus qu'aucun autre par quatre memoires celebres sur les proteacees de l'hemisphere austral et sur la distribution geographique des plantes de la Nouvelle-Hollande, des cotes occidentales de l'Afrique et des terres polaires boreales. Il a commence a examiner rigoureusement les especes qui sont identiques dans l'un et l'autre hemisphere; il a fait connaeitre le premier, par des evaluations numeriques, les veritables rapports qu'offrent les grandes divisions du regne vegetal, les acotyledonees, les monocotyledonees et les dicotyledonees. M. de Humboldt a suivi ce genre de recherches, en l'etendant (dans son ouvrage De distributione geographica plantarum secundum coeli temperiem et altitudinem montium et dans divers memoires publies successivement) aux familles naturelles et a leur preponderance sous differentes zones. Celles qui augmentent de l'equateur vers le pole sont les Ericinees et les Amentacees: les familles qui diminuent du pole vers l'equateur sont les Legumineuses, les Rubiacees, les Euphorbiacees et les Malvacees. En comparant les deux continens, on trouve, en general, sous la zone temperee, moins de Labiees et de Cruciferes, et plus de Composees, d'Ericinees et d'Amentacees dans le nouveau continent que dans les zones correspondantes de l'ancien. C'est de la distribution des formes vegetales, de cette preponderance de certaines familles que depend le caractere du paysage, l'aspect d'une nature severe ou riante. L'abondance des Graminees, plantes-sociales, qui forment de vastes savanes, celles des Palmiers et des Coniferes, ont influe de tout temps sur l'etat social des peuples, sur leurs moeurs et le developpement plus ou moins lent des arts de la civilisation. Il y a plus encore: l'unite de la nature est telle, que les formes se sont limitees les unes les autres d'apres des lois constantes et immuables dont l'intelligence humaine n'a point encore penetre le secret. Lorsqu'on connaeit sur un point quelconque du globe le nombre des especes qu'offre une des grandes familles, par exemple celle des Glumacees, des Composees ou des Legumineuses, on peut evaluer avec quelque probabilite, et le nombre total des plantes Phanerogames, et le nombre des especes qui composent les autres tribus de vegetaux. C'est avec une constance infatigable que Wahlenberg a embrasse les Flores de la Laponie, des monts Carpathes et des Alpes de la Suisse. Fondes sur des mesures barometriques exactes, lies aux travaux de M. Decandolle sur la France, et de MM. de Parrot et d'Engelhardt sur le Caucase, les ouvrages de Wahlenberg nous ont fait connaeitre les limites inferieures et superieures des vegetaux dans la zone temperee et glaciale. Il manquait un chaeinon entre les observations de l'Europe et celles de la zone torride. Cette lacune a ete remplie par un illustre geologue, M. Leopold de Buch. Apres avoir mesure la hauteur des glaces eternelles au-dela du cercle polaire, ce savant a trace, conjointement avec l'infortune botaniste norvegien M. Smith, le tableau de la Geographie des plantes dans l'Archipel des Canaries. Des voyageurs anglais ont fait connaeitre, par des entreprises courageuses, la vegetation de l'Himalaya dont la pente septentrionale, a cause du rayonnement de la chaleur des hautes plaines circonvoisines, se trouve denuee de neiges, et accessible aux especes phanerogames a une hauteur prodigieuse. Des expeditions maritimes ont ajoute a ces tresors. Celles de Krusenstern, Kotzebue, Freycinet, Scoresby, Ross, Parry, King et Duperrey ont multiplie, depuis les Malouines et les eiles Mariannes jusqu'a Unalaska et au detroit de Barrow, les observations de Geographie botanique dans des regions deja illustrees par les travaux de Commerson, de Banks, de Solander, de George Forster et de Gieseke. Tant de materiaux renfermes dans des memoires ecrits en differentes langues, meritaient sans doute d'etre recueillis avec soin, compares entre eux, employes a enrichir une des plus belles parties de la philosophie naturelle. La premiere edition de l'Essai sur la Geographie des plantes, qui se trouve a la tete de l'ouvrage de MM. Humboldt et Bonpland, est epuisee depuis plusieurs annees. On a eu le projet de la reimprimer avec quelques additions; mais M. Humboldt prefere de la remplacer par un ouvrage entierement different, par une geographie des plantes qui embrasse l'un et l'autre hemisphere, et pour laquelle il a reuni, depuis plusieurs annees, un grand nombre de materiaux. L'ancien ouvrage ne traitait specialement que de la vegetation equinoxiale du nouveau continent. Compose, pour ainsi dire, a la vue des objets, au pied des Cordilieres, il a paru longtemps avant le grand travail des Nova Genera et Species plantarum oequinoctialium Orbis Novi, dans lequel M. Kunth a decrit quatre mille cinq cents especes de plantes tropicales recueillies par MM. de Humboldt et Bonpland. Ce travail (sept volumes in-folio avec 725 planches) ne servira pas seulement a rectifier et a completer l'indication des especes dans le Tableau des regions equinoxiales, dessine en 1805, il fournira aussi, d'apres la discussion des mesures barometriques, et d'apres l'examen scrupuleux d'un plus grand nombre d'especes qu'on ait jamais pu employer pour ce but, des donnees precises et des coefficiens numeriques sur la distribution des plantes equinoxiales dans les plaines et sur les montagnes, en divisant ces dernieres par zones dont chacune a la largeur de 500 metres. Deja M. Kunth, dans le dernier volume des Nova Genera, a presente les Flores speciales du Venezuela, de Cundinamarca, de Quito et du Mexique. L'ouvrage que nous annoncons n'offrira pas seulement l'inventaire raisonne des faits disperses dans les memoires publies jusqu'a ce jour en differentes parties de l'Europe et de l'Amerique, il sera enrichi aussi de materiaux inedits que l'auteur doit a l'amitie de plusieurs botanistes et voyageurs qui ont etendu le domaine de nos connaissances. La Geographie des plantes est une science mixte qui ne peut s'elever sur une base solide qu'en empruntant a la fois des secours a la Botanique descriptive, a la Meteorologie et a la Geographie proprement dite. Comment resoudre le probleme interessant, quelles plantes cryptogames, quelles graminees, quelles dicotyledonees sont specifiquement identiques dans l'ancien et le nouveau continent, sous les zones temperees australes et boreales, sans consulter dans les herbiers les especes voisines, sans posseder la connaissance la plus exacte de la structure et des caracteres essentiels des especes? Comment juger de l'influence que les agens exterieurs, la nature et l'elevation du sol, les modifications de l'atmosphere, sa temperature, sa pression, son humidite, sa charge electrique, l'extinction des rayons de lumiere qui traversent les couches d'air superposees, exercent sur la vegetation, sans connaeitre l'etat actuel de la meteorologie et de la physique en general? Comment decouvrir les lois de la nature, d'apres lesquelles les divers gronpes de vegetaux sont distribues sur les continens et au sein des mers a diverses latitudes et a diverses hauteurs, sans etre muni d'instrumens propres a mesurer les stations alpines, le decroissement de la chaleur sur la pente des montagnes et dans les couches de l'Ocean, les inflexions des lignes isothermes et la repartition inegale des temperatures entre les differentes saisons de l'annee, sur les cotes et dans l'interieur des continens? Si la geographie des plantes n'a pas fait jusqu'ici les progres rapides auxquels on devait s'attendre apres un si grand nombre de voyages scientifiques, c'est parce que d'un cote les botanistes se trouvent souvent depourvus de moyens necessaires pour examiner la hauteur des lieux et les modifications de l'atmosphere, tandis que de l'autre les physiciens, ou ne possedent pas les connaissances de botanique indispensables a la determination des especes, ou negligent de former des herbiers dans les lieux dont ils ont fixe l'elevation absolue par de bonnes methodes hypsometriques. M. de Humboldt, qui a herborise pendant cinq ans dans les regions equinoxiales, tantot seul, tantot conjointement avec M. Bonpland, s'est trouve eloigne par d'autres occupations, depuis son retour en Europe, de l'etude de la botanique descriptive. Desirant constamment de rendre ses ouvrages moins imparfaits, il s'est associe M. Kunth, qui, par ses talens et par l'importance de ses nombreux travaux, occupe une des premieres places parmi les botanistes de notre temps. L'ouvrage sera redige par M. de Humboldt; les memoires ou notes explicatives ajoutees par M. Kunth, seront signees du nom de ce savant. La Geographie des plantes, redigee d'apres la comparaison des phenomenes que presente la vegetation dans les deux continens, formera 1 vol. in-fol. d'a peu pres 100 feuilles. Aucun ouvrage general de ce genre n'a encore paru en France. L'Essai elementaire de Geographie botanique, par M. Decandolle, renferme beaucoup de vues neuves et ingenieuses; mais l'auteur a ete restreint a un petit nombre de pages, son memoire ayant ete destine pour le Dictionnaire des sciences naturelles, publie par les professeurs du Jardin du Roi. Il n'y a que le Danemark et l'Allemagne qui possedent un ouvrage plus etendu. Cet ouvrage est l'excellent traite de M. Schouw, ayant pour titre: Elemens d'une geographie universelle des vegetaux. L'auteur, deja connu avantageusement par une dissertation De sedibus originariis plantarum, a augmente la masse des faits precedemment connus. Il appartient a ce petit nombre de voyageurs qui, botanistes et physiciens a la fois, comme MM. Ramond, Wahlenberg, Decandolle, Parrot, Leopold de Buch, Ch. Smith et Pollini, ont determine simultanement les especes, la hauteur des stations et les temperatures moyennes des lieux. M. Schouw a etudie avec une noble ardeur la vegetation de l'Europe depuis la peninsule scandinave jusqu'au sommet de l'Etna. Ses Elemens, publies il y a trois ans, meriteraient encore d'etre traduits en francais. Ils sont accompagnes d'un atlas botanique, et ils portent l'empreinte d'un esprit plein de justesse et de sagacite. Dans l'ouvrage danois se trouvent reunies avec soin les observations de geographie botanique que M. de Humboldt a fait connaeitre successivement. Celui-ci, a son tour, va puiser dans les Elemens de M. Schouw tout ce qu'ils renferment de neuf et d'important; mais les deux ouvrages n'auront d'autres ressemblances que celle qui naeit de la necessite de discuter une partie des memes problemes. La geographie des plantes de MM. Humboldt et Kunth sera ornee de 20 planches au moins, dont quelques-unes ont rapport a l'aspect de la vegetation ou physionomie des plantes. Ces planches seront executees d'apres les dessins que M. Rugendas a faits recemment dans les forets du Bresil. Ce jeune artiste, d'un grand merite, a vecu pendant cinq ans au sein des richesses de la vegetation tropicale. Il s'est penetre du sentiment que, dans la sauvage abondance d'une nature si merveilleuse, les effets pittoresques du dessin naissent toujours de la verite et de l'imitation fidele des formes. Le nouvel ouvrage fait essentiellement partie du Voyage aux regions equinoxiales de MM. de Humboldt et Bonpland; c'est, pour ainsi dire, une suite des Nova Genera rediges par M. Kunth. Comme il traite des plus grands problemes de la nature, il n'offre pas seulement un interet scientifique aux botanistes et aux physiciens, il se recommande aussi a la meditation de ceux qui aiment a visiter les montagnes, ou a suivre les voyageurs dans le recit de leurs courses lointaines. Parlant a la fois a l'esprit et a l'imagination, la Geographie botanique, comme l'Histoire de cette antique vegetation qui est enfouie dans le sein de la terre, presente une des etudes les plus attrayantes. Apres avoir expose le detail des phenomenes et avoir decrit les observations partielles, il est permis de s'elever a des idees generales; car ce serait meconnaeitre la destinee de l'esprit humain que de borner le progres des sciences a une accumulation sterile de faits. Conditions de la souscription. Il ne sera tire que 140 exemplaires, dont 125 sur papier jesus, et 15 sur grand colombier. L'ouvrage paraeitra en 4 livraisons. La 1re. sera mise au jour le 1er. juillet 1826, et les suivantes a trois mois d'intervalle l'une de l'autre. Le prix de chaque livraison est, pour le souscripteur, le meme que celui du Nova Genera et Species plantarum, savoir: 180 fr. sur papier jesus; 200 fr. sur grand colombier. On ne paie rien d'avance, mais le souscripteur voudra bien envoyer a l'editeur l'engagement suivant rempli et signe. J'ai charge M. Gide de faire tirer pour moi exemplaire de la Geographie des plantes, par MM. de Humboldt et Kunth, et je m'engage a retirer et payer les quatre livraisons, a mesure qu'elles paraeitront, au prix indique par le prospectus.