Géographie des Plantes, par MM. de Humboldt et Kunth. Un volume in-folio. (Sous presse.) Les sciences ne sont que des méthodes diverses d’étudier les faits et d’en tirer des analogies qui, avec le temps, nous conduisent à des lois générales et permanentes. Vouloir les classifier d’une manière rigoureuse, ce seroit vouloir prescrire d’avance à l’esprit humain un Non plus ultrà qu’il ne devra pas franchir. Elles sont aussi nombreuses que les combinaisons possibles des masses de faits sous un point de vue spécial; il en doit constamment naître de nouvelles. C’est ainsi que les bons esprits ne chercheront pas dispute à ceux qui regardent la Géographie des Plantes comme une science spéciale, ayant son objet distinct et séparé de celui des sciences déjà établies. Ils ne disputeront pas pour savoir si c’est une branche de la botanique ou bien de la géographie-physique; mais ils applaudiront à la fois les botanistes et les géographes qui, chacun de son côté, travailleront d’après des vues différentes, quoique concordantes, à augmenter, à classer, à raisonner nos connoissances relativement au but spécial de la géographie des plantes, qui est, selon nous, «de décrire la proportion numérique, l’association, la propagation et la distribution des plantes par espèces ou par familles, selon les diverses régions naturelles du globe.» Nous pensons que ce but intéressant et important sera extraordinairement avancé par l’ouvrage que nous avons le plaisir d’annoncer ici les premiers à la curiosité du monde savant. Le nom des auteurs le recommande assez; mais on en prendra peut-être une idée encore plus élevée en lisant les considérations préliminaires qui en sont extraites: »Incomplète comme la Géologie, mais plus neuve que cette partie de nos connoissances physiques, la Géographie des plantes a été, dès son origine, moins exposée à ces illusions de l’esprit, à ces rêveries systématiques par lesquelles l’imagination de l’homme se plaît à suppléer au défaut des faits positifs. La marche des sciences suit toujours l’esprit du siècle qui préside à leur développement. La Géographie des plantes a été cultivée avec le plus d’ardeur à cette époque heureuse où le goût de l’observation est devenu dominant, et toutes les branches de la philosophie naturelle ont adopté des méthodes plus sévères. »Les voyageurs qui parcouroient un grand espace de terrain, qui abordoient à des côtes lointaines, ou gravissoient les chaînes des montagnes dont les pentes offrent une diversité de climats superposés comme par étages, étoient frappés à chaque instant des phénomènes curieux de la distribution géographique des végétaux: on peut dire qu’ils recueilloient des matériaux pour une science dont le nom avoit à peine été prononcé. Ces mêmes zones de végétaux, dont le cardinal Bembo, dès le seizième siècle, avoit décrit, avec tous les charmes de l’éloquence latine, l’étendue et la succession sur les flancs de l’Etna, l’infatigable et judicieux Tournefort les retrouva en s’élevant sur le sommet de l’Ararat. Il compara les flores des montagnes avec les flores des plaines sous différentes latitudes: il reconnut le premier que l’élévation au-dessus du niveau de la mer agit sur la distribution des végétaux, comme la distance au pole ou le changement en latitude. »Le génie de Linné féconda les germes d’une science naissante; mais embrassant à la fois, dans son impatiente ardeur, le présent et le passé, la Géographie des plantes et leur histoire, il se livra, dans son mémoire de telluris habitabilis incremento et dans les Coloniæ plantarum, à des hypothèses hardies sur l’origine des espèces multipliées par la déviation accidentelle d’un type primitif, sur les variétés devenues constantes, et sur l’ancien état de nudité de la croûte pierreuse de notre planète recevant peu à peu les végétaux d’un centre commun après de longues migrations. Haller, Gmelin, Pallas, et surtout Reinhold et George Forster, étudièrent avec une attention suivie la distribution géographique de quelques espèces; mais, négligeant l’examen rigoureux des plantes qu’ils avoient recueillies, ils confondirent souvent les productions alpines de l’Europe tempérée avec celles des plantes de la Laponie. On admettoit prématurément l’identité de ces dernières avec des espèces propres aux terres Magellaniques et à d’autres parties de l’hémisphère austral. Déjà Adanson avoit entrevu l’extrême rareté des ombellifères sous la zone torride, et préludé par-là à la connoissance d’une série de phénomènes généralement reconnus de nos jours. La description des végétaux, d’après les divisions d’un système artificiel, a ralenti long-temps l’étude de leurs rapports avec les climats. Dès que les espèces ont été arrangées par familles naturelles, on a pu démêler les formes dont le nombre augmente ou diminue de l’équateur vers le cercle polaire. »Menzel, auteur d’une flore inédite du Japon, avoit prononcé le mot: Géographie des plantes. Il est des sciences dont le nom a existé, pour ainsi dire, avant la science même. Telles ont été, il y a un demi-siècle, la météorologie, l’étude physionomique et la pathologie des végétaux, j’ose ajouter la géologie même. Ce nom, prononcé par Menzel, fut employé, vers l’année 1783, presque à la fois par Giraud Soulavie et par l’illustre auteur des Etudes de la nature, ouvrage qui renferme, à côté de graves erreurs sur la physique du globe, les vues les plus ingénieuses sur les formes, les rapports géographiques et les habitudes des plantes. Le manque de connoissances positives empêcha ces deux auteurs, d’un talent et d’un mérite si inégal, d’avancer dans une carrière dont ils ne savoient mesurer l’étendue. Giraud Soulavie vouloit appliquer les principes exposés dans sa Géographie de la nature à la Géographie physique des végétaux de la France méridionale; mais le contenu de son livre ne répondit guère à un titre si pompeux. On cherche en vain, dans cette Géographie des plantes, les noms d’espèces qui croissent spontanément, ou des mesures indiquant la hauteur des stations. L’auteur se borne à quelques observations sur les plantes cultivées; observations que plus tard Arthur-Young a développées avec beaucoup de sagacité: il distingue dans une coupe verticale du Mont-Mezin, auquel est jointe non une échelle en toises, mais une échelle de la hauteur du mercure dans le baromètre, les trois zones superposées des oliviers, des vignes et des châtaigniers. »C’est dans les derniers vingt ans du siècle écoulé que la détermination plus précise de la température moyenne et les méthodes perfectionnées des mesures barométriques ont fourni des moyens de reconnoître plus rigoureusement l’influence des hauteurs sur la distribution des végétaux dans les Alpes et dans les Pyrénées. Ce que Saussure ne put qu’indiquer dans quelques observations éparses, Ramond le développa avec la supériorité du talent qui caractérise ses ouvrages. Botaniste et géologue à la fois, il fournit dans les observations faites dans les Pyrénées, dans son voyage à la cime du Mont-Perdu, et dans son mémoire sur la végétation alpine, des données précieuses sur la Géographie des plantes de l’Europe entre les parallèles de 42 degrés de latitude. Ces données ont été multipliées par Levy, Kielmann, et surtout par M. de Candolle, dans son introduction à la troisième édition de la Flore françoise des savans et intrépides voyageurs Labillardier, Desfontaines et du Petit-Touas interrogeant la nature, presque à la même époque, dans la mer du Sud, sur le dos de l’Atlas et dans les îles d’Afrique. Des questions plus générales de géographie botanique furent traitées par deux savans distingués d’Allemagne. Dans une dissertation académique (Historiæ vegetabilium Geographicæ specimen), M. Strohmeyer traça le plan de la science entière en énumérant, d’une manière concise, les objets qu’elle embrasse; tandis que M. Tréviranus, dans ses Recherches biologiques, développoit d’une manière très-spirituelle quelques conjectures sur la distribution climatique non des espèces, mais des genres et des familles. »Tel étoit l’ensemble des matériaux que l’on trouvoit dispersés dans les relations des voyageurs et les mémoires de quelques naturalistes françois, allemands et anglois, lorsque M. de Humboldt, d’abord après son retour en Europe, publia, conjointement avec M. Bonpland, l’Essai sur la Géographie des plantes, fondée sur les mesures qui ont été exécutées depuis les 10 degrés de latitude boréale jusqu’aux 10 degrés de latitude australe. C’étoit le premier ouvrage spécialement destiné à considérer la végétation dans ses rapports divers avec la température moyenne des lieux, avec la pression, l’humidité, la transparence et la tension électrique de l’atmosphère ambiante; à fixer ses rapports d’après des mesures directes, et à dresser le tableau des plantes équinoxiales depuis le niveau de l’Océan jusqu’à 2,600 toises de hauteur. Pour faire ressortir davantage les traits caractéristiques de ce tableau, l’auteur s’étoit astreint à comparer les phénomènes de la végétation des régions tropicales avec ceux que l’on observe dans les régions froides et tempérées. Un tel travail ne pouvoit être que très-incomplet; cependant, malgré son imperfection peut-être par la grandeur imposante des objets et l’enchaînement des phénomènes qu’il présente à l’imagination, le livre de M. de Humboldt a obtenu quelques suffrages honorables, et contribué à répandre le goût pour la Géographie des plantes. Dans ces dernières quinze années, Robert Brown, Léopold de Buch, Chrétien Smith, Decandolle, Wahlenberg, Schouw, Hornemann, Kasthofer, Link, Lichtenstein, Gisecke, Chamisso, Winch, Bossi, Lambert, Wallich, Govan, Walker Arnolt, Horneschuh, Hooker, Lamouroux, Leschenault, Bory de Saint-Vincent, Pollini, Caldas, Llove, Bustamante, Aug. de Saint-Hilaire, Martius, Nées d’Esenbeck, Bartling, Steven, Parrot, Gaudichaud, d’Urville, Lesson, Schübler, Viviani, etc., ont fourni de bons matériaux propres à reculer les limites de cette science. Robert Brown, dont le nom brille du plus vif éclat dans les fastes de la Botanique, y a contribué plus qu’aucun autre par quatre mémoires célèbres sur les protéacées et sur la distribution géographique des plantes de la Nouvelle-Hollande, des côtes occidentales de l’Afrique et des terres polaires boréales. Il a commencé à examiner rigoureusement les espèces qui sont identiques dans l’un et l’autre hémisphères; il a fait connoître le premier, par des évaluations numériques, les véritables rapports qu’offrent les grandes divisions du règne végétal, les acotylédonées, les monocotylédonées et les dicotylédonées. M. de Humboldt a suivi ce genre de recherches, en l’étendant (dans son ouvrage de Distributione geographica Plantarum secundum cœli temperiem et altitudinem montium et dans divers mémoires publiés successivement) aux familles naturelles. Celles qui augmentent de l’équateur vers le pole sont les éricinées et les amentacées: les familles qui diminuent du pole vers l’équateur sont les légumineuses, les rubiacées, les euphorbiacées et les malvacées. En comparant les deux continens, on trouve en général, sous la zone tempérée, moins de labiées et de crucifères, et plus de composées, d’éricinées et d’amentacées dans le nouveau continent que dans les zones correspondantes de l’ancien. C’est de la distribution des formes végétales, de la prépondérance de certaines familles que dépend le caractère du paysage, l’aspect d’une nature sévère ou riante. L’abondance des graminées, plantes sociales, qui forment des vastes savanes, des palmiers et des conifères, ont influé de tout temps sur l’état social des peuples, sur leurs mœurs et le développement plus ou moins lent des arts de la civilisation. Il y a plus encore: l’unité de la nature est telle, que les formes se sont limitées les unes les autres d’après des lois constantes et immuables dont l’intelligence humaine n’a point encore pénétré le secret. Lorsqu’on connoît sur un point quelconque du globe le nombre des espèces qu’offre une des grandes familles, par exemple, celle des glumacées, des composées ou des légumineuses, on peut évaluer avec quelque probabilité, et le nombre total des plantes phanérogames, et le nombre des espèces qui composent les autres familles végétales. »C’est avec une constance infatigable que Wahlenberg a embrassé les Flores de la Laponie, des Monts-Carpathes et des Alpes de la Suisse, Fondés sur des mesures barométriques exactes, liés aux travaux de M. Decandolle sur la France, et de MM. Parrot et Engelhart sur le Caucase, les ouvrages de Wahlenberg nous ont fait connoître les limites inférieures et supérieures des végétaux dans la zone tempérée et glaciale. Il manquoit un chaînon entre les observations de l’Europe et celles de la zone torride. Cette lacune a été remplie par le grand géologue M. Léopold de Buch, qui, après avoir mesuré la hauteur des glaces éternelles au-delà du cercle polaire, a tracé, conjointement avec l’infortuné botaniste norvégien M. Smith, le tableau de la Géographie des plantes dans l’Archipel des Canaries. Des voyageurs anglois ont fait connoître récemment la végétation de l’Himalaya, dont la pente septentrionnale, par le rayonnement de la chaleur des hautes plaines circonvoisines, se trouve dénuée de neiges, et inaccessible aux parties phonérogames à une hauteur prodigieuse. Les expéditions maritimes de Krusentern, Kotzebue, Freycinet, Scoresby, Parry et Duperrey ont multiplié, depuis les Malouines et les îles Mariannes jusqu’à Unalaska et au détroit de Barrow, les observations de Géographie botanique dans ce vaste champ en partie illustré par les travaux de Commerson, de Banks, de George Forster et de Gisecke. »Tant de matériaux renfermés dans les mémoires écrits en différentes langues, méritoient sans doute d’être recueillis avec soin, comparés entre eux, employés à enrichir une des plus belles parties de la philosophie naturelle. La première édition de l’Essai sur la Géographie des plantes, qui se trouve à la tête de l’ouvrage de MM. de Humboldt et Bonpland, est épuisée depuis plusieurs années. On a eu le projet de la réimprimer avec quelques additions, mais M. de Humboldt préfère de le remplacer par un ouvrage entièrement différent, par une Géographie des plantes qui embrasse l’un et l’autre hémisphères, et pour laquelle il a réuni avec soin, depuis plusieurs années, un grand nombre de matériaux. L’ancien ouvrage ne traitoit spécialement que de la végétation équinoxiale du Nouveau-Continent. Composé, pour ainsi dire, à la vue des objets, au pied des Cordillères; il a paru longtemps avant le grand travail des Nova Genera et Species plantarum æquinoctialium orbis novi, dans lequel M. Kunth a décrit quatre mille trois cents espèces de plantes tropicales recueillies par MM. de Humboldt et Bonpland. Ce travail (sept volumes in-folio avec 720 planches) ne servira pas seulement à rectifier et à compléter l’indication des espèces dans le Tableau des régions équinoxiales, publié en 1807; il fournira aussi, d’après la discussion des mesures barométriques, et d’après l’examen scrupuleux d’un plus grand nombre d’espèces qu’on ait jamais employé pour ce but, des données intéressantes (coefficiences numériques) sur la distribution des plantes équinoxiales dans les plaines et sur les montagnes, en divisant ces dernières par zones superposées dont chacune a la largeur de 500 mètres. Déjà M. Kunth, dans le dernier volume des Nova Genera, a présenté les Flores spéciales du Vénézuéla, de Cundinamarca, de Quito et du Mexique. L’ouvrage que nous annonçons aujourd’hui n’offrira pas seulement l’inventaire raisonné des faits que présentent les mémoires publiés jusqu’à ce jour dans les différentes parties de l’Europe et de l’Amérique; il sera enrichi de matériaux inédits que l’auteur doit à l’amitié de plusieurs botanistes et voyageurs qui ont entendu le domaine des sciences. »La Géographie des plantes est une science mixte qui ne peut s’élever sur une base solide qu’en empruntant à la fois des secours à la botanique descriptive, à la météorologie et à la géographie proprement dite. Comment résoudre le problème intéressant, quelles plantes cryptogames, quelles graminées, quelles dicotylédonées sont spécifiquement identiques dans l’ancien et le nouveau continent, sous les zones tempérées australes et boréales, sans consulter dans les herbiers les espèces voisines, sans posséder la connoissance la plus exacte de la structure et des caractères essentiels des espèces? Comment juger de l’influence que les agens extérieurs, les modifications de l’atmosphère et du sol, sa température, sa pression, son humidité, la charge électrique et l’extinction des rayons de lumière qui la traversent, exercent sur la végétation sans connoître l’état actuel de la météorologie et de la physique en général? Comment reconnoître les lois de la nature, d’après lesquelles les tribus des végétaux sont distribuées sur les continens et au sein des mers à diverses latitudes et à diverses hauteurs; sans être muni d’instrumens propres à mesurer les stations alpines, le décroissement de la chaleur sur la pente des montagnes et dans les couches supperposées de l’Océan, les inflexions des lignes isothermes, la répartition inégale des températures entre les différentes saisons de l’année, sur les côtes et dans l’intérieur des continens? Si la Géographie des plantes n’a pas fait jusqu’ici les progrès rapides auxquels on devoit s’attendre après un si grand nombre de voyages scientifiques, c’est parce que, d’un côté, les botanistes se trouvent souvent dépourvus de moyens qui sont nécessaires pour mesurer la hauteur des lieux et les modifications de l’atmosphère; tandis que, de l’autre, les physiciens, ou ne possèdent pas les connoissances de botanique indispensables à la détermination des espèces, ou négligent de former des herbiers dans les lieux dont ils ont fixé l’élévation absolue par de bonnes méthodes hypsométriques. Ici, nous aurions voulu que les auteurs ajoutassent quelques mots sur la nécessité d’avoir des idées géographiques, de bien concevoir les régions physiques non seulement d’après la méthode des bassins ou de la circonscription par les lignes de crête, mais encore d’après la méthode des massifs et des terrasses ou de la circonscription par les lignes du plus bas niveau. Cette méthode, en s’étendant et en se modifiant, doit nous conduire à distinguer les régions physiques d’après l’ensemble de tous leurs caractères, à l’instar des familles naturelles. Elle se trouvera essayée sur l’Europe dans le volume VI du Précis de la Géographie universelle, et combinée avec une climatologie nouvelle de cette partie du monde. Nous croyons que cette manière de voir la géographie physique est ce qui manque essentiellement aux botanistes qui se sont occupés de la Géographie des plantes. L’érudition historique critique est un autre élément nécessaire de cette science. L’une et l’autre condition se trouveront remplies chez un voyageur universel comme M. de Humboldt, et chez M. Kunth, nourri de la philosophie scientifique des Allemands et compatriote de M. Ritter, le géographe le plus penseur que nous connoissons. (M. D.) »M. de Humboldt, qui a herborisé avec ardeur pendant cinq ans dans les régions équinoxiales, tantôt seul, tantôt conjointement avec son ami M. Bonpland, a été, depuis son retour en Europe, éloigné, par d’autres occupations de l’étude de la botanique descriptive. Désirant constamment de rendre ses travaux moins imparfaits, il s’est associé, pour l’ouvrage que nous annonçons, M. Kunth, qui, par ses talens et par l’importance de ses nombreux travaux, occupe une des premières places parmi les botanistes de notre temps. L’ouvrage sera rédigé par M. de Humboldt; les mémoires ou notes explicatives ajoutées par M. Kunth, seront signées du nom de ce savant. »Aucun ouvrage général de ce genre n’a encore paru en France. L’Essai élémentaire de Géographie botanique, par M. Decandolle, renferme beaucoup de vues neuves et ingénieuses; mais l’auteur a été restreint à un petit nombre de pages, son mémoire ayant été destiné pour le Dictionnaire des sciences naturelles. Il n’y a que les littératures danoises et allemandes qui puissent se flatter jusqu’ici de posséder un ouvrage plus complet. Cet ouvrage est l’excellent traité de M. Schouw ayant pour titre: Elémens d’une Géographie universelle des végétaux . L’auteur, déjà connu avantageusement par une dissertation de sedibus originariis plantarum, appartient à ce petit nombre de voyageurs qui, botanistes et physiciens à la fois, comme MM. Ramond, Wahlenberg, Decandolle, Parrot, Léopold de Buch, Ch. Smith et Pollini, ont déterminé simultanément les espèces, la hauteur des stations et les températures moyennes des lieux. M. Schouw a étudié avec une noble ardeur la végétation de l’Europe depuis la Péninsule scandinave jusqu’au sommet de l’Etna. Ses Elémens, publiés il y a trois ans, mériteroient encore d’être traduits en françois. Ils sont accompagnés d’un atlas botanique, et portent l’empreinte d’un esprit plein de justesse et d’une connoissance étendue des faits dont l’auteur a augmenté le nombre. Dans l’ouvrage danois se trouvent réunis avec soin les observations de géographie botanique que M. de Humboldt a fait connoître successivement. Celui-ci, à son tour, va puiser dans les Elémens de M. Schouw tout ce qu’ils renferment de neuf et d’important; mais les deux ouvrages n’auront d’autres ressemblances que celle qui naît de la nécessité de discuter une partie des mêmes problêmes.» Les Nouvelles Annales des Voyages ont donné trois analyses des principales parties de cet excellent ouvrage. Nous sommes trèsflattés de voir notre opinion favorable adoptée par des juges aussi compétens. Ces vues générales donnent une haute idée de l’esprit dans lequel est conçue la Géographie des plantes de MM. de Humboldt et Kunth. L’abondance extrême de matériaux inédits ou inaccessibles à d’autres savans nous garantit un ouvrage riche en détails neufs. L’exécution matérielle, l’impression du superbe in-folio que le texte doit former, celle des vingt planches, en partie d’après les desseins de Rugendas, enfin le nombre très-limité des exemplaires qui en seront tirés, feront encore de cet ouvrage savant un des livres de luxe les plus magnifiques.