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Alexander von Humboldt: „Géographie des Plantes“, in: ders., Sämtliche Schriften digital, herausgegeben von Oliver Lubrich und Thomas Nehrlich, Universität Bern 2021. URL: <https://humboldt.unibe.ch/text/1826-Geographie_des_Plantes-1-neu> [abgerufen am 24.04.2024].

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https://humboldt.unibe.ch/text/1826-Geographie_des_Plantes-1-neu
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Titel Géographie des Plantes
Jahr 1826
Ort Paris
Nachweis
in: Nouvelles annales des voyages, de la géographie et de l’histoire 29 (1826), S. 129–139.
Sprache Französisch
Typografischer Befund Antiqua; Auszeichnung: Kursivierung; Fußnoten mit Ziffern.
Identifikation
Textnummer Druckausgabe: IV.64
Dateiname: 1826-Geographie_des_Plantes-1-neu
Statistiken
Seitenanzahl: 11
Zeichenanzahl: 22438

Weitere Fassungen
Géographie des Plantes (Paris, 1826, Französisch)
[Géographie des Plantes] (Stuttgart; Tübingen, 1826, Deutsch)
Géographie des Plantes, rédigée d’après la comparaison des phénomènes que présente la végétation dans les deux continens, par A. de Humboldt et Cr. Kunth. I vol. in-fol., pap. jés. vél. sat., av. pl., la plupart coloriées. Ouvrage précédé d’un Tableau physique des régions équinoxiales, par A. de Humboldt et Aimé Bonpland. (Prospectus). Cet ouvrage fait partie du voyage de MM. Humboldt et Bonpland (Paris, 1826, Französisch)
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Géographie des Plantes, par MM. de Humboldt etKunth. Un volume in-folio. (Sous presse.)

Les sciences ne sont que des méthodes diverses d’étu-dier les faits et d’en tirer des analogies qui, avec letemps, nous conduisent à des lois générales et perma-nentes. Vouloir les classifier d’une manière rigoureuse,ce seroit vouloir prescrire d’avance à l’esprit humain un Non plus ultrà qu’il ne devra pas franchir. Elles sontaussi nombreuses que les combinaisons possibles desmasses de faits sous un point de vue spécial; il en doitconstamment naître de nouvelles. C’est ainsi que les bons esprits ne chercheront pas dis-pute à ceux qui regardent la Géographie des Plantes comme une science spéciale, ayant son objet distinct etséparé de celui des sciences déjà établies. Ils ne dispute-ront pas pour savoir si c’est une branche de la bota-nique ou bien de la géographie-physique; mais ils ap-plaudiront à la fois les botanistes et les géographes qui,chacun de son côté, travailleront d’après des vues diffé-rentes, quoique concordantes, à augmenter, à classer, àraisonner nos connoissances relativement au but spécialde la géographie des plantes, qui est, selon nous, «de dé-»crire la proportion numérique, l’association, la propaga-»tion et la distribution des plantes par espèces ou par fa-»milles, selon les diverses régions naturelles du globe.» Nous pensons que ce but intéressant et important seraextraordinairement avancé par l’ouvrage que nous avonsle plaisir d’annoncer ici les premiers à la curiosité dumonde savant. Le nom des auteurs le recommande assez; |130| mais on en prendra peut-être une idée encore plus éle-vée en lisant les considérations préliminaires qui en sontextraites: »Incomplète comme la Géologie, mais plus neuve quecette partie de nos connoissances physiques, la Géogra-phie des plantes a été, dès son origine, moins exposée àces illusions de l’esprit, à ces rêveries systématiques parlesquelles l’imagination de l’homme se plaît à suppléerau défaut des faits positifs. La marche des sciences suittoujours l’esprit du siècle qui préside à leur développe-ment. La Géographie des plantes a été cultivée avec leplus d’ardeur à cette époque heureuse où le goût de l’ob-servation est devenu dominant, et toutes les branches dela philosophie naturelle ont adopté des méthodes plussévères. »Les voyageurs qui parcouroient un grand espace deterrain, qui abordoient à des côtes lointaines, ou gravis-soient les chaînes des montagnes dont les pentes offrentune diversité de climats superposés comme par étages,étoient frappés à chaque instant des phénomènes curieuxde la distribution géographique des végétaux: on peutdire qu’ils recueilloient des matériaux pour une sciencedont le nom avoit à peine été prononcé. Ces mêmes zonesde végétaux, dont le cardinal Bembo, dès le seizièmesiècle, avoit décrit, avec tous les charmes de l’éloquencelatine, l’étendue et la succession sur les flancs de l’Etna,l’infatigable et judicieux Tournefort les retrouva en s’éle-vant sur le sommet de l’Ararat. Il compara les flores desmontagnes avec les flores des plaines sous différentes la-titudes: il reconnut le premier que l’élévation au-dessusdu niveau de la mer agit sur la distribution des végétaux,comme la distance au pole ou le changement en la-titude. »Le génie de Linné féconda les germes d’une sciencenaissante; mais embrassant à la fois, dans son impa-tiente ardeur, le présent et le passé, la Géographie desplantes et leur histoire, il se livra, dans son mémoire detelluris habitabilis incremento et dans les Coloniæ planta-rum, à des hypothèses hardies sur l’origine des espècesmultipliées par la déviation accidentelle d’un type primi-tif, sur les variétés devenues constantes, et sur l’ancien |131| état de nudité de la croûte pierreuse de notre planète re-cevant peu à peu les végétaux d’un centre commun aprèsde longues migrations. Haller, Gmelin, Pallas, et surtoutReinhold et George Forster, étudièrent avec une atten-tion suivie la distribution géographique de quelques es-pèces; mais, négligeant l’examen rigoureux des plantesqu’ils avoient recueillies, ils confondirent souvent lesproductions alpines de l’Europe tempérée avec celles desplantes de la Laponie. On admettoit prématurément l’i-dentité de ces dernières avec des espèces propres auxterres Magellaniques et à d’autres parties de l’hémisphèreaustral. Déjà Adanson avoit entrevu l’extrême raretédes ombellifères sous la zone torride, et préludé par-là àla connoissance d’une série de phénomènes générale-ment reconnus de nos jours. La description des végétaux,d’après les divisions d’un système artificiel, a ralentilong-temps l’étude de leurs rapports avec les climats. Dèsque les espèces ont été arrangées par familles naturelles,on a pu démêler les formes dont le nombre augmente oudiminue de l’équateur vers le cercle polaire. »Menzel, auteur d’une flore inédite du Japon, avoitprononcé le mot: Géographie des plantes. Il est dessciences dont le nom a existé, pour ainsi dire, avant lascience même. Telles ont été, il y a un demi-siècle, lamétéorologie, l’étude physionomique et la pathologie desvégétaux, j’ose ajouter la géologie même. Ce nom, pro-noncé par Menzel, fut employé, vers l’année 1783,presque à la fois par Giraud Soulavie et par l’illustre au-teur des Etudes de la nature, ouvrage qui renferme, àcôté de graves erreurs sur la physique du globe, les vuesles plus ingénieuses sur les formes, les rapports géogra-phiques et les habitudes des plantes. Le manque de con-noissances positives empêcha ces deux auteurs, d’untalent et d’un mérite si inégal, d’avancer dans une car-rière dont ils ne savoient mesurer l’étendue. Giraud Sou-lavie vouloit appliquer les principes exposés dans sa Géographie de la nature à la Géographie physique des vé-gétaux de la France méridionale; mais le contenu de sonlivre ne répondit guère à un titre si pompeux. On chercheen vain, dans cette Géographie des plantes, les nomsd’espèces qui croissent spontanément, ou des mesures |132| indiquant la hauteur des stations. L’auteur se borne àquelques observations sur les plantes cultivées; observa-tions que plus tard Arthur-Young a développées avecbeaucoup de sagacité: il distingue dans une coupe verti-cale du Mont-Mezin, auquel est jointe non une échelle entoises, mais une échelle de la hauteur du mercure dansle baromètre, les trois zones superposées des oliviers, desvignes et des châtaigniers. »C’est dans les derniers vingt ans du siècle écoulé quela détermination plus précise de la température moyenneet les méthodes perfectionnées des mesures baromé-triques ont fourni des moyens de reconnoître plus rigou-reusement l’influence des hauteurs sur la distribution desvégétaux dans les Alpes et dans les Pyrénées. Ce queSaussure ne put qu’indiquer dans quelques observationséparses, Ramond le développa avec la supériorité du ta-lent qui caractérise ses ouvrages. Botaniste et géologue àla fois, il fournit dans les observations faites dans les Py-rénées, dans son voyage à la cime du Mont-Perdu, etdans son mémoire sur la végétation alpine, des donnéesprécieuses sur la Géographie des plantes de l’Europe entreles parallèles de 42 degrés de latitude. Ces données ont étémultipliées par Levy, Kielmann, et surtout par M. deCandolle, dans son introduction à la troisième édition dela Flore françoise des savans et intrépides voyageurs La-billardier, Desfontaines et du Petit-Touas interrogeant lanature, presque à la même époque, dans la mer du Sud,sur le dos de l’Atlas et dans les îles d’Afrique. Des ques-tions plus générales de géographie botanique furent trai-tées par deux savans distingués d’Allemagne. Dans unedissertation académique (Historiæ vegetabilium Geogra-phicæ specimen), M. Strohmeyer traça le plan de lascience entière en énumérant, d’une manière concise,les objets qu’elle embrasse; tandis que M. Tréviranus,dans ses Recherches biologiques, développoit d’une ma-nière très-spirituelle quelques conjectures sur la distribu-tion climatique non des espèces, mais des genres et desfamilles. »Tel étoit l’ensemble des matériaux que l’on trouvoit dis-persés dans les relations des voyageurs et les mémoiresde quelques naturalistes françois, allemands et anglois, |133| lorsque M. de Humboldt, d’abord après son retour enEurope, publia, conjointement avec M. Bonpland, l’Es-sai sur la Géographie des plantes, fondée sur les mesuresqui ont été exécutées depuis les 10 degrés de latitude bo-réale jusqu’aux 10 degrés de latitude australe. C’étoit lepremier ouvrage spécialement destiné à considérer la vé-gétation dans ses rapports divers avec la températuremoyenne des lieux, avec la pression, l’humidité, la trans-parence et la tension électrique de l’atmosphère am-biante; à fixer ses rapports d’après des mesures directes,et à dresser le tableau des plantes équinoxiales depuis leniveau de l’Océan jusqu’à 2,600 toises de hauteur. Pourfaire ressortir davantage les traits caractéristiques de cetableau, l’auteur s’étoit astreint à comparer les phéno-mènes de la végétation des régions tropicales avec ceuxque l’on observe dans les régions froides et tempérées. Untel travail ne pouvoit être que très-incomplet; cependant,malgré son imperfection peut-être par la grandeur impo-sante des objets et l’enchaînement des phénomènes qu’ilprésente à l’imagination, le livre de M. de Humboldt a ob-tenu quelques suffrages honorables, et contribué à répan-dre le goût pour la Géographie des plantes. Dans ces der-nières quinze années, Robert Brown, Léopold de Buch,Chrétien Smith, Decandolle, Wahlenberg, Schouw, Horne-mann, Kasthofer, Link, Lichtenstein, Gisecke, Cha-misso, Winch, Bossi, Lambert, Wallich, Govan, WalkerArnolt, Horneschuh, Hooker, Lamouroux, Lesche-nault, Bory de Saint-Vincent, Pollini, Caldas, Llove,Bustamante, Aug. de Saint-Hilaire, Martius, Nées d’E-senbeck, Bartling, Steven, Parrot, Gaudichaud, d’Ur-ville, Lesson, Schübler, Viviani, etc., ont fourni de bonsmatériaux propres à reculer les limites de cette science.Robert Brown, dont le nom brille du plus vif éclatdans les fastes de la Botanique, y a contribué plusqu’aucun autre par quatre mémoires célèbres sur les pro-téacées et sur la distribution géographique des plantesde la Nouvelle-Hollande, des côtes occidentales de l’A-frique et des terres polaires boréales. Il a commencé àexaminer rigoureusement les espèces qui sont identiquesdans l’un et l’autre hémisphères; il a fait connoître le pre-mier, par des évaluations numériques, les véritablesrapports qu’offrent les grandes divisions du règne végétal, |134| les acotylédonées, les monocotylédonées et les dicotylédo-nées. M. de Humboldt a suivi ce genre de recherches, enl’étendant (dans son ouvrage de Distributione geogra-phica Plantarum secundum cœli temperiem et altitudinemmontium et dans divers mémoires publiés successive-ment) aux familles naturelles. Celles qui augmententde l’équateur vers le pole sont les éricinées et les amenta-cées: les familles qui diminuent du pole vers l’équateursont les légumineuses, les rubiacées, les euphorbiacées etles malvacées. En comparant les deux continens, ontrouve en général, sous la zone tempérée, moins de labiéeset de crucifères, et plus de composées, d’éricinées et d’a-mentacées dans le nouveau continent que dans les zonescorrespondantes de l’ancien. C’est de la distribution desformes végétales, de la prépondérance de certaines fa-milles que dépend le caractère du paysage, l’aspect d’unenature sévère ou riante. L’abondance des graminées,plantes sociales, qui forment des vastes savanes, despalmiers et des conifères, ont influé de tout temps surl’état social des peuples, sur leurs mœurs et le développe-ment plus ou moins lent des arts de la civilisation. Il y aplus encore: l’unité de la nature est telle, que les formesse sont limitées les unes les autres d’après des lois cons-tantes et immuables dont l’intelligence humaine n’a pointencore pénétré le secret. Lorsqu’on connoît sur un pointquelconque du globe le nombre des espèces qu’offre unedes grandes familles, par exemple, celle des glumacées,des composées ou des légumineuses, on peut évaluer avecquelque probabilité, et le nombre total des plantes pha-nérogames, et le nombre des espèces qui composent lesautres familles végétales. »C’est avec une constance infatigable que Wahlenberga embrassé les Flores de la Laponie, des Monts-Car-pathes et des Alpes de la Suisse, Fondés sur des me-sures barométriques exactes, liés aux travaux de M. De-candolle sur la France, et de MM. Parrot et Engelhartsur le Caucase, les ouvrages de Wahlenberg nous ontfait connoître les limites inférieures et supérieures desvégétaux dans la zone tempérée et glaciale. Il manquoitun chaînon entre les observations de l’Europe et celles dela zone torride. Cette lacune a été remplie par le grand |135| géologue M. Léopold de Buch, qui, après avoir mesuréla hauteur des glaces éternelles au-delà du cercle polaire,a tracé, conjointement avec l’infortuné botaniste norvé-gien M. Smith, le tableau de la Géographie des plantesdans l’Archipel des Canaries. Des voyageurs angloisont fait connoître récemment la végétation de l’Hi-malaya, dont la pente septentrionnale, par le rayon-nement de la chaleur des hautes plaines circonvoisines,se trouve dénuée de neiges, et inaccessible aux partiesphonérogames à une hauteur prodigieuse. Les expéditionsmaritimes de Krusentern, Kotzebue, Freycinet, Sco-resby, Parry et Duperrey ont multiplié, depuis les Ma-louines et les îles Mariannes jusqu’à Unalaska et au détroitde Barrow, les observations de Géographie botaniquedans ce vaste champ en partie illustré par les travaux deCommerson, de Banks, de George Forster et de Gisecke. »Tant de matériaux renfermés dans les mémoires écritsen différentes langues, méritoient sans doute d’être re-cueillis avec soin, comparés entre eux, employés à en-richir une des plus belles parties de la philosophie natu-relle. La première édition de l’Essai sur la Géographie desplantes, qui se trouve à la tête de l’ouvrage de MM. deHumboldt et Bonpland, est épuisée depuis plusieurs an-nées. On a eu le projet de la réimprimer avec quelques ad-ditions, mais M. de Humboldt préfère de le remplacerpar un ouvrage entièrement différent, par une Géogra-phie des plantes qui embrasse l’un et l’autre hémisphères,et pour laquelle il a réuni avec soin, depuis plusieurs an-nées, un grand nombre de matériaux. L’ancien ouvragene traitoit spécialement que de la végétation équinoxialedu Nouveau-Continent. Composé, pour ainsi dire, à lavue des objets, au pied des Cordillères; il a paru long-temps avant le grand travail des Nova Genera et Species plan-tarum æquinoctialium orbis novi, dans lequel M. Kuntha décrit quatre mille trois cents espèces de plantes tro-picales recueillies par MM. de Humboldt et Bonpland.Ce travail (sept volumes in-folio avec 720 planches) neservira pas seulement à rectifier et à compléter l’indicationdes espèces dans le Tableau des régions équinoxiales,publié en 1807; il fournira aussi, d’après la discussion desmesures barométriques, et d’après l’examen scrupuleux |136| d’un plus grand nombre d’espèces qu’on ait jamais em-ployé pour ce but, des données intéressantes (coeffi-ciences numériques) sur la distribution des plantes équi-noxiales dans les plaines et sur les montagnes, en divisantces dernières par zones superposées dont chacune a lalargeur de 500 mètres. Déjà M. Kunth, dans le derniervolume des Nova Genera, a présenté les Flores spécialesdu Vénézuéla, de Cundinamarca, de Quito et du Mexique.L’ouvrage que nous annonçons aujourd’hui n’offrira passeulement l’inventaire raisonné des faits que présententles mémoires publiés jusqu’à ce jour dans les différentesparties de l’Europe et de l’Amérique; il sera enrichi dematériaux inédits que l’auteur doit à l’amitié de plusieursbotanistes et voyageurs qui ont entendu le domaine dessciences. »La Géographie des plantes est une science mixte quine peut s’élever sur une base solide qu’en empruntant àla fois des secours à la botanique descriptive, à la météoro-logie et à la géographie proprement dite. Comment ré-soudre le problème intéressant, quelles plantes cryptoga-mes, quelles graminées, quelles dicotylédonées sont spécifi-quement identiques dans l’ancien et le nouveau continent,sous les zones tempérées australes et boréales, sans consul-ter dans les herbiers les espèces voisines, sans posséder laconnoissance la plus exacte de la structure et des carac-tères essentiels des espèces? Comment juger de l’influenceque les agens extérieurs, les modifications de l’atmo-sphère et du sol, sa température, sa pression, son humi-dité, la charge électrique et l’extinction des rayons delumière qui la traversent, exercent sur la végétationsans connoître l’état actuel de la météorologie et de laphysique en général? Comment reconnoître les lois dela nature, d’après lesquelles les tribus des végétaux sontdistribuées sur les continens et au sein des mers à diverseslatitudes et à diverses hauteurs; sans être muni d’ins-trumens propres à mesurer les stations alpines, le dé-croissement de la chaleur sur la pente des montagneset dans les couches supperposées de l’Océan, les in-flexions des lignes isothermes, la répartition inégale destempératures entre les différentes saisons de l’année, surles côtes et dans l’intérieur des continens? Si la Géogra- |137| phie des plantes n’a pas fait jusqu’ici les progrès rapidesauxquels on devoit s’attendre après un si grand nombrede voyages scientifiques, c’est parce que, d’un côté, lesbotanistes se trouvent souvent dépourvus de moyens quisont nécessaires pour mesurer la hauteur des lieux et lesmodifications de l’atmosphère; tandis que, de l’autre, lesphysiciens, ou ne possèdent pas les connoissances debotanique indispensables à la détermination des espèces,ou négligent de former des herbiers dans les lieux dontils ont fixé l’élévation absolue par de bonnes méthodeshypsométriques(1). »M. de Humboldt, qui a herborisé avec ardeur pendantcinq ans dans les régions équinoxiales, tantôt seul, tantôtconjointement avec son ami M. Bonpland, a été, depuisson retour en Europe, éloigné, par d’autres occupationsde l’étude de la botanique descriptive. Désirant cons-tamment de rendre ses travaux moins imparfaits, il s’estassocié, pour l’ouvrage que nous annonçons, M. Kunth,qui, par ses talens et par l’importance de ses nombreuxtravaux, occupe une des premières places parmi lesbotanistes de notre temps. L’ouvrage sera rédigé parM. de Humboldt; les mémoires ou notes explicativesajoutées par M. Kunth, seront signées du nom de ce sa-vant. »Aucun ouvrage général de ce genre n’a encore paru
(1) Ici, nous aurions voulu que les auteurs ajoutassent quelquesmots sur la nécessité d’avoir des idées géographiques, de bien con-cevoir les régions physiques non seulement d’après la méthode des bassins ou de la circonscription par les lignes de crête, mais encored’après la méthode des massifs et des terrasses ou de la circonscrip-tion par les lignes du plus bas niveau. Cette méthode, en s’étendantet en se modifiant, doit nous conduire à distinguer les régions phy-siques d’après l’ensemble de tous leurs caractères, à l’instar des fa-milles naturelles. Elle se trouvera essayée sur l’Europe dans le vo-lume VI du Précis de la Géographie universelle, et combinée avec uneclimatologie nouvelle de cette partie du monde. Nous croyons quecette manière de voir la géographie physique est ce qui manque es-sentiellement aux botanistes qui se sont occupés de la Géographiedes plantes. L’érudition historique critique est un autre élément né-cessaire de cette science. L’une et l’autre condition se trouverontremplies chez un voyageur universel comme M. de Humboldt, etchez M. Kunth, nourri de la philosophie scientifique des Allemandset compatriote de M. Ritter, le géographe le plus penseur que nousconnoissons. (M. D.)
|138| en France. L’Essai élémentaire de Géographie botanique,par M. Decandolle, renferme beaucoup de vues neuveset ingénieuses; mais l’auteur a été restreint à un petitnombre de pages, son mémoire ayant été destiné pour leDictionnaire des sciences naturelles. Il n’y a que les litté-ratures danoises et allemandes qui puissent se flatterjusqu’ici de posséder un ouvrage plus complet. Cet ou-vrage est l’excellent traité de M. Schouw ayant pour titre: Elémens d’une Géographie universelle des végétaux (1).L’auteur, déjà connu avantageusement par une dis-sertation de sedibus originariis plantarum, appartientà ce petit nombre de voyageurs qui, botanistes etphysiciens à la fois, comme MM. Ramond, Wahlenberg,Decandolle, Parrot, Léopold de Buch, Ch. Smith etPollini, ont déterminé simultanément les espèces, lahauteur des stations et les températures moyennes deslieux. M. Schouw a étudié avec une noble ardeur la vé-gétation de l’Europe depuis la Péninsule scandinave jus-qu’au sommet de l’Etna. Ses Elémens, publiés il y a troisans, mériteroient encore d’être traduits en françois. Ilssont accompagnés d’un atlas botanique, et portent l’em-preinte d’un esprit plein de justesse et d’une connoissanceétendue des faits dont l’auteur a augmenté le nombre.Dans l’ouvrage danois se trouvent réunis avec soin lesobservations de géographie botanique que M. de Hum-boldt a fait connoître successivement. Celui-ci, à son tour,va puiser dans les Elémens de M. Schouw tout ce qu’ilsrenferment de neuf et d’important; mais les deux ou-vrages n’auront d’autres ressemblances que celle quinaît de la nécessité de discuter une partie des mêmesproblêmes.»
Ces vues générales donnent une haute idée de l’es-prit dans lequel est conçue la Géographie des plantes de MM. de Humboldt et Kunth. L’abondance extrême dematériaux inédits ou inaccessibles à d’autres savans nousgarantit un ouvrage riche en détails neufs. L’exécution
(1) Les Nouvelles Annales des Voyages ont donné trois analyses desprincipales parties de cet excellent ouvrage. Nous sommes très-flattés de voir notre opinion favorable adoptée par des juges aussicompétens.
|139| matérielle, l’impression du superbe in-folio que le textedoit former, celle des vingt planches, en partie d’aprèsles desseins de Rugendas, enfin le nombre très-limité desexemplaires qui en seront tirés, feront encore de cetouvrage savant un des livres de luxe les plus magnifiques.