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Alexander von Humboldt: „De la température des différentes parties de la zone torride au niveau de la mer“, in: ders., Sämtliche Schriften digital, herausgegeben von Oliver Lubrich und Thomas Nehrlich, Universität Bern 2021. URL: <https://humboldt.unibe.ch/text/1826-De_la_Temperature-2-neu> [abgerufen am 19.04.2024].

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Titel De la température des différentes parties de la zone torride au niveau de la mer
Jahr 1826
Ort Genf
Nachweis
in: Bibliothèque universelle des sciences, belles-lettres, et arts 33:3 (November 1826), S. 197–217.
Sprache Französisch
Typografischer Befund Antiqua; Auszeichnung: Kursivierung; Fußnoten mit Ziffern; Schmuck: Kapitälchen, Trennzeichen; Tabellensatz.
Identifikation
Textnummer Druckausgabe: IV.61
Dateiname: 1826-De_la_Temperature-2-neu
Statistiken
Seitenanzahl: 21
Zeichenanzahl: 31605

Weitere Fassungen
De la Température des différentes parties de la zone torride au niveau des mers (Paris, 1826, Französisch)
De la température des différentes parties de la zone torride au niveau de la mer (Genf, 1826, Französisch)
Von der in verschiedenen Theilen der heißen Zone am Spiegel des Meeres Statt findenden Temperatur. (Mitgetheilt von dem Hrn. Verfasser) (Leipzig, 1826, Deutsch)
Observations on the Mean Temperature of the Equatorial Regions (Edinburgh; London, 1827, Englisch)
Ueber die Temperatur der verschiedenen Theile der heißen Zone am Meeresspiegel (Erfurt; Weimar; Leipzig, 1827, Deutsch)
O temperaturze w róźnych ezęściach strefy gorącey, na morzu (Vilnius, 1827, Polnisch)
Ueber die Temperatur der verschiedenen Theile der heißen Zone am Meeresspiegel (Weimar, 1827, Deutsch)
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PHYSIQUE DU GLOBE.

De la température des différentes parties dela zone torride au niveau de la mer; extraitdes T. XI et XII du Voyage aux Régions Equi-noxiales du Nouveau Continent, par MM. de Hum-bold et Bonpland.


Chaque année voit paroître deux nouveaux volu-mes du précieux ouvrage de Mr. de Humboldt. Nousannonçâmes en janvier 1825 (1) les T. IX et X: lesT. XI et XII, les ont suivis à quelques mois de dis-tance. Le texte et les nombreuses notes de ceux-cirenferment une foule de documens et de calculs impor-tans, sur la statistique des nouveaux Etats de l’Amériqueméridionale et de l’île de Cuba: en conséquence lesrenseignemens scientifiques y sont moins abondans.Cependant, les observations météorologiques faites à laHavane, amènent l’auteur à comparer le climat de cetteville avec celui d’autres lieux situés dans la zone torride,et ici le texte est accompagné d’un Mémoire sous formede note, sur la température des diverses parties de cettezone. Fidèles au plan que nous croyons devoir suivre
(1) Voyez Bibl. Univ. T. XXXI, p. 56.
|198| dans l’intérêt de la science, à l’égard de l’ouvrage deMr. de Humboldt, nous détachons les deux morceaux,soit du texte, soit des notes, dans lesquels ce sujet esttraité d’une manière complète.
«Le climat de la Havane,» dit l’auteur (1), «est ce-lui qui correspond à la limite extrême de la zone tor-ride; c’est un climat tropical dans lequel une distri-bution plus inégale de la chaleur entre les différentesparties de l’année annonce déjà le passage aux climats dela zone tempérée. Calcutta (lat. 22° 34′ N.), Canton (lat.23°8′N.), Macao (lat. 22°12′N.), la Havane (lat. 23°9′N.),et Rio Janeiro (lat. 22°54′S.), sont des endroits aux-quels leur position, au niveau de l’Océan et près destropiques du Cancer et du Capricorne, par conséquent àégale distance de l’équateur, donne une grande im-portance pour l’étude de la météorologie. Cette étudene peut avancer que par la détermination de certains élémens numériques qui sont la base indispensable deslois que l’on cherche à découvrir. Comme l’aspect dela végétation est identique vers les bords de la zonetorride et sous l’équateur, on s’accoutume à confondrevaguement les climats des deux zones comprises entre0° et 10°, et entre 15 et 23° de latitude. La région despalmiers, des bananes et des graminées arborescentess’étend même bien au-delà des deux tropiques; maisil seroit dangereux (comme on l’a fait récemment, lorsde la mort du docteur Oudney, en discutant l’élévationdu sol à laquelle la glace a pu se former dans le royaume
(1) T. XI, p. 247.
|199| de Bornou), d’appliquer ce que l’on a observé à l’ex-trémité de la zone tropicale, à ce qui peut avoir lieudans les plaines voisines de l’équateur. C’est pour rec-tifier ces erreurs qu’il est important de bien faire con-noître les températures moyennes de l’année et des mois,comme les oscillations thermométriques en différentessaisons, sous le parallèle de la Havane, et de prouverpar une comparaison exacte avec d’autres points égale-ment éloignés de l’équateur, par exemple, avec RioJaneiro et Macao, que les grands abaissemens de tem-pérature observés à l’île de Cuba sont dûs à l’irruptionet au déversement des couches d’air froid qui se por-tent des zones tempérées vers les tropiques du Cancer etdu Capricorne. La température moyenne de la Havaneest, d’après quatre années de bonnes observations, 25°, 7(20°, 6 R.), seulement de 2° C. supérieure à celle desrégions de l’Amérique les plus rapprochées de l’équa-teur (1). La proximité de la mer élève sur les côtes latempérature moyenne de l’année; mais dans l’intérieurde l’île, là où les vents du nord pénètrent avec la mêmeforce et où le sol s’élève à la petite hauteur de 40 toi-ses (2), la température moyenne n’atteint que 23°(18°, 4 R.), et ne surpasse pas celles du Caire et de toutela Basse-Egypte. Les différences entre la température
(1) Temp. moy. de Cumana (lat. 10°27′) 27°,7 C. On assureque même, dans les Petites-Antilles, par 13° et 16° de latitude, ontrouve pour la Guadeloupe 27°,5; pour la Martinique, 27°,2; pourla Barbade, 26°,3. Hist. phys. des Antilles. T. I, p. 186.(2) A peine 6 toises de plus que la hauteur de Paris (premierétage de l’Observatoire royal) au-dessus du niveau de la mer.
|200| moyenne du mois le plus chaud et le plus froid s’élè-vent, dans l’intérieur de l’île, à 12°; à la Havane,sur les côtes, à 8°; à Cumana, à peine à 3°. Les moisles plus chauds, juillet et août, atteignent, à l’île deCuba, 28°,8, peut-être même 29°,5 de tempéra-ture moyenne, comme sous l’équateur. Les mois lesplus froids sont décembre et janvier: leur températuremoyenne est, dans l’intérieur de l’île, 17°; à la Ha-vane, 21°, c’est-à-dire 5° à 8° au-dessous des mêmesmois, sous l’équateur, mais encore 3° au-dessus du moisle plus chaud à Paris. Quant aux températures extrê-mes (1) qu’atteint le thermomètre centigrade, à l’om-bre, on observe, vers la limite de la zone torride, cequi caractérise les régions les plus rapprochées de l’é-quateur (entre 0° et 10° de latit. bor. et austr.); le ther-momètre qui a été vu à Paris, à 38°,4 (30°,7 R.), nemonte, à Cumana, qu’à 33°; à la Vera-Cruz, il n’a été,en treize ans, qu’une seule fois à 32° (25°,6 R.); à laHavane, Mr. Ferrer ne l’a vu osciller, en trois ans(1810-1812), qu’entre 16° et 30°. Mr. Robredo, dansles Notes manuscrites que je possède, cite comme unechose remarquable que la température, en 1801, s’estélevée à 34°,4 (27°,5 R.), tandis qu’à Paris, d’après lesrecherches curieuses de Mr. Arago, les extrêmes de tem-pérature entre 36°,7 et 38° (29°,4 et 30°,7 R.) ont été
(1) Mr. Lachenaie assure avoir vu monter en 1800 le thermomètrecentésimal, à l’ombre (à Sainte-Rose, dans l’île de la Guadeloupe),à 39°,3; mais on ignore si son instrument étoit exact et libre deseffets du rayonnement. A la Martinique, les extrêmes sont 20°et 35°.
|201| atteints quatre fois en dix ans (de 1793 à 1803). Legrand rapprochement des deux époques où le soleil passepar le zénit des lieux situés vers l’extrémité de la zonetorride rend souvent très-intenses, les chaleurs du lit-toral de Cuba et de tous les endroits compris entre lesparallèles de 20° et 23°½, moins pour des mois entiers,que pour un groupe de quelques jours. Année commune,le thermomètre ne monte pas, en août, au-delà de 28°à 30°; j’ai vu qu’on se plaignoit d’une excessive cha-leur lorsqu’il s’élevoit à 31° (24°,8 R.). L’abaissementde la température hivernale à 10° ou 12° est déjà assezrare; mais lorsque le vent du nord souffle pendant plu-sieurs semaines et qu’il amène l’air froid du Canada,on voit quelquefois, dans l’intérieur de l’île, dans laplaine et à très-peu de distance de la Havane, se for-mer de la glace pendant la nuit (1). D’après les obser-vations de MM. Wells et Wilson, on peut admettre quele rayonnement du calorique produit cet effet lorsquele thermomètre se soutient encore à 5° et même à 9° au-dessus du point de la congélation; mais Mr. Robredom’a assuré avoir vu le thermomètre à zéro même. Cetteformation d’une glace épaisse presqu’au niveau de lamer, dans un lieu qui appartient à la zone torride,frappe d’autant plus le physicien, qu’à Caraccas (lati-tude 10°31′) et à 477 toises de hauteur, l’atmosphèrene se refroidit pas au-dessous de 11°; et que, plus près
(1) Ce froid accidentel avoit déja frappé les premiers voyageurs.«En Cuba, dit Gomara, algo se siente el frio.» (Hist. de l’Ind., fol. xxvii.)
|202| de l’équateur, il faut monter à 1400 toises de hauteurpour voir se former de la glace (1). Il y a plus encore,entre la Havane et Saint-Domingue, entre le Batabanoet la Jamaïque, il n’y a qu’une différence de 4° ou 5°de latitude; et à Saint-Domingue, à la Jamaïque, àla Martinique et à la Guadeloupe, les minima de tem-pérature dans les plaines (2) sont de 18°,5 à 20°,5.»
«Il sera intéressant de comparer le climat de la Ha-vane avec celui de Macao et de Rio Janeiro, deux en-droits dont l’un est également placé près des bords dela zone torride boréale, mais sur la côte orientale del’Asie, et l’autre sur une côte orientale d’Amérique, versl’extrémité de la zone torride australe. Les tempéra-tures moyennes de Rio Janeiro sont déduites de 3500observations faites par Mr. Benito Sanchez Dorta; cellesde Macao, de 1200 observations, que Mr. l’abbé Ri-chenet a bien voulu me communiquer.»
(1) On n’en voit pas même encore à Quito (1490 t.), situé dansune vallée étroite, où un ciel souvent brumeux diminue la force durayonnement.(2) L’observation de 18°,5 est de Mr. Hapel-Lachenaie. M. Le Druassure aussi n’avoir vu le thermomètre descendre à Porto-Ricco qu’à18°,7; mais il croit qu’il tombe de la neige sur les montagnes de Lo-quilo, dans la même île.
|203|
Havane.lat. 23°9′N. Macao.lat. 22°12′N. Rio-Janeiro.lat. 22°54′S.
Temp. moy. de l’année 25°,7 23°,3 23°,5
—du mois le plus chaud 28,8 28,4 27,2
—du mois le plus froid 21,1 16,6 20,0
«Le climat de la Havane, malgré la fréquence desvents du nord et du nord-ouest, est plus chaud que ce-lui de Macao et de Rio Janeiro. Le premier de ces deuxendroits ne participe au froid qu’à cause de la fréquencedes vents ouest qu’on éprouve en hiver sur toutes les côtesorientales d’un grand continent. La proximité des terresd’une extrême largeur, couvertes de montagnes et deplateaux, rend la distribution de la chaleur, entre lesdifférens mois de l’année, plus inégale à Macao et àCanton que dans une île cotoyée vers l’ouest et vers lenord des eaux chaudes du Gulf-stream. Aussi, à Can-ton et à Macao les hivers sont beaucoup plus froidsqu’à la Havane. Les températures moyennes de dé-cembre, janvier, février et mars ont été, à Canton,en 1801, entre 15° et 17°,3 C.; à Macao, entre 16°,6 et20°; lorsqu’à la Havane elles sont généralement entre21° et 24°,3: cependant la latitude de Macao est de 1°plus australe que celle de la Havane; et cette dernièreville et Canton sont, à une minute près, sur le mêmeparallèle. Or, quoique les lignes isothermes ou d’égalechaleur aient un sommet concave vers le pôle dans le système des climats de l’Asie orientale, comme dans le |204| système des climats de l’ Amérique orientale, le refroi-dissement, sur le même parallèle géographique, estpourtant plus considérable encore du côté de l’Asie (1).Pendant neuf ans (1806—1814), l’abbé Richenet, quise servoit de l’excellent thermomètre à maxima et à minima de Six, a vu descendre cet instrument jusqu’à3°,3 et 5° (38° et 41° Fahr.). A Canton, le thermomè-tre atteint presque quelquefois le point zéro; et, parl’effet du rayonnement, on y trouve de la glace sur lesterrasses des maisons. Quoique ce grand froid ne durejamais plus d’un seul jour, les négocians anglais quirésident à Canton aiment à faire du feu de cheminée,de novembre à janvier; tandis qu’à la Havane on nesent pas même la nécessité de se chauffer au brazero. La grêle est fréquente et extrêmement grosse sous lesclimats asiatiques de Canton et de Macao, tandis qu’onl’observe à peine tous les quinze ans à la Havane. Dansles trois endroits, le thermomètre se soutient quelque-fois pour plusieurs heures entre 0° et 4° C., et ce-pendant (ce qui me paroît bien remarquable) on n’ya jamais vu tomber de la neige; et, malgré les grandsabaissemens de la température, le bananier et les pal-miers offrent, autour de Canton, de Macao et de la
(1) Telle est la différence du climat des côtes orientales et occiden-tales de l’Ancien-Continent, qu’à Canton (lat. 23°8′), la tempéra-ture moyenne de l’année est 22°,9, lorsqu’à Sainte-Croix de Ténériffe(lat. 28° 28′) elle est, d’après MM. de Buch et Escolar, de 23°,8.Canton, situé sur une côte orientale, participe du climat continental;Ténériffe est une île rapprochée des côtes occidentales de l’Afrique.
|205| Havane, une végétation tout aussi belle que dans lesplaines les plus rapprochées de l’équateur.»
«Il est heureux pour l’étude approfondie de la météo-rologie que, dans l’état actuel de la civilisation, on puissedéjà réunir tant d’élémens numériques sur le climat deslieux qui sont placés presque immédiatement sous lesdeux tropiques. Cinq des plus grandes villes du mondecommerçant, Canton, Macao, Calcutta, la Havane etRio Janeiro, se trouvent dans cette position. De plus,dans l’hémisphère boréal, Mascate, Syène, Nuevo-Santander, Durango et les plus septentrionales des îlesSandwich; dans l’hémisphère austral, Bourbon, Ile-de-France et le port de Cobija, entre Copiapo et Arica,sont des lieux fréquentés par les Européens, et offrentaux physiciens les mêmes avantages de position queRio Janeiro et la Havane. La climatologie avance len-tement, parce que l’on accumule au hasard des résultatsobtenus dans des points du globe où commence à sedévelopper la civilisation humaine. Ces points formentde petits groupes séparés les uns des autres par d’im-menses espaces de terres inconnues aux météorologistes.Pour reconnoître les lois de la nature dans la distribu-tion de la chaleur sur le globe, il faut donner aux ob-servations une direction conforme aux besoins d’unescience naissante, et savoir quelles données numériquessont les plus importantes. Nuevo-Santander, sur lescôtes orientales du golfe du Mexique, a probablementune température moyenne inférieure à celle de l’île deCuba. L’atmosphère doit y participer au froid hivernald’un grand continent qui s’élargit vers le nord-ouest. |206| Au contraire, si nous quittons le système des climatsde l’ Amérique orientale, si nous franchissons le bassinou plutôt la vallée submergée de l’Atlantique pour fixernos regards sur les côtes d’Afrique, nous trouvons,dans le système des climats cisatlantiques, sur le lit-toral occidental de l’ancien continent, des lignes iso-thermes relevées, convexes vers le pôle. Le tropiquedu Cancer y passe entre le cap Bojador et le cap Blanc,près de Rio do Ouro, sur les bords inhospitaliers du dé-sert de Sahara, et la température moyenne de ces lieuxdoit être bien au-dessus de celle de la Havane, pour ladouble raison de leur position sur une côte occidentale, et de la proximité du désert qui rayonne la chaleur etrépand des molécules de sable dans l’atmosphère..............................................................................................» «La connoissance exacte du climat de la Havane etde Rio Janeiro,» ajoute l’auteur dans son Mémoireen Note (1), «situés sous les tropiques du Cancer et duCapricorne, complète les notions que nous avons ac-quises sur les températures moyennes des différentesparties de la région équinoxiale. Cette région offre sansdoute le maximum de chaleur moyenne annuelle sousl’équateur même; mais la chaleur décroît presqu’insen-siblement depuis l’équateur jusqu’à 10° de latitude;elle décroît avec plus de rapidité du parallèle de 15° àcelui de 23°. Ce qui frappe le voyageur en allant del’équateur vers les tropiques, est moins le décrois-
(1) T. XII, p. 199.
|207| sement de la température moyenne annuelle, que l’iné-gale distribution de la chaleur entre les différentes par-ties de l’année. On ne sauroit douter que les élémensnumériques de la climatologie tropicale ne soient en-core loin d’être déterminés avec une égale précision:on doit travailler constamment à les perfectionner; maisdéjà, dans l’état actuel de la science, on peut assignerà ces élémens certaines limites d’erreur qu’il n’estpas probable de voir dépasser par de nouvelles obser-vations. Nous avons déjà reconnu que les tempéra-tures moyennes de la Havane, de Macao et de RioJaneiro, trois endroits situés au niveau de la mer, àl’extrémité de la zone équatoriale, dans les deuxhémisphères, sont 25°,7, 23°,3, 23°,5 C., et queces différences proviennent de la répartition inégale desterres et des mers voisines. Quel est le degré de tem-pérature qu’on doit admettre pour l’équateur? Cettequestion a été agitée récemment dans un Mémoire queMr. Atkinson a publié dans le second volume des Me-moirs of the Astronomical Society of London (p. 137-183), et qui renferme des considérations très-judi-cieuses sur plusieurs points importans de la météoro-logie. Le savant auteur tâche de déduire de mes propresobservations, en employant les artifices du calcul leplus rigoureux, que la température moyenne de l’équa-teur est, pour le moins, de 29°,2 du thermomètre cen-tigrade (84°,5 F.), et non de 27°,5 (81°,5 F.), commeje l’ai supposé dans mon Essai sur les Lignes iso-thermes. Kirwan s’étoit arrêté à 28°,8; Mr. Brewster, |208| dans ses formules climatériques, à 28°,2. (Edinb. Journ.of Science, 1826, n° 7, p. 180.)»
«S’il étoit question, dans cette discussion, de latempérature moyenne d’une bande équatoriale entou-rant le globe entier et limitée par les parallèles de3° N. et 3° S., il faudroit examiner avant tout la tem-pérature de l’Océan équatorial; car il n’y a qu’unsixième de la circonférence du globe qui, dans cettebande, appartient à la terre-ferme. Or, la tempéra-ture moyenne de l’Océan, entre les limites que nousvenons d’énoncer, oscille en général entre 26°,8 et 28°.Je dis en général, car on trouve quelquefois entre cesmêmes limites des maxima restreints à des zones quiont à peine la largeur d’un degré, et dont la tempé-rature s’élève, par différentes longitudes, de 28°,7 à29°,3. J’ai observé cette dernière température, qu’onpeut regarder comme extrêmement élevée dans l’OcéanPacifique, à l’est des îles Galapagos, et récemmentMr. le baron Dirkinck de Holmfeldt, officier très-ins-truit de la marine danoise, qui, à ma prière, a fait ungrand nombre d’observations thermométriques, a trouvé(lat. 2° 5′ N.; long. 81° 54′ O.), presque sur le parallèlede la Punta Guascama, la surface de l’eau à 30°,6. Ces maxima n’appartiennent pas à l’équateur même; onles observe tantôt au nord, tantôt au sud de l’équateur,souvent entre les 2°½ et 6° de latitude. Le grand cerclequi passe par les points où les eaux de la mer sontles plus chaudes, coupe l’équateur sous un angle quisemble varier avec la déclinaison du soleil. Dans l’O-céan Atlantique, on est même venu plusieurs fois de la |209| zone tempérée boréale à la zone tempérée australe, sansavoir vu monter, dans la bande des eaux les plus chau-des, le thermomètre centigrade au-dessus de 28°. Les maxima y ont été pour Perrins, 28°,2; pour Churruca,28°,7; pour Quevedo, 28°,6; pour Rodman, 28°,8; pourJohn Davy, 28°,1. L’air qui repose sur ces eaux équa-toriales est de 1° à 1°½ plus froid que l’Océan. Il ré-sulte de ces faits que, sur les ⅚ de la circonférencedu globe, la bande équatoriale pélagique, loin d’offrirune température moyenne de 29°,2 (84°,5 F.), n’a pro-bablement pas même 28°,5. Mr. Atkinson lui-mêmeconvient (p. 171) que le mélange des parties océa-niques et continentales tend à diminuer la tempéra-ture moyenne de l’équateur. Mais en se bornant auxseules plaines continentales de l’Amérique méridio-nale, ce savant adopte pour la zone équatoriale (de1° N. à 1° S.), d’après différentes suppositions théori-ques, 29°,2 ou 31°. Il fonde cette conclusion sur lefait que, déjà, par 10°27′ de latitude, à Cumana, latempérature moyenne est 27°,6, et que, d’après la loide l’accroissement de la chaleur du pôle à l’équateur(accroissement qui dépend du carré du cosinus de lalatitude), la température moyenne de l’équateur doitêtre pour le moins au-dessus de 29°,2. Mr. Atkinsontrouve la confirmation de ce résultat, en réduisant auniveau des mers équatoriales plusieurs des tempéra-tures que j’ai observées sur la pente des Cordillèresjusqu’à cinq cents toises de hauteur. Tout en em-ployant les corrections qu’il croit dues à la latitudeet à la diminution progressive de la chaleur dans |210| un plan vertical, il ne se dissimule pas combien laposition des lieux sur de vastes plateaux ou dans desvallées étroites, rend incertaine une partie de ces cor-rections. (Mem. of the Astr. Soc., T. II, p. 149, 158,171, 172, 182, 183.)» «Lorsqu’on étudie le problème de la distributionde la chaleur à la surface du globe dans toute sa gé-néralité, et qu’on le débarrasse des considérations ac-cessoires de localités (par exemple des effets de la con-figuration, de la couleur et de la nature géognostiquedu sol, de ceux de la prédominance de certains vents,de la proximité des mers, de la fréquence des nuageset des brouillards, du rayonnement nocturne vers unciel plus ou moins serein, etc.), on trouve que la tem-pérature moyenne d’une station dépend des différentesmanières dont se manifeste l’influence de la hauteurméridienne du soleil. Cette hauteur détermine à la fois,la durée des arcs semi-diurnes, la longueur et la dia-phanéité de la portion d’atmosphère que les rayonstraversent avant d’atteindre l’horizon, la quantité derayons absorbés ou échauffans (quantité qui augmenterapidement quand l’angle d’incidence compté du ni-veau de la surface, s’accroît), enfin le nombre de rayonssolaires qu’un horizon donné embrasse. La loi de Mayer,avec toutes les modifications qu’on y a introduites de-puis trente ans, est une loi empirique qui représentela généralité des phénomènes par approximation etsouvent d’une manière satisfaisante, mais que l’on nesauroit employer à combattre le témoignage des obser-vations directes. Si la surface du globe, depuis l’équa- |211| teur jusqu’au parallèle de Cumana, étoit un désertcomme le Sahara, ou une savanne uniformément cou-verte de graminées comme les Llanos de Calabozo etde l’Apure, il y auroit indubitablement un accroisse-ment de la température moyenne depuis les 10° ½ delatitude jusqu’à l’équateur; mais il est très-probableque cet accroissement n’atteindroit pas ¾ de degré duthermomètre centésimal. Mr. Arago dont les impor-tantes et ingénieuses recherches s’étendent sur toutesles branches de la météorologie, a reconnu, par desexpériences directes, que depuis l’incidence perpen-diculaire jusqu’à 20° de distance zénitale, la quantitéde lumière réfléchie est à-peu-près la même. Il a trouvéaussi que l’effet photométrique de la lumière solairevarie extrêmement peu, à Paris, au mois d’août, demidi à trois heures du soir, malgré les changemensdans la longueur du chemin que parcourent les rayonsen traversant l’atmosphère.» «Si j’avois fixé la température moyenne équatoriale ennombres ronds, à 27°½, c’étoit pour attribuer à la zoneéquatoriale proprement dite (de 3° N. à 3° S.) la tem-pérature moyenne de Cumana (27°,7). Cette ville, en-vironnée de sables arides, placée sous un ciel toujoursserein, et dont les vapeurs légères ne se résolvent pres-que jamais en pluie, offre un climat plus ardent quetous les lieux qui l’environnent et qui sont égalementplacés au niveau de la mer. En avançant dans l’Amé-rique du sud vers l’équateur, par l’Orénoque et le RioNegro, la chaleur diminue, non à cause de l’élévationdu sol qui, depuis le fortin de San Carlos, est très- |212| peu considérable, mais à cause des forêts, de la fré-quence des pluies et du manque de diaphanéité de l’at-mosphère. Il est à regretter que les voyageurs, mêmeles plus laborieux, soient si peu en état d’avancer lesprogrès de la météorologie, en augmentant nos con-noissances sur les températures moyennes. Ils ne sé-journent pas assez de temps dans les pays dont on vou-droit connoître le climat; ils ne peuvent recueillir pourla moyenne annuelle que les observations que d’autresont faites, et le plus souvent à des heures et à l’aided’instrumens qui sont loin de donner des résultatsexacts. A cause de la constance des phénomènes at-mosphériques sous la zone la plus rapprochée de l’é-quateur, un court espace de temps suffit sans doute pourdonner approximativement les températures moyennesà différentes hauteurs au-dessus du niveau de l’Océan.Je me suis partout livré à ce genre de recherches; maisle seul résultat bien précis que j’aie pu rapporter, et quiest tiré d’observations faites deux fois par jour, est celuide Cumana...................................» «Les véritables élémens numériques de la climatologiene peuvent être fixés que par des personnes instruites quisont établies, pour un grand nombre d’années, dans lesdifférens lieux de la terre; et, sous ce rapport, la régé-nération intellectuelle qui se prépare dans l’Amériqueéquatoriale libre, depuis le littoral jusqu’à deux milletoises de hauteur sur le dos et la pente des Cordillères,entre les parallèles de l’île de Chiloé et de San Franciscode la Nouvelle-Californie, aura l’influence la plus heu-reuse pour les sciences physiques.» |213| «En comparant ce que l’on savoit il y a quarante anssur la température moyenne de la région équatoriale,avec ce que nous en savons aujourd’hui, on est étonnéde la lenteur des progrès de la climatologie positive. Jene connois jusqu’à ce jour, qu’une seule températuremoyenne observée avec quelque apparence de précisionentre les 3° N. et 3° S.; c’est celle de Saint-Louis deMaranham (lat. 2° 29′S.) au Brésil, que le colonelAntonio Pereira Lago trouve, d’après les observationsfaites en 1821, trois fois par jour (à 20 h., à 4 h. et à 11 h.),de 27°,4 C. (Annaes das Sciencies, das Artes e dasLetras, 1822, T. XVI, pl. 2, p. 55—80). C’est encore0°,3 de moins que la température moyenne de Cumana.Au-dessous de 10°½ de latitude, nous ne connoissonsque les températures moyennes de:
  • Batavia (lat. 6° 12′ S.) ........ 26°,9 C.
  • Cumana (lat. 10° 27′ N.) ...... 27°,7
Entre les 10°½ de latitude et l’extrémité de la zonetorride, suivent:
  • Pondichéry (lat. 11° 55′ N.) ......... 29°,6
  • Madras (lat. 13° 4′ N) .............. 26°,9
  • Manille (lat. 14° 36′ N.) ............ 25°,6
  • Sénégal (lat. 15° 53′ N.) ............ 26°,5
  • Bombay (lat. 18° 56′ N.) ............ 26°,7
  • Macao (lat. 22° 12′ N.) ............. 23°,3
  • Rio-Janeiro (lat. 22° 54′ S.) ........ 23°,5
  • La Havane (lat. 23° 9′ N.) ......... 25°,7
Nous rappellerons d’après les observations du co-lonel Pereira, |214|
  • Maranham (lat. 2° 29′ S.) ........... 27°,4
«Il paroît résulter de ces données, que le seul endroitde la région équinoxiale, dont la température moyenneexcède 27°,7, est situé par les 12° de latitude. C’estPondichéry, dont le climat ne peut pas plus servir àcaractériser toute la région équatoriale, que l’Oasis deMourzouk, où l’infortuné Ritchie et le capitaine Lyonassurent avoir vu pendant des mois entiers (peut-êtreà cause du sable répandu dans l’air), le thermomètrede Réaumur entre 38° et 43°, ne caractérise le climatde la zone tempérée dans l’Afrique boréale. La plusgrande masse de terres tropicales est située entre les18° et 28° de latitude nord, et c’est sur cette zone aussique, grâce à l’établissement de tant de villes riches etcommerçantes, nous possédons le plus de connoissan-ces météorologiques. Les trois ou quatre degrés les plusvoisins de l’équateur sont une terra incognita pour laclimatologie. Nous ignorons encore les températuresmoyennes du Grand-Para, de Guayaquil, et même deCayenne.» «Lorsqu’on ne considère que la chaleur atteinte dansune certaine partie de l’année, on trouve, dans l’hémis-phère boréal, les climats les plus ardens sous le tro-pique même, et un peu au-delà. A Abusheer, par exem-ple (lat. 28°½), la température moyenne du mois dejuillet est de 34°. Dans la Mer Rouge, on voit le ther-momètre centésimal, à midi, à 44°; la nuit, à 34°½. ABénarès (lat. 25° 20′), la chaleur atteint, en été, 44°;tandis qu’elle descend, en hiver, à 7°,2. Ces observa-tions de l’Inde ont été faites avec un excellent ther- |215| momètre à maxima de Six; la température moyennede Bénarès est de 25°,2.» «Les chaleurs extrêmes que l’on observe dans la por-tion méridionale de la zone tempérée, entre l’Egypte,l’Arabie et le golfe de Perse, sont l’effet simultané de laconfiguration des terres environnantes, de l’état de leursurface, de la diaphanéité constante de l’air dépourvu devapeurs aqueuses et de la durée des jours qui croissentavec les latitudes. Entre les tropiques même, les grandeschaleurs sont rares et n’excèdent généralement pas, àCumana et à Bombay, 32°,8; à la Vera-Cruz, 35°,1.Il est presque inutile de rappeler qu’on n’a consignédans cette note que des observations faites à l’ombre etloin de la réverbération du sol. A l’équateur, où lesdeux hauteurs solsticiales atteignent 66°32′, les pas-sages du soleil par le zénit sont éloignés l’un de l’autrede 186 jours; à Cumana, la hauteur solst. d’été est de79° 59′; celle d’hiver, de 56° 5′, et les passages parle zénit (17 avril et 26 août) s’éloignent de 131 jours.Plus au nord, à la Havane, on trouve, haut. solst.d’été, 89° 41′; d’hiver, 43° 23′; distance des passages(12 juin et 1er juillet), 19 jours. Si ces passages ne sereconnoissent pas toujours avec une égale évidence dansla courbe des mois, c’est que leur influence est mas-quée dans quelques lieux par l’entrée de la saison despluies et d’autres phénomènes électriques. Le soleil està Cumana, pendant 109 jours ou plus exactement pen-dant 1275 heures (du 28 octobre au 14 février suivant),plus bas que sous l’équateur; mais dans cet intervalle,son maximum de distance zénitale n’excède pas en- |216| core 33° 55′. Le ralentissement de la marche du soleilen approchant des tropiques augmente la chaleur deslieux situés plus loin de l’équateur; surtout vers lesconfins des zones torride et tempérée. Près des tropi-ques, par exemple à la Havane (lat. 23° 9′), le so-leil emploie 24 jours à parcourir un degré de chaquecôté du zénit; sous l’équateur, il n’emploie que cinqjours. A Paris (lat. 48° 50′) où le soleil baisse au sol-stice d’hiver jusqu’à 17° 42′, la hauteur solsticiale d’étéest de 64° 38′. L’astre calorifiant est par conséquent àParis, du 1er mai au 12 août, pendant l’intervalle de103 jours, ou de 1422 heures, aussi haut qu’il l’est,à Cumana, à une autre époque de l’année. En compa-rant Paris à la Havane, on trouve, dans le premierendroit, du 26 mars au 17 septembre, pendant 175jours, ou 2407 heures, le soleil aussi haut qu’il l’estdans une autre saison sous le tropique du Cancer. Or,dans cet intervalle de 175 jours, le mois le plus chaud(juillet) a, d’après les registres de l’Observatoire royalde Paris, de 1806 à 1820, une température moyennede 18°,6, tandis qu’à Cumana et à la Havane, lors-que le soleil s’abaisse, dans le premier endroit jusqu’à56° 5′, dans le second jusqu’à 43° 23′, le mois leplus froid offre encore, malgré des nuits plus longues,à Cumana, 26°,2, à la Havane, 21°,2, de chaleur moyenne.Sous toutes les zones, la température d’une partie del’année est modifiée par la température des saisons quiont précédé. Sous les tropiques, les abaissemens detempérature sont peu considérables, parce que la terrea reçu, dans les mois antérieurs, une masse de chaleur |217| moyenne qui équivaut à Cumana à 27°, à la Havane à25°,5 du thermomètre centigrade.» «D’après l’ensemble des considérations que je viensd’exposer, il ne me paroît aucunement probable que latempérature équatoriale puisse atteindre 29°,2, commele suppose le savant et estimable auteur du Mémoire sur les réfractions astronomiques. Déjà le père de Bèze,le premier des voyageurs qui conseilla d’observer auxheures les plus froides et les plus chaudes du jour,avoit cru trouver dans les années 1686 et 1699, encomparant Siam, Malacca et Batavia, «que la chaleurn’est pas plus grande sous l’équateur que par les 14° delatitude.» Je pense qu’il existe une différence, maisqu’elle est très-petite et masquée par l’effet de tant decauses qui agissent simultanément sur la températuremoyenne d’un lieu. Les observations recueillies jusqu’àce jour ne nous donnent pas la mesure d’un accroisse-ment progressif entre l’équateur et la latitude de Cu-mana.»