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Alexander von Humboldt: „De quelques phénomènes physiques et géologiques qu’offrent les Cordillères des Andes de Quito et la partie occidentale de l’Himalaya (Lu à l’Académie des Sciences, séances des 7 et 14 mars 1825)“, in: ders., Sämtliche Schriften digital, herausgegeben von Oliver Lubrich und Thomas Nehrlich, Universität Bern 2021. URL: <https://humboldt.unibe.ch/text/1825-De_quelques_phenomenes-1> [abgerufen am 13.10.2024].

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Titel De quelques phénomènes physiques et géologiques qu’offrent les Cordillères des Andes de Quito et la partie occidentale de l’Himalaya (Lu à l’Académie des Sciences, séances des 7 et 14 mars 1825)
Jahr 1825
Ort Paris
Nachweis
in: Annales des Sciences Naturelles 4 (März 1825), S. 225–253, Tafel.
Entsprechungen in Buchwerken
Separatum, Paris 1825, 32 Seiten.
Sprache Französisch
Typografischer Befund Antiqua; Auszeichnung: Kursivierung; Fußnoten mit Ziffern; Schmuck: Kapitälchen, Trennzeichen; Tabellensatz.
Identifikation
Textnummer Druckausgabe: IV.50
Dateiname: 1825-De_quelques_phenomenes-1
Statistiken
Seitenanzahl: 29
Spaltenanzahl: 8
Zeichenanzahl: 49672

Weitere Fassungen
De quelques phénomènes physiques et géologiques qu’offrent les Cordillères des Andes de Quito et la partie occidentale de l’Himalaya (Lu à l’Académie des Sciences, séances des 7 et 14 mars 1825) (Paris, 1825, Französisch)
Hauteur des montagnes d’Himalaya (Paris, 1825, Französisch)
Von einigen physischen und geologischen Phänomenen, welche die Cordillera de los Andes bei Quito und der westliche Theil des Himalih-Gebirges darbieten. (Eine Denkschrift, welche der Akademie der Wissenschaften von Hrn. Alex. v. Humboldt in den Sitzungen vom 7ten und 14ten März 1825 vorgetragen ist) (Weimar, 1825, Deutsch)
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De quelques phénomènes physiques et géologiques qu’of-frent les Cordillères des Andes de Quito et la partieoccidentale de l’Himalaya; Par M. Alexandre de Humboldt. (Lu à l’Académie des Sciences, séances des 7 et 14 mars 1825.)

Première partie.

J’ai exposé, dans le dernier Mémoire que j’ai eul’honneur de soumettre à l’Académie, les procédésgéométriques d’après lesquels on trace les sections ver-ticales qui représentent une grande étendue de pays. J’airappelé qu’en exprimant, par projection, la position re-lative des points dont les divers systèmes déterminent laforme polyédrique de la surface de la terre, on peut ouprojeter ces points sur un même plan, ou les répartiren plusieurs profils partiels qui sont orientés selon ladirection des routes qu’a suivies le voyageur. Ces métho-des graphiques, ces sections verticales d’un pays d’unevaste étendue, dont je crois avoir donné le premierexemple dans mon Atlas du Mexique, complètent lesnotions anciennement acquises sur le figuré géométriquedu terrain. Fondées sur des procédés extrêmement sim-ples, elles exigent à la fois la connaissance des courbesde niveau et l’emploi des instrumens propres à fixer as-tronomiquement, en longitude et en latitude, les inter-sections des profils partiels qui servent d’axes de rota-tion, et qui indiquent autant de points dans lesquels achangé la direction de la route parcourue. J’ai publié une suite de sections verticales qui, toutestracées dans l’esprit d’une même méthode, ont néces- |226| sairement aussi la même conformité d’aspect que pré-sentent les cartes trop exclusivement appelées géogra-phiques, celles qui figurent la situation respective deslieux projetés sur un plan horizontal. Dans ces der-nières, le rapport entre les échelles de latitude et delongitude, entre les divisions des méridiens et des pa-rallèles, est invariablement déterminé par la nature dela projection que l’on a choisie. Au contraire, dans lescoupes géographiques ou sections verticales, le rapportdes échelles de distance et de hauteur est variable. Lesdimensions auxquelles est assujetti le tracé, permettentrarement de donner la même valeur aux deux échelles,et de représenter les inclinaisons des pentes comme ellesexistent dans la nature. La plupart des profils défigurentles contours, mais elles les défigurent également danstoutes leurs parties, avantage que n’offre guère la pro-jection de Mercator dans les cartes géographiques. Lescoupes, tout en indiquant numériquement le rapportdes échelles de hauteur et de distance, offrent desdonnées précises d’après lesquelles on peut calculer l’in-clinaison réelle des pentes. Il résulte de ces considéra-tions, que l’aspect plus ou moins agréable que présentele tracé de la section verticale d’un vaste pays, dépendentièrement du rapport entre les deux échelles de hau-teur et de distance. J’ai cru devoir rappeler, dans l’introduction de ceMémoire, les fondemens principaux d’une méthodegraphique, qui, à l’imitation de mes profils mexicains et du tableau de la géographie des plantes équinoxia-les, a été appliquée successivement à la chaîne du Cau-case, par MM. Parrot et d’Engelhardt; aux Alpes de laSuisse et aux Carpathes, par M. Wahlenberg; aux mon- |227| tagnes de l’Allemagne, par MM. Schübler et Hofmann; àcelles de la France, par MM. d’Oeynhausen et Dechen; àla Capitania de Minas Geraes, par M. d’Eschwege; et au plateau du Mysore et aux Gates de Malabar (1), par lesofficiers ingénieurs attachés à la triangulation du major Lambton, dans l’Inde. Les élémens de cette méthodegraphique sont les résultats d’un nivellement baro-métrique ou géodésique, la connaissance précise desdistances, la détermination astronomique des pointsd’intersection ou axes de rotation des profils partiels,enfin l’orientation de plans sécans, c’est-à-dire l’angleque chaque plan de projection fait avec le méridien.De même que les cartes topographiques proprementdites peuvent embrasser une surface plus ou moinsgrande en projection horizontale, de même aussi lefiguré du terrain en profil offre un tableau physiquegénéral ou spécial. C’est à cette dernière classe qu’ap-partient le travail que j’ai l’honneur de présenter à
(1) Cette coupe du plateau de Mysore dont le savant naturaliste,M. Leschenault, a rapporté une copie manuscrite, s’étend depuis l’em-bouchure de la rivière Palaur par Velore, les Gates de Coromandel, Mysore (au sud de Seringapatam), jusqu’aux Gates du Malabar et au mont Dily par les parallèles de 12° 1′ à 12° 50′ de latitude et 72° 53′ à77° 91 de longitude à l’est de Paris. Le plateau de Mysore a une hau-teur moyenne de 420 à 460 toises au-dessus du niveau de la mer, etest par conséquent de près de 100 toises plus élevé que le plateau del’Espagne entre Almansa et Astorga; mais la longueur de ce dernierest deux fois plus grande. Pour se former une idée précise de la hau-teur moyenne des continens européens, je consigne ici les donnéessuivantes: basses plaines de l’intérieur de la France et de la Lombardie,80 toises; plateau de la Russie centrale autour de Moscou, 145 toises;de la Souabe, 150 toises; de l’Auvergne, 174 toises; de la Suisse, 220toises; de la Bavière, 260 toises; du Tyrol (bassin d’Inspruck), 307toises; de l’Espagne, 350 toises. (Note de M. de Humboldt.)
|228| l’Académie, et dont ce Mémoire n’est qu’une analysetrès-succincte.
Dans la partie la plus occidentale de l’Amérique dusud, entre les parallèles de 1° — 2° de latitude aus-trale, s’élèvent les plus hautes cimes des Andes. Lesplateaux de Quito et d’Hambato, qu’on peut appelerle Thibet du Nouveau-Monde, et que couvrent denombreux troupeaux de llamas, anciennenement ap-pelés brebis du Pérou , se prolongent du nord ausud entre le nœud des montagnes de l’Affuay et celuide Chisinche. Ces plateaux ont plus de trois millemètres de hauteur au-dessus du niveau de l’Océan.Des deux chaînons qui les limitent, j’appelle celuide l’est le Chaînon du Cotopaxi , celui de l’ouest le Chaînon du Chimborazo. La section verticale présentedans ces véritables dimensions, le plateau d’Hambato et de Calpi, la position de quelques lacs alpins; ettout le chaînon occidental jusqu’au rivage de la Merdu Sud. Ce n’est pas la représentation d’un pays en-tier, comme dans mon Profil de la Péninsule espa-gnole, c’est le figuré géométrique d’une région de peud’étendue, représentation qui n’a de commun avec macoupe idéale de l’Amérique équinoxiale, publiée à lasuite de la Géographie des plantes de 1805, que l’iden-tité de la méthode graphique. Les cartes spéciales et lestableaux physiques d’une seule province ont l’avantagede préciser les idées, et de présenter les phénomènestels qu’ils sont modifiés par les localités. Avant de s’éle-ver à des aperçus généraux, il faut, dans toutes lesbranches des sciences, rassembler un grand nombre defaits particuliers, et les considérer dans leurs rapportsles plus individuels. Les plantes inscrites sur le profil |229| ne sont pas celles qui végètent daus toute la régionéquinoxiale des Andes; ce sont les plantes pro-pres à la flore de Quito, que nous avons recueillies,M. Bonpland et moi, pendant l’espace de dix mois, de-puis le niveau de la Mer du Sud jusqu’à la hauteur de5600 mètres. Le seul aspect du profil suffit pour rappe-ler simultanément la position astronomique des lieux,la configuration du terrain, la distribution de la végé-tation selon la diversité des familles naturelles, la limitedes neiges, le décroissement du calorique, la diminutionde la pression de l’atmosphère, enfin la comparaisondes plus hautes cimes des Andes avec celles de l’Hima-laya. C’est le grand avantage des méthodes graphiquesappliquées aux différens objets de la philosophie natu-relle, de porter dans l’esprit cette conviction intime quiaccompagne toujours les notions que nous recevons im-médiatement par les sens. D’après l’ensemble de ces considérations, il seraitsuperflu de développer ici ce que la vue seule de mondessin fait suffisamment connaître: je me bornerai à unpetit nombre de remarques relatives à des objets quin’ont point encore été suffisamment discutés. Les sec-tions verticales d’un pays, comme les cartes en projec-tion horizontale, ne peuvent inspirer de la confiancequ’autant qu’elles sont accompagnées d’un mémoire jus-tificatif.

Comparaison de la ligne de faîte des Andes et del’Himalaya.

Personne ne voudrait révoquer en doute aujourd’hui,que la partie de la chaîne de l’Himalaya, compriseentre les rivières Gundhuk et le Sutledge, ne soit de |230| beaucoup plus élevée que les plus hauts sommets de la Cordillère des Andes. Les premiers relèvemens ducolonel Crawford, du lieutenant Webb, et de l’ingé-nieur en chef M. Colebrook, frère de l’orientaliste cé-lèbre de ce nom, avaient déjà rendu ce fait très-proba-ble: mais, encore cinq ans après mon retour de Quito,dans le onzième volume des Recherches asiatiques, oncroyait devoir s’arrêter à la simple conclusion «que quel-ques cimes de l’Himalaya égalaient pour le moins la hau-teur du Chimborazo.» On manquait à cette époque d’unemesure barométrique précise, propre à déterminer l’é-lévation du plateau dans lequel la base et les anglesavaient été mesurés; on craignait surtout l’influence va-riable des réfractions terrestres sur des angles de hauteurde 2° à 3°. Ces doutes furent singulièrement exagérés en Europe par des personnes qui n’étaient aucunement ver-sées dans la théorie des mesures géodésiques. J’ai examiné,dans deux Mémoires sur les montagnes de l’Inde (1), leslimites des erreurs qui peuvent avoir affecté les premièresmesures de M. Webb, et j’ai démontré que pour croireles maxima de la ligne de faite de l’Himalaya, infé-rieurs aux points culminans de la Cordillère des Andes,le coefficient de la réfraction aurait dû être de \( \frac{3}{10} \), pres-que de \( \frac{1}{3} \) au lieu de \( \frac{1}{12} \) et de \( \frac{1}{18} \), qui résultent, pour deslatitudes si méridionales et pour des plateaux si élevés,des opérations très-précises du colonel Lambton. Depuis l’année 1815, dans laquelle la province duNepaul a été ajoutée à l’empire Britannique dans l’Inde,le capitaine Hodgson et le lieutenant Herbert ont faitune triangulation qui embrasse toute l’extrémité occi-
(1) Voyez Annales de Chimie et de Physique, tom. 3, pag. 297 et tom. 14, pag. 5.
|231| dentale de l’Himalaya: les coefficiens de réfraction ontété déterminés par des observations réciproques; les an-gles de hauteur ont été mesurés à différentes heures dujour, et l’élévation des bases au-dessus du niveau de lamer a été déterminée en employant plusieurs baromètrescomparés entre eux et un grand nombre d’observationscorrespondantes, faites aux mêmes heures, à Calcutta et à Seharampoor. Tous les doutes sur la hauteur pro-digieuse des montagnes de l’Inde ont été levés; mais d’a-près les divers Mémoires publiés à Calcutta et en Angle-terre, d’après les indications contradictoires des cartesles plus modernes, sans en excepter celle qui vient d’êtrepubliée sous les auspices du colonel Blacker, directeur-général des opérations géodésiques dans l’Indostan, onrestait encore incertain sur les questions suivantes: quelleest la cime de l’Himalaya qui atteint le maximum dehauteur? Quel nom doit-on donner à cette cime? Parmiles sommets qui se présentent en premier rang, dansles méridiens de Bénarès et d’Almora, le plus élevéest-il mesuré avec la même précision que le sommetqui le suit immédiatement? Ces incertitudes ont rap-port, non à des quantités peu considérables, mais àplus de 1200 mètres de hauteur. De plus, les cartesgéographiques et les journaux qui paraissent en An-gleterre, en France et en Allemagne, augmentent jour-nellement la confusion des résultats numériques. Lesobservateurs ont assigné, à diverses époques, diffé-rentes hauteurs à la même montagne. Souvent on apris les élévations au-dessus du plateau de Gorukpoor,pour des élévations au-dessus du niveau de la mer;souvent on s’est trompé dans la réduction des mesuresanglaises en mesures françaises; enfin on a confondu |232| les unes avec les autres, des montagnes qui n’étaientdésignées que par des numéros, ou, ce qui est pireencore, par le nom des stations d’où leur azimuth avaitété déterminé. Forcé par la méthode graphique quej’emploie dans le figuré du terrain, de m’arrêter à desdonnées précises, j’ai rassemblé tous les matériaux quiont rapport à la mesure des différentes parties de l’Hima-laya, depuis le Hindou-Khoo jusqu’à la vallée du Bou-rampooter. J’ai comparé ces mesures entre elles, et j’aiconsulté sur les résultats de ces comparaisons, un sa-vant illustre que son séjour dans l’Inde, ses occupationsgéodésiques, et sa vaste érudition dans la géographiemoderne et ancienne de l’Asie, ont le plus familiariséavec l’objet que je voulais traiter. Voici les données lesplus positives auxquelles je me suis arrêté conjointementavec M. Colebrook, dans un Mémoire que je préparepour la Société asiatique.
Il faut distinguer entre les sommets dont la hau-teur a été déterminée par des opérations trigonomé-triques qui ne laissent rien à désirer, et quelquessommets plus élevés encore, dont la mesure ne sefonde que sur des angles de hauteur, et des relève-mens pris dans des lieux dont la position astronomi-que, et par conséquent la différence en latitude et enlongitude paraissaient suffisamment connues (1). A la pre-
(1) MM. Herbert et Hodgson s’expriment avec beaucoup de pré-cision sur cette difference entre la certitude des mesures du Iawahir et de Dhawalagiri: «On ne connaît, disent-ils, aucune hauteur desPics plus au sud-est de lat. 29° 49′ 43″, et long. 81° 2′ à l’est de Green-wich.» ( Asiat. Res., tom. 14, p. 189). Ces habiles observateurs ex-cluent par conséquent les mesures trigonométriques qui ne sont pasfondées sur des bases directement mesurées.
|233| mière classe appartient le Jawahir , situé par les 30°22′ 19″ de latitude au sud-ouest du lac sacré de Ma-nassarowar; à la seconde classe le Dhawalagiri ou Mont-Blanc (car en sanscrit dhawala signifie blanc,et giri montagne), au sud-est du lac sacré par les 28°40′ de latitude. Le Jawahir a 7848 mètres (4026toises), le Dhawalagiri 8556 mètres (4390 toises) dehauteur. En adoptant le résultat de ma mesure du Chimborazo (6530 mètres), on trouve que le som-met de l’Himalaya, mesuré avec le plus de précision,est de 1318 mètres; le sommet mesuré par approxi-mation de 2026 mètres, plus élevé que le Chimborazo.Dans la mesure du Jawahir (qui est le Pic A. n° 2,relevé de la plate-forme du temple de Surkandra,et le Pic n° 14 du tableau de hauteurs publié parle capitaine Webb) (1), les résultats obtenus parMM. Hodgson et Herbert ne changeraient encoreque de 136 mètres, si la réfraction oscillait dansles limites extrèmes de \( \frac{1}{11} \) et \( \frac{1}{20} \), tandis que des obser-
(1) Le capitaine Webb donne à ce Pic, n° 14, la hauteur de25,669 pieds anglais, en le plaçant lat. 30° 21′ 51″, long. 79° 48′31″ à l’est de Greenwich. ( Asiat. Res., vol. 13, p. 306). MM. Herbert et Hodgson le font lat. 30° 22′ 19″, long. 79° 57′ 22″. On lui attribuaitd’abord 25,589 pieds anglais. ( Asiat. Res., tom. 14, p. 311-316),et puis 25,749 pieds anglais = 4026 toises parce que la hauteur du plateau de Belville fut d’abord supposée de 853 pieds, et par des obser-vations barométriques plus exactes de 1013 pieds au-dessus du niveaude la mer. Il y a trois Pics d’une hauteur prodigieuse qui se suiventdans la direction du sud-ouest au nord-est que l’on voit de la plate-forme du temple de Surkandra. Ces Pics sont désignés dans la carte deM. Herbert, par les noms de Jawahir Peaks A n° 1, A n° 2 et An° 3 ou P. C’est le Pic intermédiaire qui est le plus élevé de tous.Plus au nord-ouest paraissent les montagnes colossales de Kedarnath et de Iamnautri.
|234| vations directes ont prouvé que, sous cette zône et àcette hauteur, elles se soutiennent assez généralemententre \( \frac{1}{16} \) à \( \frac{1}{18} \). La hauteur du Dhawalagiri est dépen-dante d’un plus grand nombre d’élémens incertains,de la position astronomique des lieux en longitude eten latitude, des azimuths et de la réfraction; cepen-dant deux mesures successives des capitaines Webb etBlake dont nous possédons tous les détails, offrent à peineune différence de 150 mètres.
Le Dhawalagiri, appelé aussi par corruption Dhoula-gir ou Gasakoti, donne naissance, sur sa pente méridio-nale, à la rivière Ghandaki (1). C’est sur les bords decette rivière qu’on recueillit dans un schiste de transition,les fameuses cornes d’Ammon (salagrana) que lescroyans parmi les Hindous regardent comme des imagesde l’incarnation de Vishnou pendant le cataclysme desgrandes eaux. En plaçant le Puy-de-Dôme sur le Chim-borazo on aura la hauteur du Jawahir; en placant le Saint-Gothard sur le Chimborazo on aura la hauteur du Dhawalagiri. En contemplant du fond des plaines et dessillons que couvrent nos cultures, les sommets des Alpes et des Cordillères, nous sommes d’abord frappés de la dif-férence prodigieuse qu’offre la hauteur des montagnes;nous oublions qu’une planète voisine dont le nivellementdu sol a été entreprise dans toute la surface visibleaux habitans de la terre, présente ces mêmes mer-veilles et de plus grandes encore. Fondés sur des ana-
(1) Asiat. Res., vol. 12, p. 266. — Journ. of the Royal Inst., vol.11, p. 240. La longitude du Dhawalagiri est de 83° 20′ à l’est de Greenwich; sa hauteur est de 28,077 pieds anglais = 8556 mètres =4390 toises. Les premiers relèvemens avaient donné, dans les hypo-thèses de distance et de réfraction les plus défavorables, un minimum de 26,862 pieds anglais.
|235| logies qui ne sont qu’apparentes, nous nous formons uneidée vague du maximum de hauteur que les cimes denotre globe peuvent atteindre, comme s’il nous étaitdonné de mesurer les forces élastiques qui ont soulevéla croûte oxidée de notre planète; comme si l’action quia produit, sur des crevasses, ces murs rocheux que nousappelons les Alpes et les Pyrénées, avait limité les forcesqui ont agi sous la chaine des Andes et de l’Himalaya,sous Mowna-Roa et le Pic de Ténériffe. Pourquoi nedécouvrirait-on pas un jour, au nord de l’Himalaya,entre cette chaîne et celle du Zungling ou entre la chaînedu Zungling et celle de Thianschan ou Montagnes cé-lestes, des sommets qui seraient supérieurs au Dhawa-lagiri comme celui-ci l’est au Chimborazo, et le Chim-borazo au Mont-Blanc? Même les êtres organisés nousoffrent cette variété prodigieuse de grandeur. Lorsque jefis connaître la fleur de l’Aristolochia cordiflora de 18pouces de diamètre, on ne se doutait pas de l’exis-tence du Rafflesia dont la fleur a 3 pieds d’ouverture.Aux yeux du géologue qui ne perd pas de vue les masseset la configuration générale du sphéroïde terrestre, lahauteur des montagnes est un phénomène peu impor-tant: il ne voit dans les maxima de faîtes des Pyrénées,des Alpes, des Cordillères et de l’Himalaya, qu’une sériede termes qui croissent comme les nombres 1. 1 \( \frac{1}{2} \).2 et 2 \( \frac{1}{2} \).
Je m’arrête aux points culminans de chaque système,car la hauteur moyenne des lignes de faîtes, déterminéepar la hauteur moyenne des cols et des passages, estune idée abstraite, et même assez vague lorsqu’il y agroupement de montagnes et non une chaîne continue.M. Ramond, qui, dans toutes les branches des sciences |236| physiques qu’il a traitées, s’est toujours élevé à des vuesgénérales, avait déjà observé que le faîte des Pyrénées n’est guère plus bas que la hauteur moyenne des Alpes,et que ce qui caractérise cette dernière chaîne est lagrande élévation relative de ses sommets, c’est-à-direle rapport de ces sommets à la hauteur moyenne de laligne de faîte. D’après mes recherches cette hauteurmoyenne égale dans les Andes les points culminans des Pyrénées; dans l’Himalaya, les points culminans des Alpes. La géognosie a ses élémens numériques comme toutesles sciences qui traitent de la configuration et de l’éten-due des chaînes de montagnes et des bassins, de la dis-tribution des êtres organisés, des causes qui modifientles inflexions des lignes isothermes. Dans un Mémoiregéologique, que j’aurai bientôt l’honneur de présenter àl’Académie, j’exposerai quelques propriétés remarqua-bles de ces élémens numériques, relatives aux points cul-minans et à l’aire de la section horizontale des chaînes.Il suffit d’annoncer ici que le rapport de la hauteurmoyenne des crêtes est à celle des cimes les plus élevéesdans les Pyrénées comme 1:1 \( \frac{1}{2} \), dans les Alpes = 1 : 2,dans les Andes et l’Himalaya = 1:1 \( \frac{8}{10} \). En Amé-rique un seul système de montagnes, celui des An-des, réunit dans une zône étroite et longue de troismille lieues, tous les sommets qui ont plus de 2700mètres de hauteur, tandis qu’en Europe, même en con-sidérant (d’après des vues trop systématiques) les Alpes et les Pyrénées comme une seule ligne de faîte, ontrouve encore sporadiquement bien loin de cette ligneou arète principale (dans la Sierra-Nevada de Grenade,en Sicile, en Grèce, dans les Apennins, peut-être aussi |237| en Portugal), des cimes de 1900 et 3500 mètres de hau-teur. Cette distribution inégale des points culminans,tantôt isolés ou sporadiques au milieu des bassins desmers et des plaines continentales, tantôt réunis en groupesou alignés par files, a des rapports avec la forme et lamasse des terres qui (en les comparant au fond de l’O-céan) ne sont elles-mêmes que de vastes plateaux. Si la hauteur des pics offre peu d’intérêt au géologue,il n’en est pas de même des évaluations du volume desarêtes comparé à l’étendue de la surface des bassesrégions. Cette partie de l’Orographie, sur laquellemes sections verticales jettent quelque jour, est mêmede beaucoup d’importance dans les recherches de la Mé-canique céleste. M. de Laplace a fait voir récemment«que l’harmonie qu’offrent les expériences du penduleavec l’aplatissement donné par les mesures des degrés ter-restres et les inégalités lunaires, prouve que la surface seraità peu près celle de l’équilibre, si cette surface devenaitfluide. Il suit de cette concordance des résultats que la pe-tite profondeur moyenne des mers doit être du même ordreque la hauteur moyenne des continens et des îles (1)Or cette hauteur moyenne dépend bien moins de ces chaî-nons ou arêtes longitudinales de peu de largeur, de cespoints culminans ou dômes qui attirent la curiosité duvulgaire, que de la configuration générale des plateaux,de ces plaines doucement ondulées et à pentes alterna-tives, qui influent, par leur étendue et leur masse, surla position d’une surface moyenne, c’est-à-dire sur lahauteur d’un plan placé de manière que la somme desordonnées positives soit égale à la somme des ordonnées
(1) Mécanique celeste, tom. V., p. 14.
|238| négatives. La géographie physique, de même que la mé-téorologie et la connaissance des climats, ne peuvent fairedes progrès qu’à mesure que l’on considère les phéno-mènes dans leur ensemble, et que l’on se déshabitued’attacher trop d’importance soit aux points culminans qui se trouvent isolés sur une ligne de faîtes, soit à ces extrêmes de température qu’atteint le thermomètre pen-dant un seul jour de l’année.

Seconde partie.

J’ai exposé dans la première partie de ce Mémoire lesavantages que présente la méthode graphique des sec-tions verticales lorsqu’on l’applique à une grande étenduede pays; j’ai rappelé que ce genre de projection seul,trop long-temps négligé, peut fournir une connaissanceprécise de la hauteur moyenne des continens et des îles,élément qui n’est pas sans intérêt pour la Mécaniquecéleste, et que les observations du pendule semblent lierà la connaissance du maximum de la profondeur de lamer. J’ai fait voir en même temps: 1°. Que cette hauteur moyenne des continens, d’a-près les recherches que j’ai pu faire jusqu’aujourd’hui,a pour nombres limites 120 et 160 mètres; 2°. Que les opérations géodésiques faites sur le pla-teau du Seharanpoor prouvent indubitablement qu’undes sommets de la ligne de faîte de l’Himalaya (le pic Ja-wahir), situé à l’ouest du Lac Manassarowar, surpassede 676 toises le point culminant des Andes; 3°. Qu’il existe dans la même chaîne de l’Himalaya,mais au sud-est du Lac Manassarowar, un autre sommet,appelé par les indigènes la Montagne-Blanche (Dhawa-lagiri), qui est plus élevé encore que le Jawahir |239| 4°. Que deux mesures de ce Mont-Blanc de l’Inde, faites en différentes stations et à diverses époques, ontdonné, à 12 toises près, la même hauteur prodigieusede 4390 toises; mais que, malgré cette concordance,sans doute accidentelle, le Dhawalagiri n’est pas mesuréavec la même précision que le Jawahir, la longueur de labase à laquelle s’appuyaient les angles, n’ayant été déter-minée que par des moyens astronomiques; 5°. Que pour croire que le Jawahir ne surpasse pas le Chimborazo en hauteur, on est forcé d’admettre uncoefficient de réfraction terrestre qu’il serait absurdede supposer même dans le nord de l’Europe; 6°. Que dans plusieurs parties de l’Inde la valeurdu coefficient de réfraction a été déterminée par desobservations réciproques; que ce coefficient, dans lesbasses latitudes et sur les plateaux du Nepaul, est gé-néralement de \( \frac{1}{15} \) à \( \frac{1}{18} \), et qu’en supposant les li-mites extrêmes de \( \frac{1}{12} \) et de \( \frac{1}{20} \), la hauteur du Pic Ja-wahir ne changerait encore que de 136 mètres, c’est-à-dire de \( \frac{1}{70} \) de la hauteur totale, erreur qu’on ne peutconsidérer comme très-considérable, si l’on se rappelleque les opérations faites par des astronomes justementcélèbres à différentes époques et à différentes distances,pour déterminer la hauteur du Mont-Rose, varientde \( \frac{1}{35} \) de la hauteur (1) mesurée, et s’éloignent par con-séquent de beaucoup, malgré l’habileté des observateurs,de la grande concordance trouvée récemment pour le Mont-Blanc entre les observations de MM. Tralles, Car-lini, Corabœuf et L’Ostende. 7°. Que toute mesure géodésique d’une chaine de
(1) Welden, Monographie des Mont-Rosa, 1824, pag. 20.
|240| montagnes située dans l’intérieur d’un continent, étantpar sa nature en partie géométrique, en partie baromé-trique, il est important de connaître le rapport de cesdeux élémens, qui varie généralement avec la petitessedes angles de hauteur; mais que dans la déterminationdes sommets de l’Himalaya, la mesure barométrique,fondée sur l’emploi simultané de six baromètres et d’ungrand nombre d’observations correspondantes (à Seha-ranpoor et à Calcutta), ne porte que sur une hauteurde 300 mètres.
8°. Que les points culminans ou les maxima des lignesde faîte des principales chaînes de montagnes en Eu-rope, en Amérique et en Asie, sont comme les nombres10, 14, 18, 24, c’est-à-dire qu’ils suivent à peu près uneprogression par différences dont la raison est un demi,mais que dans les sept chaînes des Alpes, des Andes, del’Himalaya, du Caucase, des Alleghanis et de Venezuela,le rapport des crêtes aux sommets, c’est-à-dire le rap-port entre la hauteur moyenne des faîtes et les pointsculminans, est très-régulièrement comme 1 à 1 \( \frac{8}{10} \) oucomme un à deux. La masse des Hautes-Pyrénées estgénéralement plus élevée que celle des Hautes-Alpes,quoique la hauteur des pics dont les Pyrénées sont do-minées soit de beaucoup inférieure. En calculant la hau-teur moyenne de vingt-trois passages mesurés avec beau-coup de précision, j’ai trouvé pour les Pyrénées 1217toises, pour les Alpes seulement 1168 toises ou 49 toisesde moins. Les passages ou cols appelés ports ou hour-ques dans les Pyrénées, sont de faibles échancrures oudépressions locales des faîtes. Ils donnent un nombrelimite, un minimum de la hauteur du faîte; tandis quela ligne des neiges éternelles qui n’atteint pas la hauteur |241| moyenne de la crête, fournit un autre nombre limite pourle maximum. La hauteur moyenne des faîtes est par con-séquent contenue entre ces deux extrêmes. Or les som-mets des Pyrénées sont si peu élevés que le rapport descrêtes à ces sommets y est de 1 à 1 \( \frac{1}{2} \), au lieu de 1 à 2,comme donnent six autres chaînes principales des deuxcontinens. Il est presque superflu d’ajouter que les rap-ports numériques que nous venons d’annoncer ne serontplus les mêmes, si le niveau des mers venait à changer,ou si on comparait les sommets des courbes au centre dela terre. Après avoir rappelé ces résultats généraux quine sont pas sans intérêt pour la géographie physique, jevais passer à la seconde partie de ce Mémoire qui peutêtre considéré comme un Mémoire justificatif de la nou-velle carte en section verticale que j’ai eu l’honneur deprésenter à l’Académie dans sa dernière séance.

Constitution géognostique.

La chaîne de l’Himalaya sur laquelle le capitaine Gérard s’est élevé à la même hauteur (près de 5900mètres) à laquelle MM. Bonpland, Carlos Montufar etmoi, nous sommes parvenus à la pente du Chimborazo,est composée, autant qu’on a pu l’examiner jusqu’ici,non de roches porphyriques, comme le Caucase, maisde granite, de gneiss, de micaschiste avec disthène, et deces amphibolites que l’on désigne vulgairement sous lenom de diorites ou grunstein primitif. Les mesures desmontagnes de l’Inde dont les plus précises ne datent quede l’année 1816, ont restitué par conséquent les pointsculminans de la surface du globe au domaine desformations primitives, et ceux parmi les géognostes quiregardent les Cordillères comme soulevées par des forces |242| élastiques à travers des crevasses ou sillons ouverts plusou moins ramifiés, croient trouver dans la prodigieusehauteur des montagnes de l’Inde, une preuve de l’as-sertion que les premiers ou plus anciens soulèvemensde la croûte oxidée de notre planète, ont été les plusconsidérables et les plus violens. Lorsqu’on examine laconstitution géognostique de l’Himalaya entre les méri-diens du Lac Manasarowar et le glacier des sources du Gange, on est frappé de la ressemblance parfaite qu’elleoffre avec la constitution géognostique des Alpes, dansles environs du Saint-Gothard. Au contraire, la partiedes Andes de Quito, dont j’ai tracé la section verticale,est presque entièrement composée de trachyte. C’est uneéruption de trachytes qui, sur la pente occidentale desAndes, atteint une épaisseur de plus de 6500 mètres, àtravers des formations de micaschiste et de gneiss, de-venu talqueux. J’ai déterminé avec soin, en appuyant les angles deposition à une base mesurée dans la plaine de Riobamba-Nuevo, le volume du Chimborazo, et j’ai trouvé le dia-mètre du dôme de trachyte, là où commencent lesneiges perpétuelles de 6700 mètres, et à la grande hau-teur de 5900 mètres, par conséquent près du sommetencore de 1300 mètres. Il serait à désirer que l’on eûtdéterminé d’une manière analogue le volume du Mont-Blanc et de quelques pics de l’Himalaya. Lorsque desforêts de Cinchona qui avoisinent la ville de Loxa, onavance vers le nord, on franchit d’abord le nœud desmontagnes de l’Assnay, groupe de roches trachytiques,qui offre un passage des Andes très-fréquenté. J’ai trouvéle point culminant du col à 2428 toises de hauteur:c’est une échancrure, une dépression du faîte des Andes |243| dont le fond égale à peu près la hauteur du sommet du Mont-Blanc. A ce nœud succède le passage de la Cor-dillère, devenu célèbre par les travaux des académiciensfrançais, qui ont placé leurs signaux tantôt sur l’un,tantôt sur l’autre des deux chaînons. L’occidental est lechaînon du Chimborazo, du Carguairazo et d’Iliniza;l’oriental, le chaînon du volcan de Sangay, des Col-lanes et du Tungurahua. Le dernier est brisé par le RioPastaza, car en dépit des dogmes surannés des géogra-phes, les plus hautes Cordillères du monde, l’Himalaya et les Andes, donnent passage à des rivières. Le bassinque limitent les chaînons du Chimborazo et du Tungu-rahua est fermé vers le nord par le nœud de montagnesde Chisinche, espèce de digue trachytique de peu dehauteur, qui divise les eaux entre l’Océan Atlantique et la Mer du Sud. Dans cette région le système des roches trachytiquesest entièrement séparé du système des roches basalti-ques. Celui-ci est très-rare dans la province de Quito,et ne se trouve qu’à son extrémité septentrionale; il estcaractérisé par la présence de l’olivine qui manque en-tièrement dans les trachytes des Andes, riches à la foisen cristaux allongés et fendillés de feldspath vitreux,d’amphibole et de pyroxène. Les trachytes sont sou-vent très-régulièrement stratifiés, par exemple au Chim-borazo et à l’Assuay, mais ils varient par groupes dansla direction et dans l’inclinaison de leurs couches, commefont les phonolites du système basaltique. C’est à lapente orientale du Chimborazo que la structure colon-naire des trachytes est la plus commune; j’y ai vu à 2180toises de hauteur des prismes pentagones et heptagones,de trachytes gris-verdâtres extrêmement minces, et de |244| 50 pieds de longueur. Ces trachytes donnaient des mar-ques très-sensibles de polarité, l’axe magnétique étantperpendiculaire à l’axe longitudinal des prismes. Dans les Andes comme dans l’ancien continent, chaquecône ou dôme trachytique offre des roches différentesdans leur composition, selon que l’un des élémens pré-domine sur les autres. Le mica noir est le plus commundans les trachytes du Cotopaxi qui abondent en mêmetemps en masses semi-vitreuses et en obsidiennes: l’am-phibole domine dans les trachytes d’Antisana; le pyroxènedans les régions moyenne et inférieure du Chimborazo.Les trachytes de cette dernière montagne renfermenten même temps des pyrites, un peu de quarz, deux va-riétés de feldspath, le vitreux et le commun, et ce quiest très-remarquable, des grenats. J’ai recueilli ces grenatsprès de la bouche latérale du Yanaurcu, colline que j’aifigurée sur mon profil, et qui, d’après un mythe localtrès-répandu parmi les montagnards de race indienne, aété enflammée par la chute d’un aérolithe. M. Beudant a également trouvé des grenats, non dans les trachytes,mais au milieu des brèches trachytiques de la Hongrie.Une roche dans laquelle le feldspath compacte atteintle maximum de son développement, la phonolithe, semontre au milieu des trachytes du Chimborazo: car ily a des phonolites de trachyte, comme il y a des phono-lithes du terrain basaltique. Les derniers forment lesplus grandes masses dans les deux continens, et ils sonttoujours superposés aux basaltes. Une partie du chaînon qui est opposé au chaînon tra-chytique du Chimborazo présente une formation degneiss-micaschiste, traversée par de riches filons d’argentrouge et d’argent sulfuré. En montant sur le volcan |245| constamment enflammé du Tungurahua, j’ai même vuapposés, sinon superposés, des trachytes noirs et semi-vitreux à un micaschiste verdâtre à surface striée etsoyeuse, renfermant des grenats. Ce micaschiste reposesur un granite stéatiteux composé de feldspath lamelleuxverdâtre et à gros grains, de peu de quarz blanc, detables hexagones de mica noir et de quelques cristauxeffilés d’amphibole. C’est sur ce point seul que l’on voitdes trachytes percer les roches vulgairement appeléesprimitives.

Décroissement du calorique. Température des différenteszônes superposées.

L’échelle climatérique placée à gauche du profil des Andes de Quito diffère entièrement de celle que pré-sente le tableau physique qui accompagne l’ Essai sur laGéographie des Plantes. Il se fonde sur l’ensemble desobservations que j’ai faites à différentes hauteurs (1) de-puis les côtes de la Mer du Sud jusqu’à 2550 toises. J’aiindiqué les températures moyennes et les variations detempérature du jour et de la nuit. Ce tableau prouve,comme M. Oriani l’avait soupçonné depuis long-temps,que dans l’état moyen de l’atmosphère, la température nedécroit pas uniformément en progression arithmétique.J’ai fait voir dans un autre endroit (dans le Mémoire surles lignes isothermes ), que le décroissement de la chaleur(et ce fait est bien digne d’attention) se rallentit entre 1000
(1) Température moyenne: au niveau de la mer du sud 27°,5therm. cent.; à 500 toises de hauteur 21°,8; à 1000 toises 18°; à 1500toises 14°,3; à 2000 toises 7°; à 2500 toises 1°,5. Ce dernier resultatne se fonde que sur un petit nombre d’observations.
|246| et 3000 mètres, surtout entre 1000 et 2500 mètres dehauteur, là où est placée la première couche de nuages,et qu’ensuite il s’accélère de nouveau. Le Docteur Young a récemment examiné les influences de cette accélérationsur les réfractions atmosphériques (1). Malheureusementtoutes les observations de température que l’on peutemployer dans ce genre de calcul, ont été faites sur lapente même des Andes ou de l’Himalaya, et non dansdes aérostats. Elles sont modifiées localement par leseffets de la radiation du sol dont l’influence est difficileà apprécier.

Positions astronomiques propres à fixer les limites ex-trêmes de la section verticale.

Ces limites extrêmes sont le village indien de Calpi et l’ile de la Punà (2) sur les côtes de la Mer du Sud près de Guayaquil. J’ai lié Calpi par le transport dutemps à la ville de Quito, dont la longitude, avantmon voyage, était indiquée, sur toutes les cartes etdans tous les tableaux de positions géographiques, tropà l’est de près d’un degré. La position de Guayaquil sefonde sur deux occultations d’étoiles et sur mon obser-vation du passage de mercure sur le disque du soleil,faite au Callao de Lima, en supposant la différence dela longitude entre le Callao et l’île Santa-Clara (au S. S.O. du port de Guayaquil) telle qu’elle a été déterminée
(1) Journ. of the Royal Inst., vol. XI, p. 360.(2) La position de cette île est d’après les cartes du Deposito hidro-grafico de Madrid, 82° 35′ 0″; d’après mon chronomètre ( Rec. d’obs.astr., tom. II, p. 439), 82° 37′ 44″; d’après le capitaine Basil-Hall ( Extracts from a journal written on the coasts of Chili, Peru, etc.,tom. II, p. 379), 82° 34′ 48″ à l’occident du méridien de Paris (maximum des différences 12″ en temps).
|247| chronométriquement par l’expédition de Malaspina, parmoi et récemment par le capitaine Basil Hall. Un tableaude positions que ce navigateur a ajouté à son intéressantvoyage aux côtes du Chili et du Mexique, semblait jeterde nouveau quelques doutes sur les longitudes du Callao et de Valparaiso. Ces doutes devaient d’autant plus fixerl’attention des géographes, que M. Givry, ingénieurhydrographe de la marine royale, dans une lumineusediscussion insérée dans la Connaissance des temps pourl’année 1827, avait confirmé le résultat de mon obser-vation du passage de mercure par des nombreuses sériesde distances lunaires, et qu’il avait réduit Valparaiso, Arica et les points principaux de la côte de l’OcéanPacifique, à la longitude de Callao (1)......
(L’auteur a cru devoir supprimer ici des développe-mens qui n’auraient eu de l’intérêt que pour un très-petitnombre de lecteurs de ce Journal.) La géographie astronomique d’une grande partie descôtes de l’Amérique du sud est aujourd’hui tellementavancée (la limite des erreurs étant au-dessous de 4′ à 5′en arc), que dans les points les plus importans elle nepeut être que faiblement perfectionnée par des détermi-nations chronométriques, ou par des distances lunairesprises avec des instrumens de petites dimensions, maisqu’elle exige, pour ne pas rester stationnaire, des obser-vations nombreuses d’occultations d’étoiles, d’éclipsesdu soleil, de passages de planètes et d’immersions ou d’é-mersions des deux premiers satellites du Jupiter.

(1) L’ensemble de ces distances lunaires orientales et occidentalesprises par M. Lartigue, enseigne de vaisseau, donne au Callao 79° 29′;mon passage de Mercure 79° 34′ 30″. ( Conn. des temps pour 1827, p. 257.)
|248|

Végétation de la province de Quito.

La coupe dont je donne une description succincte offrel’esquisse de la géographie des plantes dans les Andesde Quito, depuis l’équateur jusqu’à 4° de latitude aus-trale. C’est une carte spéciale dans laquelle j’ai inscritles noms des espèces les plus remarquables d’après lahauteur à laquelle nous les avons recueillies, M. Bon-pland et moi. Nous n’avons pu herboriser avec soin quedans les parties tempérées et froides de cette région desTropiques. Depuis les recherches laborieuses faites au Brésil par M. Auguste de Saint-Hilaire, nos herbiersne renferment peut-être pas le plus grand nombre d’es-pèces équinoxiales qu’on ait rapporté en Europe; maisle travail immense de M. Kunth entièrement terminéaujourd’hui et formant sept volumes des Nova Genera ,présente non-seulement la plus grande masse de plantestropicales qu’on ait jamais publiées ou illustrées par l’a-nalyse des parties de la fructification; cet ouvrage estaussi le seul dans lequel la Géographie des plantes aitété fixée par des mesures précises relativement à la sta-tion de quatre mille cinq cents espèces phanérogames. Dans mon traité de Distributione geographicâ planta-rum, secundùm cœli temperiem et altitudinem montium ,je n’ai pu me servir que de résultats approximatifs: c’estdepuis que M. Kunth a terminé les Nova Genera , aveccette supériorité de talent dont les grands maîtres del’art lui ont rendu les témoignages les plus honorables,que nous avons pu concevoir le projet d’employer un sigrand nombre de matériaux entièrement nouveaux, pourtrouver les coefficiens (1) numériques de chaque groupe,
(1) M. de Humboldt a développé le phénomène singulier de la cons-
|249| pour diviser les plantes par flores, qui se succèdentcomme par étages les unes aux autres, pour les con-signer dans des cartes spéciales, et pour publier en-semble, dans le courant de cette année même, un ou-vrage général sur la Géographie des plantes dans lesdeux continens . Ce traité sera précédé par mon Essaisur les climats, considérés dans leurs rapports avec lesinflexions des lignes isothermes. La Géographie desplantes est, pour ainsi dire, une science mixte. Placée
tance des rapports numériques, dans un mémoire inséré dans le dix-huitième volume du Dictionnaire des Sciences Naturelles, ayant pourtitre: Nouvelles recherches sur les lois que l’on observe dans la distri-bution des formes végétales. « Les formes des êtres organisés, dit-il, setrouvent dans une dépendance mutuelle. L’unité de la nature est telle,que les formes se sont limitées les unes les autres d’après des lois cons-tantes et immuables. Lorsqu’on connaît sur un point quelconque duglobe, le nombre d’espèces qu’offre une grande famille (p. ex., celledes Glumacées, des Composées ou des Légumineuses), on peut évalueravec beaucoup de probabilité, et le nombre total des plantes phané-rogames, et le nombre des espèces qui composent les autres famillesvégétales. C’est ainsi qu’en connaissant, sous la zône tempérée, lenombre des Cypéracées ou des Composées, on peut deviner celui desGraminées ou des Légumineuses. Ces évaluations nous font voir dansquelles tribus de végétaux les Flores d’un pays sont encore incom-plètes: elles sont d’autant moins incertaines que l’on évite de confondredes quotiens qui appartiennent à différens systemes de végétation. Le tra-vail que j’ai tenté sur les plantes, sera sans doute appliqué un jour avecsuccès aux différentes classes des animaux vertébrés. Dans les zônestempérées, par exemple, il y a près de cinq fois autant d’oiseaux quede mammifères, et ceux-ci augmentent beaucoup moins en avançantvers l’équateur, que les oiseaux et les reptiles. Nous concevons com-ment, sur un espace de terrain donné, les individus appartenant à diffé-rentes tribus de plantes et d’animaux peuvent se limiter numériquement; comment, après une lutte opiniâtre et après de longues oscillations,il s’établit un état d’équilibre qui résulte des besoins de la nourritureet des habitudes de la vie; mais les causes qui ont limité les formes sontcachées sous ce voile impénétrable qui dérobe à nos yeux tout ce quitient à l’origine des choses, au premier développement de la vie or-ganique.» (Note des Rédacteurs.)
|250| sur la limite de la botanique descriptive et de la clima-tologie, elle emprunte des secours à chacune de ces deuxbranches des sciences physiques.
Les bornes de ce Mémoire ne me permettent pas d’en-trer dans le détail des considérations que fait naître letableau de la végétation sur la pente occidentale des Cor-dillères de Quito. Il suffit de rappeler ici que les neigeséternelles y commencent à la hauteur du Mont-Blanc,c’est-à-dire à 2460 toises, tandis que sur la pente bo-réale de l’Himalaya, sous le 30° à 31° de latitude, ellesse trouvent 140 toises plus haut. Cette circonstance rendhabitable, à un grand nombre de peuples de races tar-tare et mongole, de vastes pays qui, sans l’heureux ef-fet du rayonnement de la chaleur dans les plateaux d’A-sie, seraient ensevelis, même pendant l’été, sous unecouche épaisse de glaces et de neiges. M. Colbrooke areçu très-récemment de l’Inde, de nouvelles mesuresgéodésiques qui confirment ce que j’ai exposé ailleurs,sur la différence de hauteur à laquelle se soutiennent lesneiges sur les pentes méridionales et septentrionalesde l’Himalaya. Quoique dans le plateau des Cordillères de Quito ontrouve la même température annuelle que dans les hauteslatitudes, il ne faut pas trop généraliser ces analogiesentre les climats tempérés des montagnes équatoriales,et ceux des basses régions de la zône circompolaire. Cesanalogies sont modifiées par l’influence de la distribu-tion partielle de la chaleur dans les différentes partiesde l’année. Considérées en masse, les formes desplantes alpines du Chimborazo et de l’Antisana ontune physionomie que l’on pourrait appeler européenne.Je ne citerai que les genres Plantago, Geranium, Are-naria, Banunculus et les Saxifrages. Les Malvacées, les |251| Rubiacées et les Labiées diminuent, tandis que les Com-posées, les Ombellifères et les Crucifères augmentent.Dans les Andes de la Nouvelle-Grenade et de Quito, lepeuple reconnaît la proximité de la région des neigeséternelles, par des touffes éparses de deux plantes àfeuilles cotonneuses de la famille des Composées. C’estle Fraylejon appartenant aux deux genres Culcitium et Espeletia. Très-près des neiges végètent les Stereocaulonbotryoides, Bryum argenteum, Polytrichum juniperinum,Eudema rupestris, Gentiana rupestris, Culcitium nivale,Culcitium rufescens, Lysipomia reniformis, RanunculusGusmanni, Geranium acaule, Sida pichinchensis, Eu-dema nubigena, Cenomyce vermicularis, Stellaria ser-pyllifolia, Festuca dasyantha, Deyeuxia rigida, etc.Parmi les plantes que nous avons recueillies dans la ré-gion froide du volcan d’Antisana, M. Kunth a reconnule Montia fontana que l’on trouve dans toute l’Europe tempérée. C’est la réunion des phénomènes physiques et desproductions végétales qu’offre le dessin que j’ai l’hon-neur de soumettre à l’Académie. L’enchaînement descauses et des effets est tel, qu’aucun phénomène ne peutêtre considéré isolément. L’équilibre général qui règneau milieu des perturbations et d’un trouble apparent,est le résultat d’une infinité de forces mécaniques etd’attractions chimiques qui se balancent les unes les au-tres (1), et s’il est utile d’envisager séparément chaquesérie des faits pour y reconnaître une loi particulière,l’étude de la nature, qui est le grand problème de laPhysique générale, ne peut se perfectionner que par la
(1) Humboldt et Bonpland, Essai sur la Géographie des Planteséquinoxiales, 1807, pag. 43.
|252| réunion de toutes les connaissances qui ont rapport auxmodifications de la matière.

La coupe de la partie occidentale des Andes de Quito qui accompagne ce Mémoire, ne pouvant être réduite auxpetites dimensions de notre Atlas, nous nous sommesbornés à ajouter au travail de M. de Humboldt, la sectionverticale qui représente le rapport des crêtes et des som-mets dans les Pyrénées, les Alpes, les Andes et l’Hima-laya. Voici les données numériques sur lesquelles sefonde le dessin de M. de Humboldt. |Spaltenumbruch|
PYRÉNÉES.
Passages. Toises.
Port de Rat. .... 1169
Col de la Couillade.. 1016
Port de la Vieillat... 1286
Port de la Picade... 1243
Port de Benasque... 1235
Port de la Glère... 1192
Port de Plan.... 1151
Port de Vieil .... 1314
Port de Pinède.... 1280
Col de Piméné.... 1291
Port de Gavarnie... 1190
Port de Campbiel... 1333
Col de Tourmalet... 1126
Hauteur moyenne despassages..... 1217
Point culminant (m).. 1787
Crête (n)...... 1250
n : m : : 1 : 1,4.
|Spaltenumbruch|
ALPES.
Passages. Toises.
Col de Seigne.... 1263
Col de Terret.... 1191
Mont-Cenis..... 1060
Petit Saint-Bernard.. 1125
Grand Saint-Bernard.. 1246
Simplon...... 1129
Saint-Gothard.... 1065
Col de la Fourche... 1250
Grimsel...... 1314
Julier-pass..... 1138
Hauteur moyenne desPassages ..... 1178
Point culminant (m).. 2462
Crête (n)...... 1200
n : m : : 1 : 2.
|Spaltenumbruch|
ANDES.
Passages. Toises.
Quindiu...... 1798
Guanacas...... 2300
Guamani...... 1713
Micuipampa..... 1817
Montan...... 1780
De Mendoza à Valpa-raiso...... 1987
|Spaltenumbruch|
HIMALAYA.
Passages. Toises.
Bamsaru...... 2416
Nitce Gbaut..... 2629
Rol-Ghati...... 2345
Gunass....... 2413
Baspa....... 2360
Hauteur moyenne desPassages...... 2432
|253| |Spaltenumbruch|
Hauteur moyenne (sans Guanacas)..... 1819
Point culminant (m).. 3350
Crête (n)...... 1850
n : m : : 1 : 1,8.
|Spaltenumbruch|
Point culminant.... 4390?
Crête....... 2432
n : m = 1 : 1,8.
|Spaltenumbruch|
CHAINE DE VENEZUELA.
Toises.
Maximum: Silla de Ca-racas....... 1350
Crête....... 750
n : m : : 1 : 1,8.
CAUCASE.
Maximum: Elburz ... 2785
Crête....... 1330
n : m : : 1 : 2.
|Spaltenumbruch|
ALLEGHANIS.
Toises.
Maximum: Mt. Washington. 1040
Crête....... 560
n : m : : 1 : 1,8.
Pyrénées...... 1 : 1,5
Alpes....... 1 : 2
Andes....... 1 : 1,8
Venezuela..... 1 : 1,8
Alleghanis..... 1 : 1,8
Caucase...... 1 : 2
Himalaya..... 1 : 1,8
PYRÉNÉES. ALPES. ANDES. HIMALAYA.
Sommets.. 1,0 1,4 1,8 2,4
A peu près. 1 1 1/2 2 2 1/2

Abbildungen