Par Mr A. de Humboldt. Extrait d'une Lettre en date du 8 octobre 1823: "Conformement au desir de M. de Humboldt, je me suis procure l'eau du Rio Vinagre. Elle m'a ete envoyee par M. Torres, qui s'interesse a tout ce qui peut contribuer aux recherches scientifiques. Cette eau m'a donne par litre: acide sulfurique, 1,080; acide muriatique, 0,184; alumine, 0,240; chaux, 0,160, et quelques indices de fer . La presence de l'acide muriatique confirme les observations faites sur les vapeurs et les productions lithoides du Vesuve et de plusieurs autres volcans." Il ne peut etre douteux que les indications sont par grammes et fractions de grammes: un litre d'eau du Rio Vinagre renferme 1gr.,080 d'acide sulfurique et 0gr,,184 d'acide muriatique. Cette proportion d'acide sulfurique est encore tres-sensible au goaut, et se manifeste par d'abondans precipites avec les sels de baryte. G.-L. Rivero. J'avais annonce, au moment de mon retour d'Amerique, la presence des acides sulfurique et muriatique dans l'eau du Vinagre, que les indigenes appellent Pusambio . (Voyez Vues des Cordilleres et Monumens des peuples de l'Amerique, vol. 11, p. 166; Nivellement barometrique des Andes, n° 126; Caldas, Semanario del Nuevo Reyno de Granada, t. i, p. 265); mais depourvu de sels de baryte, j'avais engage MM. Rivero et Boussingault, lors de leur depart pour Bogota, a verifier ces faits. L'analyse que nous devons a un de ces habiles chimistes est la premiere qui ait ete tentee sur l'eau du Rio Vinagre. Je vais extraire de mon Journal de Voyages, en grande partie encore inedit, quelques eclaircissemens sur les circonstances locales. La ville de Popayan est situee dans la belle vallee du Rio Cauca, sur le chemin de Bogota a Quito, au pied des deux grands volcans de Purace et de Sotara. Ces volcans, presque eteints, et n'offrant que les phenomenes des solfatares, font partie du chaeinon central des Andes de la Nouvelle-Grenade. Par les 1° 55' et 2° 20' de latitude boreale, le noeud des montagnes qui renferme les sources du Magdalena se divise en trois rameaux, dont l'oriental se prolonge vers Timana et les Nevados de Chita et de Merida; l'intermediaire et central vers les Paramos de Guanacas et de Quindiu; l'occidental vers le terrain platinifere du Choco et l'isthme de Panama. En montant de la ville de Popayan a la cime du volcan de Purace, nous avons trouve, M. Bonpland et moi, a 1356 toises de hauteur, une petite plaine ( Llano del Corazon ), habitee par de pauvres Indiens cultivateurs. Ce plateau est separe du reste du contre-fort par deux ravins extremement profonds: c'est aux bords de ces precipices qu'est construit le village de Purace. Des sources jaillissent partout du roc trachytique; chaque jardin est entoure d'une haie vive d'euphorbes (lechero), a feuilles minces et du vert le plus tendre. Cette belle verdure contraste d'une maniere frappante avec le rideau de montagnes noires et arides qui entourent le volcan, et qui sont dechirees par l'effet des tremblemens de terre. Le site du village est celebre dans le pays a cause de trois belles cascades ( choreras ) de la riviere de Pusambio, dont l'eau est acide, et que le peuple, qui ne connaeit d'autre acide que le vinaigre, appelle Rio Vinagre, quelquefois Gran Vinagre . Cette riviere prend naissance apeu-pres a 1700 toises de hauteur, dans un endroit tresinaccessible. Quoique la temperature de l'eau soit peu differente, dans les cascades inferieures, de celle de l'atmosphere ambiante, il n'en est pas moins certain que les sources du Rio Pusambio ou Vinagre sont tres-chaudes. Ce fait m'a ete atteste par les indigenes et par le missionnaire du village de Purace. En allant a la cime du volcan, j'ai vu une colonne de fumee s'elever a l'endroit ou les eaux acides viennent au jour. J'ai dessine la seconde des chutes du Vinagre (planche xxx des Vues des Cordilleres ); l'eau qui s'ouvre un chemin a travers une caverne se precipite a plus de 60 toises de profondeur. La chute est d'un effet tres-pittoresque; mais les habitans de Popayan desireraient que la riviere, au lieu de se jeter dans le Rio Cauca, s'engouffrat dans quelque crevasse; car telle est la delicatesse de constitution des animaux qui respirent par des branchies, et qui absorbent l'oxigene dissous dans l'eau, que le Cauca, pendant un cours de quatre lieues, est depourvu de poissons, a cause du melange de ses eaux avec celles du Rio Vinagre , qui sont chargees a la fois d'oxide de fer et d'acides sulfurique et muriatique. Lorsqu'on reste longtemps sur le mur de rocher taille a pic qui avoisine la cascade, on sent un picotement dans les yeux a cause des gouttelettes dispersees et suspendues dans l'atmosphere. Les poissons reparaissent dans le Rio Cauca, la ou il s'agrandit par les deux affluens du Pindamon et du Palace . M. Caldas a meme attribue a ce melange, avec bien peu de raison sans doute, l'absence des goeitres dans la vallee du Rio Cauca. Semanario, t. i, p. 265. Voyez mon Memoire sur les Goeitres dans les Cordilleres (Magendie, Journ. de Physiol., t. iv, p. 109). Journal de Physique, t. lxii, p. 61. Un peu au nord des sources du Pusambio, naissent deux autres ruisseaux egalement charges d'acide sulfurique libre, que le peuple appelle les Petits-Vinaigres ( los dos Vinagres chicos ): ils se jettent dans le Rio de San Francisco, qui lui-meme n'est qu'un affluent du Gran Vinagre . Pendant mon sejour a Popayan, c'etait une opinion generalement recue que toutes ces eaux acides contenaient du fer dissous par une grande quantite d'acide carbonique. En se rappelant seulement que les sources du Vinagre sont tres-chaudes, on aurait dau abandonner cette opinion. Je fis bouillir des eaux puisees a la cascade, et je trouvai, apres l'ebullition, le meme goaut acide et les memes precipites que dans l'eau non bouillie. Il me restait, a cette epoque, tres-peu de reactifs. Le nitrate d'argent donnait un precipite blanc et laiteux, indiquant la presence de muriates. Celle du fer s'annoncait par le prussiate de chaux, celle de la chaux par l'oxalate de potasse. En pesant l'eau avec beaucoup de soin dans les ateliers de la Monnaie de Popayan, le poids d'un meme volume d'eau du Vinagre a ete trouve au poid de l'eau distillee dans le rapport de 2735 [Formel] grains a 2731 gr., c'est-a-dire que la pesanteur specifique de l'eau de la cascade etait = 1,0015. La presence simultanee des acides sulfurique et muriatique a ete reconnue aussi par M. Vauquelin, dans l'eau que M. Leschenault avait puisee dans le cratere-lac du Mont- Idienne de Java. ( Journal de Physique, t. lxv, p. 406.) Il ne faut pas confondre les eaux que je decris et dont M. Rivero a donne la premiere analyse, avec celles des deux lagunes souterraines que nous avons trouvees pres de la cime du volcan, l'une a 2245 toises de hauteur, l'autre au-dessus des neiges, a 2420 toises. Ce volcan de Purace est un dome de trachyte semi-vitreux, gris-bleuatre et a cassure conchoide. Il offre, non un grand cratere a son sommet, mais plusieurs petites bouches. Il differe beaucoup du volcan voisin, le Sotara, qui est de forme conique, et qui a lance une immense quantite d'obsidiennes. Ces masses, couvrant les plaines de Julumito, sont des boules ou larmes d'obsidienne dont souvent la surface est tuberculeuse. Elles presentent, ce que je n'ai vu nulle part ailleurs dans les deux hemispheres, toutes les nuances de couleur, depuis le noir fonce jusqu'a celle d'un verre artificiel entierement incolore. On peut etre surpris de voir que cette decoloration n'ait ete accompagnee d'aucun boursoufflement. Les obsidiennes de Sotara sont melees de fragmens d'emaux qui ressemblent a la porcelaine de Reaumur, et auxquels j'ai trouve adherentes des masses de feldspath qui ont resiste a la fusion. Ici, comme dans les Andes de Quito, comme au Mexique et aux eiles Canaries, le systeme de roches basaltiques reste eloigne des trachytes qui forment les volcans de Purace et de Sotara. Les basaltes de la Tetilla de Julumito n'appartiennent qu'a la rive gauche du Cauca: ils sortent au milieu de porphyres de transition depourvus de pyroxene, renfermant un peu d'amphibole, tres-peu de quarz en petits cristaux implantes dans la masse, et un feldspath qui passe du feldspath commun au vitreux. Ce porphyre est recouvert, pres de Los Serillos, d'un calcaire gris-noiratre, traverse de filons de carbonate de chaux, et tellement surcharge de carbone, que, dans quelques parties, il tache les doigts comme un schiste alumineux ou comme les lydiennes de Steeben, dans le Fichtelgebirge. Le dome trachytique de Purace, qui donne naissance a la petite riviere d'acide sulfurique, sort d'une syenite porphyrique (avec feldspath commun), qui, a son tour, est superposee a un granite de transition abondant en mica. Cette observation , tres-importante pour le gisement des roches volcaniques, peut etre faite pres de Santa Barbara, en montant de Popayan au village de Purace. Le volcan, comme la plupart des grands volcans des Andes, presente des couches ou nappes de matieres lithoides fondues, non de veritables courans de laves. Des fragmens de calcaire grenu, vraisemblablement magnesien, que j'ai trouves a plus de 2000 toises de hauteur, paraissent avoir ete lances par des crevasses qui se sont refermees depuis. Ils ressemblent a ceux du Fosso Grande du Vesuve, qui doivent leur texture grenue au feu volcanique. On ne peut aller a cheval que jusqu'aux cascades du Rio Vinagre. De la, nous meimes huit heures pour monter a pied a la cime du volcan et pour en redescendre. Le temps etait affreux, il tombait de la grele et de la neige. J'eus beaucoup de peine a enflammer l'amadou a la pointe du conducteur de l'electrometre de Volta; les boules de moelle de sureau s'ecartaient de 5 a 6 lignes, et l'electricite passa souvent du positif au negatif sans qu'il n'y eaut aucun autre signe d'orage; car les eclairs et le tonnerre sont (d'apres mon experience) en general tres rares lorsqu'on est au-dessus de 2000 ou 2200 toises de hauteur. La grele etait blanche; les grains, de 5 a 7 lignes de diametre, composes de couches diversement translucides, n'etaient pas seulement tres-aplatis vers les poles, mais tellement renfles dans leur zone equatoriale, que des anneaux de glace s'en separaient au moindre choc. J'avais deja deux fois observe et decrit ce phenomene dans les montagnes de Bareuth et pres de Cracovie, pendant un voyage en Pologne. Peut-on admettre que les couches successives qui s'ajoutent a un noyau central sont dans un etat de fluidite assez grand pour que le mouvement de rotation puisse causer l'aplatissement des spheroides? Lorsque le barometre indiquait que nous etions parvenus tres-pres de la limite des neiges perpetuelles, nous veimes augmenter les masses de soufre disseminees dans des roches trachytiques imparfaitement colonnaires. Ce phenomene me frappa d'autant plus que je savais combien le soufre est rare sur le flanc des volcans enflammes: Une colonne de fumee jaunatre et un bruit epouvantable nous annoncaient le voisinage d'une des bouches (bocas) du volcan. Nous eaumes quelque peine a nous approcher de son bord; la pente de la montagne etant tresrapide et les crevasses n'etant couvertes que par une croaute de soufre dont nous ignorions l'epaisseur. Nous craumes pouvoir evaluer l'etendue de cette croaute, qui est souvent interrompue par les rochers, a plus de 12,000 pieds carres. Ces petites aretes de rochers trachytiques agissent fortement sur l'aimant. Je tachai de m'en eloigner autant que possible pour determiner l'inclinaison de l'aiguille. Elle etait a la ville de Popayan (hauteur 911 toises) de 23°,05, division centesimale; au village de Purace (hauteur 1356 toises) de 21°,81; pres du sommet du volcan de Purace (hauteur 2274 toises) 20°,85: l'intensite de la force magnetique variait tres-peu a Popayan et au village de Purace, et la diminution de l'inclinaison n'est certainement pas l'effet de la hauteur, comme le prouvent tant d'autres observations que j'ai faites sur le sommet des Andes, mais l'effet d'attractions locales dependantes de certains centres d'action dans les trachytes. M. Vauquelin a constate recemment, par une analyse directe, la presence du carbone dans les lydiennes les plus pures. J'avais reconnu, dans une serie d'experiences faites sur les excitateurs galvaniques en 1798, que les lydiennes des schistes de transition de Steeben produisaient, conjointement avec le zinc, le meme effet que le graphite ou carbure de fer. Je fis des-lors des essais pour prouver chimiquement la presence du carbone dans plusieurs varietes de lydiennes. Voyez mes Experiences sur la Fibre nerveuse et musculaire (en allemand), t. ii, p. 163. Voyez, sur l'ensemble de ces phenomenes des volcans de Popayan, mon Essai sur le gisement des roches, 1823, p. 129, 139, 340. J'ai deja rappele ailleurs, dans ce journal, qu'au Paramo de Guanacas ou le chemin de Bogota a Popayan passe a la hauteur de 2300 toises, on a vu tomber, non de la neige, mais de la grele rouge. Renfermait-elle ces memes germes d'organisation vegetale qui ont ete decouverts au-dela du cercle polaire? La bouche du volcan de Purace est une pente perpendiculaire dont l'ouverture visible n'a que 6 pieds de long et 3 de large. Elle est recouverte en forme de voaute par une couche de soufre tres-pur, qui a 18 pouces d'epaisseur, et que la force des vapeurs elastiques a fendillee du cote du nord. A 12 pieds de distance de la bouche, nous senteimes une chaleur agreable. Le thermometre centigrade, qui s'etait soutenu jusque la a 6°,2 (froid bien peu considerable par un temps de grele et a 2245 toises de hauteur), s'eleva a 15°. Places de maniere a ne pas etre incommodes par les vapeurs, nous eaumes le plaisir de faire secher nos vetemens. Le bruit effrayant que l'on entend pres de cette ouverture a presque toujours la meme intensite: il ne peut etre compare qu'a celui que causeraient plusieurs pompes a feu reunies, au moment ou l'on ferait echapper a la fois la vapeur condensee. Nous jetames de grosses pierres dans la crevasse, et nous decouvreimes a cette occasion que l'ouverture communique a un bassin rempli d'eau en ebullition. Les vapeurs qui echappent avec tant de violence sont de l'acide sulfureux, comme l'indique leur odeur suffocante. Nous verrons bientot que l'eau de la lagune souterraine est chargee d'hydrogene sulfure; mais l'odeur de ce gaz ne se fait pas sentir au sommet du volcan, parce qu'il est masque par l'odeur beaucoup plus forte des vapeurs d'acide sulfureux. Je n'avais aucun moyen de determiner la temperature de ces vapeurs, qui paraissent subir, dans l'interieur du volcan, une pression prodigieusement forte. Comme les Indiens pretendent que l'ouverture a plusieurs compartimens qui ne sont pas tous remplis d'eau, et que le bruit que l'on entend parfois dans l'interieur de la crevasse annonce des flammes, j'introduisis, au moyen d'une longue perche, des papiers teints avec la teinture de violette sous la voaute, la ou je pouvais etre saur de ne pas toucher la surface de l'eau. En retirant la perche, je trouvai les papiers fortement rougis, mais aucunement enflammes, comme il etait facile de le prevoir. Nous reusseimes, apres plusieurs vaines tentatives, a puiser de l'eau dans la crevasse: c'etait en liant une tutuma (fruit du Crescentia Cujete) a une tige de 8 pieds de longueur. L'eau fut de suite versee dans une bouteille hermetiquement bouchee. Nous l'examinames a notre retour au village de Purace: elle exhalait une forte odeur d'hydrogene sulfure; elle n'avait pas de goaut acide, mais de faibles precipites causes par le nitrate d'argent annoncaient la presence de l'acide muriatique. La croaute de soufre qui se forme au-dessus de la bouche naeit sans doute du contact des vapeurs d'acide sulfureux avec l'hydrogene sulfure que degage la lagune souterraine. L'eau meme de cette lagune est recouverte d'une peau de soufre qui disparut dans les endroits ou nous jetames les pierres. Il resulte de ces observations que la seule presence de l'acide muriatique ou des combinaisons de cet acide avec des bases salifiables indique une faible analogie entre les eaux du Rio Vinagre et celles des lagunes: les premieres, qui naissent beaucoup plus bas, a la pente du volcan de Purace, sont chargees d'acide sulfurique libre; les autres, que l'on trouve au sommet du volcan, contiennent de l'hydrogene sulfure. Comme les bouches superieures se trouvent a des hauteurs tresdifferentes au-dessus du niveau de la mer, on peut supposer que leurs eaux souterraines sont dues a la fonte des neiges et qu'elles ne communiquent pas. Le Rio Vinagre recoit son acide dans l'interieur d'un volcan qui abonde en soufre, et dont la temperature paraeit extremement elevee, quoique depuis des siecles on n'ait apercu aucun phenomene lumineux a son sommet. Le bon cure du village de Purace croyait rendre un grand service a ses paroissiens comme aux habitans de la ville de Popayan, en faisant, comme il disait, nettoyer de temps en temps les cheminees du volcan. Il ordonnait aux Indiens d'enlever la croaute de soufre qui s'eleve en forme de dome au-dessus de la crevasse. Cette croaute a pris quelquefois, a ce qu'on assure, en moins de deux ans, jusqu'a quatre pieds d'epaisseur. Elle retrecit sans doute l'ouverture par laquelle sortent les vapeurs d'acide sulfureux; mais on concoit que la force elastique de ces vapeurs est telle que, si l'ouverture etait entierement bouchee pour quelques instans, elle briserait plutot la voaute nouvelle que de produire des commotions en agissant contre les parois rocheuses du volcan. Depuis plusieurs annees, les lagunes, qui representent en petit les craters-lacs de nos volcans eteints, paraissent conserver chacune le meme niveau de leur ligne d'eau; ce qui prouve que la vaporisation est egale a l'infiltration des eaux de neige et de pluie; mais cet equilibre n'a pas toujours ete egalement stable. Vers l'annee 1790, la Boca grande causait des inondations partielles. J'insiste sur ce phenomene parce qu'il semble jeter quelque jour sur un probleme de la geologie des volcans, qui n'a pas ete suffisamment examine, je veux dire sur les ejections d'eau et de boue. Au Vesuve, ces ejections ne sont qu'apparentes et ne viennent ni de l'interieur du cratere ni de crevasses laterales. Une immense tension electrique se manifeste dans l'atmosphere qui environne le sommet du volcan au moment des grandes eruptions. Des eclairs sillonnent l'air: les vapeurs aqueuses emises par le cratere se refroidissent; des nuages epais enveloppent le sommet; pendant la duree de cet orage, restreint a un petit espace, l'eau descend par torrens et se mele aux matieres tuffacees qu'elle entraeine avec elle . Ces effets, purement meteorologiques, ont donne lieu aux traditions sur les eaux bouillantes sorties du cratere du Vesuve en 1631; traditions fabuleuses que perpetue une inscription a Portici. Deja M. de La Condamine ( Memoires de l'Academie, 1754, p. 18) a eu des idees tres-precises sur la cause de ces phenomenes, qui se trouvent egalement exposes dans la Storia dell' incendio del 1737, publiee par l'Academie de Naples. J'ai vu, dans mon dernier voyage a Naples (decembre 1822), les degats qu'ont causes les torrens d'eau du cote d'Ottajano, au pied du Vesuve. Ils ont transporte dans la plaine, non-seulement des boues, mais des masses de laves de 48 pieds de circonference et de 25 pieds de hauteur. Voyez l'excellente description de ces phenomenes par MM. Monticelli et Covelli. ( Storia del Vesuvio degli anni 1821-1823, p. 91-98.) Par le melange de la pluie et des cendres volcaniques, il se forme dans l'air ( l. c, p. 94) des especes de pisolithes a couches concentriques, que j'ai aussi trouvees sur le plateau d'Hambato, parmi les anciennes ejections du Carguairazo. Les habitans de la province de Quito appellent naivement ces pisolites des grelons de terre. Dans les volcans des Andes qui depassent la limite des neiges perpetuelles, les causes des inondations sont tres-differentes de celle que nous venons d'indiquer. Comme les eruptions de ces cimes colossales n'ont lieu qu'apres de longs intervalles (tous les trente a quarante ans, et meme plus rarement encore), des bancs de neige d'une epaisseur enorme s'accumulent sur le flanc des montagnes. Ces neiges ne fondent pas seulement au moment de l'explosion, mais quelquefois plusieurs jours auparavant. C'est ainsi qu'en fevrier 1803, pendant mon sejour a Guayaquil, les habitans de la province de Quito furent effrayes de l'aspect du cone du Cotopaxi, qui perdit une grande partie de ses neiges dans une seule nuit, et montra a decouvert la couleur noire de ses roches braulees. Quelle que soit l'idee que l'on se forme de la puissance des forces volcaniques et de l'intensite des feux souterrains dans les Andes, on ne saurait admettre que les parois epaisses d'un cone puissent se chauffer uniformement et transmettre avec une telle rapidite (par la conductibilite de leur masse) la chaleur au dehors. La fonte subite des neiges, lorsque, dans les Cordilleres, elle precede les eruptions, n'est probablement due qu'a une infinite de petites fumaroles qui degagent des vapeurs chaudes a travers la roche fendillee du cone. Ces vapeurs, d'apres ce que j'ai eu occasion d'observer dans les crateres du Vesuve, du Pic de Teneriffe et du volcan de Jorullo au Mexique, sont le plus souvent de l'eau pure, qui n'agit aucunement sur les reactifs les plus sensibles: d'autres fois elles renferment de l'acide muriatique. On remarque qu'une meme crevasse donne, a des epoques tres rapprochees, de l'eau distillee (pure) et des eaux tres-acides. La source artificielle, que M. Gimbernat a eu l'ingenieuse idee de former au sommet du Vesuve par la condensation des vapeurs dans un tube de verre, a montre quelquefois ces variations: elles prouvent ou le changement d'action chimique dans l'interieur du volcan, ou l'ouverture accidentelle de quelques nouvelles communications. Dans les Andes de Quito, comme en Islande et dans les eruptions de l'Etna du 23 mars 1536 et du 6 mars 1755, la fonte subite des bancs de neige a produit de grandes devastations . Ferrara, Campi Flegrei, 1810, p. 165. -- Idem, Descriz. dell' Etna, 1818, p. 89, 116-120. D'autres fois, par de lentes infiltrations, les eaux de neige s'accumulent dans les cavites laterales du volcan; des secousses de violens tremblemens de terre, qui ne coincident pas toujours avec l'epoque des eruptions ignees, ouvrent ces cavites, et des eaux long-temps retenues, qui nourrissent de petits poissons du genre Pimelodes, entraeinent avec elles des trachytes broyes, des ponces, des tufs et d'autres matieres incoherentes. Ces ejections liquides repandent, pour des siecles, la sterilite dans les campagnes. Des boues argileuses (lodazales) ont couvert un espace de plus de quatre lieues carrees, lorsque, dans la nuit du 19 juin 1698, le pic du Carguairazo, dont la hauteur actuelle excede encore 2450 toises, s'affaissa avec fracas. Les lagunes d'eaux sulfureuses que nous avons trouvees a la cime du Purace expliquent ce que les habitans de Quito rapportent de l'odeur fetide des eaux qui descendent quelquefois du flanc des volcans pendant les grandes eruptions. Frappes de la nouveaute de ces phenomenes que nous ne faisons que rappeler ici, les Conquistadores espagnols ont, des le seizieme siecle, distingue deux sortes de volcans, les volcans de feu et les volcans d'eau (volcanes de fuego y de agua). Cette derniere denomination, qu'on dirait inventee pour rapprocher les volcanistes des neptunistes, et pour mettre fin au fameux schisme de la Geologie dogmatique, a ete appliquee surtout aux montagnes du Guatimala et de l'Archipel des Philippines. Le Volcan de agua, place entre le Volcan de Guatimala et celui de Pacaya, a ruine, par des torrens d'eau et de pierres qu'il lanca le 11 septembre 1541, la ville d'Almolonga, qui est l'ancienne capitale du pays. Cette montagne n'atteint pas la limite des neiges perpetuelles, mais elle reste couverte de neige pendant plusieurs mois de l'annee. Lorsqu'on se rappelle la confusion des recits que l'on trouve de nos jours dans les feuilles publiques de l'Europe, chaque fois que l'Etna ou le Vesuve sont en action, on ne saurait se plaindre de l'incertitude dans laquelle nous laissent les chroniqueurs de l'Amerique espagnole et les Conquistadores du seizieme siecle sur des phenomenes d'inondations volcaniques si dignes de fixer l'attention des physiciens. Pendant l'eruption de l'Etna en 1792, il s'ouvrit sur la pente du volcan, a 3 milles de distance du cratere, un goufre duquel sortit, pendant plusieurs semaines, de l'eau melee de cendres, de scories et d'argiles. Ces ejections liquides, qu'il ne faut pas confondre avec le phenomene des Salses ou volcans d'air, etaient tres-epaisses. On concoit que, dans la zone equinoxiale, meme des montagnes tres-basses peuvent, par une disposition particuliere de leurs cavites souterraines et par l'abondance excessive des pluies tropicales, etre sujettes a causer d'effrayantes inondations chaque fois qu'elles eprouvent des secousses de tremblement de terre. Il y a plus encore: les phenomenes que nous venons de decrire se repetent de temps en temps loin des volcans, dans les montagnes secondaires, au centre de l'Europe. De tristes exemples ont prouve de nos jours que, dans les Alpes de la Suisse, la ou aucune secousse de tremblemens de terre ne se fait sentir, une simple pression hydrostatique souleve et brise violemment des bancs de rocher, en les projetant a de grandes distances, comme s'ils etaient lances par des forces elastiques. Juarros, Compendio de la Historia de Guatemala, 1809, t. i, p. 72; t. ii, p. 351. -- Remesal, Hist. de la Provincia de San-Vicente, lib. iv, cap. 6. -- Aussi dans la grande eruption du volcan de la province de Sinano au Japon (27 juillet 1783), des eaux bouillantes etaient melees aux rapilli. ( Memoire sur la Dynastie regnante des Djogouns, 1820, p. 182.) Ferrara, Descr. dell' Etna, p. 132. Comme ce phenomene semble avoir quelque rapport avec celui de la Moya de Pelileo, qui contient des carbures d'hydrogene, et que j'ai fait connaeitre a mon retour d'Amerique, je me suis procure tres-recemment une note manuscrite explicative du savant geologue sicilien, M. Ferrara, sur l'eruption boueuse de l'Etna observee le 25 mars 1792. Il n'y a que le torrent fangeux (fiume di fango) de Santa-Maria-Nascemi (18 mars 1790), dans le Val di Noto, qui me semble appartenir a l'action des Salses. Les trachytes de Purace renferment du soufre comme ceux du Mont-Dore en Auvergne, de Budoshegy en Transylvanie, de l'eile Montserrat dans les Petites-Antilles, et de l'Antisana dans les Andes de Quito. Il s'en forme encore journellement dans les fentes, autour des gouffres de Purace, soit par une sublimation tres-lente, soit par le contact des vapeurs d'acide sulfureux avec l'hydrogene sulfure des lagunes. Le volcan travaille dans son interieur comme les solfatares; mais il n'offre dans sa forme rien qui ressemble aux lieux que l'on designe par ce nom et que j'ai visites, par exemple aux solfatares de Pouzzoles, du Pic de Teneriffe et du volcan de Jorullo au Mexique. Ces trois dernieres sont des crateres qui ont vomi des laves; elles annoncent que leur premier etat etait tres-different de celui dans lequel nous les voyons aujourd'hui. Par des temperatures tres-elevees, les produits chimiques d'un volcan ne sont pas les memes que par une temperature tres-basse. Si l'on veut appeler vaguement solfatare tout lieu ou il se forme ou depose du soufre, cette denomination pourra meme etre appliquee a un terrain que je vais decrire ici et qui contraste singulierement avec les trachytes des volcans. En traversant la Cordillere des Andes de Quindiu, entre les bassins du Cauca et du Magdalena (lat. 4° 30'--4° 45'), j'ai vu une immense formation de gneis et de micaschiste reposer immediatement sur un granite ancien. Les couches de micaschiste qui alternent avec des strates de gneis sont depourvues de grenats, tandis que le gneis en contient beaucoup. Or, dans ces memes micaschistes primitifs, un peu a l'ouest de la station du Moral, a la hauteur de 1065 toises au-dessus du niveau de la mer, dans la Quebrada del Azufral, des filons pourris, extremement crevasses, sont remplis de soufre et exhalent une vapeur sulfureuse dont la temperature s'elevait a 47°,8 centesimaux lorsque l'air ambiant etait a 20°,2. Voila donc repetes en petit, dans les fentes d'une roche primitive, les phenomenes de la solfatare trachytique de Budoshegy en Transylvanie, qui a ete recemment examinee par M. Boue. Le micaschiste de Quindiu qui entoure les filons ouverts est decompose, et le soufre se trouve en masse assez considerable pour devenir l'objet d'une exploitation qui nourrit une famille etablie dans le ravin de l' Azufral . La roche renferme quelques pyrites decomposees; mais je doute fort que ces pyrites jouent dans la nature le role important dont on les a chargees si long-temps dans des explications geologiques. Au milieu des roches granitiques de Quindiu s'elevent les trachytes du volcan de Tolima, cone tronque qui rappelle la forme du Cotopaxi, et qui, d'apres une mesure geodesique que j'ai faite a l'ouest d'Ibague, est la plus haute cime des Andes dans l'hemisphere boreal . Un ruisseau qui repand fortement l'odeur de l'hydrogene sulfure descend du pic de Tolima, et prouve que les trachytes qui ont perce les roches granitiques renferment egalement du soufre. Recemment deux savans voyageurs, MM. Rivero et Boussingault, ont visite cette petite solfatare dans le schiste micace de Quindiu: ils en ont envoye des echantillons au Cabinet de l'Ecole des Mines, a Paris, qui renferme les suites geognostiques les plus completes et les plus instructives. Voyez mon Nivellement barometrique et geognostique des Cordilleres, N°. 102. Hauteur, 2865 toises; lat. bor., 4° 46'. En suivant la Cordillere des Andes vers le sud, on retrouve ces memes alternances de formations primitives et de regions porphyriques et trachytiques; mais quelle a ete ma surprise lorsque, au-dela de l'equateur, j'ai reconnu que la celebre montagne de soufre de Ticsan (lat. aust. 2° 10'), entre Quito et Cuenca, n'est composee ni de trachyte, ni de calcaire ou de gypse, mais de micaschiste. Cette montagne de soufre, que les Indiens appellent Quello, se trouve, d'apres ma mesure barometrique, a 1250 toises de hauteur au-dessus du niveau de l'Ocean. Elle est entierement composee de micaschiste (glimmerschiefer) primitif, qui n'est pas meme anthraciteux, comme le sont les varietes de cette roche propres aux terrains de transition. Dans des ravins tres profonds, entre Ticsan et Alausi, on voit le micaschiste reposer sur du gneis. Le soufre est contenu dans une couche de quarz qui a plus de 1200 pieds d'epaisseur: elle est assez regulierement dirigee N. 18° E., et inclinee, comme le micaschiste, de 70° a 80°, au nord-ouest. La couche de quarz qui passe quelquefois au hornstein est exploitee a ciel ouvert. La pente du Cerro Quello, sur laquelle les travaux sont commences depuis des siecles, est opposee au sud-sud-est, et la couche de quarz paraeit se prolonger vers le nord-nordouest, c'est-a-dire, vers la cote de l'Ocean Pacifique. On assure cependant n'avoir pas trouve de soufre a fleur de terre, dans cette direction, a la distance de 2000 toises de Ticsan. Tout y est couvert d'une epaisse vegetation. Vers la fin du dix-huitieme siecle, on exploitait encore des masses de soufre qui avaient 2 a 3 pieds de diametre; aujourd'hui on travaille sur des strates quarzeux beaucoup moins riches, dans lesquels le soufre n'est dissemine que par rognons de 3 a 4 pouces d'epaisseur. On observe que l'abondance de soufre augmente avec la profondeur; mais le travail a ete dirige si imprudemment que les strates inferieurs sont a-peu-pres inaccessibles. Le quarz dans lequel le soufre est dissemine ne presente ni de grandes fissures ni des cavites ou des druses: aussi n'aije pu trouver aucun echantillon de soufre cristallise. Le minerai qui fait l'objet de l'exploitation du Cerro Quello ne forme pas, comme on pourrait le supposer, un amas ou entrelacement de filons: le soufre est dissemine sans aucune continuite, par petites masses, dans le quarz qui traverse le micaschiste parallelement a ses strates. Les fentes qui peut-etre ont jadis reuni ces masses ne sont plus visibles; mais tout le quarz paraeit avoir subi un changement extraordinaire. Il est terne, souvent friable, et se brise dans quelques parties au moindre choc; ce qui indique un fendillement insensible a la vue. La temperature de la roche ne differait pas de celle de l'air exterieur. Les habitans aiment a attribuer les violens tremblemens de terre auxquels leur pays a ete quelquefois expose, a des concavites qu'ils supposent exister au-dessous de la montagne de soufre. Si cette hypothese est fondee, il faut admettre que la cause qu'elle indique n'agit que localement. Dans la grande catastrophe du 4 fevrier 1797, qui a fait perir tant de milliers d'Indiens dans la province de Quito, les trois endroits ou il y a le plus de soufre, le Cerro Quello, l'Azufral de Cuesaca pres de la Villa d'Ibarra, et le Machay de Saint-Simon, pres du volcan d' Antisana , ne furent que bien faiblement agites; mais, a une epoque de beaucoup anterieure, on a eprouve sur la couche de quarz meme qui renferme le soufre pres de Ticsan, une explosion semblable a celle d'une mine. La couche de quarz est au jour des deux cotes de la petite riviere d'Alausi; et vis-a-vis le Cerro Quello, on trouve un petit plateau ou, dans le dix-septieme siecle, etait situe le village de Ticsan. On voit encore les ruines de l'eglise du Pueblo Viejo . Un tremblement de terre entierement local (car ses effets etaient restreints a un trespetit espace de terrain) fit ecrouler les collines d'alentour; une partie du village s'affaissa, une autre partie fut jetee en l'air, comme cela est arrive a Riobamba, ou j'ai trouve les ossemens des malheureux habitans de la ville, lances sur le Cerro de la Culca, a une hauteur de plusieurs centaines de pieds. Les Indiens de Ticsan qui survecurent a cette catastrophe construisirent leurs habitations plus au nord, loin de la montagne de soufre, dont ils redoutent le voisinage. Il se peut que la coincidence de ces phenomenes d'explosion et de gisement d'une matiere facile a convertir en vapeurs elastiques, n'ait ete qu'accidentelle: mais il se peut aussi que d'anciennes communications avec l'interieur du globe, celles a travers lesquelles s'est forme, par sublimation, l'immense depot de soufre, se retablissent de temps en temps, et permettent aux forces volcaniques d'ebranler la surface du sol. Pres des ruines du Pueblo Viejo de Ticsan, j'ai trouve une colline de gypse superposee au schiste micace: comme cette colline n'est pas recouverte par d'autres formations, il est difficile de decider si le gypse, en partie fibreux et mele d'argile, est primitif comme celui de Val Canaria, ou de transition comme les gypses de la Tarentaise. L'abondance du soufre dans les terrains primitifs est un fait geologique tres-important sous le rapport de l'etude des volcans et des roches a travers lesquelles le feu souterrain s'est fraye un passage. Avant que j'eusse visite les Andes de Quito et la montagne de Ticsan, on ne connaissait le soufre que dans les calcaires et les gypses de transition, dans les gypses, les marnes et les argiles muriatiferes des terrains secondaires, et dans les roches exclusivement appelees volcaniques. Ces divers modes de gisement, auxquels on peut joindre les terrains tertiaires, expliquaient tres-mal la frequence des vapeurs sulfureuses exhalees par les bouches de volcans dont on placait (et avec raison sans doute) le centre d'action bien au-dessous des roches secondaires et intermediaires. A mesure que l'on apprend a connaeitre une plus grande partie du globe, on ne voit pas seulement s'agrandir la geognosie positive c'est-a-dire le tableau des formations et des gisemens: meme la geogonie ou geognosie systematique, la science conjecturale qui recherche les causes des phenomenes, commence a s'appuyer sur l'analogie de faits plus certains. On aurait pu etre frappe depuis long-temps des petites masses de soufre natif qui sont disseminees dans quelques filons metalliferes et qui traversent des roches granitiques, par exemple, dans le Schwarzwald, pres Riepoldsau. La montagne de Ticsan que j'ai fait connaeitre ne laisse plus de doute sur l'existence du soufre dans les terrains primitifs. Recemment aussi on a reconnu au Bresil, que la formation de quarz chloriteux qui recouvre, dans la Capitania de Minas Geraes, le thonschiefer primitif, renferme de l'or et du soufre a la fois. Des plaques de cette roche, fortement chauffees, braulent avec une flamme bleue. Pres de Villarica, dans le site appele Antonio Pereira, un schiste du meme age que celui auquel est superpose l'itacolumite ou quarz chloriteux renferme un banc calcaire traverse par des filons de quarz que le Baron d'Eschwege (directeur des mines d'or et de diamans de ces contrees) a trouve rempli de petits rognons de soufre pulverulent. Tous ces phenomenes augmentent d'interet lorsqu'on reflechit que ce savant geologue, de meme qu'un autre voyageur allemand, M. Pohl, inclinent a croire que l'or, le fer micace, les diamans, les euclases, le platine et le palladium, qui sont propres au terrain d'alluvion du Bresil, proviennent ou de la destruction de la grande formation de quarz chloriteux, ou de celle d'une couche ferrugineuse (itabarite) qui est superposee a cette formation.