Sur l'Accroissement nocturne de l'intensite du Son; par M. de Humboldt. On a observe depuis la plus haute antiquite, que l'intensite du son augmente pendant la nuit; sous une meme zone, entre les tropiques, cet accroissement a paru a l'auteur plus grand dans les plaines que sur les montagnes, et plus considerable dans les basses regions, au milieu des continens, qu'en pleine mer, en le considerant seulement sous les rapports d'une meme pression barometrique; il ne s'agit ici que de la difference entre l'intensite nocturne et diurne, sur les plateaux et dans les plaines, les variations d'intensite absolue, observees a differentes hauteurs dans l'atmosphere, etant un probleme resolu depuis long-temps, par la theorie mathematique du son. Il ne faut donc pas confondre des problemes entierement distincts. La vitesse de la propagation du son, loin d'augmenter, decroeit avec l'abaissement de la temperature. L'intensite diminue dans un air agite par un vent qui est oppose a la direction du son; elle diminue aussi par la dilatation de l'air; elle est plus faible dans les hautes regions de l'atmosphere que dans les regions basses, ou les molecules d'air ebranle ont plus de densite et plus d'elasticite dans un meme rayon. L'elasticite est la meme dans un air sec que dans un air mele de vapeurs; mais elle est plus faible dans le gaz acide carbonique que dans des melanges d'azote et d'oxigene. D'apres ces faits, il est difficile d'expliquer le phenomene que l'auteur a observe pres des grandes cataractes de l'Orenoque, dont le bruit est trois fois plus fort de nuit que de jour, quoique la temperature nocturne y soit de 3° plus basse que la temperature du jour, que l'humidite apparente augmente la nuit, et que la brume qui couvre les cataractes devient plus dense. M. de Humboldt pense que la presence du soleil agit sur la propagation et l'intensite du son, par les obstacles que leur opposent les courans d'air de densite differente, les ondulations partielles de l'atmosphere causees par l'inegal echauffement des differentes parties du sol. Dans un air tranquille, qu'il soit sec ou mele de vapeurs vesiculaires egalement distribuees, l'onde sonore se propage sans difficulte; mais lorsque cet air est traverse en tous sens par de petits courans d'un air plus chaud, l'onde sonore se partage en deux ondes la ou la densite du milieu change brusquement; il se forme des echos partiels qui affaiblissent le son, parce qu'une des ondes revient sur elle-meme. La veritable cause de la moindre intensite du son pendant le jour, pourrait donc etre le manque d'homogeneite dans le milieu elastique. Il y a alors interruption brusque de densite, partout ou des petits filets d'air d'une haute temperature s'elevent sur des parties du sol inegalement echauffees. Pendant la nuit, la surface du sol se refroidit; les parties couvertes de gazon ou de sable, prennent une meme temperature; l'atmosphere n'est plus traversee par ces filets d'air chaud, qui s'elevent verticalement ou obliquement dans tous les sens. Dans un fluide plus homogene, l'onde sonore se propage avec moins de difficulte, et l'intensite du son augmente, parce que les partages des ondes et les echos partiels deviennent plus rares. Telle est l'explication que l'auteur donne de la cause de l'accroissement nocturne du son, et qu'il appuie de plusieurs experiences curieuses. (Memes Annales, fevrier 1820.)