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Alexander von Humboldt: „Calendrier mexicain“, in: ders., Sämtliche Schriften digital, herausgegeben von Oliver Lubrich und Thomas Nehrlich, Universität Bern 2021. URL: <https://humboldt.unibe.ch/text/1810-Pittoreske_Ansichten_in-25-neu> [abgerufen am 29.03.2024].

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https://humboldt.unibe.ch/text/1810-Pittoreske_Ansichten_in-25-neu
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Titel Calendrier mexicain
Jahr 1833
Ort Paris
Nachweis
in: Annales de philosophie chrétienne 4:7 (1833), S. 397–403.
Sprache Französisch
Typografischer Befund Antiqua; Auszeichnung: Kursivierung, Kapitälchen; Fußnoten mit Ziffern.
Identifikation
Textnummer Druckausgabe: III.3
Dateiname: 1810-Pittoreske_Ansichten_in-25-neu
Statistiken
Seitenanzahl: 7
Spaltenanzahl: 2
Zeichenanzahl: 14381

Weitere Fassungen
Pittoreske Ansichten in den Cordilleren (Stuttgart; Tübingen, 1810, Deutsch)
Alexander von Humboldts Ansichten über Amerika, und dessen eingeborne Völkerstämme (Stuttgart; Tübingen, 1814, Deutsch)
Über Amerika und dessen eingeborne Völkerstämme (Wien, 1814, Deutsch)
View of America and its native tribes (London, 1814, Englisch)
Researches Concerning the Institutions and Monuments of the Ancient Inhabitants of America; with descriptions and views of some of the most striking scenes in the Cordilleras (London, 1815, Englisch)
Travels in South America (Ipswich, 1815, Englisch)
Ueber die Lage, Form u. s. w. des Kotopaxi, dieses kolossalen Feuerberges (Frankfurt am Main, 1817, Deutsch)
Natuurlijke brug over den Icononzo, een dal in het cordillerisch gebergte (Amsterdam, 1818, Niederländisch)
Gang der Völkercultur der neuen Welt, verglichen mit jenem europäischer Natur, Kunst und Sitte (Brünn, 1819, Deutsch)
The works of god displayed (London, 1820, Englisch)
Cotopaxi (London, 1820, Englisch)
[Über die Anden-Kordillera] (Frankfurt am Main, 1820, Deutsch)
Description of the volcano at Cotopaxi (Chillicothe, Ohio, 1821, Englisch)
Description of the volcano at Cotopaxi (Cincinnati, Ohio, 1821, Englisch)
Cotopaxi (Hartford, Connecticut, 1822, Englisch)
[Researches Concerning the Institutions and Monuments of the Ancient Inhabitants of America; with descriptions and views of some of the most striking scenes in the Cordilleras] (Boston, Massachusetts, 1822, Englisch)
Ancient mexican cities and pyramids (Shrewsbury, 1823, Englisch)
Chimborazo and Cotopaxi (London, 1823, Englisch)
Remarks on the Union of the Atlantic and Pacific Oceans, by a Canal across the Isthmus of Darien or Panama (Montreal, 1824, Englisch)
The works of God displayed in the history of Cotopaxi a mountain in South America (New York City, New York, 1825, Englisch)
Cotopaxi (Black Rock, New York, 1825, Englisch)
[Pittoreske Ansichten in den Cordilleren] (London, 1827, Englisch)
Extrait de l’ouvrage de M. de Humboldt sur les monumens de l’Amérique (London, 1831, Französisch)
Traditions du nouveau monde, en conformité avec nos croyances (Paris, 1832, Französisch)
Calendrier mexicain (Paris, 1833, Französisch)
Cargueroes, or Man-Carriers of Quindiu (Edinburgh, 1836, Englisch)
Extrait des Vues des Cordillières et monuments des peuples indigènes de l’Amérique (Paris, 1836, Französisch)
Cargueroes, or man-carriers of Quindiu (New York City, New York; Boston, Massachusetts; Cincinnati, Ohio, 1837, Englisch)
Humboldt on the Heads of the American Indians (Edinburgh; London; Glasgow; New York City, New York, 1843, Englisch)
Cotopaxi (Philadelphia, Pennsylvania; Boston, Massachusetts; New York City, New York, 1851, Englisch)
Extinct Species (Wells, 1852, Englisch)
Extinct Species (Sligo, 1852, Englisch)
Extinct Species (Belfast, 1852, Englisch)
Extinct Species (Armagh, 1852, Englisch)
The Volcano of Cotopaxi (Hertford, 1853, Englisch)
The Volcano of Cotopaxi (Wells, 1853, Englisch)
Antediluvian America (Hertford, 1853, Englisch)
Antediluvian America (Wells, 1853, Englisch)
Mexique (Paris, 1853, Französisch)
Cotopaxi (Hartford, Connecticut, 1856, Englisch)
Visita del Chimborazo, desde la mesa de Tapia (Panama City, 1858, Spanisch)
|397|

CALENDRIER MEXICAIN, expliqué par m. de humboldt.

«Le monument précieux, représenté sur cette lithographie,a été trouvé, au mois de décembre 1790, dans les fondations dugrand temple de Mexitli, à la Plaza mayor de Mexico, à peu près70 mètres à l’ouest de la seconde porte du palais des vice-rois,et 30 mètres au nord du marché des fleurs, appelé Portal delas Flores, à la petite profondeur de 5 décimètres. Cette pierreétait placée de manière que la partie sculptée ne pouvaitêtre vue qu’en la mettant dans une position verticale. Cortez,en détruisant les temples, avait fait briser les idoles et tout cequi tenait au culte ancien. Les masses de pierre qui étaienttrop grandes pour qu’on les détruisît, furent enterrées pour lessoustraire aux yeux du peuple vaincu. Quoique le cercle quirenferme les hiéroglyphes des jours n’ait que 3m, 4 de diamè-tre, on reconnaît que la pierre entière formait un paralléli-pipède rectangle de 4 mètres de longueur, d’autant de mètresde largeur, et d’un mètre d’épaisseur. »La nature de cette pierre n’est pas calcaire, comme l’af-firme M. Gama, mais de porphyre trappéen gris-noirâtre, àbase de wacke basaltique. En examinant avec soin des frag-mens détachés, j’y ai reconnu de l’amphibole, beaucoup decristaux très-alongés de feldspath vitreux, et, ce qui est as-sez remarquable, des paillettes de mica. Cette roche, fendilléeet remplie de petites cavités, est dépourvue de quarz, comme |398| presque toutes les roches de la formation de trapp. Comme sonpoids actuel est encore de plus de 482 quintaux (24,400 kilo-grammes), et qu’aucune des montagnes qui entourent la villeà 8 ou 10 lieues de distance, n’a pu fournir un porphyre de cegrain et de cette couleur, on se figure aisément les difficultésque les Mexicains ont éprouvées pour transporter une masse siénorme au pied du téocalli. La sculpture en relief a le mêmefini que l’on trouve dans tous les ouvrages mexicains: les cer-cles concentriques, les divisions et les subdivisions sans nombresont tracés avec une exactitude mathématique; plus on exa-mine le détail de cette sculpture, plus on y découvre ce goûtpour la répétition des mêmes formes, cet esprit d’ordre, ce sen-timent de la symétrie qui, chez les peuples à demi-civilisés,remplace le sentiment du beau. »Au centre de la pierre se présente le fameux signe nahuiollin Tonatiuh (le soleil dans ses quatre mouvemens). Huitrayons triangulaires entourent le soleil; ces rayons se retrou-vent dans le calendrier rituel, tonalamatl, dans les peintureshistoriques, partout où est figuré le soleil, Tonatiuh. Lenombre huit fait allusion à la division du jour et de la nuit enhuit parties. Le dieu Tonatiuh est représenté ouvrant unelarge bouche armée de dents: cette bouche ouverte, cettelangue qui en sort, rappellent la figure d’une divinité de l’Hin-doustan, celle de Kâla, le Tems. D’après un passage du Bhagavat-guita, «Kâla engloutit les mondes, ouvrant une»bouche enflammée, armée d’une rangée de terribles dents,»et montrant une langue énorme1. »Tonatiuh, placé au milieudes signes du jour, mesurant l’année par les quatre mou-vemens des solstices et des équinoxes, est en effet le véri-table symbole du Tems: c’est Krichna prenant la formede Kâla, c’est Kronos qui dévore ses enfans, et que nouscroyons reconnaître sous le nom de Moloch chez les Phé-niciens. »Le cercle intérieur offre les 20 signes des jours; voici lesnoms et l’explication de ces 20 signes divisés, comme nous l’a-vons dit plus haut en 4 petites périodes de 5 jours:
1 Traduction de M. Wilkins. Voy. aussi The Hindu Pantheon, art. Kâla.
|399| |Spaltenumbruch|
Calli, maison.
Cuetzpalin, lézard.
Cohuatl, couleuvre1.
Miquiztli, mort, tête de mort.
Mazatl, chevreuil ou cerf.
Tochtli, lapin.
Atl, eau.
Itzcuintli, chien.
Ozomatli, singe.
Malinalli, herbe.
|Spaltenumbruch|
Acatl, canne.
Ocelotl, tigre, jaguar.
Quauhtli, aigle.
Cozcaquauhtli, roi des vautours.
Ollin, mouvement annuel du soleil.
Tecpatl, silex.
Quiahuitl, pluie.
Xochitl, fleur.
Cipactli, animal marin 2.
Ehecatl, vent. 3
»En se souvenant que cipactli est le premier, et xochitl le dernier de ces catastérismes, on voit qu’ici, comme partoutailleurs, les Mexicains ont rangé les hiéroglyphes de droite àgauche. Les têtes des animaux sont placées dans une direc-tion opposée, sans doute parce que l’animal qui tourne le dosà un autre, est censé le précéder. M. Zoega a observé cettemême particularité chez les Égyptiens4. La tête de mort, mi-quiztli, placée près du serpent, et l’accompagnant comme signe de la nuit dans la troisième série périodique, fait excep-tion à la règle générale; elle seule est dirigée vers le derniersigne, tandis que les animaux ont la face tournée vers le pre-mier. Cet arrangement n’est pas le même dans les manuscritsde Veletri, de Rome et de Vienne. »Il est probable que la pierre sculptée dont M. Gama a en-trepris l’explication était anciennement placée dans l’enceintedu téocalli, dans un sacellum dédié au signe ollin Tonatiuh. Nous savons, par un fragment d’Hermandez, que le jésuite
1 Ce mot se retrouve dans Cihnacohuatl (femme au serpent), l’Eve desMexicains. (Note de M. de Humboldt, tome i, p. 375.) Voir l’extrait quenous en avons donné, Numéro 19, tome iv, p. 23.2 Teocipactli (dieu poisson), est un des noms que les Mexicains don-naient à Coxcox, qui est le Noé des peuples de race sémitique. (Note deM. de Humboldt.) Voir l’extrait que nous avons donné sur ce Coxcox dansnotre Numéro 19, tome iv, page 25.3 Cette explication des mois, que nous avons mise ici, se trouve dans l’ou-vrage, tome i, page 375.4 Zoega, de Obel., p. 464 (où, par erreur typographique, les mots dextrorsum et sinistrorsum sont confondus).
|400| Nieremberg nous a conservé dans le huitième livre de son His-toire naturelle, que le grand téocalli renfermait dans sesmurs 6 fois 13 ou 78 chapelles, dont plusieurs étaient dédiées ausoleil, à la lune, à la planète Vénus, appelée Ilcuicatitlan ou Tlazolteotl, et aux signes du zodiaque1......
»Outre les catastérismes du zodiaque mexicain et la figuredu signe nahui ollin, la pierre offre aussi les dates de dixgrandes fêtes qui étaient célébrées depuis l’équinoxe du prin-tems jusqu’à l’équinoxe d’automne. Comme plusieurs de cesfêtes correspondent à des phénomènes célestes, et que l’annéemexicaine est vague pendant l’espace d’un cycle, l’intercala-tion ne se faisant que de 52 en 52 ans, les mêmes dates ne dé-signent pas, 4 ans de suite, les mêmes jours... En effet le signe13 cannes, ou matlactly omey acatl, placé au-dessus de lafigure du soleil, vers le bord supérieur de la pierre, nous an-nonce que ce monument renferme les fastes de la 26e année ducycle, depuis le mois de mars jusqu’au mois de septembre. »Pour faciliter l’intelligence des signes qui indiquent lesfêtes du culte mexicain, je dois rappeler de nouveau que les ronds, placés auprès des hiéroglyphes des jours, sont destermes de la première des 3 séries périodiques dont nous avonsdéveloppé l’usage plus haut. »En comptant de droite à gauche, et en commençant à ladroite du triangle qui répose sur le front du dieu Ollin Tona-tiuh, et dont la pointe est dirigée vers cipactli, on trouve leshuit hiéroglyphes suivans: 4 tigre; 1 silex; tletl, feu, sansindication de nombre; 4 vent; 4 pluie; 1 pluie; 2 singe, et4 eau. Voici maintenant l’explication des fastes mexicains, d’a-près le calendrier de M. Gama, et d’après l’ordre des fêtes in-diquées dans les ouvrages des historiens du 16° siècle. »Dans l’année 13 acatl, qui est la dernière année de la se-conde indiction du cycle, le commencement de l’année a ré-trogradé de 6 jours et demi, parce que l’intercalation n’a paseu lieu depuis 26 ans. Le premier jour du mois tititl; qui portele signe 1 cipactli tletl, correspond par conséquent non au 9,
1 Eusebii Nierembergii, Hist. Nat., Libri viii, cap. 22 (Antwerpiæ, 1635,page 142-156) Templi partes 3, 8, 9, 20, 25.
|401| mais au 3 janvier; et le signe qui préside à la 7e période de13 jours, 1 quiahuitl ou 1 pluie, coïncide avec le 22 mars ouavec l’équinoxe du printems.
»C’est à cette époque que l’on célébrait les grandes fêtes de Tlaloc ou du dieu de l’eau, qui commençaient même déjàdix jours avant l’équinoxe, le jour 4 atl, ou 4 eau, sans douteparce que, le 12 mars, ou le 3 du mois Tlacaxipehualiztli, l’hiéroglyphe de l’eau, atl, était à la fois le signe du jour etcelui de la nuit. »Trois jours après l’équinoxe du printems, le jour 4 ehecatl, ou 4 vent, commençait un jeûne solennel de 40 jours, insti-tué en l’honneur du soleil. Ce jeûne finissait le 30 avril, quicorrespond à 1 tecpatl ou 1. silex. Comme le signe de ce jourest accompagné du seigneur de la nuit, tletl; feu, noustrouvons placé l’hiéroglyphe tletl près de 1 tecpatl, à gauchedu triangle, dont la pointe est dirigée vers le commencementdu zodiaque. »A droite du signe 1 tecpatl se trouve celui 4 ocelotl, ou4 tigre; ce jour est remarquable par le passage du soleil par lezénith de la ville de Mexico. Toute la petite période de 13 jours,dans laquelle ce passage a lieu, et qui est la 11° de l’année ri-tuelle, était encore dédiée au soleil. Le signe 2 ozomatli ou2 singe correspond à l’époque du solstice d’été: il se trouveplacé immédiatement auprès de 1 quiahuitl, ou 1 pluie, jourde l’équinoxe. »On peut être embarrassé pour l’explication de 4 quiahuitl ou 4 pluie; dans la première année de ce cycle, ce jour cor-respond exactement au second passage du soleil par le zénithde la ville de Mexico; mais dans l’année 13 acatl, dont ce mo-nument offre les fastes, le jour 4 pluie précédait déjà ce pas-sage de 6 jours. Comme toute la période de 13 jours, dans la-quelle le soleil parvient au zénith, est dédiée au signe ollinTonatiuh et à la voie lactée, citlalcueye, et comme le jour4 pluie appartient constamment à cette même période, il estassez probable que les Mexicains ont indiqué de préférence cedernier jour, pour que la figure du soleil fût entourée de4 signes qui eussent tous le même nombre quatre et surtout |402|pour faire allusion aux 4 destructions du soleil 1, que la tradi-tion place dans les jours 4 tigre, 4 vent, 4 eau et 4 pluie. »Les 5 petits ronds que l’on trouve à gauche du jour 2 singe, immédiatement au-dessus du signe malinalli, paraissent faireallusion à la fête du dieu Macuil-Malinalli, qui avait des au-tels particuliers: cette fête était célébrée vers le 12 septembre,appelé Macuilli-Malinalli. »La pointe du triangle qui sépare le signe du jour 1 silex dusigne de la nuit, tletl ou feu, est dirigée vers le premier des20 catastérismes des signes du zodiaque, parce que, l’année13 cannes, le jour 1 cipactli correspond au jour de l’équinoxed’automne: vers ce tems on célébrait une fête de dix jours,dont le plus solennel était le jour 10 ollin, ou 10 soleil, qui cor-respond à notre 16 septembre. »On croit, á Mexico, que les 2 cases placées sous la languedu dieu Ollin-Tonatiuh, présentent 2 fois le nombre 5:mais cette explication me paraît aussi hasardée que celle quel’on a tenté de donner des 40 cases qui entourent le zodiaque,et des nombres 6, 10 et 18, que l’on trouve répétés vers le bordde la pierre...... »Nous venons de réunir, sous un même point de vue, toutce que nous savons jusqu’ici de la division du tems chez lespeuples mexicains, en distinguant avec soin ce qui est certainde ce qui est simplement probable. On voit, d’après ce qui aété exposé sur la forme de l’année, combien sont imaginairesles hypothèses d’après lesquelles on attribuait aux Toltèques etaux Aztèques, tantôt des années lunaires, tantôt des annéesde 286 jours, divisées en 22 mois2. Il serait intéressant de con-naître le système de calendrier suivi par les peuples les plusseptentrionaux de l’Amérique et de l’Asie. Chez les habitans de
1 Nous nous proposons de revenir un jour sur ces quatre destructions dusoleil, ou époques de la nature, dont font mention les traditions des peu-ples mexicains. Nous y joindrons une lithographie des peintures hiérogly-phiques qui en ont conservé le souvenir. Note de l’éditeur des Annales. 2 Waddilove, dans Robertson’s Hist. of America, vol. iii, p. 404note xxxv.
|403| Noutka nous retrouvons encore les mois mexicains de 20 jours,mais leur année n’a que 14 mois, auxquels ils ajoutent, d’a-près des méthodes très-compliquées, un grand nombre dejours intercalaires1.....
»L’usage des séries périodiques et les hiéroglyphes des joursnous ont offert des traits frappans d’analogie entre les peuplesde l’Asie et ceux de l’Amérique. Quelques-uns de ces traits n’a-vaient pas échappé à la sagacité de M. Dupuis2, quoiqu’il aitconfondu les signes des mois avec ceux des jours, et qu’il n’aiteu qu’une connaissance très imparfaite de la chronologie mexi-caine. Il serait contraire au but que nous nous sommes proposédans cet ouvrage, de nous livrer à des hypothèses sur l’anciennecivilisation des habitans du nord et du centre de l’Asie. Le Ti-bet et le Mexique présentent des rapports assez remarquablesdans leur hiérarchie ecclésiastique, dans le nombre des con-grégations religieuses, dans l’austérité extrême des pénitenceset dans l’ordre des processions. Il est même impossible de ne pasêtre frappé de cette ressemblance, en lisant avec attention le ré-cit que Cortez fit à l’empereur Charles-Quint, de son entrée so-lennelle à Cholula, qu’il appelle la ville sainte des Mexicains. »Un peuple qui réglaît ses fêtes d’après le mouvement des as-tres, et qui gravait ses fastes sur un monument public, étaitparvenu sans doute à un degré de civilisation supérieur à celuique lui ont assigné Pauw, Raynal, et même Robertson, le plusjudicieux des historiens de l’Amérique. Ces auteurs regardentcomme barbare tout état de l’homme qui s’éloigne du type deculture qu’ils se sont formé d’après leurs idées systématiques.Nous ne saurions admettre ces distinctions tranchantes en na-tions barbares et nations civilisées. En examinant dans cet ou-vrage, avec une scrupuleuse impartialité, tout ce que nous avonspu découvrir par nous-mêmes sur l’étát ancien des peuples in-digènes du nouveau continent, nous avons tâché de recueillirles traits qui les caractérisent individuellement, et ceux quiparaissent les lier à différens groupes de peuples asiatiques.»

1 Don Josè Mozino, Viage a Noutka, manuscrit. (Voyez Éssai politiquesur la Nouvelle Espagne, vol. ii, page 475 de l’éd. in-8°.2 Mémoire explicatif sur le Zodiaque, p. 99.