Paris, le 30 thermidor. Le célèbre voyageur M. de Humboldt a fait inſérer dans un journal de Bordeaux la lettre ſuivante, au ſujet d’un article de Baltimore ſur une expédition aux Cordillières & ſur ſa perſonne, article qui a été répété par la plupart des journaux français: „L’auteur de la lettre de Baltimore parle de mes travaux d’une manière trop avantageuſe pour ne pas l’accuſer d’un peu de partialité pour ma perſonne. Quant aux faits, je dois y relever une erreur qui pourraient ſe répandre dans d’autres gazettes. Je ne ſuis pas parvenu à la cime du Chimboraza; mais favoriſé par des circonſtances heureuſes, nous montâmes jusqu’a 3031 toiſes de hauteur, donc à-peuprès 3000 pieds plus haut que jamais on a porté des inſtrumens dans les montagnes. Ce fait avait déjà été publié dans une des lettres que j’ai adreſſé à l’inſtitut national de France. L’article de Baltimore dit auſſi que j’étais venu aux tropiques renonçant à l’aiſance que me procurait ma propre fortune comme aux faveurs dont le gouvernement eſpagnol m’honorait particulièrement. Cette phraſe mène à des idées inexactes. Il eſt connu que je ne ſuis venu à Madrid l’an 1799 que pour y ſolliciter la permiſſion de la cour pour faire à mes propres frais des recherches dans les vaſtes colonies ſoumiſes à l’Eſpagne. Cette permiſſion m’a été accordée avec cette libéralité d’idées qui caractériſe notre ſiècle & à laquelle on doit le progrès rapide des connaiſſances humaines. S. M. catholique, intéreſſée au ſuccès de mon expédition, a daigné m’honorer de la protection la plus magnanime, & c’eſt en profirant de cette faveur, qu’elle m’a continué pendant cinq années de courſes dans l’Amérique eſpagnole, que j’ai pu faire des obſervations dont quelquesunes, peut-être, ſeront dignes de fixer l’attention des phyſiciens.“ Agréez, Monſieur, &c. Humboldt.