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Bordeaux, le 25 thermidor.
Le célebre voyageur M. de Humboldt a faitinsérer dans un journal de cette ville la lettre sui-vante, au sujet d’un article de Baltimore, sur sonexpédition aux Cordillieres et sur sa personne;article qui a eté répété par la plupart des journauxfrançais:
«L’auteur de la lettre de Baltimore parle de mestravaux d’une manière trop avantageuse pour nepas l’accuser d’un peu de partialité pour ma per-sonne. Quant aux faits, je dois y relever uneerreur qui pourrait se répandre dans d’autresgazettes. Je ne suis pas parvenu à la cime duChimboraza; mais favorisé par des circonstancesheureuses, nous montâmes jusqu’à 3031 toises dehauteur, donc à-peu-près 3000 pieds plus hautque jamais on a porté des instrumens dans lesmontagnes. Ce fait avait déjà été publié dans unedes lettres que j’ai adressées à l’Institut national deFrance. L’article de Baltimore dit aussi que j’étaisvenu aux tropiques, renonçant à l’aisance que meprocurait ma propre fortune, comme aux faveursdont le gouvernement espagnol m’honorait parti-culiérement. Cette phrase mene à des idées inexactes.Il est connu que je ne suis venu à Madrid l’an 1799que pour y solliciter la permission de la cour pourfaire, à mes propres frais, des recherches dansles vastes colonies soumises à l’Espagne. Cettepermission m’a été accordée avec cette libéralitéd’idées qui caractérise notre siécle, et à laquelle ondoit le progrès rapide des connaissances humaines.S. M. catholique, intéressée au succès de monexpédition, a daigné m’honorer de la protectionla plus magnanime, et c’est en profitant de cettefaveur, qu’elle m’a continué pendant cinq annéesde courses dans l’Amérique espagnole, que j’aipu faire des observations dont quelques-unes peut-être seront dignes de fixer l’attention des physi-ciens.»
Agréez, monsieur, etc.
Humboldt.
A Bordeaux, ce 24 thermidor an 12.
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