OBSERVATIONS Faites à l’obſervatoire national de Paris, ſur pluſieurs bouſſoles, pour déterminer la véritable déclinaiſon de l’aiguille aimantée; Par Delamétherie, Humboldt, Bouvard, Fleuriau-Bellevue & Cotte. Toutes les déclinaiſons rapportées dans ce mémoire ſont occidentales. Nous avons annoncé dans le Journal de Phyſique (année 1798, première partie, page 237), nos doutes ſur la véritable déclinaiſon de l’aiguille aimantée à l’obſervatoire national de Paris; ils étoient fondés ſur la grande différence que nous avions remarquée entre les déclinaiſons obſervées en même temps à Paris, à Montmorenci & à Genève; différence qui étoit de près de 2 degrés entre Paris & Montmorenci, & de 2 [Formel] degrés entre Paris & Genève. Nous avons écris à Genève pour engager les ſavans de ce pays attachés à l’obſervatoire, à faire quelques obſervations exactes avec leur bouſſole, non-ſeulement dans l’intérieur de l’obſervatoire, mais auſſi en pleine campagne, & à nous donner quelques détails ſur leur inſtrument: nous attendons la réponſe. Nous allons toujours rendre compre des expériences que nous avons faites avec pluſieurs bouſſoles, tant dans le jardin de l’obſervatoire qu’en pleine campagne, pendant les mois meſſidor & thermidor derniers. Nous devons prévenir que la bouſſole de Montmorenci, qui avoit toujours donné la déclinaiſon à-peu-près comme à Paris, de 1792 à 1796 (v. ſt.), ne s’en eſt écarté conſidérablement que pendant le cours de l’année dernière. Après avoir examiné cette bouſſole, qui a été apportée à Paris, nous avons reconnu que le pivot en étoit émouſſé & oxidé; en effet, ce pivot ayant été réparé par les ſoins de Fortin, habile artiſte, l’aiguille a donné la déclinaiſon un peu plus forte que celles des autres aiguilles auxquelles nous l’avons comparé, ainſi qu’elle faiſoit avant d’avoir été dérangée (comme on le verra dans la table ſuivante). années. Laon. Montmorenci. Paris. ° ′ ″ ° ′ ″ ° ′ ″ 1785 ...... 21. 22. 18. ........... 21. 35. 18. 1786 ...... 21. 31. 4. ........... 21. 36. 30. 1787 ...... 21. 35. 0. ........... 21. 36. 0. 1792 ...... ........... 22. 14. 46. 21. 55. 0. 1793 ...... ........... 22. 33. 51. 21. 54. 30. 1794 ...... ........... 22. 26. 3. 21. 54. 20. 1795 ...... ........... 22. 20. 4. Non obſervée. 1796 ...... ........... 22. 35. 55. 23. 35. 0. 1797 ...... ........... 20. 38. 25. Non obſervée. 1798 ...... ........... ........... 22. 15. 17. Nous avons obſervé ſucceſſivement avec quatre bouſſoles: 1°. celle de l’obſervatoire, qui a 3 décimètres (12 pouces) de longueur, ſuſpendue à un fil de pitte; c’eſt celle dont le Monnier a donné la deſcription dans les Mémoires de l’Académie, année 1778, page 66. 2°. Celle de Lalande, qui a appartenu à Mairan, & qui a 1 décimètre 35 centimètres (5 pouces) de longueur. 3°. Celle de Ferdinand Berthoud, qui a 1 décimètre, 62 centimètres (6 pouces) de longueur. 4°. Enfin l’aiguille de Montmorenci, longue de 2 décimètres (environ 9 pouces). Ces trois dernières aiguilles ſont ſuſpendues ſur des pivots & portent des chaſſes d’agathe. Nous remarquerons que nos obſervations ont été faites vers le ſolſtice d’été, époque où la déclinaiſon annuelle de l’aiguille approche de ſon minimum. Nous avons obſervé vers l’heure de midi, c’eſt-à-dire, au moment de la journée où la déclinaiſon diurne de l’aiguille tend à ſon maximum. Les obſervations en pleine campagne ont été faites entre 7 & 8 heures du ſoir; on ſait que l’aiguille eſt alors à-peu-près ſtationnaire. Nous nous ſommes établis, pour faire ces dernières obſervations, dans un champ éloigné d’environ 200 mètres (100 toiſes) de la façade ſud de l’obſervatoire, & en face du bâtiment, de manière qu’il nous a été facile, au moyen d’une lunette ou de mires, de nous diriger dans le plan de la méridienne de l’obſervatoire. Nous nous ſommes aſſurés auſſi que nous étions à une aſſez grande diſtance des tuyaux qui amènent l’eau d’Arcueil à Paris. Nous nous ſommes ſervi, dans une de nos expériences, de la bouſſole de Coulomb; mais quelques petits défauts que nous y avons remarqué, & auxquels il ſera aiſé de remédier, nous ont déterminé à ne point faire uſage du réſultat que cette bouſſole nous a donné. Bouvard a fait ſeul pluſieurs obſervations, qui toutes ont donné à-peu près les mêmes réſultats que ceux que nous allons préſenter ici. Il a placé ſa bouſſole ſur l’ancien maſſif de pierre dont l’emplacement nous avoit paru ſuſpect à cauſe du voiſinage du fer; la déclinaiſon a été la même que celle trouvée dans le nouvel emplacement. DATES des observations. BOUSSOLE de l’Observatoire. BOUSSOLE de Lalande. BOUSSOLE de F. Berthoud. BOUSSOLE de Montmorenci. ° ′ ° ′ ° ′ ° ′ 12 meſſidor (30 juin), à midi. 22. 21. 22. 20. 22. 22. 22. 21,5. 22. 20. 30 meſſidor (18 juillet), à midi. 22. 10. 22. 12. 22. 10,5. 22. 10. 10 thermidor (28 juillet), à midi. 22. 8. 22. 10. 22. 10. 22. 22. 27 thermidor (14 août). 22. 8. En pleine campagne. ....... ....... 22. 24. Réſultats moyens 22°. 15′. 7″. 22°. 13′. 22°. 10′. 22°. 23′. La déclinaiſon moyenne de l’aiguille aimantée qui réſulte des obſervations faites avec ces quatre bouſſoles, eſt donc de 22°. 15′. 17″. ou en degrés décimaux 24,28 degrés. Ainſi elle diffère de celle qui a été obſervée à Genève le 25 prairial dernier (17 juin), de 2°. 22′. 17″. On l’a trouvée à Genève de 19°. 43′. Nous joindrons ici la table des obſervations faites avec l’aiguille de Manheim, pareille à celle que nous obſervons à Montmorenci, dans différentes villes, depuis 1781 juſqu’en 1788: nous les avons extraites des Ephémérides Méteorologiques de la ſociété météorologique de Manheim . Nous n’avons pas pu nous procurer les volumes poſtérieurs à celui de 1788. VILLES. 1781. 1782. 1783. 1784. 1785. 1786. 1787. 1788. ° ′ ° ′ ° ′ ° ′ ° ′ ° ′ ° ′ ° ′ Bude ........ 16. 45 15. 58 15. 36 15. 40 15. 48 ....... 16. 27 16. 36 Peiſſemberg .. 16. 20 17. 45 17. 31 17. 34 17. 29 17. 53 17. 29 17. 6 Wirtzbourg .. 18. 40 18. 41 18. 39 18. 30 18. 33 18. 31 18. 35 Prague ...... 16. 50 17. 44 ...... ...... ...... ...... 17. 20 Bonn ........ ...... 17. 20 ...... 17. 41 ...... ...... 18. 1 18. 55 Rome ....... ...... 16. 49 16. 49 16. 54 17. 0 17. 4 17. 7 17. 12 Copenhague ... ...... 18. 4 18. 13 18. 23 18. 30 Berlin ....... ...... 17. 47 17. 51 17. 57 18. 3 18. 20 ...... 17. .5 Duſſeldorff ... ...... ...... 20. 0 ...... Ratisbonne ... ...... ...... ...... 17. 49 19. 1 19. 11 Manheim .... ...... ...... ...... ...... 19. 44 19. 53 20. 2 20. 5 Midelbourg ... ...... ...... ...... ...... ...... 21. 14 ...... 21. 56 Stockholm .... ...... ...... ...... ...... ...... 15. 34 15. 17 Gotthaab(Groenland) .... ...... ...... ...... ...... ...... ...... 51. 21 A Salzburg, le profeſſeur d’aſtronomie Schiegg trouva la déclinaiſon magnétique, en 1796, latitude 47°. 48′. 10″.—19°. 15′. Humboldt la trouva à une méridienne qu’il avoit tiré au moyen d’un ſextant anglois, au mois d’avril 1798, 18°. 36′. Le profeſſeur Schiegg eut, avec un autre déclinatoire appliqué à une méridienne qu’il avoit tiré lui-mème, 18°. 35′. Ausbourg. Humboldt a trouvé 18°. 26′. Il ne put tracer une méridienne, parce que le ſoleil ne le permit pas. Il ſe ſervit de celle tracée par Brandes, & corrigée par Lambert. Strasbourg. 20°. 45 ou 48′. (Obſervateur Herrenſchneider). Inſpruck. Le profeſſeur Tallinger trouva 22°. 40′.; mais de grandes maſſes de gneiſſ, mêlées de tourmalines ont pu agir ſur l’aiguille. Dreſde. En 1797 l’aſtronome Kohler trouva 18°. 30′. Rochon, directeur de l’obſervatoire de Breſt, y a trouvé, le 3 fructidor an 6, la déclinaiſon de l’aiguille de 25°. 30′. Obſervations ſur l’inclinaiſon de l’aiguille aimantée, & ſur le thermomètre des caves de l’Obſervatoire. Nous avons obſervé, à l’Obſervatoire national, l’inclinaiſon de l’aiguille aimantée, ainſi qu’il ſuit, à midi: Le 2 meſſidor (30 juin) ............ 70°. 25′. Le 30 meſſidor (18 juillet) .......... 70°. 45′. Nous ſommes deſcendu, le 2 meſſidor, dans les caves de l’Obſervatoire, nous avons compté 171 marches. Nous avons obſervé le thermomètre à mercure de Lavoiſier, qui y reſte à demeure plongé dans un vaſe rempli de ſable humide; nous l’avons trouvé à 9,560°. Depuis 1783 qu’on obſerve ce thermomètre, on a déterminé ſes termes extrémes & moyens de la manière fuivante: Maximum ................. 9,585°. en hiver. Minimum .................. 9,565°. en été. Différence ................. 0,020°. Medium ................... 9,575°. Un de nous a obſervé que la raiſon pour laquelle le minimum avoit lieu en été, c’eſt que l’évaporation du ſable humide étant plus grande en été qu’en hiver, elle occaſionne une petite augmentation de froid qui ſe rend ſenſible ſur le thermomètre, & qui le fait varier un peu de l’hiver à l’été; variation qui n’auroit peut-être pas lieu, ſi le thermomètre étoit entièrement à l’abri de l’effet de l’évaporation. Rédigé à Montmorenci, le premier fructidor, an 6 (18 août 1798). Cotte, conſervateur de la bibliothèque nationale du Panthéon, membre de la ſociété des Naturaliſtes & de celle des Medecins de Paris, de la ſociété météorologique de Manheim.